Artiste= Miss Device
Titre de l'oeuvre= Un simple verre de lait
Fandom= Carnivale
Rating= R/NC-17
Genre= yaoi
Nombre de mots= 760
Une commande de=
la_halfeline Commentaires= Références à ces scènes (
une,
deux et
trois) des épisodes 3 et 6 de la saison 2.
Tommy Dolan prit une grande inspiration, regardant le frère Justin prendre une gorgée de lait, impassible, semblait-il, malgré la gravité de leur sujet de discussion.
« Je suis désolé. » Lâchât-il dans un souffle rauque, ému, se sentant coupable de ce qu'il faisait à cet homme si bon, si noble.
Cela lui valut un regard perçant, qui aurait été dur s'il n'avait pas été si vibrant d'intensité.
« Vous êtes désolé ? » Le reste de la question ''alors que c'est vous qui l'avez poursuivie, harcelée, qui avez tout fait pour déterrer cette horrible vérité qui m'accable désormais, vous qui m'obligez à livrer ma propre sœur en pâture à toute cette foule fielleuse, qui venez de me dire que vous aviez fait mettre des haut-parleurs pour que plus de gens encore puissent l'entendre se mettre elle même à terre'' était sous-entendu dans le ton de l'homme d'église. Ou bien ne l'était-il pas, peut-être était-ce la culpabilité si forte que ressentait Tommy qui lui faisait entendre de telles accusations sortant de la bouche d'un homme si bon, si noble, si au-delà de telles bassesses.
Devant ce regard, ces paroles, le journaliste sentit son dos être parcouru d'un long frisson qui ne s'arrêta pas avant le creux de ses reins, et il baissa les yeux vers le plancher patiné de la véranda, avant de regarder à nouveau l'homme en face de lui, incapable en vérité d'échapper longtemps à la fascination immense qu'il ressentait pour lui.
L'estomac envahi de serpents se nouant et se dénouant au milieu de ses tripes, les déchirant de leurs dents pleines de venin, il tenta de se justifier, de dire quelque chose, n'importe quoi, d'agir contre cette angoisse terrible, cette culpabilité profonde qui l'envahissait.
« Je sais que ça doit être très dur pour vous. »
La douceur revint se loger dans les yeux de Justin, qui cessa de le transpercer avec son regard et reposa le verre de lait sur la table.
« Oui. »
Sa voix, elle aussi, n'était plus que calme, pardon, chaleur. Tommy se sentit fondre, et un autre frisson lui parcouru l'échine, mais de plaisir cette fois, de contentement à l'idée de cette gentillesse a son égard, de la part de cet homme si exceptionnel.
Crowe le regarda avec compassion, amour. « Oui ça l'est. Mais mon ministère passe avant tout. »
Le visage de Tommy, quand il lui répondit, laissa voir toute l'admiration, l'amour et la vénération qu'il ressentait à ces propos si dignes, si caractéristiques du messager de dieu qui venait de les prononcer, ainsi que l'incrédulité diffuse qu'il ressentait à l'idée d'avoir le si grand honneur de pouvoir côtoyer, parler, aider même, un homme tel que lui.
« C'est ce qui fait votre grandeur d'âme. »
Emporté par son enthousiasme à l'égard du prêtre, Tommy se retourna vers les grands espaces et l'horizon, cette vue magnifique et aride qu'offrait la véranda, ne remarquant donc pas l'air fugacement pensif que prit son interlocuteur.
Ce fut un grand bruit de verre cassé qui attira l'attention de Tommy, et le fit pivoter à nouveau en direction de la table.
Sur le sol, juste aux pieds de Justin, une grande flaque de lait était apparue, parsemée d'éclats de verre.
« Oh. » Fut tout ce qui sortit alors de la bouche de l'homme assis. Le ton était calme, neutre, presque indifférent. Sans savoir vraiment ce qui lui prenait, comme suivant une impulsion plus forte que lui, l'homme de radio se retrouva à genoux, à regarder avec une sorte de fascination obscène les minuscules taches blanches qui souillaient le cuir noir ciré et lumineux, ainsi que le bas du pantalon.
Justin sourit, pivota légèrement vers lui, écartant un peu les jambes au passage.
Dolan leva les yeux vers lui, contempla le visage bon, souriant tendrement qui le couvait d'un air paternel et encourageant. Et soudain il sut. Il sut ce qu'il pouvait offrir à cet homme merveilleux qui portait un si lourd fardeaux pour eux tous, cet être exceptionnel dont il n'avait fait qu'accroître les souffrances par son acharnement puéril et borné. Il pouvait, en cet instant même, lui procurer un peu du plaisir qu'il méritait tant, un soulagement physique qui prouverait l'amour indéfectible qu'il vouait à cet envoyé de Dieu, tout en lui infligeant à lui, pécheur vaniteux et indigne, une leçon d'humilité.
Ainsi, à genoux sur les planches patinées par le vent, devant la maison de bois blanc, Tommy Dolan fit acte de pénitence et d'amour, d'humilité, d'humiliation, de souffrance, de vénération et de plaisir donné, le lait se teintant lentement de sang.