[Fic] House + Doctor Who - Un très mauvais épisode

Apr 26, 2009 11:52



Ce matin-là, House ne put que noter sans beaucoup d’intérêt l’empressement de Wilson tandis qu’il le rattrapait sur le chemin de l’ascenseur.

« House, te voilà ! Il y a un homme dans le bureau de Cuddy. »

House lui adressa à peine un regard et appuya sur le bouton d’appel du bout de sa cane.

« Reprends-toi, Wilson, ça fait toujours ça la première fois qu’on voit Cuddy sans maquillage.

- Il paraît que c’est un docteur, mais il est bizarre, continua Wilson, manifestement troublé. Il porte un costume.

- Contrairement à toi, qui porte un babygro.

- C’est un costume bizarre et un type bizarre. »

House le dévisagea, légèrement intrigué malgré lui de voir Wilson si décontenancé.

« Vous avez dit bizarre ?

- Cuddy veut te le présenter.

- Quoi ? s’écria-t-il. Combien de fois faudra-t-il que je lui dise d’arrêter de jouer les marieuses !

- House…

- La pauvre femme ne sait plus comment dissimuler son attirance pour moi.

- Elle t’attend dans son bureau.

- Bien sûr qu’elle m’attend dans son bureau. Et ça s’appelle du harcèlement sexuel… »

***

L’homme était grand et ridiculement maigre. House observa rapidement tout ce qu’il y avait à observer : le costume rayé légèrement démodé qui avait perturbé Wilson, les cheveux hirsutes qui luidonnaient un air déluré presque trop travaillé, le sourire béat qui avait accueilli son entrée et qui était l’indication certaine qu’il se trouvait en présence d’un idiot congénital, de même que le salut à l’accent britannique marqué, énoncé sur le ton réjoui que l’on réserve aux enfants à moins d’en être un soi-même. House avait répondu en singeant son air crétin et ses voyelles d’un autre continent, attendant de savoir exactement comment l’appréhender. Quelque chose chez cet homme le déconcertait légèrement, sans qu’il sache encore pourquoi - il avait cru une seconde qu’il s’agissait de la paire de Converse qu’il avait le bon goût de porter avec son costume par ailleurs grotesque, mais il y avait autre chose.

« House, voici le Docteur Smith, dit Cuddy.

- Enchanté, dit l’autre, une main tendue et en français, ce qui était un très mauvais point pour lui et lui valut de se faire ignorer ostensiblement.

- Le Docteur Qui ?

- Smith.

- Quel nom exotique ! C’est indien ?

- Le Docteur Smith nous vient d’Écosse, il va vous assister sur votre cas en cours. »

House sourit comme à une plaisanterie.

« Je ne pense pas, non.

- Vous n’avez pas votre mot à dire.

- Il porte une jupe, souffla-t-il à Cuddy derrière sa main.

- Il ne porte pas de jupe.

- Tous les Écossais portent des jupes.

- Il ne porte pas de jupe.

- Alors il n’est pas écossais.

- Oh, j’adore votre cane ! les interrompit le dénommé Smith d’un air véritablement ravi. Je peux l’essayer ? »

House plissa les yeux dans sa direction, éloignant sa cane à motif de flammes d’un air offusqué.

« Vous n’avez pas honte de vous moquer d’un infirme ? fit-il avec un sens certain du drame, avant de se retourner vers Cuddy. M’man, il veut me piquer mon jouet ! »

Cuddy poussa un soupir, premier d’une longue journée en perspective.

« Le Docteur Smith est un très brillant épidémiologiste qui… »

House l’interrompit d’un bruitage de quiz télévisé.

« Mauvaise réponse. S’il est si brillant, comment se fait-il que je ne le connaisse pas ?

- Je viens d’assez loin, expliqua poliment Smith.

- Ne me faites pas croire que vous ne connaissez aucun Docteur Smith, House…

- Pas qui soit brillant, dit-il, avant de se retourner vers l’homme. Quel est votre nom complet ?

- John Smith ! dit l’autre benêt d’un air enthousiasmé.

- Voilà qui va restreindre mes recherches, ironisa House.

- Le Docteur Smith est simplement ici pour observer vos méthodes, House. Il envisage de monter sa propre équipe en Écosse.

- Vous êtes au courant que nous ne soignons pas les moutons ?

- House, attendez au moins d’être sortis de mon bureau avant de recommencer les blagues xénophobes.

- Qui parle de blague ? »

***

« Voici le Docteur Smic. Il est écossais, alors ne vous moquez pas de sa jupe.

- Il ne porte pas de jupe… observa Kutner en haussant un sourcil.

- Et je crois que son nom est Smith, fit remarquer Taub.

- Je ne suis pas très doué avec les noms étrangers, grimaça House.

- Bonjour tout le monde ! Je suis ici pour vous regarder travailler, expliqua l’homme avec son infaillible bonne humeur.

- Ne vous en faites pas, prévint House en haussant les épaules, je ne comprends pas non plus un mot de ce qu’il raconte.

- Combien de temps restez-vous ? s’enquit Thirteen.

- Oh, simplement le temps que votre cas soit résolu. Faites comme si je n’étais pas là !

- Ce serait plus facile si vous n’étiez pas là », rétorqua House.

Peu impressionné, Smith s’assit à la table avec les autres. House le regarda comme s’il venait d’insulter sa mère.

« Vous êtes assis sur ma chaise.

- C’est faux, dit Thirteen.

- Vrai, toutes ces chaises m’appartiennent.

- Elles appartiennent à la clinique, dit Foreman, avant de s’adresser à Smith : Ne l’écoutez pas, il tient juste à nous montrer que Cuddy lui a imposé quelque chose et qu’il n’est pas d’accord.

- Eh ! Est-ce que je parle de votre vie sexuelle avec Thirteen ?

- Nous pourrions commencer à travailler ? s’impatienta Taub.

- Vous êtes géniaux », dit Smith en souriant plus que jamais.

House ne le quitta pas du regard tout en boitant jusqu’au tableau blanc, sur lequel il commença à écrire la liste des symptômes.

« Femme de trente-quatre ans sortie d’un roman de Stephen King. Pleure du sang, crache du sang, présente des irritations cutanées sur le visage et les membres et n’a pas dormi plus d’une heure d’affilée en deux semaines… Une beauté, vraiment. »

Rapidement, les théories commencèrent à voler tandis que Smith mordait un crayon en suivant les échanges du regard. House finit par se tourner vers lui.

« Avez-vous une idée, Docteur McSmitty ?

- Oh, oui, assura l’homme, le regard brillant.

- Faites-nous partager, je vous en prie, et tentez de parler anglais.

- Ah, je ne pense pas que vous aimerez mon idée.

- Probablement pas, c’est pour ça que je veux l’entendre.

- Très bien ! Je pense que c’est un parasite extra-terrestre qui se développe dans son organisme, la tuant à petit feu pour prendre possession de son corps. »

Kutner laissa échapper un rire de nez, qu’il tut en réalisant que tout le monde fronçait les sourcils.

« Oookay, fit House. Humour écossais. Tous ceux qui ne roulent pas les R, au boulot. »

Comme Smith se levait avec les autres, House l’interpella.

« Où allez-vous ?

- Examiner la patiente.

- Pour quoi faire ?

- Observer l’état d’avancement du parasite extra-terrestre, naturellement ! »

Décidément interloqué, House le regarda partir sans un mot. Quel type bizarre, songea-t-il tout en jouant à lancer une balle avec sa cane.

***

« Comment ça, il a résolu le cas ?!

- Il a résolu le cas, répéta Foreman. Il lui a donné de l’insuline et elle va mieux.

- Insuline ? Ridicule ! Ils vont toujours mieux, jusqu’à ce qu’ils aillent pire. C’est comme ça que ça marche.

- Pas cette fois, House. On a vérifié et revérifié, tous les symptômes ont disparu, elle est prête à sortir !

- C’est impossible ! Ou du moins je l’espère. Ça va faire un très mauvais épisode. »

Se dirigeant vers la chambre de la patiente, House surprit Thirteen et Smith en discussion un peu trop rapprochée pour être honnête. Il se cacha alors dans un coin pour espionner.

« Vous allez retourner chez vous, alors, disait Thirteen.

- Pas vraiment, répondit l’autre, mains dans les poches. Je continue à voyager, il y a encore beaucoup de choses à voir.

- C’est ce que vous faites ? Voyager autour du monde pour… apprendre ?

- Plus ou moins, oui. Et apporter mon aide quand elle semble requise.

- Ça a l’air bien… Mais vous n’êtes pas trop seul ?

- Ça dépend… Je trouve parfois quelqu’un pour m’accompagner sur un bout de chemin.

- Oh ! … Et en ce moment, il y a quelqu’un ?

- En ce moment, non. »

N’en pouvant plus, House s’avança vers eux en grognant :

« Bon sang, c’est comme ça qu’on drague en Écosse ? »

Thirteen s’écarta en balbutiant quelque chose au sujet d’une perfusion et disparut derrière une porte. House entra dans la chambre de la patiente avec un mouvement de tête pour indiquer à Smith de le suivre.

« Qui êtes-vous ? fit la patiente.

- Je suis votre docteur.

- Non, c’est lui mon Docteur ! » dit-elle en pointant Smith du doigt.

House lui jeta un regard méchant qui la fit se tasser dans son lit.

« Vous résolvez mes cas sans me prévenir, vous essayez de me voler mes employés ET vous passez pour le héro ! » s’exclama House, outré, en se tournant vers Smith.

Il vit celui-ci l’oreille collée à l’électrocardiographe.

« Cet engin est légèrement désaccordé, on dirait… marmonna-t-il, et il sortit de sa poche un petit bâtonnet qui émit une lumière bleue et un son léger, avant de tapoter la machine avec contentement. Là, c’est beaucoup mieux. »

House faisait une drôle de tête. Il s’adressa à la patiente.

« Et vous lui faites confiance à lui pour vous guérir ? »

Elle haussa les épaules avec un sourire timide.

« Je me sens mieux que jamais…

- Il suffisait de savoir que le parasite était allergique à l’insuline, expliqua Smith. Rien de bien compliqué et certainement pas digne de votre esprit brillant. »

House sortit de la chambre sans un mot. Deux solutions possibles : ou bien l’homme était fou, ou bien il était un extraordinaire menteur - assez bon pour en faire son métier.

« Vous ne me direz pas ce qu’elle avait réellement, hein ? grogna-t-il tandis que l’autre le rejoignait.

- Qui donc ?

- La patiente - vous travaillez pour le FBI ? John Smith est un assez mauvais nom d’emprunt, laissez-moi vous le dire, et cet accent ? Ridicule ! Personne ne parle comme ça ! »

Smith secoua la tête en souriant.

« Je ne suis qu’un Docteur. Et pour ce qui est de votre employée, tout à l’heure, rassurez-vous : je ne l’aurais pas emmenée !

- Non ? Je me doutais qu’il y avait un truc entre Cuddy et vous…

- Haha, non, ne vous en faites pas !

- Oh mais je ne m’en fais pas.

- Je préfère voyager seul ces temps-ci. De toute façon, j’ai déjà pris une jeune femme qui avait un petit ami pour compagne de voyage, je sais que ça ne donne rien de bon…

- Bah ! Thirteen est bi vous savez, il est probable qu’elle finira par plaquer Foreman pour Cuddy. » Il s’interrompit et leva les yeux, songeur. « Cuddy et Thirteen, hm…

- Vous me semblez avoir beaucoup le Docteur Cuddy à l’esprit.

- Quoi ? Je ne suis pas assez gay pour m’intéresser à Cuddy ! Mon grand amour, c’est Wilson. »

Voyant Wilson passer au bout du couloir, House embrassa le bout de ses doigts et les agita dans sa direction. Wilson haussa un sourcil, regarda derrière lui, et s’engouffra dans l’ascenseur en secouant la tête.

« Bien, je vais repartir, annonça Smith.

- Faites donc ça. Je trouverai bien ce que vous avez fait à ma patiente, et le gouvernement ne réussira pas à me faire taire.

- Ce fut un plaisir de travailler avec vous, Docteur House. Vous transmettrez mes salutations au Docteur Cuddy ?

- Vous ne pouvez pas le faire vous-même en sortant ?

- Je ne vais malheureusement pas redescendre. »

Tandis qu’il tournait les talons sur un salut enjoué, House resta quelques instants perplexe, l’ordinateur qui lui servait de cerveau calculant les probabilités à toute vitesse. C’était une farce ! Une farce que lui avaient joué Wilson et les autres. C’était la seule explication qui collait…

House s’empressa de suivre la direction dans laquelle était parti Smith, mais il était trop tard : l’homme avait déjà disparu. Pas décidé à déclarer forfait, il s’arrêta au milieu du couloir et jeta un regard suspicieux à une salle fermée pour travaux. A l’instant où il posa la main sur la porte, il entendit un son étrange venant de l’intérieur, quelque part entre un cri animal et un bruit de moteur défaillant. Il poussa alors brusquement la porte et entra.

La salle était vide.

« Le pire épisode de tous les temps », grommela House en tournant les talons.

2009, crossover, rating : g, fandom : dr who, artiste : arcadiane, fanfic, fandom : house md

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