Dans l'autre monde

Apr 02, 2007 11:54

Titre : Dans l'autre monde
Auteur :
ezilda

Personnages : Mimi Geignarde, Drago Malefoy
Catégorie : Essai
Rating : G

Note de l’auteur : Voici un petit OS que j'ai écrit en réponse à un concours sur les personnages oubliés.

Dans l’autre monde

J’en ai plus qu’assez ! Mimi Geignarde ! Mimi Geignarde ! Y a-t-il une seule personne dans ce château qui connaisse mon prénom ?… Y a-t-il une seule personne que ça intéresse ?

Il ne reste qu’une solution. Tout est trop injuste et je n’ai rien fait pour mériter ce mépris et ces quolibets. Je suis une personne, et par conséquent j’ai droit à un certain respect. Adieu élèves moqueurs, adieu fantômes dédaigneux, adieu Peeves, le plus cruel esprit frappeur que j’aie connu ! Je vous quitte, de toute façon, personne ne me regrettera.

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Combien de fois faudra-t-il que je plonge la tête dans ces toilettes, avant de me rendre compte qu’en tant que fantôme, je ne peux pas me suicider ? La vie - la mort plutôt - est injuste. N’ai-je pas assez souffert dans cette fichue école, en tant qu’élève, pour qu’on veuille m’y refaire subir mille afflictions éternelles en tant qu’esprit ? Je ne sais pas qui dirige tout là-haut, mais il ferait mieux d’arrêter le whisky pur feu. J’aurai pu être acceptée au paradis des sorciers, je n’aurai rien trouvé à y redire.

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Je suis destinée à geindre sans fin assise sur une cuvette de toilette. Des années et des années de lamentations dans cet endroit humide, rien que l’idée me déprime. Il n’y a même pas beaucoup de monde avec qui je puisse discuter. Les autres fantômes prétextent mille choses idiotes dès que je montre le bout de mon ectoplasme. Mes toilettes ne sont pas un grand lieu de passage pour les élèves, on dirait qu’ils les fuient, c’est énervant, elles sont en bon état pourtant. C’est tout de même aberrant, je ne peux même pas avoir un ami, quelqu’un avec qui discuter, à qui me confier, quelqu’un qui verrait en moi autre chose que Mimi Geignarde. Rien que ce surnom ridicule me met les larmes aux yeux. Je ne passe tout de même pas ma journée à râler ? Pourquoi tout le monde me fuit ?

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Ce matin, quand j’ai ouvert les yeux - enfin c’est une façon de parler vu que je n’ai pas besoin de dormir - , je l’ai entendu. Quelqu’un pleurait dans une des cabines. Un garçon. Ca faisait beaucoup trop de choses étranges pour moi : il y avait quelqu’un dans mes toilettes, les toilettes de Mimi Geignarde, celles que tout le monde évite, de plus c’était un garçon, pour des toilettes pour filles c’est inhabituel bien que ces dernières années il y ait quelques légères digressions de ce côté, puis il pleurait. J’avais l’envie irrépressible de lui crier de déguerpir dans les toilettes pour hommes, mais quand je suis rentrée dans la cabine et qu’il a levé les yeux vers moi, toute ma colère s’est évanouie. Comme ça, en une seconde, juste en rencontrant ses yeux gris. J’ai même senti une bouffée de chaleur à l’endroit où jadis se situait mon cœur, pour vous dire l’étrangeté de la situation. C’est vraiment absurde la façon dont on continue à réagir comme des êtres de chair et de sang, alors que l’on n’est plus rien. Peu importe, le fait est que j’aurais soupiré de bonheur parce qu’un garçon blond était venu pleurer dans mes toilettes. Vraiment pitoyable !

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Je lui ai dit de ces mots idiots. Sur le coup, mon enveloppe transparente en a blanchi tant j’étais furieuse d’avoir pu prononcer de telles inepties : « Ne pleure pas, tout s’arrangera ». Par Morgane, c’est moi qui aie dit ça ! Et avec conviction, qui plus est. J’y croyais, ou plutôt je voulais y croire, je voulais réellement qu’il n’ait plus de problèmes, que tout aille mieux pour lui. Il doit être si beau avec un sourire… Par la barbe de Dumbledore, je ne vais pas bien !

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Il est revenu. Allez savoir pourquoi. La question a dû m’effleurer l’esprit cinq secondes, puis après tout, ça m’est égal. Ce jour est à marquer d’une pierre blanche, un garçon est revenu de son plein gré dans mes toilettes dans le but plus ou moins avouable de me voir. Si, je vous assure, il ne l’a pas dit, mais ça paraît évident. Il s’appelle Drago Malefoy et il a des tonnes de problèmes. Nous avons beaucoup parlé, et pour une fois, pas un gémissement pas une plainte n’a passé mes lèvres. C’est lui qui a épanché son cœur, et c’est moi qui difficilement aie réussi à prodiguer quelques paroles de consolation. Je ne vous dirai pas de quel genre de problèmes il s’agit, car il m’a fait promettre le secret. Et foi de Michèle Spencer, je ne révèlerai rien !

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Oui, Michèle Spencer, c’est mon vrai nom.

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Ciel, je crois que je suis amoureuse. Amoureuse de ce Serpentard qui vient régulièrement se confier à moi. Je n’ose croire en ma chance, il est si… Je ne trouve même pas d’adjectif convenable. Même parfait ne conviendrait pas, parce qu’il ne l’est pas et que je l’aime comme ça. Ses visites rythment mes journées interminables, et je suis d’humeur guillerette. Plus jamais je ne tenterai de mettre fin à mes jours dans les cuvettes des toilettes. La vie - ou plutôt la mort, zut - est bien trop belle pour la gâcher ainsi. On m’a peut-être donné une seconde chance pour lui, pour notre amour.

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Je viens de réaliser, je suis un fantôme ! Rien ne sera jamais possible entre nous. Je vais pleurer.

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J’ai réfléchi. Qu’importe que je sois un fantôme ou non, s’il m’aime, il m’aimera comme je suis… Je n’arrive même pas à m’en convaincre.

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Ca me fait si mal de le voir souffrir ainsi, ce qui lui arrive est affreux. Je donnerai tout ce que j’ai pour qu’il s’en sorte. Ses pleurs me déchirent l’âme, sa souffrance me hante jour et nuit. Et j’ai beau dire toutes les belles paroles que je veux, ça ne change rien. Il sourit quelques fois, mais c’est aussi fugace que l’intelligence chez Peeves. Pourtant ce sourire est capable de tout changer, quand il sourit, c’est autre chose, c’est différent. Il peut être si lumineux, si plein d’espoir. Il est jeune, il a la vie devant lui… lui.

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J’ai des envies, des besoins de le toucher, de sentir sa chaleur, la douceur de sa peau. Moi qui ne suis qu’une aura froide et impalpable, qu’un revenant comme ils disent. J’essaye de ne pas y penser, mais ça revient sans cesse, ça me hante, ça me détruit. Je ne sais plus où j’en suis. Il est un être vivant et je suis un fantôme, à quoi ça rime ? A quoi ça sert ? A rien.

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J’y ai pensé, j’ai osé y penser. Je ne suis pas un fantôme, je suis un monstre, un monstre d’égoïsme. Je ne pourrais plus jamais le regarder en face. J’ai osé penser qu’il pourrait lui aussi devenir un fantôme. Vu ses problèmes, ça ne paraît pas improbable, mais c’est vraiment honteux, parce que je n’ai pas fait que le penser, je l’ai souhaité, je l’ai voulu de toute mon âme. Je me hais. Je le hais. Je hais cette situation absurde. Je hais le destin qui me joue des tours pareils.

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Il est arrivé une chose épouvantable. Je crois que c’est la fin, j’ai si peur. C’est comme si le destin s’amusait avec moi, comme si après que j’aie pensé que Drago puisse un jour devenir un fantôme… maintenant il pourrait l’être. Je n’ai pas vraiment compris ce qui s’est passé. Drago me parlait comme il le fait tous les jours. Et Harry Potter a débarqué, ils se sont disputés. Je ne savais pas que Drago puisse être capable d’une telle méchanceté, mais apparemment ces deux-là se haïssent et d’une haine qui dépasse les mots. Tout s’est enchaîné si vite, ils ont sorti leurs baguettes, il y a eu des sorts, il y a eu du sang, tellement de sang. Un sang si rouge, qui m’a fait perdre la tête. Je crois que j’ai hurlé, je crois que j’ai maudit Harry Potter, je crois que j’aurais pleuré si j’en avais été capable. Mon âme est devenue noire de chagrin et de haine. Et la pensée est apparue à nouveau, plus forte que jamais. Le professeur Rogue alerté, est arrivé, a tenté ce qu’il pouvait et a emporté Drago, mon Drago. J’aurais voulu les suivre, mais un fichu sort m’empêche de trop m’éloigner des canalisations d’eau. Je suis restée seule avec cette pensée obsédante : s’il revenait… mort ou presque.

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Il n’est jamais revenu, je ne l’ai jamais revu. Mimi Geignarde pleure dans ses toilettes et le monde tourne comme avant. Mais mon petit cœur est barré d’une cicatrice, et je frémirais toujours lorsque j’apercevrai par la porte ouverte un garçon aux cheveux blonds. Je l’attends, peut-être qu’un jour…

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