Titre : Petite colère passagère
Auteur :
anadyomede Personnages : Fleur Delacour et Molly Weasley
Catégorie : Croisade "Mon infinie patience"
Rating : G
« Levez la tête !
- …
- Mais pas à ce point, enfin !
- …
- Et droit, le dos !
- …
- Droit, j’ai dis !
- …
- Rentrez le ventre et levez les bras !
- …
- Plus haut, les bras ! »
Fleur prit une profonde inspiration et compta jusqu’à dix. Lentement. Très lentement. Voilà, tout allait bien. Tout allait parfaitement bien. Elle passait une magnifique journée en compagnie de son adorable future belle-mère, en essayant sa robe de mariée avec une vendeuse fort sympathique qu’elle n’avait absolument pas envie de jeter par la fenêtre.
Elle allait quand même compter jusqu’à vingt. Pure précaution.
« Mais, c’est qu’elle a de grosses hanches, votre belle-fille ! »
Vingt-un.
« Future belle-fille ! corrigea aussitôt Molly Weasley avec un petit rictus. Hum. C’est vrai que ses hanches sont plutôt généreuses… Est-ce que cela posera un problème pour la robe ? »
La mère de Bill était quelqu’un de bien. D’ailleurs, Fleur aimait Bill. Par conséquent, elle se devait d’aimer sa mère. Imaginer Molly s’écrasant par la fenêtre était mal. Très mal. Bill risquait de ne pas être content et d’annuler le mariage. Ce ne serait vraiment pas cool. Fleur serait très triste.
Mais… tout de même… Elle n’avait pas des grosses hanches !!!
« Eh bien… Disons que ça coûtera légèrement plus cher, voyez-vous. Il va falloir retoucher nos modèles.
- Oh, voilà qui est très fâcheux ! grimaça Molly. Fleur, ma chérie, tu tiens sincèrement à avoir deux robes pour ce mariage ? Tu sais, ce n’est pas si grave que ça de porter la même tenue pour la cérémonie et pour le repas ! Moi-même je l’ai fais. Certes, avec cette longue traîne au bout de la robe, ce ne sera pas très pratique mais… Oh ! J’ai une idée ! »
A voir son air enthousiaste, Fleur ne put s’empêcher de craindre le pire. Et le pire se produisit.
« On pourrait peut-être supprimer la traîne ! Qu’en penses-tu ?
- … »
Vingt-deux, vingt-trois, vingt-quatre…
« Allez, supprimez donc cette traîne !
- Suffit de demander, Madame Weasley ! répondit joyeusement la vendeuse.
- … »
Fleur serra les dents. Fort, très fort.
Elle était quelqu’un de patient. Elle savait faire face aux situations sans se laisser envahir par la colère. Crier ne servait à rien. Elle devait respirer calmement. Voilà. Ne tuer personne. Le meurtre ne menait à rien. Lorsqu’on a un problème, il faut communiquer.
La jeune femme enfonça ses ongles dans sa peau en priant Merlin de lui donner la force de rester calme. Mais lorsque cette foutue vendeuse (dont les hanches étaient trois fois plus épaisses que celles de Fleur, soit-dit en passant) arriva avec un énorme ciseau, ce fut plus fort qu’elle.
***
« Je… Je ne comprends pas ce qui s’est passé…, balbutia la vendeuse aux Aurors, arrivés deux minutes plus tard. Nous essayions tranquillement des robes de mariage pour la Mademoiselle et soudain… soudain…
- Tout a explosé ! termina furieusement Molly. Et c’est inadmissible, vous m’entendez ! Inadmissible qu’il y ait des bombes au milieu du Chemin de Traverse ! Il faudra sans faute que le ministère rembourse tout ce tissu gâché ! »
L’Auror chargé de prendre les dépositions des trois femmes contempla l’ampleur du drame d’un œil navré : la grande vitrine brisée, les robes éparpillées par terre, tâchées, déchirées… Et il ne put s’empêcher de se demander qui avait eu l’idée ridicule de faire un attentat dans une boutique de robe de mariée.
« Mesdames, nous sommes désolés… - le deuxième Auror chargé d’inspecter les lieux les rejoignit en toussant et en secouant la main pour chasser toute la poussière - mais il semblerait que l’explosion ne soit pas du à une bombe, mais à un sort.
- Vous plaisantez, j’espère ! s’exclama Molly en tapant du pied. Qui aurait bien pu faire une chose pareille ? »
Les deux Aurors haussèrent les épaules, perplexes. Quant à Fleur, qui avait suivi l’échange en silence, elle grimaça discrètement et baissa la tête.
Oui, qui avait bien pu faire une chose pareille ?
Certainement pas elle.