Fic Saint Seiya (PG, Saori & Jabu, période orphelinat)

Mar 28, 2009 10:05

Titre : Le banquet céleste, chapitre 1, parties 2 et 3/3
Disclaimer : Saint Seiya appartient à Kurumada, la Toiei et Shueisha.
Rating : PG
Personnages : Saori et Jabu principalement, un peu de Mitsumasa Kido (bien loupé d'ailleurs si vous voulez mon avis XD)
Remarque : première partie ici. Les citations de Platon sont des traductions d'Emile Chambry (j'ai eu la flemme de fouiller dans mes éditions plus récentes) issues du Gorgias et du Critias.
Je suis pas vraiment satisfaite de ce chapitre pour l'instant, je le modifierai au fur et à mesure que j'avance sans doute.



(deuxième partie)

Après ces dérobades, il fallut bien sûr que son grand-père lui fasse la morale, au déjeuner. Saori avait fait l’école buissonnière durant toute la matinée, allant également rôder autour du réfectoire et des bâtiments des orphelins, les observant comme des bêtes curieuses, prête à entrer en scène.

Cependant elle ne s’était pas concentrée sur cet insolent de Seiya cette fois, mais sur le nouveau venu, celui qui était chétif : dès la première récréation, il s’était fait houspiller et voler ses billes. Son frère, le voyou, était venu à sa rescousse. Le chétif s’était mis à pleurnicher parce qu’il voulait se faire des amis. Il n’y avait rien de plus pitoyable qu’un faible inconscient des réalités simples de la vie.

- Saori, j’espère que tu prêteras plus d’attention à tes cours de cet après-midi. Tu as de l’histoire et du grec. Ce n’est pas parce que tu apprends vite que tu dois négliger ton éducation.

Grand-père accordait beaucoup d’attention à ces choses malheureusement ; c’était un homme de culture, très curieux, un autodidacte disait-on. Mais les cours de grec ancien, parlons-en ! Elle en faisait des cauchemars. Deux heures après le déjeuner, alors que le parfum du parc emplissait ses narines, elle sentait sa tête tomber au-dessus des textes indéchiffrables et des épais manuels.

« Voilà pourquoi, dans l’ordre de la loi, on déclare injuste et laide l’ambition d’avoir plus que le commun des hommes, et c’est ce qu’on appelle injustice. Mais je vois que la nature elle même proclame qu’il est juste que le meilleur ait plus que le pire et le plus puissant que le plus faible. Elle nous montre par mille exemples qu’il en est ainsi et que non seulement dans le monde animal, mais encore dans le genre humain, dans les cités et les races entières, on a jugé que la justice voulait que le plus fort commandât au moins fort et fût mieux partagé que lui. De quel droit, en effet, Xerxès porta t il la guerre en Grèce et son père en Scythie, sans parler d’une infinité d’autres exemples du même genre qu’on pourrait citer ? »

« Oh ! oh ! Calliclès, que tu es artificieux ! Tu me traites en enfant : tu me dis tantôt que les choses sont d’une façon, tantôt d’une autre et tu cherches à me tromper. Je ne croyais pourtant pas au commencement que tu voudrais me tromper, car je te considérais comme un ami. Je suis déçu et je crois que je n’ai plus qu’à me contenter de ce que j’ai, comme dit le vieux proverbe, et à prendre ce que tu me donnes. »

Elle en faisait des cauchemars. Des vagues hautes comme des gratte-ciels. Une plaine couverte d’hommes bataillant, aux visages couverts de masques d’or, muets, des guerriers décapités, la grande porte des lions, et maintenant elle marchait dans une salle au sol couvert d’un tapis couleur pourpre, la couleur des empereurs.

« Les savants disent que le ciel et la terre, les dieux et les hommes sont unis ensemble par l’amitié, la règle, la tempérance et la justice, et c’est pour cela, camarade, qu’ils donnent à tout cet univers le nom de cosmos, et non de désordre et de dérèglement. »

Elle dodelinait de la tête. Elle faisait le tour de la statue au trident toute verte, l’océan était vraiment profond et infini, et les grandes portes s’ouvraient devant l’ébranleur du sol, entouré de ses nymphes.

« Autrefois les dieux se partagèrent entre eux la terre entière, contrée par contrée et sans dispute ; car il ne serait pas raisonnable de croire que les dieux ignorent ce qui convient à chacun d’eux, ni que, sachant ce qui convient mieux aux uns, les autres essayent de s’en emparer à la faveur de la discorde. »

Elle en faisait des cauchemars, toutes les nuits.

« Ayant donc obtenu dans ce juste partage le lot qui leur convenait, ils peuplèrent chacun leur contrée, et, quand elle fut peuplée, ils nous élevèrent, nous, leurs ouailles et leurs nourrissons, comme les bergers leurs troupeaux, mais sans violenter nos corps, comme le font les bergers qui mènent paître leur bétail à coups de fouet ; mais, se plaçant pour ainsi dire à la poupe, d’où l’animal est le plus facile à diriger, ils le gouvernaient en usant de la persuasion comme gouvernail et maîtrisaient ainsi son âme selon leur propre dessein, et c’est ainsi qu’ils conduisaient et gouvernaient toute l’espèce mortelle. Tandis que les autres dieux réglaient l’organisation des différents pays que le sort leur avait assignés, Héphaïstos et Athéna qui ont la même nature, et parce qu’ils sont enfants du même père, et parce qu’ils s’accordent dans le même amour de la sagesse et des arts, ayant reçu tous deux en commun notre pays, comme un lot qui leur était propre et naturellement approprié à la vertu et à la pensée, y firent naître de la terre des gens de bien et leur enseignèrent l’organisation politique. Leurs noms ont été conservés, mais leurs oeuvres ont péri par la destruction de leurs successeurs et l’éloignement des temps. »

- Saori ? Saori ? Tu as excellemment traduit cet extrait Saori. On peine à croire que tu n’as que huit ans, dit le précepteur. Mais tu procèdes de manière trop intuitive.

La petite soupira. Grand-Père aimait vraiment la Grèce Antique. Il l’avait visitée l’année de sa naissance. D’innombrables souvenirs en peuplaient son bureau.

Poussée par le désoeuvrement, elle s’y rendit à cinq heures, et comme n’importe quel enfant l’aurait fait, après avoir passé en revue les diverses reproductions coûteuses de vases et de statuettes, se mit à jouer avec la boule de neige toute simple du Parthénon. Est-ce qu’il neigeait jamais en Grèce ? Elle croyait qu’il y faisait toujours soleil. Elle était si seule. Pourquoi est-ce qu’il ne neigeait pas encore ? Est-ce qu’elle pourrait aller à Sapporo ? Elle avait mal en bas du cou, sous la gorge : ils ne comprenaient pas, tous, à quel point ils étaient bons avec eux, elle en tapa la boule de neige contre le mur. Mais l’objet se brisa et lui entailla la main ; des morceaux de verre s’étaient fichés profondément dans la peau blanche en la rayant de sang et en la brûlant. Elle n’avait jamais connu une telle douleur, et se mit à pleurer.


(troisième partie)

Vers la fin de l’après-midi, Jabu, forte tête venue de Nomo, avait participé à une partie de cache-cache dans le parc.

Malheureusement, le zèle l’avait poussé trop loin : au bout d’une vingtaine de minutes, toujours pas l’ombre d’un Shiryu à l’horizon. La loi du Pire ayant bien entendu décidé de frapper à ce moment-là, le garçon avait été pris d’assaut par une envie pressante, et été obligé de sortir de sa cachette pour trouver des toilettes, se rappelant ce qui lui était arrivé la dernière fois qu’il avait entrepris de confondre WC et jardin à la française.

Et c’était comme ça qu’il s’était retrouvé dans le manoir... Il lui avait fallu un certain temps pour trouver des toilettes, puis il s’était perdu dans le labyrinthe des appartements, errance due aussi bien à sa mémoire chancelante qu’à la curiosité et des espoirs inconscients. Il y avait tant de beaux objets ici ! Il traversa une salle remplie de grimoires avec des mappemondes et des cartes énigmatiques accrochées au mur. Le temps de se nettoyer les yeux, et c’était une autre salle, avec un énorme piano noir luisant comme un coquillage inquiétant.

Peu à l’aise au centre de cette pièce confinée où régnait cette atmosphère particulière des salles de réunion pour riches, le garçon s’amusa d’abord à examiner le métronome, puis il releva le lourd clapet de l’instrument, découvrant une longue rangée de touches d’un blanc immaculé, comme des dents à l’émail parfaite.

Il appuya sur la dernière touche ; on l’entendit à peine.

Il tenta alors l’avant-dernière…

*ping*

C’était bizarre, ça ne sonnait pas comme il aurait pensé. C’était juste aigu et chancelant comme une petite vieille qui fait claquer son dentier, ou qui tombe sur le trottoir au milieu des passants.

Il allait poursuivre plus loin l’examen du clavier, mais un bruit de course dans le couloir le dissuada d’en faire plus, et il alla rapidement se réfugier derrière une grosse console recouverte d’une nappe rouge.

Il avait bien fait : la porte s’ouvrit immédiatement. Une petite fille entra en courant et se jeta contre le tabouret du piano, la tête sur le coussin. Ses cheveux coupés au carré masquaient entièrement son visage, mais Jabu l’avait tout de suite reconnue.

C’était « Mademoiselle ».

Il retint sa respiration lorsqu’elle releva la tête, les traits crispés par la colère, le visage rouge. Ses yeux bleu foncé luisaient d’une fureur presque inhumaine. Elle se releva enfin, si jolie dans sa robe bleue à col Claudine, demeura quelques instants immobile, l’air inexpressif, puis alors que sa main semblait blessée, s’assit devant le piano.

Jabu ignorait que Mademoiselle Kido savait jouer des instruments. Plus surprenant encore, elle jouait tout à fait comme un adulte aurait pu jouer, ses petits doigts volaient sur le piano d’orchestre, engendrant comme par magie une mélodie complexe d’une parfaite fluidité. Mais il y avait quelque chose d’étrange et désolant de voir une enfant si jeune jouer aussi parfaitement. Jabu n’avait jamais écouté que la radio, la grande musique était quelque chose d’inconnu pour lui. Ce morceau que jouait la fillette était si beau et si triste pourtant que les larmes lui montèrent aux yeux.

Pendant qu’il écoutait les joues mouillées de larmes, la colère de la jeune pianiste semblait s’être apaisée. Le garçon remarqua que l’expression de son visage avait complètement changé, on aurait presque dit une autre personne.



Liste des chapitres

1. La tristesse de Saori (Saori)
2. Deathqueen (Ikki)
3. Le cœur et la croix (Hyoga)
4. Le vieil équilibriste (Shiryu et Dokho)
5. Les deux visages (Saga et Kanon)
6. Un souvenir héroïque (Aiolos et Aiolia)
7. Deux vieux amis (Mû et Shion)
8. La rose ensanglantée (Aphrodite)
9. Les quatre nobles vérités (Shaka)
10. Les ailes de Pégase (Seiya)

saint seiya, le banquet céleste

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