Maudits Silmarils, livre II : Les fesses (PG-13)

Nov 05, 2015 21:44

Avec un titre comme ça... Non rien.

Sinon ça se lit comme un épisode séparé, sans spoilers sur la suite de l'histoire. C'est une scène dont certaines répliques trottaient dans ma tête depuis longtemps....



Ecthelion et son écuyer traversaient sur le plus haut pont qui surmontait la Voie des Eaux Courantes, qui était un lieu de passage assez important, et qu'on avait donc décoré en conséquence.

« Je crois bien qu'ils ont t'ajouté des statues, depuis notr' dernière mission. »

Belin s'approcha de la plus grande, celle qui se trouvait au sommet du pont : une statue d'éphèbe représentant vraisemblablement Ossë, nu, et ceint à la tête d'une seule couronne de coquillages. Cette statue était tournée vers la voie d'eau, décorant le pont un peu à la manière d'une proue, et ne montrait ainsi que son dos au passant. Un dos particulièrement travaillé et magnifique...

« Messire », fit alors remarquer Belin, « on dirait vos fesses. »

« Normal, c'est les miennes ! »

« Comment, Messire ? »

« Hé bien j'avais posé pour le sculpteur. Il me l'avait demandé. Du coup c'est vraiment mes fesses. »

Curieux, Belin se mit à inspecter le colosse sous toutes ses coutures. Puis après qu'il eut tourné sa tête du côté de l'eau, il se retourna vers Ecthelion, et crut bon de l'informer d'une chose.

« Messire, ils vous l'ont fait tout p'tit. »

« C'est pour les proportions », expliqua Ecthelion.

Belin repassa sa tête de l'autre côté.

« Il est quand même vraiment tout petit Messire. On dirait juste comme un p'tit chou d'brocoli. »

« Mais arrêtez de dire n'importe quoi ! »

Il passa lui aussi sa tête de l'autre côté, au-dessus de la rembarde.

« Ah oui c'est vrai. »

Ils revinrent du côté de la ruelle du pont.

« Tout de même, c'est un peu exagéré », maugréa Ecthelion.

Mais il n'eut pas le temps d'écouter l'avis de Belin, car l'un des passants fit une brutale embardée vers eux, toucha les fesses de la statue, puis continua son chemin comme si de rien n'était.

« Hein ? »

Ecthelion et son compagnon s'entre-regardèrent, interdits. Un groupe les avait dépassés sans rien faire, mais le suivant dévia de son chemin rectiligne, se dirigeant vers eux - ou plutôt la statue, dont ils touchèrent les fesses tour à tour - hommes et femmes.

« Mais pourquoi ils font ça ? », s'exclama Ecthelion.

« Je sais point Messire. P't'être parce qu'ils trouvent qu'vous avez d'belles fesses. »

« N'importe quoi. »

Le trafic continuait. Deux jeunes elfes, vraisemblablement en âge d'être à l'université, guillerets et vêtus de poulaines, marchaient tout en devisant. L'un s'inquiétait de la réussite de leur examen à venir. Son compagnon, qui avait la voix très douce et sirupeuse, s'efforçait de le réconforter. Soudain, il s'arrêta au milieu du pont, en une pirouette gracieuse :

« Mais j'y pense... Touche le Cul ! »

« Ah oui, tu as raison ! », répondit l'autre, en relevant la tête, le visage brusquement illuminé par l'espoir.

« Vas-y ! », l'encouragea l'elfe à la voix suave.

L'étudiant inquiet s'approcha de la statue, et se mit d'un coup à en palper une fesse de la main droite, un peu comme on poserait sa main sur une bouillotte, pour s'imprégner de sa chaleur.

« Mais... Mais... », balbutia Ecthelion.

Les deux étudiants s'en allèrent, l'étudiant inquiet semblant maintenant rassuré. Belin, lui, observait le manège l'air amusé.

Après les deux étudiants, ce fut un groupe d'écoliers qui traversa le pont en courant. L'un d'eux s'arrêta dans sa course et rebroussa le chemin.

« Attendez, attendez, j'ai pas touché l'Cul ! »

Essoufflé, mais le visage sérieux, il se mit à toucher le derrière de la statue comme s'il touchait du bois. Puis il se remit à courir.

« Non mais ça va pas la tête ! », s'exclama Ecthelion.

« Messire, regardez ! »

Une femme enceinte venait vers eux, porteuse d'un panier rempli de victuailles. Elle posa le panier aux pieds de la rembarde, et entreprit de toucher le fessier de marbre, précautionneusement. Puis elle reprit son panier et s'éloigna.

« J'y comprends rien... », murmura Ecthelion.

« Messire, j'croyons que j'comprenons. En fait... »

« AH, il est là ! », s'exclama un promeneur.

Le promeneur en question, un artisan joailler dont la profession se remarquait à son chapeau particulier, tendait déjà le bras, tout en faisant la conversation à son compagnon.

« Avec ça, je suis sûr que je vais gagner aux jeux ce soir, comme la dernière fois », expliqua le joailler, tout en touchant l'arrondi des fesses, avant de s'éloigner.

« ...QUOI, MON CUL PORTE BONHEUR ?! », réalisa alors Ecthelion avec détresse.

Belin lui tapota l'épaule.

« Messire, si toucher les fausses fesses porte bonheur, est-ce que toucher les vraies porte encore plus bonheur ? »

« Oh vous faites attention à ce que vous allez faire... », répondit le seigneur de la Fontaine, soupçonneux.

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