"La tentation" pour virginiegalaad
Titre : La tentation
Auteur : anna-tarawiel
Demandé par : virginiegalaad
Rating : PG
Spoilers : Saison 2, épisode 22
Personnages et/ou couple(s) : Sara, Lincoln
Prompt : Retrouvailles Sara et Lincoln après l'épisode Sona, avec les mots rêve, dispute, limonade et la phrase : "je ne ferai jamais ça, Lincoln."
Résumé : Elle peut dresser une liste longue comme son bras des gens à qui elle en veut. Elle peut y inclure son père, le gouvernement américain, l’état où elle se trouve, l’homme qu’elle aime. Mais elle a un nom en tête de liste.
Elle fixe, concentrée, le front légèrement plissé, le cercle dessiné par le verre qu’elle vient de vider et que le barman a emporté. Presque parfait, à l’exception de la petite traînée de gouttelettes sur le bois. Elle a commandé la même chose si bien que quand le barman lui dépose sous le nez, elle se met à fixer les deux verres posés devant elle, sensiblement identiques si ce n’est pour leur contenu.
Elle a l’impression de se trouver dans un bar de cow-boys. La sensation est amplifiée par la lumière qui provient de l’extérieur. L’air est lourd et poussiéreux, difficilement respirable en cette fin de journée. Et les gens, ou plutôt les hommes, les cow-boys qui ricanent de la voir là, seule, accoudée au bar, vont et viennent. Elle a cessé de se préoccuper de la porte qui s’ouvre et qui se ferme depuis un bon moment. Elle n’aurait pas dû baisser sa garde. C’est toujours quand on ne s’y attend pas que ça frappe.
« J’aurais préféré que vous me donniez tort. Mais c’est quand même dans un bar que je vous trouve. J’en ai quand même fait une dizaine avant. »
Par manque de mots, elle s’abstient de répondre. Ou bien est-ce parce qu’elle a trop de choses à dire et qu’elle tente de ne pas reposer la faute sur les épaules de quelqu’un d’autre.
« Je suis allé au commissariat mais vous étiez déjà partie. »
Elle se demande s’il va aborder le sujet ou s’il va lui laisser cette tâche.
« Y a quoi dans le verre ? »
Visiblement, il préfère lui laisser le sale boulot.
« Michael a avoué qu’il avait tué Kim.
- Je sais.
- Ils l’ont arrêté.
- Je sais.
- A ma place. C’est moi qu’ils auraient dû arrêter.
- Je sais.
- Bon sang est-ce que tu vas te décider à dire autre chose ? » s’écrit-elle brusquement.
Lincoln s’assoit sur le tabouret voisin et commande la même chose qu’elle.
« On va tirer Michael de là. Tu n’es pas responsable Sara, tu ne dois pas t’en vouloir. »
S’il savait, pense-t-elle… S’il savait que ce n’est pas à elle qu’elle en veut. Elle peut dresser une liste longue comme son bras des gens à qui elle en veut. Elle peut y inclure son père, le gouvernement américain, l’état où elle se trouve, l’homme qu’elle aime. Mais elle a un nom en tête de liste.
« On peut savoir où tu étais toi ?
- Comment ça où j’étais ?
- Quand la police est arrivée, tu es parti de ton côté, non ?
- Et alors ?
- Tu nous as abandonnés. Non, pardon, laisse-moi reformuler ça, tu as abandonné ton frère.
- Qu’est-ce que tu racontes ? »
Elle s’interroge encore sur les événements qui se sont enchaînés. Lincoln ne les aurait pas abandonnés, objectivement. Mais lorsqu’on est confronté à un déferlement d’émotions, l’objectivité a tendance à s’effacer au profit de son ennemi intime. Et là, elle ne peut s’empêcher de lui reprocher certaines choses.
« Tu as voulu sauver ta peau, tu t’es tiré, et tu n’as même pas cherché à savoir si nous suivions.
- Je…
- Oui, je sais. Dans ces cas là c’est chacun pour soi et dieu pour tous. Je connais la chanson.
- Ce n’est pas…
- Mais maintenant Michael est derrière les barreaux une fois de plus. Tu as abandonné ton frère après tout ce qu’il a fait pour toi, après avoir sacrifié sa vie pour toi. »
Il pointe un index qui se veut menaçant sur elle. Ca a dû en impressionner des tas, mais ça la laisse complètement de marbre.
« Je sais exactement ce que mon frère a fait pour moi, j’ai pas besoin qu’on me le rappelle ! Et je sais très bien ce que toi tu as fait pour moi, et c’est vraiment pas ce que je voulais non plus. Maintenant, on est tous dans une belle merde et je sais bien qui en est le responsable. Alors si t’as envie de me faire culpabiliser, t’attendras ton tour, parce que j’ai pas encore fini. »
Elle ne se sent pas mieux pour autant. Elle sent simplement que Lincoln ne peut plus lui servir de bouc émissaire et elle ne sait plus trop qui rendre responsable. Elle n’avait que Lincoln à portée de main.
« Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? demande-t-elle en s’interdisant formellement de paraître trop optimiste.
- J’en ai pas la foutue moindre idée. »
Elle est bien avancée avec le cerveau de la bande enfermé et la brute assise à ses côtés.
« On peut savoir pourquoi t’as deux verres ? »
Elle hausse les épaules. Elle sait très bien ce qu’elle fait mais elle n’a pas envie de le dire à voix haute. C’est un combat qu’elle mène contre elle-même.
« Bon y a quoi dans ton verre ?
- Non mais je rêve là ! De quel droit tu te permets de me juger ?
- J’ai rien dit encore !
- Pas la peine. Je sais très bien ce que tu voulais dire. »
Ou bien elle ne sait rien du tout et rester dans l’ignorance la fait paniquer et la panique la rend agressive. Un cercle vicieux et une explication tout à fait plausible.
Elle ne sait pas quoi faire, comment faire, comment aider Michael. Et ne pas savoir est encore pire que d’avoir un plan voué à l’échec. La moindre idée serait bonne à prendre, même venant de Lincoln. Jusqu’à ce qu’il arrive, elle avait espéré trouver une réponse dans le fond d’un verre, sans succès.
Maintenant qu’il est là, la technique du verre ne lui paraît pas moins fiable.
Le barman dépose le verre commandé depuis dix minutes.
« Fais ce que je dis et pas ce que je fais ! Ca ne sert à rien de replonger dans l’alcool. T’as pas besoin de ça. »
Il avale une gorgée du liquide transparent, elle le regarde soudain avec intérêt et… amusement. Il recrache aussi rapidement qu’il a ingurgité.
« La prochaine fois, tu y réfléchiras à deux fois avant de me juger. Et tu feras attention à ce que je commande pour ne pas prendre la même chose.
- C’est quoi ce truc ?
- De la limonade. Un peu éventée. »
Elle fait glisser un de ses verres vers Lincoln.
« Tiens. Un peu plus corsé. »
Elle est restée un long moment à contempler les deux possibilités qu’elle avait sous les yeux. D’un côté la rechute. De l’autre… De l’autre, elle ne savait pas trop à quoi s’attendre. Pas de Happy End pour les junkies, elle le sait bien. Doit-elle baisser les bras pour autant ? Juste parce que les choses s’enveniment ? Elle n’a jamais connu de moments où la vie était toute rose. Elle a été habituée à ce qu’on lui mette des embûches sur la route. Elle va traverser cette épreuve comme elle a traversé les autres. Tant qu’il y a une chance, un espoir…
« Je ne sais pas comment je vais m’y prendre mais je vais sortir Michael de là. Il n’a pas à payer pour les erreurs des autres. Je sais seulement que je ne lui suis d’aucune aide si je replonge. Et lui tourner le dos… je ne peux pas. Je ne ferai jamais ça, Lincoln. »
Il hoche la tête signalant qu’il comprend ou qu’il approuve. Elle espère que maintenant, en partant sur de bonnes bases, aussi bonnes qu’elles puissent être, ils vont pouvoir s’allier et trouver un plan. Ils n’ont pas les capacités de Michael, mais ils ont un but commun qui pousse les gens à faire tout et n’importe quoi.
Tout et n’importe quoi, c’est cent fois mieux que rien.
Il tape sur le comptoir du bar avec la paume de la main, ça la fait sursauter.
« Bon et ben on va pas passer la journée à jouer les piliers de bar, on a du pain sur la planche. On y va.
- Attends une seconde. Qui a dit que tu donnerais les ordres ?
- Qui a dit que je les donnerais pas ?
- Dans un tandem, il faut celui qui pense et celui qui agit. Et si Michael t’a laissé la place de celui qui agit, c’est qu’il y a une raison. C’est moi qui pense. C’est moi qui dit. On y va. »
Elle voit bien qu’il contient son agacement comme il peut. Elle paye, descend du tabouret, attend qu’il ouvre la porte pour elle et plisse les yeux en retrouvant la lumière du jour non obstruée par des vitres sales.
« Dis, c’est la dispute assurée à chaque fois que je vais ouvrir la bouche ou quoi ?
- J’ai jamais dit que j’avais l’intention de te rendre les choses faciles. »
Elle n’a pas le droit de lui en vouloir, elle le sait très bien. Mais elle peut quand même le faire souffrir un peu, à sa façon. Elle n’est pas une gentille fille et elle ne va pas choisir ce moment là pour faire comme si.
FIN
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Auteur : anna-tarawiel
Demandé par : virginiegalaad
Rating : PG
Spoilers : Saison 2, épisode 22
Personnages et/ou couple(s) : Sara, Lincoln
Prompt : Retrouvailles Sara et Lincoln après l'épisode Sona, avec les mots rêve, dispute, limonade et la phrase : "je ne ferai jamais ça, Lincoln."
Résumé : Elle peut dresser une liste longue comme son bras des gens à qui elle en veut. Elle peut y inclure son père, le gouvernement américain, l’état où elle se trouve, l’homme qu’elle aime. Mais elle a un nom en tête de liste.
Elle fixe, concentrée, le front légèrement plissé, le cercle dessiné par le verre qu’elle vient de vider et que le barman a emporté. Presque parfait, à l’exception de la petite traînée de gouttelettes sur le bois. Elle a commandé la même chose si bien que quand le barman lui dépose sous le nez, elle se met à fixer les deux verres posés devant elle, sensiblement identiques si ce n’est pour leur contenu.
Elle a l’impression de se trouver dans un bar de cow-boys. La sensation est amplifiée par la lumière qui provient de l’extérieur. L’air est lourd et poussiéreux, difficilement respirable en cette fin de journée. Et les gens, ou plutôt les hommes, les cow-boys qui ricanent de la voir là, seule, accoudée au bar, vont et viennent. Elle a cessé de se préoccuper de la porte qui s’ouvre et qui se ferme depuis un bon moment. Elle n’aurait pas dû baisser sa garde. C’est toujours quand on ne s’y attend pas que ça frappe.
« J’aurais préféré que vous me donniez tort. Mais c’est quand même dans un bar que je vous trouve. J’en ai quand même fait une dizaine avant. »
Par manque de mots, elle s’abstient de répondre. Ou bien est-ce parce qu’elle a trop de choses à dire et qu’elle tente de ne pas reposer la faute sur les épaules de quelqu’un d’autre.
« Je suis allé au commissariat mais vous étiez déjà partie. »
Elle se demande s’il va aborder le sujet ou s’il va lui laisser cette tâche.
« Y a quoi dans le verre ? »
Visiblement, il préfère lui laisser le sale boulot.
« Michael a avoué qu’il avait tué Kim.
- Je sais.
- Ils l’ont arrêté.
- Je sais.
- A ma place. C’est moi qu’ils auraient dû arrêter.
- Je sais.
- Bon sang est-ce que tu vas te décider à dire autre chose ? » s’écrit-elle brusquement.
Lincoln s’assoit sur le tabouret voisin et commande la même chose qu’elle.
« On va tirer Michael de là. Tu n’es pas responsable Sara, tu ne dois pas t’en vouloir. »
S’il savait, pense-t-elle… S’il savait que ce n’est pas à elle qu’elle en veut. Elle peut dresser une liste longue comme son bras des gens à qui elle en veut. Elle peut y inclure son père, le gouvernement américain, l’état où elle se trouve, l’homme qu’elle aime. Mais elle a un nom en tête de liste.
« On peut savoir où tu étais toi ?
- Comment ça où j’étais ?
- Quand la police est arrivée, tu es parti de ton côté, non ?
- Et alors ?
- Tu nous as abandonnés. Non, pardon, laisse-moi reformuler ça, tu as abandonné ton frère.
- Qu’est-ce que tu racontes ? »
Elle s’interroge encore sur les événements qui se sont enchaînés. Lincoln ne les aurait pas abandonnés, objectivement. Mais lorsqu’on est confronté à un déferlement d’émotions, l’objectivité a tendance à s’effacer au profit de son ennemi intime. Et là, elle ne peut s’empêcher de lui reprocher certaines choses.
« Tu as voulu sauver ta peau, tu t’es tiré, et tu n’as même pas cherché à savoir si nous suivions.
- Je…
- Oui, je sais. Dans ces cas là c’est chacun pour soi et dieu pour tous. Je connais la chanson.
- Ce n’est pas…
- Mais maintenant Michael est derrière les barreaux une fois de plus. Tu as abandonné ton frère après tout ce qu’il a fait pour toi, après avoir sacrifié sa vie pour toi. »
Il pointe un index qui se veut menaçant sur elle. Ca a dû en impressionner des tas, mais ça la laisse complètement de marbre.
« Je sais exactement ce que mon frère a fait pour moi, j’ai pas besoin qu’on me le rappelle ! Et je sais très bien ce que toi tu as fait pour moi, et c’est vraiment pas ce que je voulais non plus. Maintenant, on est tous dans une belle merde et je sais bien qui en est le responsable. Alors si t’as envie de me faire culpabiliser, t’attendras ton tour, parce que j’ai pas encore fini. »
Elle ne se sent pas mieux pour autant. Elle sent simplement que Lincoln ne peut plus lui servir de bouc émissaire et elle ne sait plus trop qui rendre responsable. Elle n’avait que Lincoln à portée de main.
« Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? demande-t-elle en s’interdisant formellement de paraître trop optimiste.
- J’en ai pas la foutue moindre idée. »
Elle est bien avancée avec le cerveau de la bande enfermé et la brute assise à ses côtés.
« On peut savoir pourquoi t’as deux verres ? »
Elle hausse les épaules. Elle sait très bien ce qu’elle fait mais elle n’a pas envie de le dire à voix haute. C’est un combat qu’elle mène contre elle-même.
« Bon y a quoi dans ton verre ?
- Non mais je rêve là ! De quel droit tu te permets de me juger ?
- J’ai rien dit encore !
- Pas la peine. Je sais très bien ce que tu voulais dire. »
Ou bien elle ne sait rien du tout et rester dans l’ignorance la fait paniquer et la panique la rend agressive. Un cercle vicieux et une explication tout à fait plausible.
Elle ne sait pas quoi faire, comment faire, comment aider Michael. Et ne pas savoir est encore pire que d’avoir un plan voué à l’échec. La moindre idée serait bonne à prendre, même venant de Lincoln. Jusqu’à ce qu’il arrive, elle avait espéré trouver une réponse dans le fond d’un verre, sans succès.
Maintenant qu’il est là, la technique du verre ne lui paraît pas moins fiable.
Le barman dépose le verre commandé depuis dix minutes.
« Fais ce que je dis et pas ce que je fais ! Ca ne sert à rien de replonger dans l’alcool. T’as pas besoin de ça. »
Il avale une gorgée du liquide transparent, elle le regarde soudain avec intérêt et… amusement. Il recrache aussi rapidement qu’il a ingurgité.
« La prochaine fois, tu y réfléchiras à deux fois avant de me juger. Et tu feras attention à ce que je commande pour ne pas prendre la même chose.
- C’est quoi ce truc ?
- De la limonade. Un peu éventée. »
Elle fait glisser un de ses verres vers Lincoln.
« Tiens. Un peu plus corsé. »
Elle est restée un long moment à contempler les deux possibilités qu’elle avait sous les yeux. D’un côté la rechute. De l’autre… De l’autre, elle ne savait pas trop à quoi s’attendre. Pas de Happy End pour les junkies, elle le sait bien. Doit-elle baisser les bras pour autant ? Juste parce que les choses s’enveniment ? Elle n’a jamais connu de moments où la vie était toute rose. Elle a été habituée à ce qu’on lui mette des embûches sur la route. Elle va traverser cette épreuve comme elle a traversé les autres. Tant qu’il y a une chance, un espoir…
« Je ne sais pas comment je vais m’y prendre mais je vais sortir Michael de là. Il n’a pas à payer pour les erreurs des autres. Je sais seulement que je ne lui suis d’aucune aide si je replonge. Et lui tourner le dos… je ne peux pas. Je ne ferai jamais ça, Lincoln. »
Il hoche la tête signalant qu’il comprend ou qu’il approuve. Elle espère que maintenant, en partant sur de bonnes bases, aussi bonnes qu’elles puissent être, ils vont pouvoir s’allier et trouver un plan. Ils n’ont pas les capacités de Michael, mais ils ont un but commun qui pousse les gens à faire tout et n’importe quoi.
Tout et n’importe quoi, c’est cent fois mieux que rien.
Il tape sur le comptoir du bar avec la paume de la main, ça la fait sursauter.
« Bon et ben on va pas passer la journée à jouer les piliers de bar, on a du pain sur la planche. On y va.
- Attends une seconde. Qui a dit que tu donnerais les ordres ?
- Qui a dit que je les donnerais pas ?
- Dans un tandem, il faut celui qui pense et celui qui agit. Et si Michael t’a laissé la place de celui qui agit, c’est qu’il y a une raison. C’est moi qui pense. C’est moi qui dit. On y va. »
Elle voit bien qu’il contient son agacement comme il peut. Elle paye, descend du tabouret, attend qu’il ouvre la porte pour elle et plisse les yeux en retrouvant la lumière du jour non obstruée par des vitres sales.
« Dis, c’est la dispute assurée à chaque fois que je vais ouvrir la bouche ou quoi ?
- J’ai jamais dit que j’avais l’intention de te rendre les choses faciles. »
Elle n’a pas le droit de lui en vouloir, elle le sait très bien. Mais elle peut quand même le faire souffrir un peu, à sa façon. Elle n’est pas une gentille fille et elle ne va pas choisir ce moment là pour faire comme si.
FIN
Merci pour cette contribution.
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