Titre : Rêveries d'un étudiant solitaire
Fandom : Harry Potter
Disclaimer : les personnages appartiennent à Rowling, je n’ai aucun droit dessus et ne touche aucun argent.
Mots imposés : coccinelle, hirsute, imprécation, prescience et zygomatique
Résumé : Ron s'ennuie pendant le cours d'Histoire de la Magie
Personnages/Couples : Ron (+ les Gryff' de 5ème année)
Avertissement : G
Spoiler : tome5
Note : Petit texte sans prétention, dédicacé à tous ceux qui ont, un jour ou l’autre, préféré rêver que suivre un cours si peu intéressant…
Publication : mars 2004, pour le PJM n°7 de
TWWO Ron, accoudé à son pupitre, regardait rêveusement le carré de ciel que découpait la fenêtre. Quelle idée de s’enfermer par un temps pareil ! Ne serait-on pas tous bien mieux dehors ? allongé dans l’herbe séchée par le soleil et n’ayant rien d’autre à faire que regarder voler les papillons et les coccinelles ? Paresseusement, il reporta son attention sur le professeur ectoplasmique d’Histoire de la Magie. Ron fit de son mieux pour rester concentré cinq minutes d’affilées, mais le soliloque du fantôme était plus abrutissant que la chaleur anormale. Il décrocha avec bonheur et préféra laisser vagabonder son regard dans la salle surchauffée.
Brown et Parvati s’échangeaient sans subtilité des petits bouts de parchemin en pouffant de rire. Les zygomatiques travaillaient plus chez ces demoiselles que les cellules grises ! Mais elles étaient mignonnes, on pouvait donc les excuser. Thomas, les doigts pleins d’encre, caricaturait impertinemment Binns. Finnigan, par-dessus son épaule, lui proposait quelques inutiles conseils qu’il croyait très pertinents. Londubat avait le regard rêveur ou plus exactement absent. Ron se demanda si ce n’était pas le contre coup de l’incident qui était survenu en potions : le malhabile Gryffondor avait vu tout son mélange lui exploser à la figure (encore une fois !).
Il en avait d’ailleurs encore le visage barbouillé de noir et les cheveux hirsutes. Ron ne put retenir un petit ricanement en se remémorant le rouge colérique qui s’était étendu comme une tache sur le visage cireux du professeur de potions. Il fallait dire que ce dernier avait moyennement apprécié le fait de se retrouver violemment coiffé d’un chaudron ! Étrangement, la remarque de Finnigan, comme quoi cela était du dernier cri et lui sied à merveille, n’avait pas apaisé le directeur des Serpentard. Gryffondor avait perdu d’un coup vingt-cinq points et Finnigan avait été gratifié de quatre heures de retenue pour manque de respect envers un professeur. Le Gryffondor avait bien promis une revanche et, d’après les échos de Ron, le litigieux chaudron était le point clef du projet.
Aux côtés de Ron, Harry somnolait. Les paupières du garçon menaçaient de se fermer à n’importe quel moment, tandis que sa tête dodelinait dangereusement. Il tentait de contenir avec plus ou moins de succès de prodigieux bâillements. Il y avait de quoi rivaliser avec Hagrid, sans exagérer ! Ron s’étonnait même que Binns n’ait pas encore adressé à Harry quelques remarques déplaisantes.
Les nuits de Harry étaient de plus en plus agitées. Ron l’entendait parfois crier à travers les rideaux des lits à baldaquins. Des cris qui l’emplissaient d’angoisse ! Les trois amis avaient vainement cherché à travers toute la bibliothèque un sort pour bloquer les rêves de Harry. Hermione, confiante comme toujours, étudiait même avec opiniâtreté un livre en Finnois sur les rêves prophétiques et tout ce qui touchait la prescience. Mais il fallait se rendre à l’évidence : il n’existait aucun moyen, magique ou moldu, de bloquer les songes de Harry.
Harry, fatigué de ne rêver que de morts, n’entrapercevait plus qu’une solution, la dernière… L’insomnie ! Élevé au thé depuis l’âge de raison, le jeune britannique se forçait à boire du café bien noir ; mais une semaine à ce régime commençait à avoir raison de ses nerfs.
Finalement, les paupières se joignirent et Harry s’assoupit sur sa table. Ron dévisagea son ami : ses traits étaient tirés, ses pommettes étaient plus que jamais saillantes et de vilaines cernes violettes cerclaient ses yeux. Ron eut mal au cœur pour Harry. Comment avait-il pu le jalouser ? Comment avait-il pu croire que Harry s’enorgueillissait de sa condition de Survivant ? Comment avait-il pu aller jusqu’à formuler des imprécations à son encontre ? Ron se sentit honteux et, pour apaiser sa conscience (ou plutôt la tromper) préféra reporter son attention sur ses camarades. Il ne restait plus qu’Hermione.
Ron ne put retenir le battement plus violent que son cœur ne manquait jamais de faire chaque fois que ses yeux s’égaraient du côté de la jeune sorcière, chaque fois que son esprit se prenait à épeler son prénom, chaque fois que l’un de ses sens l’avertissait de son arrivée ou de sa proximité. Il s’ensuivait immanquablement une réaction de son épiderme : ses poils se dressaient et un frisson délicieux le parcourait.
Studieusement, Hermione écoutait de toutes ses oreilles les paroles traînantes du professeur mort depuis des décennies, probablement d’ennui. Avec application, elle prenait ses notes, faisant ressortir par de la couleur les éléments qui lui semblaient plus importants. Ron aimait le soin qu’elle prenait dans tout ce qu’elle faisait ; quelque fût le degré d’importance, son implication était toujours totale. Ron s’amusa de la voir froncer les sourcils : Binns devait sûrement avoir omis un détail, commis un petit impair, une de ses déclarations ne devait pas entrer en adéquation avec les connaissances d’Hermione. Fébrilement, elle griffonna à l’encre verte quelques mots dans le coin de son parchemin. Ron sourit. Hermione avait choisi la couleur verte pour ce qui clochait, pour ce qui la gênait. Est-ce que les Serpentard studieux marquaient en rouge ce qui les embêtaient dans le coin supérieur de leur parchemin ?
Ron reporta son regard sur le ciel immensément bleu. Le prochain match de Quidditch s’annonçait très disputé. Serpentard contre Gryffondor. Son esprit vagabonda. Il imaginait déjà les actions de son équipe, les attaques et les contre-attaques, les arrêts et les tirs. Il alla jusqu’à rêver la victoire et même la coupe.
Ron sursauta quand il sentit quelque chose heurter sa tête. Il se retourna et vit Hermione qui lui jetait des regards incendiaires. Du menton, elle désignait Harry qui sommeillait tranquillement.
‘Ne le laisse pas dormir !’ Tentait-elle de lui faire comprendre. Ron haussa les épaules.
‘Il est à bout.’ Murmura-t-il.
Hermione se détendit puis son regard devint soucieux.
‘Dumbledore ?’
Ron secoua la tête. Harry refusait d’en parler au directeur de Poudlard. Hermione eut une expression inquiète. Ron lui répondit par un sourire triste. La jeune sorcière haussa à peine les coins de ses lèvres en réponse et reporta son attention vers le professeur. Harry murmura quelque chose dans son sommeil et Ron fit semblant de ne pas reconnaître le mot « maman ». Une abeille vint bourdonner autour de leurs oreilles et Ron repartit dans ses rêveries à mille lieues de l’Histoire, des Trolls, des invasions et des soucis.
fin...