[Fic] Pour qu'il n'ait jamais à se reprocher de ne pas l'avoir assez regardé, Clover, Gingetsu/Ran

Jul 08, 2007 16:43

Titre : Pour qu'il n'ait jamais à se reprocher de ne pas l'avoir assez regardé
Auteur : Nyoko (Participant 18)
Pour : Nathalie (Participant 13)
Fandom : Clover
Persos/Couple : Ran/Gingetsu
Rating : PG
Disclaimer : Tout est aux Clamp
Prompt : Angst avec une touche de fluff si possible (sinon, tant pis XD). Je pense que leur relation a quelque-chose de doux-amer que j'aimerais bien voir mis en avant en fait. Mais si tu préfère insister sur le côté déchiré ou bien au contraire sur le côté pur et beau de leur relation, libre à toi.
Si tu désires un thème plus précis, je te propose celui-ci: neige. Mais il est facultatif ^^.



C’était une journée comme les autres. Quand il s’est levé ce matin, Gingetsu n’en a pas douté une seule seconde. Il n’a pas eu tort, puisque rien n’est arrivé. Pas de mission, pas de déclaration de guerre, rien de bien intéressant. Une journée monotone et sans fin.

Ce matin, en quittant sa chambre, il est passé devant celle qu’occupe Ran, depuis son arrivée, il y a deux ans. La porte était légèrement entrouverte, et il n’a pas pu s’empêcher de jeter un œil par l’entrebâillement, pour regarder le visage endormi de son protégé. Celui-ci dormait encore, recroquevillé sur lui-même. Cela fait longtemps qu’il ne l’a pas regardé dormir. A vrai dire, il n’a jamais vraiment pris le temps de le faire.

Et pourtant, ça fait deux ans qu’il est là. Deux ans qu’il vit avec lui. Il y a deux ans, il a recueilli un petit garçon, aujourd’hui, c’est un adolescent qui partage sa vie. Presque un homme. Pendant deux longues années, où était il ? En mission, la plupart du temps. Il s’est toujours arrangé pour rentrer le plus souvent possible. Mais malgré ça, il n’a jamais pris le temps d’observer le petit garçon. Pas quand il dort, en tout cas.

Il s’en veut un peu, d’ailleurs. Il regrette. S’il le pouvait, il reviendrait en arrière, et il passerait tout son temps à le regarder, à l’observer grandir. Mais à l’époque, il ne savait pas, il ne voulait pas croire. Il s’en mord les doigts. Ran grandit, grandit trop vite. Bientôt, il sera vieux. Plus vieux que lui, qui n’est déjà plus tout jeune. Et après, il mourra. Avant lui.

Il y a deux ans, Ran était un enfant. Aujourd’hui c’est un homme. Qu’y a-t-il eu au milieu ? Gingetsu a l’impression qu’il ne le sait pas. Il ne l’a pas vu grandir, il ne l’a pas voulu. Il paraît que c’est pareil avec tous les parents. Sauf que les parents des enfants normaux, ils ont tout le temps pour regarder leurs mômes. Lui, il en a gâché une bonne partie, de ce temps précieux. Dans son esprit, Ran est toujours un petit enfant… Quand il est parti se coucher hier soir, Gingestu voyait encore un enfant en lui. C’est peut être pour ça qu’il est si protecteur, alors que le jeune homme semble à présent capable de se débrouiller seul…

Maintenant qu’il s’en rend compte, il aimerait bien profiter du temps qu’il leur reste à passer ensemble. Qu’ils fassent des choses tous les deux. Qu’il le regarde vivre. La prochaine fois que Ran posera sa main sur la fenêtre pour regarder la neige tomber, comme il le fera peut être ce soir, il l’observera.

« Le Trèfle ne survivra pas longtemps hors du Centre. D’ici cinq ans, il vieillira brusquement. »

Même s’il ne se l’avouera sans doute jamais, en tout cas pas avant l’échéance, Gingetsu redoute ce moment. Celui-là où il verra son petit protégé vieillir brutalement, devenir plus vieux que lui, et finalement s’éteindre en le laissant seul.

« Le plus beau cadeau en ce monde qu’on puisse faire à la personne qu’on aime est de ne pas mourir avant elle. »

Il est plus vieux, il devrait mourir le premier. Même si ce serait égoïste. Egoïste de laisser Ran tout seul face au monde, préférer mourir que de ressentir la douleur, préférer mourir que de voir la disparition de son protégé. Certaines fois, il se dit que si Ran l’aimait vraiment, il trouverait un moyen, il ne vieillirait pas. C’est un trèfle à 3 feuilles, il a de grands pouvoirs… Mais souvent, Gingetsu réalise que c’est une idée stupide. On ne peut pas arrêter de vieillir.

Peut être qu’au fond, Ran ne l’aime pas assez. Parce que si l’enfant l’aimait vraiment, il serait déjà mort, selon la prédiction de « A ». Cette pensée lui fait mal, derrière son masque muet et indifférent. Pas le fait de mourir, non. Mais le fait que Ran ne l’aime peut être pas autant qu’il le voudrait.

« -Tu m’aimes ?

-Oui.

-Plus que tout ?

-Oui.

-Pour toujours ?

-Oui. »

« A » et « C ». Gingetsu n’arrive pas à effacer totalement le souvenir des deux enfants. De ces deux jumeaux. De « A », si possessif et jaloux. « A » aimait « C ». « C » aimait « A ». Pourquoi « C » est il parti ?

« Si tu finis par aimer quelqu’un d’autre plus que moi, je le tuerai. »

Il y a deux ans, avant la mort d’Oluha, il ne comprenait pas vraiment son aide de camp. Il n’aimait pas, à ce moment. Evidemment, il aimait bien Kazuhiko. Normal. Mais il n’aimait pas de la même manière que lui aimait Oluha. Pourtant, quand elle est morte, il a compris sa douleur. C’est pour ça qu’il l’a laissé démissionner et disparaître dans la nature. Aujourd’hui, il a l’impression qu’il comprend à peu près ce que ressentait son aide de camp. C’est bien Kazuhiko, ça. Toujours un train d’avance sur lui.

En revenant, il a poussé la porte. Ouverte. Enlevé son manteau. Trempé. Il a neigé toute la journée. Peut être que Ran ira à la fenêtre, ce soir. Pour regarder cette substance blanche et vaporeuse, comme il y a deux ans. Y a-t-il vraiment deux ans qu’il n’a pas neigé ? Gingetsu ne sait plus vraiment. Il n’y a jamais vraiment fait attention. Qu’il neige ou qu’il pleuve, c’est toujours quelque chose qui tombe du ciel, ça revient toujours au même. Enfin, ça, c’était ce qu’il pensait. Avant.

Il a avancé dans le couloir. Il est passé devant la chambre de son protégé. Entrouverte. La lumière filtrait par l’entrebâillement. Il y a jeté un œil, mais Ran n’y était pas.

A présent, il entre dans le salon. Cette fois, il y est. Face à la fenêtre, habillé comme d’habitude, dans son t-shirt blanc. Finalement, il n’y a certainement que sa taille qui a changé en deux ans, du moins si on observe son apparence extérieure. Toujours aussi frêle. La vitre lui renvoie son visage triste.

« Parce qu’elle était seule au monde. Elle voulait qu’on l’emmène quelque part. »

Même s’il ne l’avouera jamais, même à lui-même, Gingetsu aimerait le prendre dans ses bras, le serrer tout contre lui, le garder contre sa poitrine jusqu’à ce que le compte à rebours qui signifiera le début de sa fin arrive. Mais il ne peut pas. Il ne s’en sent pas capable. Derrière ce masque impassible qu’il porte en toute situation, Gingestu n’arrive plus à briser la glace. Une glace que seul Ran fait fondre.

Ran, qui est pourtant toujours mélancolique. En deux ans, il n’a pas beaucoup souri. Mais les rares fois où Gingetsu a vu ses lèvres s’étirer en un sourire doux et un peu amer, il a senti qu’il aimait ce gosse, plus que personne avant lui. Le sentir était une chose, se l’avouer en était une autre. En faire part au concerné était un monde.

Ran lui tournait le dos, sa main sur la surface froide de la vitre. Cette vision le calme un peu. C’est en partie pour ça qu’il aime rentrer chez lui. Rentrer chez « eux ». Le Trèfle à deux feuilles fait quelques pas en avant, manifestant par là sa présence. Le plus jeune des deux se retourne, et un de ces sourires si rares éclaire son visage quelques secondes.

A cette vue, le cœur du lieutenant colonel Gingetsu se serre. S’il commence à vieillir, lui sourira il encore comme cela ? Il ne leur reste que trois ans avant que le compte à rebours ne s’enclenche véritablement…

Si Ran était retourné au Centre, est ce que cela lui aurait permis de vivre plus longtemps ? En fait, Gingetsu ne veut pas avoir la réponse à cette question. Parce que « C » est devenu « Ran » et qu’il ne retournera plus là où on l’a enfermé.

Quelles qu’en soient les conséquences.

Et cela lui ferait trop mal de savoir que Ran meurt lentement alors qu’il aurait eu la possibilité de vivre. Cependant, il sait qu’il a réalisé une partie de ce qui a été le rêve de Ran et du Trèfle à quatre feuilles…

« Emmène moi avec toi

Vers un ailleurs certain »

Il ne parle toujours pas, mais la main de Gingetsu se lève lentement pour venir se poser sur la tête de son protégé. Il lui ébouriffe doucement les cheveux, et Ran lui sourit à nouveau. A présent, le plus vieux profitera de tous ces moments là. Tant qu’il peut encore voir son protégé comme un enfant. Puisque bientôt, ce ne sera plus le cas.

-Il neige depuis longtemps ?

Ran le regarde. Gingetsu ne s’est pas vraiment rendu compte qu’il a parlé. Ses lèvres ont bougé toutes seules. Il observe le jeune homme, remarquant à présent toute l’étendue du changement qui s’est opéré sur celui qu’il protège depuis deux ans. Un changement qu’il aurait pu continuer d’ignorer, comme il le faisait quelques heures avant à peine.

-Je ne sais pas.

La glace fond petit à petit autour du cœur du soldat, qui esquisse un micro sourire, un de ceux que seul Ran sait voir. Oh oui, à présent il va profiter de tous les moments qui lui sont offerts aux côtés de son protégé. Pour que quand celui-ci disparaîtra, échéance inévitable, il n’ait pas à regretter de ne l’avoir pas assez observé.

Alors il le regarde, l’examine sous toutes les coutures. Peut être qu’ainsi, quand Ran vieillira, Gingetsu le verra toujours comme un jeune homme un peu triste, qui lui sourit, parfois.

« Il n’appartient à personne

Le trèfle à quatre feuille

Et le trèfle à trois feuilles ? »

clover, auteur:nyoko, fic, pour:nathalie

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