[Fic] Une voie tracée, Lastman, Elorna [de Bob, pour Petrichor]

Sep 05, 2018 17:44

Titre : Une voie tracée
Auteur : Bob (Extérieur)
Pour : Patrichor (Participant 9)
Fandom : Lastman
Persos/Couple : Elorna
Rating : PG
Disclaimer : Balak, Vives, Salanville
Prompt : Tu ne précises pas comic ou série, donc dans le doute je te donne des pistes dans les deux. Dans tous les cas j’aime les scènes d’action et la baston, donc si tu veux faire de l’illustration, n’hésite pas ;),
La relation entre Tomie et Hash, comment entre l’anime et le manga ils en sont arrivés là où ils sont, l’amitié/collaboration/respect entre eux et plus si affinité (ou pas, peut être que c’est une relation platonique), leurs traumas respectifs, du worldbuilding...
Un point de vie d’Elorna ? Elle est kick-ass et concentrée, et j’aime assez le fait que tous les aspects romance/sexuelle semblent lui être complètement indifférents, donc tu peux explorer cela, mais aussi comment elle vit ses pertes et ses trahisons successives...
Dans l’anime j’aime tous les persos, de Howard à Richard en passant par Mendoza et le St Père. Peut être du worldbuilding autour de l’ordre du Lion et des roitelets ? Je n’ai pas d’idées très spécifiques pour cette requête, donc sens toi libre d’écrire des choses qui te tentent si toi tu as des scénars très clairs en tête !
Notes : Spoil pour la seconde partie de la BD. Bon, j’ai choisi de partir sur le second prompt mais je n’ai pas réussi à le remplir en entier ; mais qui sait, la suite des pertes et trahisons ça sera peut-être pour le prochain round ?



Assise sous la statue de Marianne et d’Adrian, Elorna Morgan contemple la vie. Ça n’est pourtant pas la date anniversaire de leur disparition, celle où elle vient chaque année avec deux petits pains à la noisette : un pour elle qu’elle mange en souvenir, et celui d’Adrian qu’elle n’a jamais eu l’occasion de lui donner et qu’elle abandonne là, aux oiseaux peut-être, ou à un enfant qui aura faim.
Les années passent, elle vieillit et mûrit, alors qu’Adrian n’aura jamais neuf ans et ne gagnera plus aucun autre tournoi. Elle-même ne sait pas si elle y tient. Elle y participait pour faire plaisir à son père et à Maître Jansen. Elle a raté son premier à cause de Vlad. Elle a abandonné le second parce que tout à coup elle n’en voyait plus l’intérêt : pourquoi se battre contre un autre élève de l’école ? un ami ? est-ce que ça honorait réellement les dieux ? Elle a été éliminée proprement, en vrai combat, lors du troisième. Et du quatrième, en ayant progressé beaucoup plus loin.
Au fil des ans, les tournois de toute façon de moins en moins de sens à ses yeux. Son entraînement, oui : elle sait depuis toute petite qu’elle entrera un jour dans la garde royale ; il n’y a pour elle pas d’autre chemin possible dans la vie. Des exhibitions futiles… non.
Elle prouvera à son père quelle est sa valeur. Elle n’oubliera jamais la satisfaction de son père le jour où il l’a inscrite à l’École du Chêne. Ni sa surprise, puis sa colère contre Maître Jansen quand il s’enquérait de ses progrès et qu’elle devait répondre par la négative pour tout ce qui était magie et invocations. Enfin, la déception quand il comprit que l’échec n’était pas la faute de l’enseignant qui s’y prenait mal, mais de l’élève qui en était absolument incapable.
Jamais Chester Morgan n’a dit qu’il était déçu par sa fille. Pas avec des mots.
Tu tiens de ta mère, a-t-il simplement dit. Tu lui ressembles tellement.
Mais il a ajouté, avec regrets,
Elle avait choisi ton prénom et prédit que tu serais une championne.

Sous la statue de cette mère agonisante cherchant en vain à protéger son enfant, Elorna songe. Elle n’a jamais connu sa propre mère ; Lora Morgan est morte à sa naissance. Son père n’a jamais eu de mot de reproche là-dessus non plus ; envers le médecin peut-être ? mais là encore, une attitude de regret. Et Elorna regrette de ne pas être la championne de ses rêves. Elle veut le rendre fier. Elle se doit d’honorer ses attentes.
Elle a appris toutes les incantations - en vain : elle est incapable d’invoquer les esprits - mais elle sait aussi tous les mouvements. Elle se bat bien. Elle est souple, rapide, aussi forte que lui permet sa fine musculature. Elle excelle à main nue comme à l’arme blanche. Elle peut abattre un iguane sauvage pris de folie et attaquant des villageois sans défense. Elle peut stopper net n’importe quel bandit en le laissant assez intact pour comparaître ensuite devant un juge. Elle peut tenir tête à des adversaires usant de magie contre elle, et les battre même sans y avoir elle-même recours ! Elle ne sait juste pas pour quoi elle le fait. Parce qu’elle n’a jamais rien connu d’autre que ce projet qu’avaient ses parents pour elle. Parce que son père est l’homme le plus fort et le plus droit qui soit et qu’il est impensable de ne pas le prendre pour modèle.

Et elle est là aujourd’hui, hors saison, parce que Gregorio Lempkin lui a demandé de devenir sa femme et qu’elle se sent prise de court. Elle n’a jamais réfléchi auparavant à cette possibilité : elle pensait sa voie toute tracée, dans la Garde royale, au service de la Vallée, à la protection des innocents, et une vie de famille n’entrait pas en ligne de compte.

Gregorio est son partenaire d’entraînement depuis des années maintenant. C’est lui qui la connaît le mieux, plus que son propre père ou Maître Jansen, plus distants. Comme Adrian n’est plus là et qu’elle n’a jamais noué autant de complicité avec aucun autre élève, avec aucune voisine, elle suppose qu’il est son meilleur ami désormais. Son seul ami à vrai dire.
Elle lui fait aveuglément confiance en situation de combat : ils fonctionnent bien ensemble. En tant que personne ? il avait un sale caractère à l’entrée de l’adolescence, puis il a grandi lui aussi ; au fil des ans il s’est assagi, adouci, et a même regretté sa conduite passée. Depuis, il s’est même mis en tête de tout faire pour lui plaire.
Elle apprécie ses efforts pour devenir une personne meilleure : c’est vraiment louable ! même si elle n’est pas personnellement intéressée, ni par lui ni aucun autre.
Elle ne sait pas trop si sa capacité à s’attacher est morte avec Adrian, qui était un petit frère pour elle, ou si leur lien était propre à l’enfance et c’est normal qu’elle prenne plus de distance avec le monde en grandissant.

Elle a l’habitude de la présence de Gregorio, en tout cas. Elle ne se trouve pas de raison précise de le repousser. Se rendre compte qu’elle n’a pas envie, et que l’absence d’envie aussi devrait compter, même sans l’envie d’un autre - ou d’une autre, qui sait - d’être juste elle-même, par elle-même, pour elle-même, ne lui est pas arrivé.

Elle sait cependant qu’elle pas envie d’avoir des enfants. Elle a un peu peur de mourir comme sa mère, et de laisser des gens qu’elle aime seuls. Plus encore, elle n’est pas sûre de savoir les élever si elle vit, comme son père s’est montré distant envers elle. Et aussi, à l’ombre de cette statue, elle n’a pas envie de les voir mourir avant elle, si la malchance s’en mêle. Elle sait d’expérience que le malheur peut frapper sans prévenir, malgré toutes les précautions qu’on pense avoir prises.

Elle ne pense même pas à l’acte nécessaire pour avoir ces possibles enfants, jamais, ni avec Gregorio ni avec personne d’autre. On n’en parle pas beaucoup autour d’elle et elle n’a de toute façon pas tellement envie d’en savoir plus ; ça a l’air inutilement compliqué.

Élevée dans le respect des traditions et de l’autorité, elle a toujours su qu’elle serait soldat. Elle n’a rien connu d’autre que la discrétion et l’obéissance. Sa seule certitude, en l’état, est que ça ne changera jamais. Quelle que soit la réponse qu’elle donnera à Gregorio, elle restera dans la Garde. Ensemble, dans des unités séparées, ou sans lui. Mais elle aimerait bien que ça reste avec lui, parce qu’elle n’a aucune envie de voir encore s’éloigner d’elle quelqu’un à qui elle tient.
Elle pourrait faire face à une nouvelle perte, à une solitude accrue ; un bon soldat n’a besoin de personne, que des chaînes du commandement. Mais ça serait dommage. Elle pense quand même qu’ils sont plus forts, plus efficaces ensemble.
Elle contemple le visage de pierre torturé de Marianne Velba, qui n’avait pas de mari. Elle se figure le visage calme et composé de son père, qui n’a plus de femme. Elle évite de regarder la représentation d’Adrian. Gregorio est vivant, humain, capable de lui sourire, de lui tendre une main, et elle ne voit pas pourquoi elle le décevrait, lui non plus.
Elle a sans doute sa réponse là. Et la prochaine fois qu’elle reviendra s’asseoir sous cette statue, ça sera avec ses deux petits pains à la noisette : même si sa situation change, ses souvenirs restent les mêmes et rien n’abolira ce rituel.

lastman, fic, pour:petrichor, auteur:bob

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