Titre : Enfant perdu
Auteur : Plague Doctor (participant 12)
Pour : Feu Follet (participant 4)
Fandom : Noragami
Persos : Yato, Hiyori, Yukine, un petit enfant
Rating : PG-13
Disclaimer : Noragami est un manga du duo de mangakas Adachitoka, qui a été adapté en anime par Bones.
Prompt : Le trio Yato, Yukine, Hiyori. Une petite scène style « famille » entre les personnages. Quelque chose comme Hiyori qui fait découvrir le monde des humains à Yukine. J'aimerais globalement quelque chose de léger et s'il y a du Yato/Hiyori ce serait génial.
Commentaires : Je me suis inspirée d'une légende urbaine pour écrire cette fic. Sinon, il y a des petits indices de Yato/Hiyori, et éventuellement un brin de Yukine/Hiyori (ça dépend de l'interprétation qu'on en fait).
Il n'était pas en train de les espionner. Pas du tout.
Il se trouvait juste qu'il a des courses à faire dans le coin, et c'est un strict hasard s'il avait choisi de les faire précisément dans ce quartier de la ville. Ce n'était pas du tout en rapport avec le fait qu'Hiyori et Yukine s'y promènent.
Et s'il se cachait, ce n'était pas du tout parce qu'il était en train de les suivre discrètement. Ce n'était pas parce qu'il voulait surveiller Yukine, ce n'était pas parce qu'il s'inquiétait, non.
Il était un dieu après tout, et il n'avait à s'inquiéter de rien, car il pouvait - à peu près - tout résoudre.
Il regarda sa liste de course - celle de sa « cliente ».
Que des objets difficiles à trouver.
Il allait avoir du pain sur la planche s'il voulait toucher son dû.
Yukine était un peu mal à l'aise. La dernière fois qu'il avait traîné dans le centre-ville avec Hiyori, ça s'était plutôt mal passé.
Bien sûr, aujourd'hui, il n'était plus tout à fait le même qu'alors, néanmoins, cela ne l'empêchait pas d'angoisser un petit peu.
Ils passèrent devant la vitrine d'un magasin de skate-board. Spontanément, il s'empara de la main d'Hiyori, la serrant avec nervosité et lui jetant un regard perdu.
Celle-ci se tourna vers lui et esquissa un doux sourire.
- Viens, je connais un endroit où ils font d'excellents milk-shakes !
Elle ne posa pas de question mais l'entraîna loin de la tentation.
Yato s'étrangla en voyant Yukine prendre la main d'Hiyori. Embarrassé, il cacha le bas de son visage dans son bandana ; il n'avait pas ressenti de piqûre, alors Yukine ne nourrissait aucune mauvaise pensée. Il ne pouvait donc pas intervenir.
Il ignorait encore pourquoi il se sentait vexé et avait envie de les séparer. C'était stupide et inconvenant. Il ferait mieux de se remettre au travail.
A contrecœur, il se détourna et consulta à nouveau sa liste.
Une paire de tassels en crin de cheval (noirs), un ouvre-pot de confiture manuel, deux ampoules halogènes en tube à économie d'énergie...
Bon sang, il n'en voyait pas le bout.
Le milk-shake était bon. Yukine regardait autour de lui ; ils s'étaient posés sur un banc, dans un parc, et les enfants s'ébattaient sur les jeux, dévalant le toboggan, riant sur le tourniquet.
Il se demandait si lui aussi, il avait aimé ça quand il était humain. Jouer avec les autres, courir, s'amuser. Depuis qu'il était un esprit, les seuls moments où il avait été réellement détendu, c'était quand il faisait quelque chose de mal. Il s'en voulait par la suite, mais c'était pour éprouver ce sentiment qu'il était allé jusque-là.
A présent, il regrettait, car il avait blessé les gens auxquels il tenait - et qui tenaient à lui.
Il jeta un coup d’œil à sa compagne. Elle avait les yeux perdus dans le vague, comme si elle réfléchissait à quelque chose. Elle était à mille lieus de là, et pourtant ils étaient côte à côte.
Il ressentit une sorte de regret à la voir si loin et si près en même temps. C'était assez déconcertant.
Il regarda sa main posée sur son genou et se demanda s'il pouvait lui demander ce qui n'allait pas. Elle était soucieuse malgré ses sourires, toutefois il n'arrivait pas à en débusquer la raison.
Il s'apprêtait à poser sa main sur la sienne pour essayer de lui parler lorsque quelqu'un surgit des buissons, faisant peur aux enfants qui se tenaient à côté.
- Yukine, je vais avoir besoin de toi !
Aussitôt, le blondinet se leva. Yato avait des feuilles dans les cheveux et l'air pressé.
- Que se passe-t-il ?, demanda Hiyori.
- Pas le temps de t'expliquer. Yukine, on y va !, s'exclama la divinité en jogging.
Persuadée qu'ils allaient encore risquer leur vie dans un combat contre des ayakashi, Hiyori courut derrière eux pour les suivre...abandonnant son corps au passage.
Elle ne les lâcherait pas, même si c'était dangereux.
« Toi qui commets l'affront de profaner la terre du soleil levant ! Moi, divinité Yato, je te détruis à l'aise de Sekki, et j'excommunie ta corruption ! Péris ! »
Hiyori arriva juste à temps pour le frapper à l'arrière de la tête.
- Non mais ça ne va pas !?
Yato détourna les yeux de son adversaire une minute ; ce dernier profita de sa distraction et enfonça la pointe de son épée dans le ventre mou du dieu vagabond.
- Aouch !, fit celui-ci, semblant se dégonfler comme un ballon.
- Arrête ton cinéma ! Cette épée est en plastique !, ronchonna l'adolescente en battant impatiemment de la queue.
Sekki changea d'apparence et redevînt Yukine. Il jeta un regard blasé à son maître, tandis que le petit garçon, effrayé par sa métamorphose, s'enfuit en courant, sa cape faite d'une couverture flottant derrière lui.
- C'est ça, fuis avant de devoir faire face à mon terrible courroux !, lança Yato, le poing levé.
Derrière lui, Hiyori ne lui prêtait pas la moindre attention. Elle rejoignit l'enfant :
- Dis donc, où sont tes parents ?
Le gamin haussa les épaules :
- Je suis un héros ! J'ai pas besoin de parents !
La jeune fille se tourna alors vers Yato :
- Il faut l'aider...
Le soit-disant dieu était en train de se curer le nez en lisant un journal froissé trouvé sur un banc.
- YATO !
Il sursauta et reporta enfin son attention sur Hiyori.
- Désolé, mais aucun dieu ne travaille gratuitement.
L'adolescente lui jeta un regard furibond, un brin déçue.
- Très bien. Alors nous retrouverons ses parents sans toi. Viens Yukine.
Le garçon, qui jusque là s'était contenté de regarder son amie et son maître en train d'interagir avec nostalgie, se leva d'un bond et suivit Hiyori, non sans jeter un dernier regard plein de pitié à Yato, qui faisait mine de n'en avoir rien à faire.
Cependant, une fois les jeunes hors de vue, il souffla par le nez d'un air exaspéré.
- Ah ça, j'vous jure, ceux-là alors ! Toujours à se mettre dans les ennuis !
Le temps qu'Hiyori retrouve son corps et qu'ils partent à la recherche des parents du petit garçon, le ciel s'était déjà assombri et les passant se faisaient de plus en plus rares dans les rues.
- On devrait peut-être aller voir la police, suggéra Yukine, hésitant.
La jeune fille s'accroupit près du garçonnet pour avoir les yeux à sa hauteur.
- Tu te souviens de où tu habites ?
Le gamin hocha doucement la tête sans la regarder.
Depuis son perchoir, Yato espionnait la scène. Il était tranquillement posé sur un feu tricolore et observait la situation, prêt à intervenir en cas de besoin. La créature à l'aspect enfantin lui jeta un regard noir - pas colérique, mais surtout sans iris ni sclérotique. Ses orbites étaient comme deux puits sans fond qui ne reflétaient rien.
Hiyori lui sourit, ne se rendant pas compte de à quoi elle avait affaire.
- Tu peux nous dire où c'est ? On va te ramener chez toi.
- D'accord, minauda le petit.
Il prit la main de l'adolescente et avança vers une ruelle plus sombre - évidemment. Yukine les suivit en traînant des pieds, les sourcils froncés. Il ressentait une nette anxiété ; cela ressemblait un peu trop aux circonstances dans lesquelles il avait été agressé par un ayakashi alors qu'il tenait compagnie au fantôme d'une petite fille. Il avait l'estomac lourd et le milk-shake semblait sur le point de lui remonter dans la gorge, l'emplissant d'un goût amer qui refusait de le quitter. Il avait l'impression que quelque chose se tordait dans son ventre, lui disant de faire marche arrière, de ne pas aller plus loin, comme s'ils approchaient d'un point de non-retour, d'une frontière qu'ils ne devraient pas franchir.
Il releva soudain la tête pour regarder la route déserte, le feu tricolore brillant dans la semi-obscurité. Il n'y avait absolument personne.
Peu à peu, Hiyori commençait à s'inquiéter, mais elle essayait de paraître calme. Il faisait vraiment noir à présent, et elle devrait rentrer bientôt si elle ne voulait pas que ses parents s'inquiètent.
La présence de Yukine la rassurait un peu, ce qui était idiot : étant la plus âgée, c'était elle qui avait la responsabilité de ramener tout le monde chez lui sain et sauf.
Elle ne comprenait pas la réaction immature de Yato, et son insistance à refuser de les aider. Avec ses pouvoirs, il aurait certainement pu ramener le petit garçon à ses parents en un clin d’œil.
Mais elle ne pouvait décidément pas lui faire confiance. Cela la rendait triste, parce qu'elle aurait aimé pouvoir compter sur lui, après toutes les aventures qu'ils avaient traversé. Elle croyait en lui, même si elle était peut-être la seule dans ce cas. Il avait toujours résolu les problèmes auxquels ils étaient confrontés, même quand il faisait mine de s'en moquer. Elle pensait réellement que derrière la façade de l'arrogance qu'il arborait, il y avait quelqu'un d'honnête. Même s'il disait que les dieux ne suivait pas de code moral, elle voyait bien qu'il était bon. Qu'il ne voulait pas faire de mal. Alors pourquoi n'était-il pas avec eux en ce moment ?
- C'est par là, on n'est plus très loin, déclara le garçonnet en pointant un chemin étroit encadré par des arbres noueux qui formaient une végétation très dense autour.
Il entraîna Hiyori mais Yukine la retînt en arrière, les doigts serrés sur son poignet.
- N'y vas pas.
La jeune fille se retourna :
- Hein ?
La pression sur son autre main se fit plus forte et elle gémit :
- Tu me fais mal !, dit-elle en se tournant à nouveau vers l'enfant.
Il darda sur elle ses yeux sans pupille, glacés.
- C'est par là, répéta-t-il.
Yukine joignit ses deux doigts :
- FRONTIERE !
Une ligne lumineuse apparut tandis qu'il la traçait, entre la créature et eux. Mais celle-ci n'attaqua pas. Elle se contenta de les observer.
- Je suis un héros. Je peux y aller tout seul si vous ne venez pas, s'exclama-t-il.
Puis il tourna les talons et s'enfuit sur le chemin, sa cape volant derrière lui.
- Qu'est-ce que...qu'est-ce que c'était ?, demanda Hiyori, pétrifiée.
- C'était un black eyed child, expliqua calmement la voix de Yato.
Les deux plus jeunes se retournèrent ; il avança vers eux, les mains dans les poches, comme si rien ne s'était passé.
- On en rencontre quelque fois, même si c'est rare dans nos contrées. Personne ne sait clairement ce qu'ils veulent, et bien que ce soit des hybrides cachés sur le seuil entre Higan et Shigan, ce ne sont ni des dieux, ni des ayakashi, un peu comme toi, Hiyori...
- Est-ce que ça veut dire qu'ils étaient humains ?, interrogea la jeune fille en pinçant les lèvres.
- Je ne pense pas, non. Mais qui sait ?, souffla Yato.
- En attendant, tu nous as espionné tout l'après-midi, mais tu n'es pas venu nous aider au moment opportun, balança Yukine.
- Argh ! Tu...tu m'as vu ?
- Et en plus, je parie que tu n'as pas eu le temps de t'occuper de ton client, pas vrai ?
La divinité écarquilla les yeux d'horreur :
- Oh NON ! J'ai oublié la multiprise électrique anti-tonnerre ! Vite, il faut que je retourne au centre-commercial !
Hiyori l'arrêta :
- Je dois en avoir une à la maison.
Yato la regarda comme si c'était la première fois.
- Tu es sûre ?
Elle esquissa un sourire.
- Je suis sûre.
- Alors allons chez Hiyori, conclue Yukine en croisant les bras derrière sa tête. Ce sera toujours mieux que de rester ici à se geler.
Hiyori lui prit la main, et le fixa d'un air très grave :
- Je te promets que la prochaine fois qu'on fera une balade, ce sera plus amusant !
Yukine ignora les grimaces et gesticulations de Yato derrière Hiyori, qui lui ordonnait silencieusement de s'écarter, et se pencha tout près avec un sourire.
- Promis ?
- Promis !
Et Yato de s'énerver, parce qu'encore une fois, il n'était pas invité. Hiyori se mit à rire, mais au fond, elle était contente.
Elle l'avait mal jugé : il s'était inquiété pour eux et s'était tenu prêt à les défendre en cas de besoin, mettant de côté sa mission pour les surveiller.
Cela lui faisait chaud au cœur, mais ce n'est pas pour autant qu'elle irait le lui dire.