Francis Poulenc/Guillaume Apollinaire Пуленк и Гийом Аполлинэр (Аполлинарий Костровицкий, если мне память не изменяет).
Союз двух гениев. Как Глинка или Чайковский - Пушкин. Как Шуман - Гейне. Ну и так далее.
Кто-то, может быть, не знает, но в своих сферах искусства Пуленк и Аполлинэр достигли не меньших высот, поэтических и музыкальных, чем вышеупомянутые художники.
Вот я и решил ознакомить немногочисленных читателей этой рубрики с шедеврами, возникшими в результате этого творческого союза
Cinq poèmes d'Apollinaire
Dans le jardin d'Anna
Allons, plus vite
Montparnasse
Rosemonde
Bleuet
Брюно Лаплант
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Susan Graham
Quatre poèmes de Guillaume Apollinaire"
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La grenouillère
Карло Коломбара
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Hôtel
Fabrizio Del Bianco
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Кэтрин Тредголд
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Montparnasse
Лукиа Спанаки
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Le Bestiaire.Бестиарий
Nicolas Rivenq, baritono
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Дополнительно. Бонус
Sept Chansons
La blanche neige (Guillaume Apollinaire)
A peine défigurée (Paul Éluard)
Par une nuit nouvelle (Paul Éluard)
Tous les droits (Paul Éluard)
Belle et ressemblante (Paul Éluard)
Marie (Guillaume Apollinaire)
Luire (Paul Éluard)
Performers : Eric Ericson Chamber Choir
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Les mamelles de Tirésias. "Сиськи Тиресия". Фрагмент.
Это опера Франсиса Пуленка по пьесе Аполлинэра
За роялем - автор. Поет Дениз Дюваль
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DANS LE JARDIN D'ANNA
Certes si nous avions vécu en l'an dix-sept cent soixante
Est-ce bien la date que vous déchiffrez, Anna, sur ce banc de pierre
Et que par malheur j'eusse été allemand
Mais que par bonheur j'eusse été près de vous
Nous aurions parlé d'amour de façon imprécise
Presque toujours en français
Et pendue éperdûment à mon bras
Vous m'auriez écouté vous parler de Pythagoras
En pensant aussi au café qu'on prendrait dans une demi-heure
Et l'automne eût été pareil à cet automne
Que l'épine-vinette et les pampres couronnent
Et brusquement parfois j'eusse salué très bas
De nobles dames grasses et langoureuses
J'aurais dégusté lentement et tout seul
Pendant de longues soirées
Le tokay épais ou la malvoisie
J'aurais mis mon habit espagnol
Pour aller sur la route par laquelle
Arrive dans son vieux carrosse
Ma grand-mère qui se refuse à comprendre l'allemand
J'aurais écrit des vers pleins de mythologie
Sur vos seins, la vie champêtre et sur les dames
Des alentours
J'aurais souvent cassé ma canne
Sur le dos d'un paysan
J'aurais aimé entendre de la musique en mangeant
Du jambon
J'aurais juré en allemand je vous le jure
Lorsque vous m'auriez surpris embrassant à pleine bouche
Cette servante rousse
Vous m'auriez pardonné dans le bois aux myrtilles
J'aurais fredonné un moment
Puis nous aurions écouté longtemps les bruits du crépuscule
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ALLONS PLUS VITE
Et le soir vient et les lys meurent
Regarde ma douleur beau ciel qui me l'envoies
Une nuit de mélancolie
Enfant souris ô soeur écoute
Pauvres marchez sur la grand-route
O menteuse forêt qui surgis à ma voix
Les flammes qui brûlent les âmes
Sur le Boulevard de Grenelle
Les ouvriers et les patrons
Arbres de mai cette dentelle
Ne fais donc pas le fanfaron
Allons plus vite nom de Dieu
Allons plus vite
Tous les poteaux télégraphiques
Viennent là-bas le long du quai
Sur son sein notre République
A mis ce bouquet de muguet
Qui poussait dru le long du quai
Allons plus vite nom de Dieu
Allons plus vite
La bouche en coeur Pauline honteuse
Les ouvriers et les patrons,
Oui-dà oui-dà belle endormeuse
Ton frère
Allons plus vite nom de Dieu
Allons plus vite
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MONTPARNASSE
Ô porte de l'hôtel avec deux plantes vertes
Vertes qui jamais
Ne porteront de fleurs
Où sont mes fruits? Où me planté-je?
Ô porte de l'hôtel un ange est devant toi
Distribuant des prospectus
On n'a jamais si bien défendu la vertu
Donnez-moi pour toujours une chambre à la semaine
Ange barbu vous êtes en réalité
Un poète lyrique d'Allemagne
Qui voulez connaître Paris
Vous connaissez de son pavé
Ces raies sur lesquelles il ne faut pas que l'on marche
Et vous rêvez
D'aller passer votre Dimanche à Garches
Il fait un peu lourd et vos cheveux sont longs
Ô bon petit poète un peu bête et trop blond
Vos yeux ressemblent tant à ces deux grands ballons
Qui s'en vont dans l'air pur
À l'aventure.
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ROSEMONDE
Longtemps au pied du perron de
La maison où entra la dame
Que j'avais suivie pendant deux
Bonnes heures à Amsterdam
Mes doigts jetèrent des baisers
Mais le canal était désert
Le quai aussi et nul ne vit
Comment mes baisers retrouvèrent
Celle à qui j'ai donné ma vie
Un jour pendant plus de deux heures
Je la surnommai Rosemonde
Voulant pouvoir me rappeller
Sa bouche fleurie en Hollande
Puis lentement je m'en allai
Pour quêter la Rose du Monde
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BLEUET
Jeune homme
De vingt ans
Qui as vu des choses si affreuses
Que penses-tu des hommes de ton enfance
Tu connais la bravoure et la ruse,
Tu as vu la mort en face plus de cent fois
Tu ne sais pas ce que c'est que la vie Transmets ton intrépidité À ceux qui viendront Après toi Jeune homme
Tu es joyeux, ta mémoire est ensanglantée
Ton âme est rouge aussi
De joie
Tu as absorbé la vie de ceux qui sont morts près de toi
Tu as de la décision
Il est 17 heures et tu saurais
Mourir
Sinon mieux que tes aînés
Du moins plus pieusement
Car tu connais mieux la mort que la vie
Ô douceur d'autrefois, Lenteur immémoriale.