Titre : Rancune tenace
Auteur :
anadyomedeThème : Querelle de long terme
Fandom : Mythologie grecque
Personnages : Héra, Athéna, mention d'Héraclès.
Rating : PG
Disclaimer : Domaine public.
« Mais enfin tout de même, s’exclama Athéna en apercevant le bain de sang. Depuis combien de temps exactement t’acharnes-tu sur ce pauvre garçon ? »
Elle reçut pour première réponse un regard furieux. Mais c’est toujours pareil avec Héra : ses yeux très clairs deviennent noirs et puis la voilà qui pince les lèvres, qui rejette ses cheveux en arrière. Et pour ne rien laisser au hasard, elle secoue légèrement la tête comme pour préparer les autres à sa parfaite innocence - hé, quand même, Athéna, elle la connaissait depuis une éternité.
« Pour commencer, siffla Héra, ce n’est pas de l’acharnement : c’est de la justice. Aux dernières nouvelles, chez les mortels, c’est pareil, on noie le bâtard.
- Chez les chiens, oui.
- Alors moi j’ai tenté de le noyer mais ça n’a absolument pas marché. Ensuite, continua-t-elle en ignorant superbement cette interruption, Héraclès n’est pas un pauvre garçon : il tue toutes les bêtes que je lui envoie. Tu l’as vu toi-même lorsqu’il a égorgé ces gentils petits serpents, j’en aurai pleuré de désespoir. Des innocents venus de saluer, et on me tombe dessus pour m’accuser d’assassin ! Alors il ne faut pas exagérer, s’il te plait. Un pauvre garçon, c’est Œdipe, exposé, qui a failli se faire dévorer et qui a fini par épouser sa mère ; c’est Pâris que cette salope d’Aphrodite, avec ses seins à l’air et ses battements de cils, a mené à sa perte - qu’il était bête de n’avoir rien compris, pourtant, tout le monde sait que ce n’est qu’une petite garce manipulatrice et nymphomane. Mais pas Héraclès.
- La pomme, tu ne l’as toujours pas digérée non plus ? »
Héra se racla la gorge et releva fièrement le menton :
« Jamais. »
Puis se rembrunit immédiatement :
« Mais ne le dis pas à Zeus, s’il te plaît. L’autre jour, il m’a fait une vraie scène, soi-disant que j’ai une rancune démesurée, qu’à m’écouter la moitié de l’Olympe aurait déjà été décimée, sans parler de la terre, et gnagnagna. Je crois qu’il n’apprécie pas trop les petits tours que j’envoie à Héraclès - mais enfin, en attendant, c’est lui qui est en train de dépeupler le monde de ses bêtes. Zeus n’a aucune logique en ce moment. Et c’est fou ce qu’il devient paternel lorsqu’il s’agit de me contredire ! Pourtant, ce n’est pas comme si je détestais tous ses enfants.
- …
- Toi, par exemple. Je t’aime bien. Parfois.
- Si tu essaies un jour de me tuer, je t’empale avec ma lance, c’est tout.
- Aussi, oui. Donc je suis gentille. N’est-ce pas ? »
Athéna soupira et acquiesça. Puis son regard se porta une nouvelle fois sur la femme et les enfants qu’Héraclès venait d’égorger (tout ce sang sur le marbre, et puis sur la belle épée, et jusque sur une statue qui la représentait !) et elle ne put s’empêcher de rajouter :
« Mais quand même, parfois, tu exagères. Regarde-moi ce carnage ! La prochaine fois, qu’il commette donc un meurtre un peu plus propre. »