Titre : Elle s'éveille
Auteur :
anadyomedeThème : Juste cette fois
Fandom : Tristan et Yseut
Personnage : Yseut
Rating : PG
Disclaimer : Domaine public.
Elle s’éveille comme si rien autours d’elle n’avait sombré.
Elle s’éveille le cœur tout en grandeur, les épaules nues et les doigts lacés. Les doigts serrés et fermés. Glacés, écrasés, presque étranglés par d’autres doigts plus forts qu’elle reconnaît, et alors c’est comme si la pierre lui retombait au ventre, c’est comme si elle avait cessé d’exister pour de vrai et que l’odeur des bois se posait pareille à une main contre son nez pour l’empêcher de respirer.
Yseut en est restée comme pétrifiée.
Elle a voulu se défaire de l’emprise, puis s’est rappelé la terreur : le bûcher, Marc, les barons et le lépreux avec son sourire carnassier, avec son regard qui la déshabillait. C’était alors comme si chaque tissu s’écrasait à terre, comme si on des milliers de flèches se plantaient dans sa chair, et puis Tristan est arrivé.
Il y a chez lui un amour qui l’engloutit. Il rampe comme un vers, puis s’allonge pour s’accrocher aux moindres recoins de sa peau, de ses cheveux blonds qui roulent et s’étirent, bâillonnent sa bouche, il la pousse à l’amour, elle aussi.
Juste cette fois, songe-t-elle. Juste cette dernière fois parce que le filtre est en moi, parce qu’il m’a grignoté comme un morceau de pain et qu’à lui, on ne résiste pas. Juste cette fois parce qu’il est passé en un serpent qui se promène dans mes veines, qui me saccage l’intérieur du corps pour dévorer ma tête. Ce filtre, ce filtre qui s’est déversé et qui est en train de nous tuer. Parce que je ne sais plus avancer sans Tristan. Que tout est faux, certainement, mais juste cette fois, je ferai semblant que non, et j’en mourrai peut-être, et lui sûrement.
Elle s’éveille en agrippant son compagnon, puis aussitôt en l’oubliant, en le reniant, mais la forêt l’encercle et elle se rappelle qu’elle l’aime, que c’est forcé qu’elle l’aime, mais juste cette fois encore
Quand le filtre prend fin, promet-elle, alors je rentre chez Marc. Je serai vide de Tristan et tout pourra reprendre. Je serai libre et mariée. Peut-être que je me découvrirais à l’aimer. Je lâcherai les oiseaux hors des cages. Dans un premier temps, je les pleurerai, puis oublierai. Je saurai aimer sans aucune aide. Cela apparaîtra de moi-même, m’épouvantera peut-être puis, lentement, apparaîtra comme une évidence rassurante. Quand le filtre prendra fin, oui. Ce n’est pas encore le cas, n’est-ce pas ? Les oiseaux sont en cages. Ils guettent l’odeur des pins alors juste cette fois encore, j’aimerai Tristan et…
Elle s’éveille comme si la vérité s’était détachée.
Elle s’éveille accompagné d’une pierre plantée sur ses pupilles qu’elle ne parvient pas à relever. Et Yseut sent toujours ce drôle d’amour creuser sa place contre son ventre. Le laisse faire