Titre : R comme Riche
Auteur : Mokoshna
Fandom : DCU, basé très librement sur le Timmverse.
Crédits : Les personnages sont la propriété de DC Comics.
Avertissements : Slash, Superman/Bruce Wayne
Résumé : Bruce Wayne est le pire imbécile qui a jamais foulé cette terre, toutes races confondues.
Recueil des chapitres Longtemps, Clark se demanderait ce qu'il avait fait pour mériter tout ce qui lui tomba dessus à la fin de la réception. Mauvais coup du sort ? Malédiction lancée par l'un de ses ennemis les plus acharnés ? Simple coïncidence ? Les théories étaient légion, mais une chose était sûre : il n'était pas prêt d'oublier cette nuit mémorable en compagnie de Bruce Wayne.
La soirée avait pourtant commencé doucement : Brucie l'avait trimbalé à droite à gauche, pour le plus grand bonheur de ses invités et le plus grand déplaisir de Clark. Il avait serré la main à une bonne centaine de riches tous plus idiots et imbus d'eux-mêmes les uns que les autres, avait dû danser avec une dame à l'haleine de cheval, il avait même dû à un moment jouer au poney avec comme cavalier un Brucie au meilleur de sa forme qui hurlait « Hue, Super-dia ! » tout en le fouettant de sa canne. Vers la fin de la soirée, alors qu'il pensait qu'il pourrait enfin s'échapper de ce cauchemar, Brucie l'entraîna à l'écart pour profiter du feu d'artifice qu'il faisait lancer au profit des femmes battues (Quelle cause saugrenue ! Clark ne niait pas qu'elle en valait la peine mais... organiser un bal pour l'occasion ? C'était ridicule et d'un mauvais goût affiché.) C'est là que les choses se gâtèrent.
La nuit était belle, les invités satisfaits parlaient déjà de finir la fête en beauté en allant se pavaner dans les rues de Gotham. Clark, pour sa part, avait trouvé le feu d'artifice final un rien pompeux et ne souhaitait qu'une chose : rentrer chez lui et se coucher afin d'oublier cette farce. Brucie l'énervait, ces êtres futiles lui donnaient envie de vomir, toute cette opulence était une injure à tout ce qu'il s'acharnait à défendre en tant que membre de la Ligue des Justiciers. Il plaignit d'avance ses coéquipiers qui devraient en passer par là et se demanda si l'achat d'une nouvelle navette en valait vraiment la peine.
- Allons nous promener, dit Brucie, tout heureux.
Clark haussa les épaules : il n'avait pas de raison de refuser ce dernier service, surtout si c'était la dernière fois qu'il revoyait Brucie dans ces circonstances. Son hôte lui prit le bras et l'entraîna dans les jardins, loin de l'agitation et de la foule. Ils ne s'arrêtèrent que lorsque Brucie, hors d'haleine, s'assit sur un banc de bois situé sous une tonnelle de roses au parfum riche et lourd.
- C'était une soirée géniale ! s'écria-t-il en riant.
- Heureux de voir que ça t'a plu, fit Clark, blasé.
Brucie lui jeta alors un regard clair, dénué de toute malice. Clark ne savait pas pourquoi, mais il se sentit tout d'un coup mal à l'aise. Les yeux de Brucie étaient d'un bleu magnifique. Comment avait-il fait pour ne pas le remarquer jusqu'à présent ? Un silence embarrassé s'installa.
- Je... dois y aller, murmura Clark. Je...
- Tu dois aller travailler demain ?
- Oui, c'est...
- Ton devoir en tant que Superman. Chacun et chaque chose à sa place : à toi le destin du monde et les responsabilités, à moi les soirées frivoles et les cocktails insipides.
Clark fut troublé par ses mots. Brucie l'observait plus gravement qu'il ne l'aurait cru possible.
- Brucie ?
- Tu viendras à ma prochaine soirée ? Je sais que vous avez besoin d'argent. Vous cassez tellement de choses ! À chaque fois que je vous vois à la télé, il y a toujours une bonne dizaine de bâtiments qui s'écroulent et des explosions partout.
Clark soupira.
- Justement, je voulais te dire...
- Je suis tellement riche ! l'interrompit Brucie, l'air fébrile. Qu'est-ce que tu veux que je fasse de tout cet argent ? Tout ce que je peux faire, c'est le distribuer autour de moi. Alfred - c'est mon majordome, tu sais ? - Alfred dit que le devoir d'un Wayne réside dans son nom. Quand je lui ai dit que je ne comprenais pas, il m'a montré l'arbre généalogique de ma famille. Mon père était un grand homme, tu savais ? Un docteur. Il y en a qui disent que je ne le vaux pas.
Comme beaucoup de gens, Clark connaissait la tragédie qui accompagnait le nom de feu Thomas Wayne. Comment cet homme qui avait dédié sa vie aux autres avait trouvé la mort de la main d'un voyou. Assassiné en même temps que son épouse sous les yeux de leur tout jeune fils. Bruce Wayne était un orphelin, tout comme Clark.
- Je connais cette histoire.
- Ah.
Brucie baissa les yeux, et il s'en fallut de peu pour que Clark ne pose sa main sur son épaule pour tenter de le consoler. Brucie se leva avant qu'il ne puisse le faire.
- La vie est bizarre, hein ? On ne devrait même pas se connaître. Et pourtant tu es là, à ma soirée. C'est drôle, hein ?
- Je crois surtout que quelqu'un a un peu poussé la main du destin.
Brucie éclata de rire.
- Ah bon, tu crois ?
En fait, en y réfléchissant bien, Clark ne détestait pas exactement Brucie même si ses caprices avaient le don de lui faire dresser les cheveux sur la tête. C'était comme un enfant gâté que l'on avait envie de taper au bout de cinq minutes mais sans oser le faire parce que ce n'était pas très juste, en fin de compte.
- Je crois que les circonstances forgent l'homme, mais que ce sont ses choix qui le motivent. Je crois que toute personne a en lui le pouvoir de faire de grandes choses même s'il n'en a pas toujours la volonté.
- Même moi ?
- Surtout toi, Brucie.
Brucie lui fit un sourire éclatant, bien plus sincère que tous ceux qu'il lui avait adressés jusque-là. Clark se surprit à en faire de même.
- Tu es vraiment quelqu'un de très intéressant !
Clark pouvait difficilement dire la même chose de Bruce Wayne, mais il se retint de le révéler. Brucie s'approcha de lui, doucement, et lui posa la main sur l'épaule.
- Merci pour tout.
Clark voulut répondre une banalité telle que « De rien », « Ce fut un plaisir », ou toute autre formule d'usage qui ne correspondait absolument pas à son état d'esprit, mais Brucie ne lui en laissa pas le temps : il se pencha vers lui et l'embrassa sur la bouche. C'était si soudain, cela sortait tellement de nulle part aux yeux der Clark qu'il ne pensa pas à réagir tout de suite. Ce fut sa première erreur : enhardi par son absence de rejet, Brucie passa ses mains le long de son corps et se mit à caresser les hanches de Clark.
- Je t'aime, chuchota Brucie à son oreille une fois qu'il eut détaché ses lèvres des siennes.
Cet aveu étrange sortit Clark de sa transe. Il saisit Brucie par les épaules et le repoussa.
- Qu'est-ce qui te prend ? s'écria-t-il, alarmé.
Brucie ricana.
- Je ne vais pas te faire un dessin !
- Mais... nous...tu es...
- Bisexuel, fit Brucie, amusé. Ne me dis pas que tu n'as jamais lu la presse à sensations ?
- Mais... je ne suis pas... comme ça.
- Ah bon ?
- M. Wayne !
- Brucie, le corrigea le milliardaire. C'est une question d'argent ? Je peux payer tous les frais de la Ligue, s'il le faut.
Clark vit rouge.
- Je ne suis pas à vendre !
Brucie baissa les yeux.
- Tout a un prix. Quand tu es riche, c'est la première chose que tu apprends.
- C'est faux !
- Si, c'est vrai.
- L'affection des gens ne s'achète pas !
- Alors si tu es si fort, dis-moi comment faire !
C'était surréaliste. Clark ne pouvait pas avoir cette discussion avec Bruce Wayne, c'était tout simplement impossible.
- J'ai déjà quelqu'un d'autre en vue, grommela-t-il.
Brucie eut une expression de dégoût.
- Lois Lane, siffla-t-il entre les dents. C'est elle, n'est-ce pas ? Le monde entier est au courant.
- C'est plus compliqué que ça.
- Je ne vois pas en quoi. Tu la demandes en mariage, elle accepte. C'est évident qu'elle est folle de toi.
- Non, je voulais dire que...
Clark soupira et reposa Brucie à terre. Il se sentait épuisé, comme s'il venait de sortir d'un combat contre Metallo et son cœur en kryptonite. Devant lui, Brucie l'observait en silence.
- Ce n'est pas Lois, finit-il par dire.
Brucie ouvrit des yeux ronds.
- Quoi ?
- Je t'avais dit que c'était compliqué.
- Qui ?
Était-ce à cause de la fatigue ? L'espace d'une seconde, il lui sembla que la voix de Brucie était devenue plus grave, comme... râpeuse.
- Quelle importance ?
- Je t'aime. Il est normal que je veuille connaître l'identité de mes rivales.
- Rival au masculin, fit distraitement Clark.
- Ça veut dire que j'ai une chance ?
- Non. Ça veut dire que nous n'avons rien en commun et que nous ne devrions même pas avoir cette conversation.
- Superman...
- Tant pis pour le financement, nous nous débrouillerons autrement. Merci de votre proposition, M. Wayne.
- Brucie.
- M. Wayne. Maintenant...
- Je t'aime, répéta Brucie, l'air sûr de lui. Peu importe le temps et les moyens que ça demandera, tu devras accepter mes sentiments.
Clark secoua la tête.
- L'amour n'est pas quelque chose que l'on peut contrôler. J'accepte tes... sentiments, si c'est ce que tu veux, mais je n'éprouve rien à ton égard.
Brucie fit une moue d'enfant boudeur.
- C'est ce qu'on verra. Comme je l'ai dit, je suis riche. Ce que les riches veulent, ils l'obtiennent tôt ou tard.
- J'en doute. La discussion est terminée, M. Wayne. Bonne soirée.
Et sans plus de façons, Clark s'envola à vitesse supersonique. Il ne ralentit que lorsque le manoir Wayne ne fut plus qu'un tout petit point au loin.
Son appartement était tel qu'il l'avait laissé : petit, froid, impersonnel si ce n'est les quelques photographies de ses parents qu'il avait posées sur la table de chevet. Clark se coucha étrangement frustré et furieux.
Il fut réveillé le lendemain par son récepteur. Encore tout endormi, il activa la ligne.
- Tour de Guet, fit la voix grave de Batman. Maintenant.