Defi "Secret honteux" - Fog - Peter Pan
Titre : Fog
Auteur/Artiste : Lester Rain
Type : Fanfic
Genre : Général
Fandom : Peter Pan
Personnages(s) : Peter, les garçons perdus, Wendy Darling.
Défi : Secret honteux
Rating : G
Disclaimer : Peter Pan est né de l'imagination de J.M. Barrie.
Ce jour-là une fine bruine vaporeuse arrosait les hautes feuilles des arbres, rafraîchissant les entrailles de la Terre de laquelle émanait une condensation impressionante, noyant l'ensemble de la forêt dans un brouillard plus épais que de la gelée de groseilles. Le brouillard était ennuyeux. Après avoir passé toute la matinée à jouer à cache-cache dans ces nuages tombés du ciel, les Garçons Perdus commencèrent à se lasser. Il leur fallait un nouveau jeu, et vite.
"Une chasse à l'homme !" s'exclama Nibs, qui était toujours partant pour les équipées barbares.
"Oh non, aux tigres !" ".. Tigres !" renchérirent les jumeaux en faisant la moue, et Nibs fronça les sourcils en se penchant vers eux, menaçant.
"C'est pas aux plus petits de choisir, c'est au chef. Et quand Peter est pas là, c'est moi le chef."
"Des cracks !" riposta Curly, qui dépassait à peine les jumeaux de quelques centimètres et qui se sentait donc particulièrement atteint par la réflexion précédente.
"En plus c'est même pas vrai, le chef c'est moi quand Peter n'est pas là. C'est moi qui ais le droit de regarder dans la longue vue et de choisir ce qu'on fait." intervint alors Slighty sur le ton de la sagesse, et comme c'était la vérité tout le monde se tut pour l'écouter, même Nibs. Mais Slighty n'avait que des idées à la gomme. C'était d'ailleurs bien pour ça que Peter l'avait nommé chef de secours ; pour que tous les autres garçons perdus le reconnaissent toujours comme leur dirigeant incontesté, le plus doué et le plus fantastique de tous.
Peter exigeait souvent de déménager le quartier général ; le Pays Imaginaire n'était pas si grand et à vol de fée on en avait vite fait le tour, mais il mutait toujours au fur et à mesure des désirs et des humeurs de Peter Pan. De la même manière, en fait, que le temps tournait à l'orage quand le garçon volant pleurait. A cet instant il ne pleurait pas, mais le brouillard opaque qui regnait sur la forêt reflétait bien son état d'esprit. Quelque chose lui trottait dans la tête. Quelque chose d'agaçant. Et il n'arrivait pas à s'en défaire.
"Où habite-tu ?" l'avait interrogé Wendy en agitant ses anglaises, et Peter avait trouvé qu'elle avait l'air d'un cocker.
"2ème à droite et tout droit jsuqu'au matin !" avait-il répondu sur le ton de l'évidence, et elle avait renchérit avec étonnement en demandant si c'était cela qu'on écrivait sur ses lettres.
"On m'envoie pas d'lettres !" avait-il répliqué en haussant un sourcil, abasourdi de croiser une personne aussi stupide. Les lettres sont des papiers d'adultes. Peter ne savait même pas lire. A quoi cela aurait-il servit qu'on lui envoie une lettre ?
"Je t'en enverrai, moi." lui avait dit Wendy, bien plus tard, alors que le Jolly Rogers planait au-dessus de Londres endormie, baignée entre les nuages et la fumée des cheminées.
Peter s'était moqué d'elle. "Je ne les lirai pas." avait-il affirmé, l'air fier, et le regard de Wendy avait pris une teinte triste. "Je viendrai te voir." s'empressa-t-il d'affirmer bien vite pour lui faire retrouver le sourire, ce qui fonctionna parfaitement. "A chaque printemps. Quand les fleurs s'ouvriront, je serai là."
Dans le monde réel, cela faisait maintenant une semaine que Wendy et ses deux frères étaient rentrés chez eux. Une simple semaine, et déjà le souvenir des enfants Darling s'estompait dans l'esprit des habitants du Pays Imaginaire. Le matin même Curly avait trouvé dans un coin de la pièce un petit peigne en coquillage que Peter avait fabriqué pour Wendy. Mais personne ne s'en rappellait, et tous les garçons s'étaient longuement interrogés pour savoir à qui appartenait ce trésor. Ils n'avaient pas vraiment l'utilité d'un peigne, leurs cheveux étaient tout le temps en bataille et personne ne s'en souçiait, mais le principe était là. L'assemblée s'emporta en bagarre générale, et Tootles gagna haut la main. Malheureusement, c'était celui qui avait le moins de cheveux sur le caillou.
Peter leur avait fait la leçon. "Wendy ! John ! Michael ! Vous vous souvenez d'eux tout de même ?!"
"Wendy, Wendy.." avait répété Slighty en se tenant le menton, en pleine réflexion. "On dirait un nom de maman."
"Bien sûr, puisque que c'était votre maman à tous." gronda Peter, qui sentait la cause devenir désespérée. Peter et le Pays Imaginaire étaient au fond une seule et même entité, et même s'il oubliait aussi, il s'attachait davantage aux choses que les autres. Parfois, seulement. Et là, même s'il avait promis de ne pas les lire, il était furieux de n'avoir reçu aucune lettre. Ce qui expliquait le brouillard tenace, et le fait qu'il ait nommé Slighty comme chef remplaçant. Il était trop occupé à aller interroger tous les oiseaux de l'île, il n'avait pas le temps pour jouer. Oui, si il avait reçut une lettre, les oiseaux le sauraient sûrement.
Il s'était bien gardé de révéler ses projets aux garçons, pourtant. Ces derniers ne se souvenaient même pas de leur mère. Ils étaient vraiment trop perdus pour comprendre.
Peter avait bien des raisons que la Raison, chose typiquement adulte, ignorerait toujours. Wendy, qui avait l'habitude de cottoyer des adultes - le monde réel et tellement plein d'adultes - l'avait compris dès le premier jour ; en soi, c'était une évidence extrèmement facile à déceler, aussi n'y avait-il que peu de gloire à en retirer mais la jeune fille aimait, secrètement, à se croire celle qui connaissait le mieux ce garçon exceptionnel. Pourtant, qui aurait pu prétendre connaître Peter Pan ?