Défi "Péchés capitaux" - Le gout de l’interdit I - Original

Mar 17, 2011 13:15

Titre : Le gout de l’interdit I
Auteur : Solhaken
Type : Fanfic
Fandom : Original - Empire
Personnage/Couple : Reÿth / Shaënn
Défi : Péchées
Rating : pg-13
Disclaimer : à moi
Note : Par respect pour les idées de chacun je tiens à préciser pour ce texte et peut-être pour les suivants si j’en poste d’autre dans cet univers, que l’Eglise à laquelle je fais référence, bien qu’en effet inspirée des débordements de certaines époque, et même si je conserve certains termes, titres et autres, reste une religion fictive.

« Le pêché corrompt le cœur et guette chacun d’entre nous. »

Le guerrier bailla sans retenu et s’adossa en soupirant à l’une des nombreuses colonnes de la chapelle. Il ne fit rien pour dissimuler son ennui malgré le regard froid et réprobateur que lui jeta l’officiant

« Il est nécessaire de rester vigilant face aux tentations qui sont nombreuses. »

Reÿth soupira et se prépara à une nouvelle et fastidieuse attente. En ce premier jour de la nouvelle année de règne du souverain de Mélräs, l’archevêque semblait bien décider à rappeler à tous combien l’Eglise désapprouvait chacun des plaisirs de la vie.

« Il existe des pêchés majeurs, de ces derniers découlent toute les autres fautes, toute les autres tentations. Ils sont au nombre de sept.»

Le guerrier laissa son regard errer sur les fresques moralisatrices qui couvraient les murs. Après tant d’offices passés à s’ennuyer en écoutant distraitement les interminables sermons il connaissait ces maudites fresques par cœur. Son regard glissa sur l’assistance et s’arrêta sur le premier rang, où se tenait la famille royale.

Calme, attentive et pleine de ferveur, la reine semblait boire les paroles du prêtre. Elle se tenait à la gauche du roi mais aurait aussi bien pu être seule tant le sermon l’absorbait. A droite du roi, Rodrigän dissimulait mal son ennuie et s’agitait sur son siège. Sans doute enviait-il en cet instant la liberté de Reÿth qui n’avait pas besoin de prétendre se passionner pour les paroles de l’archevêque.

A gauche de la reine, droite et fière, se tenait Shaënn. Plusieurs fois Reÿth vit l’officiant poser sur elle un regard qui se voulait neutre mais dans lequel il lisait sans mal la désapprobation de l’homme de religion qu’il était envers le caractère entier de la jeune femme.

« Le premier d’entre eux est la paresse de l’esprit, et quand l’on en vient à négliger Dieu, on néglige alors tout le reste… Les Ecrits nous disent que nous devons nous montrer travailleurs et assidus, c’est cette assiduité, cette recherche de la pureté qui nous amène à faire le Bien. La paresse conduit à la facilité… Et quand on cède à la facilité et que l’on…»

Reÿth cessa de nouveau d’écouter. Son regard été resté fixé sur les attaches de saphirs sertis d’or blanc qui retenaient la chevelure d’ébène de la jeune femme. Il connaissait déjà la liste des péchés contre lesquels le prêtre les mettait en garde avec tant de ferveur.

Un moment il se demanda ce que le souverain pouvait bien penser de tout cela, après tout, ce dernier ne devait pas accorder aux paroles religieuses tant d’importance puisqu’il avait sans hésité dispenser Reÿth des chaines de cette même religion.

Le guerrier soupira, détachant son regard de la chevelure de Shaënn, il parcourue la salle des yeux. Les gens priaient ou s’ennuyaient, mais aucun ne représentait, pour l’heure la moindre menace. Il le regretta presque. N’importe quelle diversion, même une tentative d’assassina lui aurait parut bienvenue tant les discours de l’archevêque lui étaient insupportable.

« L’envie doit être bannie de nos cœur, elle nous pousse à convoiter ce que d’autre possèdent alors que Dieu nous demande de nous détacher des possessions matérielles de ce monde. L’envie nous éloigne de la pureté de Dieu et nous égare sur les chemins de… »

Reÿth ricana intérieurement face à un tel discours qui, il le savait, mènerait l’officiant à maudire l’avarice. Il secoua doucement la tête, se demandant comment l’assistance pouvait écouter sans broncher, ou pire, boire les paroles de cet homme. Les rues de la capitale elles-mêmes étaient encombrées de mendiants et de va-nu-pieds, de femmes ou d’enfants réclamant un misérable bout de pain qu’ils ne recevraient pas.

Les choses étaient ainsi faites, l’accepter était une chose, ignorer ces personnes, détourner la tête pour ne pas les voir… Reÿth l’avait déjà fait, il l’assumait, plus ou moins bien selon les jours, mais cela ne l’empêchait pas de dormir. Néanmoins, il n’avait jamais prétendu qu’agir ainsi conduisait droit au dernier cercle des enfers ainsi que le faisait le prêtre. Un homme qui ne se déplaçait qu’en carrosse et sous bonne escorte, un homme réputé pour son gout des grands crus… Mais sans parler de l’homme lui-même, à qui Reÿth ne reprochait pas ses préférences, seulement ses paroles, que dire du lieu lui-même ?

La cathédrale, ce temple exaltant la puissance du divin croulait sous l’or et les pierres précieuses. Aussi richement décoré que le palais lui-même, l’édifice célébrait la richesse. En de tels lieux, il était pénible à Reÿth d’écouter pareil discourt. Un tel manque de discernement et de bonne foi lui paraissait aussi déplacé que grossier.

Et dés lors comment écouter la tirade sur l’orgueil ? Comment prendre au sérieux cet homme qui invitait chacun à plus d’humilité ? Cet homme qui jubilait de voir son souverain réduit au silence, forcé d’attendre la fin d’un sermon qui ne venait pas ?

Reÿth secoua la tête, ce genre de situation le menait invariablement au sixième des vices fustigés par le prêtre. Le guerrier savait par expérience que de tels sermons éveillaient systématiquement sa rage. Il ne se souvenait pas avoir assisté à un seul office sans sentir en lui naitre ce sentiment de colère et cette soif de mort venue tout droit d’un passé révolu. Ce genre d’émotion, si décriée par la morale religieuse faisait couler dans ses veines une chaleur singulière. Dans de tels moments il sentait remonter à sa conscience des instincts qu’il préférait généralement réduire au silence.

Son regard erra sur la foule, cherchant quelque chose qui le distrairait de cette colère. Il ne pouvait se permettre de laisser éclater cette dernière, non pas, comme le préconiser le prêtre, pour obéir à la morale, mais parce qu’il savait pertinemment que ruiner la cérémonie serait de très mauvais gout. Il accrocha sans le vouloir le regard de Shaënn. Il sursauta imperceptiblement en captant l’ombre de son sourire alors qu’elle tournait de nouveau son visage vers l’autel. Un mince sourire étira ses lèvres et une chaleur d’une toute autre nature prit d’assaut ses veines alors qu’il admirait le profil parfait de la jeune femme.

Ses yeux glissèrent sur sa nuque en partie dénudée par l’élégant chignon qui relevait ses cheveux. Sa robe, trop lourde, lui déplaisait, mais il n’avait aucun mal à l’imaginer dans une autre tenue. Comme la veille par exemple, quand elle était entrée sans s’annoncer dans la salle de bain de son frère en la croyant déserte. Il avait rit quand, malgré sa nudité elle l’avait fixé avec hardiesse et prié de quitter les lieux. Quand il lui avait rétorqué que le bassin de marbre étant assez grand pour six il y avait bien de la place pour deux il avait seulement espéré la faire rougir. Et s’il y était en effet parvenu, il n’aurait pourtant en aucun cas imaginé qu’elle le rejoigne avec sur le visage un sourire de défi qui l’avait malgré lui réduit au silence.

La luxure, le prêtre, à n’en pas douter allait faire de cet ultime péché la clef de voute de son interminable sermon. Le guerrier se demanda en riant intérieurement si Shaënn nourrissait en cet instant de semblables pensées. Ses propres pensées prenaient quant à elle un chemin fort plaisant qui aurait sans nul doute été considéré par d’autre comme hautement immorales. Elles avaient pourtant l’indiscutable avantage de le distraire de sa rage comme de l’interminable office.

Le sermon était enfin terminé, chacun quittait maintenant la cathédrale. Il s’agissait de ce moment, presque rituel, où chacun allait à sa guise, et où, pour quelques minutes, on oubliait les rangs et le protocole. Reÿth sursauta quand une main fraiche se posa sur son bras.

- Et bien Seigneur ? Vous aurais-je surpris ?

Shaënn le fixait avec une expression moqueuse, ravie de l’avoir pour une fois prit en défaut.

- Certainement Ma Dame, murmura-t-il d’une voix suave.

Il nota avec satisfaction le rosissement de ses joues et la manière dont elle baissa brièvement les yeux, après tout, ils pouvaient être deux à jouer à ce jeu stupide.

- Voudriez-vous m’escorter ? demanda-t-elle d’une voix pour une fois presque hésitante.
- Mais avec le plus grand des plaisirs.

Cette fois encore, son ton, sa manière de prononcer le dernier mot de sa phrase, atteignirent la jeune femme plus qu’elle n’aurait souhaité le montrer, et le regard noir dont il écopa fut en soit une victoire.

- Reÿth, murmura-t-elle à mi-voix sur un ton doucereux. Vous auriez-du pour une fois écouter l’office et retenir ce qui concernait l’orgueil et la luxure.
- Etes-vous vraiment certaine, Ma Dame, que ce soit votre souhait ? demanda-t-il avec une certaine ironie.
- Bien entendu ! Ne savez-vous donc pas qu’il est profondément immoral de nourrir de telles pensées à l’égard de sa sœur ? murmura-t-elle avec une innocence feinte.

La réplique le figea sur place. Il s’était cru maitre de cette conversation et venait de découvrir que non seulement il n’en n’était rien, mais également qu’il se trouvait cette fois incapable de répondre. Shaënn le fixait avec un sourire innocent, qui ne dissimulait pas complètement sa satisfaction.

- Il semble que mon frère vienne vous épargner la peine de trouver une réponse crédible, l’acheva-t-elle sans cesser de sourire.

Elle s’écarta de lui avec élégance pour se tourner vers Rodrigän, ce faisant, ses doigts s’attardèrent un instant sur le poignet du guerrier. Ce fut ce geste parfaitement délibéré, bien plus que les paroles de la jeune femme, qui, le soir venu, priva Reÿth de sommeil et fit prendre à ses pensées un tour parfaitement déplacé. Ce qui, il n’en douta pas un instant, était exactement le but recherché par Shaënn.

défi : sept péchés capitaux, auteur : solhaken, fanfiction, original

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