Titre : La fin d'un monde
Auteur : Solhaken
Type : Fanfic
Fandom : Original - Illusion
Personnage/Couple :
Défi : Apocalypse
Rating : PG ?
Disclaimer : à moi.
Note : J'espère être resté dans le thème, mais je n'en suis pas toute à fait certaine, je retirerais ce texte s'il est considéré comme trop hors sujet.
Elle se tenait droite et fière au bas du majestueux double escalier de marbre vert qui menait à l’étage de l’antique demeure familiale. Dans le vaste hall d’entrée nul n’avait encore osé retirer les bannières et les tentures témoignant des victoires de cette lignée aussi glorieuse qu’ancienne. Mais en ce jour elle assistait au crépuscule du monde qu’elle avait connu.
Sa robe de brocart blanc et or n’était pas celle qu’elle aurait choisie en temps normal, mais le monde avait basculé, et pour la dernière fois elle était libre d’arborer les couleurs de la Lignée qui venait de s’éteindre. Née femme, on attendait d’elle qu’elle s’effondre face à l’adversité, qu’elle se plie en silence au deuil, qu’elle tienne son rôle, se montre belle, faible, et fragile.
Belle, elle l’était sans nul doute, même si les couleurs qu’elle arborait tel un dernier défi ne la mettaient pas réellement en valeur. Sa sœur les aurait portés avec tellement plus de grâce qu’elle… Elle serra les dents et releva le menton avec une expression de défi. Elle n’avait jamais été ce qu’on attendait d’elle, différente dans une famille qui attendait de ses filles tout autre chose. Sa main se referma sur le manche que celui qui pensait être son père lui avait apprit à manier le jour où il avait enfin admit qu’enfermer les faucons pour en faire des oiseaux d’ornement ne les mener qu’à se laisser mourir. Mais aujourd’hui les attentes déçues de sa famille, l’acceptation qu’elle avait finalement, l’amour qu’ils lui avaient donné sans restriction n’avait plus la moindre importance.
Son monde avait volé en éclat et elle, la bâtarde que tout le monde pensait légitime était la dernière. Sa mère et sa sœur vivaient encore, mais elles avaient à ses yeux perdues toute substance. Comment vivre en pliant face à la trahison d’un roi pour qui les siens avaient donné leurs sangs et consacrés leurs vies et leurs loyautés ?
Les portes s’ouvrirent, les soldats entrèrent, et si elle n’en montra rien, cette vision la poignarda plus surement que la missive qu’un messager honteux des nouvelles dont il était porteur avait apportée la veille. Droite et fière elle leur ferait face, elle ne tournerait pas le dos la mémoire de ce père, qui sachant pourtant qu’elle était le fruit de la trahison de son épouse, l’avait élevée comme la digne descendance d’une lignée dont l’honneur formait le fils conducteur de sa vie.
Son âme saignait, son esprit hurlait en silence, déchiré par les pertes qui s’enchainaient et qu’elle ne se serait pas cru capable de supporter. Tout ce qu’elle avait connu et prit pour acquis partait à la dérive. Au milieu de cette tourmente elle cherchait à se raccrocher à des souvenirs, moments de joie pure, d’accomplissement de soi ou de compréhension, instants lumineux qui brilleraient encore au cœur de la nuit dans laquelle sa vie basculait.
Le royaume était tombé, le roi avait trahi son propre honneur, rampant aux pieds de l’ennemi pour conservait non pas sa vie mais une partie de ses privilèges, et, pire que tout à ses yeux, il avait vendu les plus ardant défenseurs du royaume. De ses propres mains il avait brisé les derniers espoirs de rébellion, fournissant à l’ennemi non seulement les noms de ceux qui se battaient encore, mais les informations nécessaires pour les débusquer. Personne n’avait voulu y croire, comment envisager que le roi puisse agir de cette manière ? Comment penser qu’il puisse trahir ceux qui lui avaient fait allégeance ? Elle se souvenait de la colère de son père, de la brulure cuisante de la gifle qu’elle avait reçut de sa part, du gout du sang qui avait coulée de sa lèvre fendue. Lui qui ne l’avait pourtant jamais touché, même lorsqu’il l’avait découverte vêtue comme un homme et montant à cheval comme ses frères, ou plus tard, quand elle trompait la surveillance de son chaperon pour rejoindre Mérys. Elle sentait dans sa bouche le gout cendreux de l’amertume, que n’aurait-elle pas donnée pour avoir eut tord…
La soie de déchira sous la poigne de l’homme, la bannière tomba gracieusement sur le sol, les bottes ferrées piétinèrent l’antique blason sans lui accorder un regard. La jeune femme détourna les yeux, incapable d’assister sans réagir à cette humiliation. Elle préféra concentrer son attention sur l’homme vêtu d’or et de pourpre qui s’avançait vers elle avec morgue. Elle vit les yeux de ce dernier se porter derrière elle puis glisser sur le sol. Elle vit la rage s’inscrire sur son visage et devina le coup qu’il porterait en arrivant à sa hauteur. Elle riva son regard dans celui de l’officier du roi, le défiant en silence. Autour d’eux le silence se fit lentement, chacun prenant lentement conscience que quelque chose de grave se jouait.
Elle savait parfaitement quel tableau elle offrait, rien, pas un seul détail n’avait été laissé au hasard. Ce serait son dernier coup d’éclat, mais il serait parfait, et pas un seul de ces hommes ne pourrait en gommer le souvenir. Les derniers rayons de soleil heurtèrent les ouvertures, embrasant la scène d’une teinte sanglante alors que l’officier arrivait à quelques pas d’elle. Il n’était nul besoin de mots, arracher la bannière royale était considéré comme un crime de lèse majesté passible de mort. Et si sa main droite reposait sur la garde d’un poignard qu’elle n’avait pas le droit de porter, sa main gauche, elle, serrait encore la soie de la bannière. Elle n’assumait pas son geste, elle le proclamait.
Le coup la jeta au sol, la douleur explosa dans sa mâchoire, l’officier avait frappé comme il aurait frappé un homme, mis hors de lui par l’arrogance de cette femme décidé à leur donner à tous une cuisante leçon d’honneur. Elle ne baissa pas les yeux, continuant à le défier.
- Je vais vous apprendre le respect que vous devez à votre souverain ! éructa-t-il en s’apprêtant à porter un nouveau coup.
Elle avait eut des heures pour préparer cette entrevue. Elle n’avait rien laissé au hasard, sachant que son acte de rébellion ouverte n’aurait qu’une issue possible.
- Cet homme n’est plus mon roi. Si le blason de ma famille doit être foulé aux pieds, qu’il ne tombe pas après celui d’un homme qui traine son honneur dans la boue !
Dans ses yeux elle lu l’explosion de colère et elle su qu’elle avait atteint le point de non retour. Autours d’eux plus personne ne bougeait, chacun attendait de voir comment les choses se termineraient, sachant pertinemment que l’officier, même s’il l’avait voulu, n’avait pas le choix. Un seul homme bougeait, elle l’aperçut du coin de l’œil. Il portait des couleurs qui lui étaient inconnue et elle regretta un instant de ne pouvoir porter son attention sur lui. Elle aurait aimé savoir qui était cet homme qui semblait constituer la fausse note dans une partition par ailleurs parfaitement exécutée. Mais elle ne détournerait pas le regard, que cet officier la regarde en face quand il la tuerait.
La main de l’homme tomba sur la garde de son épée. Les ordres qu’il avait reçut étaient différents, mais il ne permettrait pas à une femme de l’humilier de la sorte devant ses hommes. Le froissement soyeux d’une lame quittant son fourreau leur parvint trop tôt, la fausse note devenait un accroc dans la trame des événements. Accroc qui devint déchirure quand la lame de l’inconnue se posa sur la gorge de l’officier, forçant ce dernier à détourner les yeux et laissant la jeune femme libre de tourner son attention vers lui.
Le blason qu’il arborait était de ceux qu’elle avait apprit à maudire, son visage dur arborait l’assurance des vainqueurs, une assurance qui ressortait dans chacun de ses gestes et qui donna à sa voix une tonalité inflexible.
- Tirer votre lame contre cette femme et vous n’aurez pas l’occasion d’en répondre, dit-il d’une voix glaciale.
D’un geste méprisant de la pointe de sa lame il força l’officier à reculer jusqu’à ce qu’il se trouve entre elle et l’homme du roi. Un sourire mauvais étira les lèvres de l’homme, sans un mot, d’un simple geste du poignet il contraignit l’officier à s’agenouiller. Il renifla avec mépris en voyant l’homme au sol.
- Les notions même de fierté et d’honneur semblent vous être étrangères, je comprends mieux que vous ne soyez pas capable de les respecter quand vous les rencontrer chez quelqu’un !
La jeune femme ferma brièvement les yeux. Le choc lui avait coupé le souffle, savoir que son monde était en train de disparaitre était une chose. Le ressentir au plus profond de son être, était une chose différente. Témoin de ce crépuscule, cet homme qui prenait sa défense, ce guerrier qui arborait le blason du général qui avait mit leur royaume à genoux et qui démontrait avoir plus d’honneur que le représentant du roi.