4 décembre [fic] Boules de Noël et boules de neige

Dec 04, 2009 09:42

Titre: Boules de Noël et boules de neige
Lutin-Auteur: Lutinprévisible
Perso/pairing: Gilbert/Francis (+un sapin)
Note: réponse à cette sympathique demande. Au fait, un kachelofe ressemble à ça, un baeckeoffe à ceci, quant aux späezle, c'est vachement bon. Et maintenant j'ai faim.

Boules de Noël et boules de neige

24 décembre 1990

Qu’est ce qui lui était passé par la tête ?

Gilbert se tenait devant une jolie petite maison à colombage bleue azur décorée pour les vacances, typiquement alsacienne, quelque part près des contreforts des Vosges. Un peu plus et il aurait cru que Francis l’avait fait exprès pour se moquer de lui, même si les explications de Ludwig sur une toute autre logique étaient certainement bien plus réalistes.

Oui, c’était Francis qui organisait le repas de Noël pour les membres de la CEE cette année car c’était à lui que revenait la présidence tournante de 6 mois pour le moment - son mandat se terminerait au nouvel an 1991 pour être exact. Oui, il avait décidé de leur faire passer les fêtes aux 12 pays membres (plus leurs revenants/frères disparus mais retrouvés/ amants/ rencarts et autres) en Alsace car après tout, c’était à Strasbourg que se trouvait le Parlement européen ; et puis, les Vosges en bordure de la région, cela faisait très esprit « noël » avec les sapins, la neige et tout et tout. Oui, tout ça était aussi dans une optique de rapprochement franco-allemand. Et oui, Ludwig passerait très probablement à la casserole ce soir là à moins que la préparation du dîner ait été vraiment trop éprouvante ou que la soirée ne se termine en orgie

N’empêche, Gilbert avait surtout l’impression de vivre dans un univers parallèle un peu déconnecté de ce qu’il avait vécu durant ces 45 dernières années. Il était en France, en Alsace de surcroit, sur demande express de son sale traitre de frère et appuyant sur la sonnette de Francis parce qu’il en avait un peu marre de se cailler les miches dehors.

La réponse ne tarda pas à arriver. A peine eut-il songé que cela serait très amusant d’aller se cacher dans un buisson pour laisser le Français se ridiculiser tout seul devant sa porte que cette dernière s’ouvrit et qu’un Francis en tablier rose bonbon se tint devant lui les mains pleines de farine.

Qui ne se départit pas de son sourire en découvrant à qui il avait affaire.

- Gilbert, quelle bonne surprise ? Qu’est ce que tu viens faire ici si tôt ? Je ne vous ai invités que pour 19h !

- Ludwig m’a obligé de venir maintenant, ronchonna le Prussien.

- Oh, comme c’est choupinou de sa part. Quel amour celui là ! Viens entre, il fait froid.

Gilbert évita une embrassade, n’étant pas une personne de contact et ne désirant pas que son bel uniforme ne se fasse peinturlurer en blanc, mais rentra à l’intérieur sans aucune résistance, encore un peu stupéfait que la gêne momentanée entre les deux hommes se soit dissipée aussi rapidement.

Après tout a dernière fois qu’il avait vu Francis avant l’ouverture de l’Europe de l’Est, c’était pour ne pas se quitter en très bons termes - leur explosive divergence d’opinion sur la délimitation de leur frontière commune avait juste dégénéré en trois guerres dont deux mondiales, ceci pouvant parfaitement expliquer leur petite haine momentanée.

Sauf que maintenant France et Allemagne étaient copains comme cochons, et cela avait mis la Prusse sur le cul de voir l’ancien ennemi d’hier forniquer avec son petit frère adoré d’aujourd’hui. Quoique la fornication n’ait pas que des désavantages - il serait surement devenu dépressif s’ils étaient mariés.

Bah, il survivrait. Ce n’était que Francis après tout. Pas de quoi en faire un drame.

La maison était accueillante et chaleureuse, avec de bonnes odeurs de pains d’épice qui s’élevaient de la cuisine. Le kachelofe répandait une douce température dans les pièces du rez-de- chaussée, et créait une ambiance amicale et conviviale. Mais il n’alla pour le moment pas plus loin que le hall d’entrée.

- Ludwig ne m’avait pas prévenu que tu viendrais plus tôt.

- J’aurai bien aimé qu’il ne me prévienne pas non plus. Ou qu’il se mette dans la tête que j’ai des capacités culinaires - je cuisine mes ennemis, mais ça s’arrête là.

- Tu ne pourras jamais faire pire qu’Arthur, ne t’inquiète pas, se contenta de répondre Francis

Puis il haussa les épaules.

- Mais je suis prêt niveau cuisine. Le baeckeoffe est en train de cuire, le dessert est au frigo, il ne manque plus que les spaëtzles, mais faire des pates n’est pas non plus la chose la plus difficile à faire.

- Tu es en train de dire que tu n’as pas besoin de moi ?

- Oh, il reste toujours des choses à faire. Ton sens de l’organisation traditionnelle m’aidera à peaufiner la table. Et à finir le sapin. Un petit coup de torchon pour voir s’il n’y a pas de poussière…

- Je ne suis pas une putain de femme de ménage.

- Bien sur que non. Sinon tu serais en tenue adéquate et menotté à mon lit.

- Plutôt l’inverse.

Francis gloussa puis, avec un clin d’œil et un baiser lancé à tout hasard, disparut en sautillant comme un cabri quelques secondes pour reparaitre avec une boite remplie de boules et guirlandes à paillettes qu’il tendit sans ambages à Gilbert, avant de lui faire signe de le suivre dans le salon. Dire qu’il avait failli attendre, songea le Prussien en roulant des yeux.

Le salon était aussi cosy que l’entrée, avec une longue baie vitrée donnant sur un grand jardin qui éclairait un grand canapé beige au milieu de la pièce, un tapis persan de grandes envergures, diverses peintures typiques et diverses plantes qui égayaient le tout. Gilbert hésita quelques secondes, car malgré des décorations omniprésentes - père Noël, boules, guirlandes accrochées ou suspendues partout, il n’y avait pas de sapin en vue. Non pas qu’il déborde d’enthousiasme à l’idée de venir donner un coup de main - fichu Ludwig.

Cela était à première vue tout du moins, car lorsqu’il posa son regard sur la vitre, il distingua un arbre immense à travers les rideaux.

- Hors de question, Francis. Tu peux aller te le mettre là où je pense. Je ne grimpe pas à ce machin.

- Ah, mais c’est que les aiguilles, ça irrite, je préférerai éviter, fit Francis, visiblement désolé par cette idée. Et puis moi qui pensais que le superbe et tout puissant Gilbert pouvait tout faire sur cette planète, je suis affreusement déçu.

Gilbert tenta de se convaincre que cette insulte à son égo n’était qu’une vile tentative de manipulation, mais en croisant le regard amusé de Francis, il ne put s’empêcher de sourire lui aussi… L’occasion était trop tentante.

- Je suis grandiose et tu le sais, répliqua Gilbert. Mais vu que je vais te battre à plat de couture, autant t’écraser pour de bon. Je décore et tu te le mets là où je pense?

- Adjugé ?

- Vendu !

- Hé s’exclama Francis, alors que Gilbert venait de s’élancer vers la porte fenêtre, sa boîte toujours entre ses mains.

******************

Le reste de l’après-midi passa comme une flèche. Francis ne disparut qu’un cours instant, le temps de changer la température du four, mais Gilbert ne voulut pas en savoir plus, sinon il n’aurait pas réussi à arrêter le français sur ses explications. Hormis cette menace de logorrhée verbale, tout se passa à l’inverse du temps, gris, couvert et déprimant. Ils accrochèrent les boules, tentèrent de s’étrangler avec les guirlandes électriques avant de s’amuser à tourner autour du sapin pour les accrocher. Ils firent la course pour mettre l’étoile en haut de l’arbre - Gilbert gagna évidemment, un petit croche pied en début de course ne fait jamais de mal, et eut le droit de poser la touche finale à leur œuvre d’art franco-allemande. Sans bien sur avoir tenter de faire subir les derniers outrages à son adversaire avec le dit objet (Francis était un peu lourd pour se faire porter jusqu’au sommet , il avait donc du se rabattre sur cet édulcorant).

Et puis alors qu’ils allaient rentrer, du ciel gris se mit à tomber de gros et larges flocons de neige. Oh zut alors, les routes allaient être bloquées, et les invités surement en retard ! Quel dommage, pensa ironiquement Gilbert, en se penchant pour ramasser la purée blanche qu’il avait à présent à ses pieds.

S’ils avaient pu paraitre être de vrais adolescents idiots et boutonneux auparavant, ils semblaient à présent de vrais enfants, alors que le jardin et les alentours se recouvraient d’un large manteau blanc. Après les boules de Noël, les boules de neige se mirent à fuser et à s’écraser sur leur visage, peut-être prélude à la 3e guerre mondiale - aucun d’eux ne portait d’habits vraiment adaptés à une bataille organisée, et ils furent rapidement trempés. Mais peu importe.

Ils se retrouvèrent bientôt à moitié morts par terre, une fois que Gilbert se soit jeter sur Francis pour l’obliger à se rendre de façon un peu musclées, tentant de faire des empreintes en forme d’ange dans la neige, alors que celle-ci continuait à tomber et qu’ils s’amusaient à attraper les flocons au vol.

- Ca faisait longtemps, soupira soudain Francis en brisant le silence de leur respiration saccadée.

- Ouais. C’est dommage d’ailleurs.

- On est de vrais imbéciles. S’entretuer de cette manière est beaucoup plus amusant qu’en vrai. Pourquoi on n’y a pas pensé plus tôt ?
Gilbert ne répondit pas. Il se sentait trop bien pour répondre. De toute manière, il ne réfléchissait pas à ce genre de chose - il allait là où ses tripes lui disait que ce serait bien pour lui. Et visiblement, Francis rentrait de nouveau dans cette catégorie. Il lui serait juste très humiliant de l’admettre à haute voix. Et Gilbert n’était pas une femmelette émotionnelle et pleurnicharde.

- Pas ma faute si on ne jouait pas assez avec la neige à l’époque.

- C’est surement la raison, ricana Francis, qui se tut un instant, avant d’ajouter. On va risquer de mourir de froid si on reste comme ça.

- Je ne bouge pas mes fesses Francis. Si tu veux que je me meuve, ce sera uniquement pour botter les tiennes.

- Pas la peine. Je pensais juste à chercher une bouteille de Riesling. Pour me réchauffer. Si tu en veux…

- Tu sais où tu peux te la mettre ta bouteille ?

- C’est que j’ai déjà une étoile de Noël, et qu’il n’y a pas tant de place que ça, répliqua Francis avec pourtant un air intéressé.

Et le Français rentra dans la maison, le sourire aux lèvres, alors que la Prussien éclatait de rire, toujours vautré dans la neige.

********************

Le premier invité à réussir à arriver fut assez étrangement Antonio - à part dans les Pyrénées, il n’était pas trop habitué à la froideur d’un hiver un peu rigoureux, et c’est à moitié gelé qu’il découvrit deux nations complètement saoule sur le canapé du salon, emmitouflée dans la même couverture, à dormir paisiblement devant un immense sapin qui clignotait.

Noël pouvait vraiment faire des miracles.

Il se précipita donc à la recherche d’un stylo pour les peinturlurer avant qu’ils ne se réveillent.

france, *fic, prusse, espagne

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