Auteur :
camille_mikoBase : Originale
Titre : Red Spy Queen - Le Commencement
Chapitre : 5/18
Disclaimer : Tout est à moi,
Rating : NC-17
Résumé : C'est l'histoire de deux femmes et d'un homme. Au début, ils n'avaient aucune importance. À la fin, ils ont sauvé le monde et le monde n'en sait rien. Sauf vous. Vous, vous savez tout.
Bêta :
tidooo, Laurent
AO3 //
FF.net //
C'est ainsi que trois mois plus tard, Roxane sortit en club, alors qu'elle se mariait le surlendemain. Sa bague était sagement restée au placard, à la base, ses cheveux teints, son sexe de même. Elle avait la sensation d'être Jessica Rabbit, sauf que ce n'était pas avec le Roger Rabbit qu'elle ferait picot picota, mais avec le grand méchant loup de Tex Avery. Le type semblait être un satyre de la pire espèce, du genre qui pelote et baise avant de s'intéresser à ton nom ou même l’intérêt de la personne pour se prendre au fond de la chatte une queue. Il semblait partir du principe qu'une chatte miaulait forcément pour une bonne baise avec une grosse queue : la sienne. Le dossier disait qu'il ramenait une nana différente chaque soir, qu'il n'avait rien contre un peu d'audience quand il faisait son affaire. Rien de bien reluisant pour lui, comme pour ses pauvres poupées. La rumeur voulait même qu'il ait éjecté de son club plusieurs minettes qui étaient de fausses rousses, après l'avoir découvert et sans grand chose sur le dos. Le type était fondamentalement tout sauf classe, c'était évident pour tous. Pour la première fois, elles avaient un très joli jouet. Une sorte de prothèse auditive presque invisible, imitant parfaitement le sillon de l’oreille, mais surtout permettant d'entendre des consignes et que le Q.G. écoute ce qui se passait dans la pièce. Miracle de la technologie de miniaturisation en soi. Ils avaient tenté de s'en servir un certain nombre de fois, pour s'habituer à la chose et rien n'était moins évident. Il fallait que Jok pense à parler doucement dans son propre micro, que Roxane ne tripote pas trop ses cheveux pour éviter de faire des nuisances sonores et surtout que la chose soit bien placée pour ne pas tomber au bout de quelques minutes comme lors de leur premier essai. Premier essai qui avait été catastrophique, mais qui avait déclenché un fou rire d'anthologie. Ils n'avaient rien cassé, Dieu merci, mais cela n'était pas passé très loin. En effet, la prothèse avait été mal enfoncée, ce qui fit qu'au premier mouvement de main dans les cheveux de Roxane celle-ci s'y glissa et qu'elle manqua de voler très loin de l'oreille où elle aurait dû être dès la première esquive d'attaque. Sympathique comme attaque, mais pas très conventionnelle et relativement onéreuse, vu le prix de ces petits bijoux de technologie. La chose avait été ramassée quelques mètres plus loin, par le sous-lieutenant Joe Marot qui avait été attaqué par l'objet volant et auditif non identifié. Après un court sermon sur la protection des objets qui ne leur appartenaient pas, il nettoya la prothèse et la réinstalla comme il faut cette fois-ci dans l'oreille de Roxane, avant de vérifier celle d'Isabelle qui était tout aussi prête à partir.
Enfin, la mission était de séduire, coucher si nécessaire avec le joyeux pervers et s'assurer de lui écrire sur une partie du corps avec un stylo. Stylo dont l'encre était composée de nanotraceurs. Après l'avoir utilisé sur des matériaux explosifs, ils tentaient l'expérience sur les humains. Les phases d'expérimentation pure s'étaient bien passées et ils ne désespéraient pas de pouvoir s'en servir pour pister des terroristes et autres narcotrafiquants des plus problématiques. Ici, c'était une sorte de test grandeur nature un peu urgent. On savait que Marquez trafiquait, on savait quoi, on savait où, mais on ne savait ni comment il le faisait, ni comment obtenir suffisamment de preuves pour le condamner. Un précédent marquage avait déjà été essayé. Il avait été arrêté en faisant un excès de vitesse et les agents en charge du dossier avaient aspergé ses vêtements de nanotraceurs. Évidemment, la chose n'avait pas marché comme ils l'entendaient. D'une manière ou d'une autre, Marquez s'en était douté. Ses vêtements -et lui dedans avait supposé les agents en charge du dossier- avaient trainés pendant une bonne partie de la journée au club, avant de sortir prendre l'air. Ils avaient passé une partie de la nuit dehors. Plus ou moins toujours au même endroit, bougeant très peu. Discrètement, un agent avait été dépêché sur place pour s'assurer que la cible n'était pas malheureusement décédée, la tête dans un caniveau, le reste du corps criblé de balles ou empoisonné. Ce ne fut ni l'un, ni l'autre. Ce fut bien pire en quelque sorte. A la place de la cible se trouvait un sans domicile fixe dans le beau costume de Marquez, son superbe pantalon et ses chaussures hors de prix d'une taille trop grande pour l'homme. Inutile de dire que Marquez avait dû bien se marrer en les imaginant surveiller un vagabond quelconque et parfaitement inoffensif. Quoi qu'il en soit, après un tel échec, la solution avait été de l'appliquer sur un support qu'il ne pourrait pas retirer. Malheureusement, la première solution imaginée -à savoir l'ajouter à des aliments- posait aussi problème. Le personnage ne mangeait que des aliments que ses gorilles allaient acheter eux-mêmes et qu'ils goûtaient. Autant dire qu'avec une demi-douzaine de tâches qui se baladaient dans tout Paris, cela ne servirait à rien. Et encore, c'était s'il n'avait pas d'invités ce jour-là. La chose était particulièrement improbable, plus encore quand ils avaient découvert que les gorilles surveillaient la récolte et la sortaient presque directement eux-mêmes de terre. Inutile. Absolument inutile.
Ils avaient donc fait le choix d'envoyer de la chair fraîche. La chair fraîche avait eu une séance relativement épique plus tôt dans la journée. Cela avait commencé par une visite chez le coiffeur de la base. Celui-ci bien que parfaitement compétent, n'avait pas fait de décoloration et de coloration depuis longtemps. Déjà que Roxane râlait à l'idée de voir ses cheveux tripoter par un étranger -sa politique personnelle était de ne pas les laisser être touchés, coupés, tripatouillés par quelqu'un d'autre que sa marraine, ce qui signifiait en somme qu'elle n'était pas approchée par un ciseau plus d'une fois par an- mais quand elle apprit qu'il ne l'avait pas fait depuis des années, elle lança un regard de chien battu en espérant que cela pourrait éventuellement faire changer quelqu'un d'avis. Très étrangement, ce ne fut pas du tout le cas. Au contraire, cela semblait convaincre un peu plus Jok, que Roxane avait menacé de castrer et de le maintenir elle-même sur la table d'opération pour qu'il obtienne une volumineuse et très charmante poitrine, s'il ramenait à nouveau sur le tapis le sujet "épilation intime". Elle avait lancé des regards angoissés au miroir pendant toute la première opération, malgré le fait qu'ils soient en train de revoir le dossier, avec la couverture de Rox. Elle était Mademoiselle Grace Martin. Juste une nymphette prête à tout pour le grand frisson. Cela n'était pas trop dérangeant comme idée, cela allait avec le fait qu'elle soit rousse et n'empêchait pas le fait qu'elle puisse facilement entrer dans le rôle. Le coiffeur sécha rapidement ses cheveux en les froissant pour s'assurer que la couleur puisse prendre facilement, qu'il ne restait pas des cheveux bruns. Roxane se regarda un moment, avant de passer la main dans ses cheveux.
- C'est moins laid d'avoir les cheveux intégralement décolorés, que ce que je craignais. Non, vous ne trouvez pas ? Demanda-t-elle.
- J'aime bien, confia le coiffeur. Cela fait ressortir vos yeux et je pense que comme vous êtes encore très jeune, cela attirera les regards sur vous. Enfin, ce n'est peut-être pas ce que vous voudriez pour vos missions, Madame, mais quand vous êtes en permission, cela vous mettrait grandement en valeur.
- Je valide, répondit Isabelle. C'est sympa. Par contre, il faudrait que tu envisages de te refaire une coupe. Un truc un peu plus sexy. Vous pourriez faire quelque chose, Sergent Tailor ?
- Je peux vous proposer une coupe un peu longue, comme vous aimez avoir vos cheveux, avec une raie sur le côté gauche. Les gens trouvent souvent que cela donne un air moins strict que sur la droite. Cela ferait un joli bombé et assorti à un très léger dégradé depuis la bouche, cela donnerait un petit air mutin. Vos cheveux seraient juste assez longs pour être glissés derrière l'oreille pour ne pas vous déranger, mais même attachés, cela vous donnerait un petit air espiègle, sans tomber dans le dérangeant.
- Je confirme l'idée, lança immédiatement le Joker. Elle me paraît excellente.
Isabelle hocha la tête à son tour, avant que le Sergent ne se tourne vers Roxane, dans l'attente de sa réponse.
- D'accord. Allons-y ! Mais… Pas trop court le dégradé, j'ai besoin de pouvoir entrer les mèches dans mon chignon de mariage, après-demain. Il sera un peu lâche sur la nuque, mais j'aurai une légère décoration sous mon voile.
- C'est d'accord, Madame. Mes félicitations, à ce propos. Je ne crois pas vous avoir déjà félicité. Vous avez un coiffeur attitré ou vous avez choisi quelqu'un pour l'occasion ?
- Merci. J'ai une coiffeuse attitrée, c'est ma marraine. Elle me coupe les cheveux depuis toujours, je crois.
Son corps s'était imperceptiblement détendu. Pendant leur court échange, elle avait senti le professionnel en lui qui s'était ouvert, de vieilles façons de faire qui n'étaient pas celles de la coupe militaire. Il n'était plus obligatoire d'avoir le crâne presque rasé, mais les coupes restaient courtes et avec assez peu d'originalité. Autant dire que l'Armée n'était pas le lieu où la coiffure serait révolutionnée. Pour autant, il ne fallait pas désespérer. Avec un peu de chance, vu qu'ils semblaient convaincus qu'on devait lui teindre les cheveux, ils allaient lancer une nouvelle mode.
L'ambiance s'était peu à peu détendue. Sans aller jusqu’à de la franche camaraderie, mais il y avait une légère détente. Ce qui fit que la coupe se passa bien. L'allégement progressif de ses cheveux, l'air concentré du sergent, les voix douces de ses camarades, tout cela l'enfermait tout doucement dans un cocon. Elle ne les écoutait plus réellement, elle se glissait lentement dans un état différent. Elle glissait dans un état second. Elle avait entendu certains militaires en parler. Avant une mission sous couverture, il arrivait qu'ils entrent dans un état proche de la transe, où ils se ne sentaient plus réellement présents, mais pourtant parfaitement concentrés. Un jour, elle en avait parlé avec Isabelle. Depuis qu'elles étaient en service actif, cela arrivait de plus en plus souvent. Isa avait hésité un moment, avant de lui répondre. Elle lui avait parlé d’un truc qui se nommait le "sub-space". Elle s'était intéressée à la Domination/soumission, pas sous son format le plus dur et violent. Simplement accepter de ne pas tout diriger, se laisser aller à la confiance avec un partenaire, ne plus rien diriger en apparence -vu qu'au final, c'était malgré tout le soumis qui imposait les limites avec son safeword- juste se laisser porter par les évènements. L'idée lui plaisait. Alors, elle s'était un peu renseignée. Parce que ce n'était pas parce qu'elle voulait lâcher prise, qu'elle voulait le faire sans rien savoir. Elle en avait parlé avec Roxane. Ce n'était pas anodin comme démarche. Besoin d'en parler avec la meilleure amie. Besoin d'en savoir ce qu'elle en pensait. Ce qu'elle ferait.
Au final, Isabelle s'en servait avec une nana, Sally. C'était une ex avec qui elle s'entendait bien. Alors de temps en temps, durant un week-end ou même juste une journée, elle lâchait prise. Elle mangeait quand on lui disait. Elle dormait autant qu'on lui disait. Elle se faisait cajoler, quand on le décidait. Elle n'avait aucun pouvoir durant ce temps, suivant les ordres qu'elle recevait qui n'avaient d'autres buts de lui faire oublier tout ce qui était plus loin que les murs du studio où elles étaient. Des fois, elles faisaient l'amour, mais pas systématiquement. C'était en fonction de ce dont elles avaient envie, même si en apparence, ce n'était pas le cas. Sally avait le don de savoir, sentir ce qui était adéquat ou non. Peut-être était-ce dû à ses études. Elle allait bientôt avoir un doctorat en psychologie. Elle était en train de finir une thèse sur la psychologie des relations D/s entre personnes du même sexe et l'implication de la non sexualisation de celles-ci. Pas forcément le sujet qu'elle aurait choisi, elle, mais c'était ainsi et au final, cela ne dérangeait pas Isabelle. Roxane ne savait pas trop si elle devait s'y intéresser ou pas. Hadrien la chouchoutait, la câlinait et l'aidait à vider ses angoisses, tout en rechargeant ses batteries. Peut-être qu'un jour, cela arriverait. Pour l'instant, ce n'était pas le cas. Elles connaissaient un peu le monde du sub-space. Elles ne savaient pas trop quelle était la démarche mentale qu’elles utilisaient, mais cela fonctionnait. Peut-être était-ce normal. Peut-être pas. Quoi qu’il en était, c'était ainsi. Un jour, le Joker avait proposé que ce soit une manière de ne pas être trop touché par la situation, la possibilité que cette double vie vienne interagir avec leur "vraie" vie. Il soupçonnait que c'était une manière de pouvoir fermer la porte sans aucun scrupule sur ce qu'elles avaient vu ou vécu. Certaines missions étaient dures, autant pour elles que pour les personnes qu'elles côtoyaient. Roxane allait tromper son fiancé. Elle allait coucher avec un sombre inconnu pour soi-disant protéger la France. Elles n'en étaient pas forcément convaincues, même si Rox’ le faisait. L'idée de tromper la personne avec qui elle s'engageait à vivre, mais aussi à fonder une famille, une vie, un futur qui n'est pas pour autant une évidence. C'était un choix. C'était dire clairement à tous : "j'ai une vie, j'ai des convictions, je suis une professionnelle, mais cela ne veut pas dire que je suis vouée à rester célibataire, seule, car j'ai une famille, un compagnon et mes choix sont importants dans ma vie."
Même si elle devait coucher avec cet homme -MGP selon ses notes personnelles : Marquez le Gros Pervers- elle savait qui elle était. Elle était la femme d'un seul homme : Hadrien. Puis… Disons qu'une fois la couleur posée, nettoyée et séchée, la coiffure finie, elle passa la main dans ses cheveux. C'était joli. En fait, Hadrien pourrait apprécier des reflets roux dans sa chevelure brune. Elle-même, elle appréciait le côté un peu sexy de la couleur. Elle avait des reflets cuivrés terribles. Elle n'était pas fan des préjugés qui voulaient, par exemple, qu'une femme française soit une véritable salope. Mais… D'accord. Le préjugé qui voudrait que les rousses soient carrément chaudes et prêtes à tout, elle n'y adhérait pas en temps normal. Sauf que là, elle était justement comme ça et elle irradiait tout cela. Pire, elle avait envie d'être tout cela, en se voyant ainsi dans le miroir. C'était bête comme une couleur, pouvait changer quelqu'un, changer qui elle donnait à voir. Parce que honnêtement, objectivement, auprès de qui ne jouons-nous pas un rôle ? Roxane et Isabelle le faisaient. Jok' aussi comme tous les autres.
Passant la main dans ses cheveux, pour légèrement la décoiffer et l'agacer, Isa lui lança un sourire.
- Bon, maintenant, il ne nous reste plus qu'un tout petit truc à régler, fit-elle en agitant sous son nez la coloration pubienne.
- Besoin d'aide ? Se moqua gentiment Jok.
Une brosse à cheveux en profita pour manquer d'atterrir sur le crâne de ce dernier et de frapper indéniablement son torse.
- Tu t'approches de la salle de bain et je te castre. L'idée est assez claire pour toi ?
Le Sergent eut un geste laissant entendre qu'il l'avait bien cherché, mais qu'il n'entrerait pas dans le débat pour cette même raison.
A suivre...
Pour commencer au début :
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