YESSSSSS!

May 23, 2010 11:10

Oh purée de petit pois en sucre, voilà le premier one shot pour le BANG!
Vous n'imaginez pas le soulagement d'en avoir fini avec ce… truc. Un texte qui date de l'été dernier, abandonné dans un coin de ma clé USB pendant des mois. Il ne reste quasiment rien du texte initial (environ 25 mot sur1200^^), il m'a fallut des heures pour remettre la chose en état, des coups de pieds au cul pour pas le fiche dans la corbeille et trois beta à haute teneur en "remontage de moral". Et franchement je doute que ça mérite tout ce mal et ce temps… Ou alors il aurait fallut encore plus de temps et de mal… mais j'en peux plus.
Bref, c'est fait! Au suivant!!!!!!

Titre : La vierge de marbre blanc
Personnage: Sirius
Rating : G
Disclaimer : rien à moi, tout à elle.
Note : Je ne suis pétrie que de lieux communs: Il pleut presque toujours dans mes textes angst! Faudrait que j'écrive un drame terrible se passant sous un soleil brulant un jour, ça vous changerait…


La pluie a cessé de frapper ma fenêtre. Le bruit, régulier et anesthésiant, s'éteint, reste le silence. Etouffant. Allongé sur le lit, je regarde le plafond. Il emprisonne la lumière diffuse venant des lampadaires de la rue dans ses moulures trop chargées. Il m'hypnotise. plus je l'observe, plus il descend vers moi. Il s'approche, s'appuie sur mon torse, m'écrase. Je suffoque. Le bruit de ma respiration rauque résonne sur les murs. Je n'ai même plus assez d'air pour hurler.
J'étouffe. Je dois voir le ciel en grand, je le veux sans limite. Je veux qu'il dépasse le carré de nuages qu'encadre ma fenêtre. Même s’il est bas, même s’il est noir, j'ai besoin qu'il me recouvre, sans rien entre lui et moi que le vent et les branches des arbres.
Je dois sentir la terre s'étendre sans fin pour le rejoindre au loin. Sans mur, sans porte, sans barreaux. J’ai besoin d’horizon.
Je m'extirpe du lit, de la chambre. Je cours dans les couloirs. Je saute les marches d'escaliers. Je suis en cavale à nouveau. Je m'évade de la maison.
La porte s'ouvre, le vent s'engouffre dans l'entrée comme pour combler le vide qu'y laisse mon corps quand je sors enfin sur le perron.
Une marche, deux et trois.
Je suis dans la rue.
Et là, le bitume sous mes pieds se fait glu, me stoppe net dans ma course effrénée.
Dehors, je ne suis pas léger, ni délivré. Je pèse une tonne avec le poids énorme de la liberté sur mes épaules.
Je marche, difficilement. J'ai du mal à détacher mes yeux du sol. Je me force à faire un pas, un autre, encore, pour ne pas rester perdu là.
Cette maison dont je connais par cœur les angles et les pièges, je la parcours les yeux fermés, jusque dans mes rêves. Rôder sans but entre ses murs, c'est une habitude. Mais ouvrir les yeux, regarder en avant, avancer… j'ai du oublier comment on faisait.
Je trouve, presque à tâtons, la grille rouillée de l'autre coté de la rue. Elle grince et le parc s’étale, immense, face à moi. Les arbres si hauts, les pelouses jaunies par le soleil d'été étendues entre les buissons, la mare aux allures de lac. Et l'odeur de la pluie, enivrante, entêtante.
La tête me tourne, j'ai la nausée face à tant d'espace.
Je m'appuie contre le mur et je ne peux pas aller plus loin.
Imbécile. J'ai cru qu'à l'air, au vent, la prison serait loin. Mais, elle est là, toujours, chevillée à mes jambes qui tremblent, plus oppressante encore. La liberté n’y peut plus rien. Simple illusion.
Je glisse au sol, je tourne le dos à la démesure du parc qui me donne le vertige. Je pose ma joue contre l'herbe froide et humide. Mes doigts s'enfoncent dans la terre boueuse.
Face au mur de pierre, la panique perd du terrain, et le malaise passe un peu.
Je reprends la manie rassurante qui m'a occupé pendant 12 ans. Compter les pierres. Une, deux, et trois… onze et douze… et trente quatre… et…
Et je la vois, pâle, ses yeux de marbre baissés vers moi.

Elle est petite, blanche.
Elle a les mains jointes, un voile de pierre ciselée couvre sa tête. Sa bouche muette esquisse un sourire… si petit, si discret, presque invisible.
Elle n’a plus de couleur. Elle n’est que marbre blanc, délavé par la pluie et le vent. La pierre, immuable et froide.
Elle est calme, elle me regarde.
Minuscule vierge nichée au creux de la paroi.
Je l'avais oubliée. Maintenant, je me souviens.

La pluie fine recommence à tomber. Le clapotis sur les feuilles des arbres me berce.
Je me souviens
Le soleil, le parc et moi.
Avec mon frère, assis en tailleur, face à face, nos robes tachées d’herbes. Je me souviens d'une comptine volée aux petits moldus que nous observions perchés sur une branche, un peu plus tôt. Je me souviens des jeux, je me souviens d'un ver de terre poisseux essayant de s'échapper des doigts de Regulus.
Mais je ne me souviens pas du bruit de nos rires.
Je me souviens de mon frère qui la voit.
Je me souviens de nos doigts qui suivent le pli de sa robe de pierre. Je me souviens des traces de terre laissées sur le marbre blanc.
Je me souviens de nos sourires, celui de mon frère, le mien.
Mais je ne me souviens pas du bonheur.

La pluie se fait plus dense, les gouttes lourdes viennent frapper mon dos quand je me mets à plat ventre pour observer encore la statue blanche.
Je me souviens.
Le silence, le parc et moi.
Un sac de toile rempli à la va-vite, des pièces qui tintent dans la poche de ma cape, les doigts serrés sur la baguette et le cœur qui bat la chamade. Je me souviens des cris hystériques de ma mère qui m'avait poursuivi jusque sur le trottoir. Je me souviens des insultes échangées, je me souviens de la rage et de la haine.
Mais je ne me souviens pas de la joie.
Je me souviens de mon dos contre le mur, de ma main appuyée sur la pierre glacée de la statue. De ma respiration qui se calmait.
Je me souviens des questions, du "et maintenant?", de la peur aussi.
Mais je ne me souviens pas de la liberté.

L'orage gronde. Les éclairs chassent la nuit à grands renfort de lumière crue. L'eau froide coule dans mon cou.
Je me souviens.
Les ombres, le parc et moi.
Ma cape qui s’était déchirée quand j'avais escaladé le mur pour observer la maison. Je me souviens de l'odeur de l'arbre dont les branches me rendaient invisible, je me souviens de la robe noire de ma mère passant dans l'encadrement d'une fenêtre, des yeux rougis de mon frère appuyé au balcon de sa chambre.
Je me souviens de la colère, je me souviens des larmes.
Mais je ne me souviens pas du soulagement.
Je me souviens de l'avis de décès dans la gazette, de l'heure des funérailles auxquelles je ne suis pas allé, de la douleur dans ma poitrine.
Mais je ne me souviens pas du visage de mon père.

Je m'approche encore, à genoux. Je pose mes mains sur le marbre décoloré et froid.
Les moldus prient dans cette position. Peut-être devrais-je prier, moi aussi, envoyer une supplique à leur Dieu si puissant. Pour demander quoi? Son indulgence pour ma famille de fou.
J'envie les gens qui croient encore au pardon.
Tout ce qui me reste, c'est cette statue, et mes souvenirs à la con.
J'ai froid.
Mes mains retombent. Je me relève. La pluie forme un rideau autour de moi, comme un cocon qui absorbe le paysage, les bruits, le monde entier.
Elle m'escorte quand je quitte le parc, m'épargne le son de mes pas sur le pavé, sur les marches. Elle me ramène, attentive à masquer le perron jusqu'au dernier moment. Et les gouttes d'eau, poussées par le vent, appuient doucement dans mon dos pour m'aider à passer la porte.
Je rentre à la maison.

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