Révolutions

Sep 22, 2007 11:17

Bon.
Je pense qu'il est maintenant prouvé qu'il m'est déconseillé d'écrire après avoir lu du Guy Gavriel Kay. Ca ce voit trop. Il faut établir une quarantaine d'au moins trois jours...

Après mon post d'hier soir j'ai suivi mon inspiration et écrit ce qui pourrait être le prologue de ma futur fic Madara - Shodaime, mais je ne m'y attelerais vraiment que quand j'aurai fini ce fichu chapitre de clair obscur pour lequel j'ai un writer block  pour l'instant.
Pour revenir à Révolutions, le style narratif est un peu spécial, mais comme ce n'est que le prologue -le commencement- j'ai lattitude de revenir a un style différent pour la suite.



Révolutions

Commencement

Au commencement la plaine est vide sous la froide lueur de la pleine lune, et le coeur du garçon bat follement dans sa poitrine, comme un tambour de guerre, célébrant l’action et à la mort, encore et encore. Sans fin.
En silence, parce que dans cette nuit pure le moindre bruit peut signifier sa perte, il se glisse jusqu’aux branches basses du maigre bosquet qui est le seul couvert à des centaines de mètres à la ronde. La forêt n’est pas si loin pourtant, sa ligne noire se découpe au loin là où la plaine meurt, un mur de troncs enchevêtrés et de feuilles, de fûts dressés qui accrochent faiblement la lumière délavée. Un asile mais aussi un terrain hostile, qui bruisse à son propre rythme, d’une voix bien différente de celle émanant de la plaine. Même lui qui en ignore tout peut le pressentir.
Mais de toute manière l’orée est loin encore, trop loin et la plaine dénudée s’étend sur presque un kilomètre, herbe haute et cassante, blanchie comme des ossements sous la lune, d’une beauté un peu abstraite, presque douloureuse.
Le garçon respire lentement, d’un souffle profond et calme, délibéré. Toujours dans le silence le plus total ses yeux noirs scrutent la prairie, traquant le frisson du vent sur la végétation, le bref frémissement indiquant le passage d’un rongeur. Puis, de ses doigts gourds rendus malhabiles par la fatigue et glissant par le sang qui les couvre, il entreprend de déboucler les sangles de la lourde armure qui couvre ses épaules, son torse et le haut de ses cuisses. Ses mains tremblent, rendant la tache encore plus malaisée, et par trois fois il est forcé de s’interrompre.
La troisième fois, à la dernière boucle, son visage tendu laisse finalement transparaître une expression proche de la frustration, ou peut-être de la détresse. C’est un visage jeune encore, non entièrement débarrassé des rondeurs douces et enfantines. Mais il y a autre chose, aussi. Quelque chose de profondément ancien et de dur dans la manière dont il mord sa lèvre inférieure, et force son esprit à retrouver son calme, ce calme profond qui fera plus tard sa réputation. Mais il l’ignore. Il n’est encore qu’un garçon, et ce n’est encore que le commencement. La seule chose qu’il sait, la seule chose qui le tient encore debout c’est que le temps n’est pas encore venu de se laisser aller. Il n’est pas encore sauf. Pas maintenant, pas cette nuit. 
Lorsqu’il a fini de dénouer les sangles, il enlève les plaques d’armure une à unes, avec des gestes lents et prudents. Elle lui a sauvé la vie plutôt cette même nuit, plus loin de la plaine et de l’orée de la forêt qu’on aurait pu le croire possible, mais à présent elle le cloue au sol, l’alourdit plus qu’il ne peut se le permettre.
Ainsi sous la lune glacée, dans un pays qui n’est pas le sien, le garçon se dépouille-t-il de son armure et de toute trace d’appartenance à la seule famille qu’il ai jamais connue. Il entasse les plaques de cuir sous le couvert d’un arbuste, puis prend le temps de faire une double boucle à la ceinture de sa tunique pour y glisser le katana qu’il a pris sur le corps du premier des samouraïs qu’il a tué plus tôt cette même nuit.
Et seulement alors se redresse-t-il à demi, et s’élance à travers la plaine de toute sa vitesse, vers la lisière du bois et le couvert des hauts chênes.

-

Dès le commencement la forêt est sienne, et le jeune homme le sait parfaitement. C’est dans l’ordre des choses. Tout comme l’eau appartient à Dotou, tout comme le soleil se lève au matin, les bois sont siens. C’est ainsi.
Il s’est éloigné du campement, se glissant entre les ninjas de garde tapis dans l’ombre à l’affût de tout mouvement susceptible d’indiquer la présence des Porteurs de Sabre, même si ces derniers ne sont certainement pas assez fous pour essayer de venir les débusquer de nuit, alors que lui-même est présent. Il a pris le large, rampant sous l’écorce comme la sève dans les branches, irriguant ses arbres, sa forêt.
Elle n’est jamais plus à lui qu’en cette heure de la nuit, quand l’aube s’approche, que les prédateurs nocturnes regagnent leurs tanières, alors que les bêtes du jour ne sont pas encore sorties des leurs. Alors il n’y a plus que les arbres et leurs racines profondes qui lui murmurent dans un langage qu’il est seul à comprendre. Les arbres et leur force lente, la fraîcheur de la nuit et la caresse de la lune sur les feuilles qui apaisent sa colère et sa douleur, qui donnent corps à sa détermination.
Les branches le portent sans effort tandis qu’il se glisse à travers les frondaisons, plus silencieux qu’une ombre et goûtant l’ivresse de la course et de l’heure bleue. Et soudain il s’immobilise en équilibre sur un tronc, et la forêt autour de lui retient son souffle.
Car elle est sienne, et il y a un intrus.

Plus tard, parce ce que ce moment très précis marque le commencement réel, et le début du basculement qui changera bien des choses, on racontera cette nuit-là, la lune dans le ciel et le silence dans la forêt, la lumière désincarnée et les deux garçons, le tout jeune homme et son aîné. Bien des choses auront été perdues alors, et on échafaudera des récits hypertrophiés de leur combat dans les bois, du regard qu’ont échangé deux jeunes hommes. On extrapolera sur la reconnaissance instinctive qui s’est très certainement établie entre ces garçons appelés à devenir de si grands guerriers, de si grands chefs. Plus tard encore, on finira par maudire l’un d’entre eux, mais nul ne s’avisera de regretter le tout début, car de la rencontre dans la forêt découlera beaucoup de choses, en bien comme en mal. Tellement de choses en vérité, insignifiantes ou non, que nul ne sera capable de démêler vraiment où se porteront le bien comme le mal.
Mais tout cela, c’est après.

Maintenant, au commencement, il y a un garçon aux traits fatigués dans l’ombre des arbres bordant une clairière, portant à sa taille l’arme d’un guerrier mort plus tôt dans la nuit. Et il y a un jeune homme dont les cheveux noirs sont tirés en queue-de-cheval qui émerge des arbres comme une ombre, et examine le nouveau venu avec froideur et méfiance, cherchant à décider s’il doit tuer ou non.
Et c’est ainsi que dans une forêt par une nuit de pleine lune, au tout début, Uchiha Madara rencontre Kashiwa Hikosshi qui sera le premier Maître Hokage de Konoha.

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petite note à propos des noms, j'ai dû extrapoler puisqu'on ingnore le nom des deux premiers Hokage je crois...
Hikosshi > Coeur du feu
Kashiwa > Chène
Dotou > Vague déchainée, écume

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