Les Losers! > Loserismes [4/6] > Origines

Sep 19, 2007 16:27

Anthologie: Loserismes
Titre: Origines
Auteurs: drakys & supaidachan
Fandom: original > les nouvelles aventures des losers!
Personnages: elric, chikara et akane
Rating: PG
Disclaimer: ironie & bas blancs (drakys & supaidachan)
Notes: tout est ici.


Concentré sur son travail, il n'entendit pas la jeune femme s'approcher. Il faillit mourir de peur quand elle lui parla. Ce qui n'aurait franchement pas été le début classique d'une histoire d'amour.

"Vous faites du bon travail…

- Kyaaargh!", s'écria Elric en sursautant et en tombant par en arrière, sa paume quittant le sol.

Aussitôt, les pierres qui étaient devenues presque liquide et qu'il était en train de monter en colonnes se solidifièrent et se désagrégèrent autour de lui dans une pluie de gravier. Il se protégea avec ses bras, quelques morceaux de pierraille lui égratignant quand même la peau.

"Vous êtes malade!", s'écria-t-il en se relevant, furieux. "Espèce de…"

Le 'folle' lui resta coincé dans la gorge en voyant la jeune inconnue. Qui, outre un air inquiet, affichait un visage qui était loin d'être déplaisant. Il rit nerveusement et se grata le crâne, mal à l'aise.

"Je suis désolé… Je ne pensais pas qu'on me dérangerait…

- C'est moi qui suis désolée, j'aurais dû vous avertir que j'allais être présente."

Il repensa soudain à l'eau détournée. Il leva la tête et contempla l'arc de liquide cristallin qui s'envolait légèrement de l'aqueduc pour aller remplir un grand bassin.

"Oh. Je pensais que c'était le travail d'un Élémentaliste."

Elle secoua la tête, souriant.

"J'ai quelques notions en manipulation de l'eau, mais je n'ai pas la puissance nécessaire pour imposer ma volonté à cet élément si je ne suis pas dans les environs. Mon père vous aurait aidé s'il avait été ici. Je ne peux que détourner l'eau…

- C'est déjà beaucoup! Vous permettez?", demanda-t-il en désignant l'aqueduc.

Elle hocha la tête et il se détourna. Il effaça le cercle précédent par terre et se pencha pour en tracer un nouveau. Il corrigea un symbole et en ajouta un dernier. Posant sa paume en plein centre, il ferma les yeux, recommençant son travail à zéro.

Très lentement, la pierraille commença à s'agiter par terre. Elle sembla fondre comme la neige au soleil et les milliers de petites flaques se rejoignirent et s'étirèrent, bougeant apparemment sans ordre. Il fronça les sourcils, força sa concentration sur l'énergie du sol.

Il visualisa l'aqueduc dont on lui avait montré les plans et peu à peu, le liquide étrange s'étira, s'élevant en colonnes tremblantes. Une fois qu'il eut complété cette première étape, il se permit une longue respiration pour se calmer. Il pensa aux arches de l'aqueduc et les colonnes s'agitèrent. Leur sommet s'aplatit, s'amincit et s'étira, pour qu'un pont vacillant les rejoigne l'une à l'autre.

Elric commença à solidifier la pierre: commençant par les colonnes. Pendant de longues minutes, il força toute sa concentration à leur imposer un nouvel état. La pierre changea de couleur et redevint pâle, arrêtant de trembler. Il laissa les arches encore liquides, formant mentalement le pont à leur sommet. Il examina la structure et constata que c'était conforme à ce qu'on lui avait demandé.

Quand il ouvrit les yeux, la pierre se fixa aussitôt, redevenant solide.

"C'est terminé?", demanda la jeune femme en le voyant se relever et effacer son cercle.

"Presque", murmura-t-il, vidé.

Il marcha jusqu'à la première extrémité de la section réparée et posa une main sur la première colonne de l'ancienne section. Il ferma les yeux et ajusta les deux parties parfaitement ensemble. Il marcha jusqu'à l'autre extrémité de la nouvelle section et fit de même.

Il s'assit par terre, pantelant.

"Vous pouvez… remettre l'eau…", annonça-t-il. "J'ai… terminé…"

La jeune femme traça un glyphe du bout des doigts dans l'air et l'eau sembla remonter l'arc invisible sur lequel elle coulait pour retourner dans l'aqueduc. Se laissant tomber sur le dos, Elric regarda l'aqueduc au-dessus de sa tête et écouta l'eau reprendre son chemin dans le pont de pierre. Il sourit en ne sentant aucune fuite et il relâcha enfin sa concentration.

La jolie étrangère s'approcha et s'assit près de lui.

Elle allait lui parler quand il fronça les sourcils et se remit sur pieds avec difficulté. Il quitta l'ombre des colonnes de pierre et leva les yeux, son regard passant de l'ancienne section à celle qu'il venait de réparer.

"Ça ne va pas du tout", marmonna-t-il pour lui même.

Il plissa les yeux et examina les gravures. Traversant sous l'aqueduc, il alla examiner l'autre côté. Une main en visière, il grava les décorations dans son esprit.

"Pas du tout."

Il s'approcha de la colonne la plus près et posa sa main sur la pierre. Il ferma les yeux et se concentra. La pierre sembla frémir et tout le long des arches, les motifs se formèrent lentement, adoptant les mêmes arabesques, ou les prolongeant parfaitement.

Il enleva sa main.

"Fini", fit-il avec une extraordinaire concision. "Aurait dû refaire un cercle."

Il s'écroula, faisant pousser un cri d'horreur à la jeune femme.

***

Quand il se réveilla, elle lui épongeait le front. Il ne la reconnut pas immédiatement.

"Je suis mort?", demanda-t-il stupidement. "Vous êtes un ange?"

Elle éclata de rire.

"Non, mais vous m'avez fait une de ces peurs!"

Il se releva en grognant, ayant l'impression que la moindre parcelle de son être avait décidé de se révolter contre ses velléités de mouvement. Il se passa une main sur le visage et referma les yeux, la tête lui tournant de façon fort déplaisante.

"Ugh. J'ai l'impression qu'on a essayé de me battre à mort." Il regarda autour de lui. "Où sommes-nous?

- Chez moi. Vous avez dormi deux jours."

Il écarquilla les yeux.

"Oh zut", finit-il par laisser tomber, extrêmement mal à l'aise. "Je suis désolé! Je ne voulais pas vous poser de problème!

- Poser de problème?", répéta une nouvelle voix, le faisant sursauter. "Je suis Akane", se présenta le nouveau venu en s'inclinant poliment. "Le père de Chikara", continua-t-il en posant ses mains sur les épaules de sa fille. "Et ne croyez pas nous avoir posé problème Maître! Vous êtes le premier alchimiste depuis bien des années à faire de l'aussi bon travail en aussi peu de temps!"

Le jeune homme devint rouge brique, gêné du compliment.

"…Je… Quand même… eh… Évanoui comme un débutant…", s'excusa-t-il.

"Quel âge avez-vous, Maître Elric? Je dirais vingt ans tout au plus à votre visage…

- Dix-neuf en fait."

Akane et Chikara échangèrent un regard. Le vieil homme sourit, lissant nonchalamment un pli dans son pourpoint. Il releva la tête, les yeux pétillants de malice.

"Et combien d'alchimistes ont votre âge?"

Elric fronça les sourcils et essaya de se rappeler des autres membres du Cercle. Il murmura pour lui même, comptant sur ses doigts.

"Eh… Trois peut-être, quatre je crois", répondit-il enfin. Puis il songea que le Cercle comptait plus de deux cents Alchimistes Officiels. "Oh. Oh!"

Akane éclata de rire.

"Et voilà! Ne soyez pas si dur avec vous-mêmes! Si je vous dis que vous faites de l'excellent travail, c'est parce que c'est ce que vous faites. Je crois qu'en tant qu'ex-alchimiste, je suis apte à juger de la qualité du travail d'un confrère. Et ne vous en faites pas pour votre question, c'est oui.

- Oui quoi?", demanda-t-il, complètement dépassé. "Quelle question?"

Se fut au tour de la jeune femme d'avoir l'air gêné. Elle tortilla le ruban d'une de ses manches nerveusement.

"Papa!", s'exclama-t-elle en rougissant. "Je t'avais dit de ne pas lui en parler!"

Son père haussa un sourcil et éclata d'un rire bon enfant.

"Ma Chikara à la Vision, comme sa mère avant elle et ainsi de suite. Un vieux don familial", commença-t-il en s'approchant d'Elric. "Et s'il plaît toujours aux dieux, vous deux serez mariés le printemps prochain. Et comme elle ne se trompe jamais… J'aime aussi bien vous donnez ma bénédiction tout de suite, surtout que je dois repartir demain alors que je reviens à peine… Parfois je me demande si devenir marchand n'était pas une sotte idée!"

Elric avala de travers pendant le babillage de vieil homme, ayant vaguement l'impression que l'air s'était fait soudainement rare dans la pièce.

"Est… Est-ce que ça vous dérangerais beaucoup si je m'évanouissais encore?"

(~2002 ou 2003)

univers : les losers!

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