Les Losers! > Miss Salinius [4/7] > Pour vaincre les petits monstres

Jan 31, 2009 09:31

Anthologie: Miss Salinius
Titre: Pour vaincre les petits monstres
Auteurs: drakys & supaidachan
Fandom: Original > Les nouvelles aventures des Losers!
Personnages: les Losers !
Rating: PG
Nombre de mots : 1912 mots
Disclaimer: ironie & bas blancs (drakys & supaidachan)
Notes: Tout est ici. Posté pour flo-nelja dans le cadre d'ecrirepouraider.

Il avait unilatéralement décidé qu’il était temps de changer les choses. Alors Pidgeonboy avait fait ce que, en qualité de leader du groupe, il était à lui seul permis de faire. Dès qu’il eut rejoint les autres au Burger-o-Rama, il avait mis son poing sur la table.

Littéralement.

Ce qui, en plus de lui donner mal au poing, fit branler dangereusement les verres et provoqua une sévère attaque de regards noirs. Shmae Girl plissa les yeux, avec un petit air méchant qui promettait de la douleur.

"Hé, patate, t'as pas vu que c'est la boisson spéciale de la semaine ? Je veux pas renverser une seule goutte de ce précieux liquide vert bizarre qui fait de la fumée !

- Et puis, elle veut bien nous laisser les verres si elle peut boire toute cette saloperie verdâtre !", renchérit Carpet-Vale en caressant du pouce son propre verre, déjà vide, avec affection. "Ce sont les verres de collection des Grands Magiciens !"

Pidgeonboy se retrouva un instant écarté de son objectif premier, pas qu'il était vraiment difficile de l'écarter de sa ligne de pensée. Il cligna des yeux en voyant les verres. Les Grands Magiciens en question étaient représentés avec bien peu de vêtements, figés dans des poses qui n'avaient pas grand-chose à voir avec l'exercice de leur fonction. Il fronça les sourcils, trouvant soudain un truc étrange dans l'affaire.

"En quoi ces verres avec des humains dessus t'intéressent ?", demanda-t-il à Spider-chan.

"Ça se revend bien quand on a la série complète !", cracha l'elfe avec venin.

"Menteuse !", s'esclaffa Carpet-Vale.

"Tu a déjà six de leurs collections !", précisa même la druide. "Et je t'ai déjà vue organiser un échange pour en compléter une !"

Spider-chan regarda alors ailleurs avec intérêt, un tout petit peu gênée, avant d'admettre : "Je les collectionne depuis qu'ils ont fait la série des Grand Maîtres Elfes…

- Oui", confirma Shmae, "c'était la semaine que la boisson spéciale était à moitié mauve et à moitié rose !"

Pidgeonboy sourit, passablement amusé de constater cette faiblesse chez l'elfe pour les verres à collectionner. Il pensa à une réplique cinglante pour lui faire honte un peu trop longtemps, donnant juste le temps qu'il fallait à Silent Pascal pour les rejoindre avec leurs plateaux-repas.

"Hé, Pibi, t'as vu ça ? Les boissons spéciales de la semaine sont servies dans les verres à collectionner des Guerrières Presque à Poil ! C'est pas génial, ça ? Je vais pouvoir commencer une autre collection après les Druides Aguicheuses !"

La réplique du voleur s'étouffa dans sa gorge et il se laissa tomber sur la banquette pour s'attaquer en silence à son Spécial Aventurier, n'osant plus rien dire sur les verres à collectionner. Et ne pensant plus à la glorieuse idée qui avait un instant monté son camp dans les grandes plaines de sa tête.

"…Tu voulais quoi au juste, à taper sur la table comme un barbare ?", demanda finalement Spider-chan.

"Hein ?", Pidgeonboy la regarda avec un regard vide, avant qu'une petite bougie s'allume au-dessus de son crâne. "Oh oui ! J'ai trouvé un boulot facile et qui paye super bien !"

***

La 'maison' devant laquelle ils s'arrêtèrent était en fait un grand manoir qui, à vue de nez, devait compter un minimum de trois cent deux pièces. Une grande clôture entourait la propriété et entre ses barreaux, ils pouvaient voir des jardins parfaitement entretenus, une grande fontaine et ils devinaient la demi-heure de marche nécessaire avant de se rendre à la porte principale.

"Quel genre de boulot des gens qui habitent ce genre de truc peuvent-ils offrir à des aventuriers ?", voulut savoir Spider-chan.

Sans lui répondre, Pidgeonboy s'avança vers la petite cloche nichée dans une alcôve et sonna. Une image floue apparue dans l'espèce de petite fenêtre voisine de la cloche et une voix qui paraissait un peu étouffée par la distance se fit entendre :

"Oui ?

- NOUS SOMMES LÀ POUR LE JOB !", hurla le voleur à s'en péter les cordes vocales et faire des misères aux tympans de ses Losers ! qui se retrouvèrent momentanément sourd.

"Pas besoin de hurler, bon sang !", siffla la voix, irritée. "Je ne suis pas sourd !"

Une porte claqua et de l'autre côté de la clôture, un domestique sortit du mur avec un trousseau de clés pour ouvrir la grille. Il la tira vers lui, leur permettant d'entrer avant de refermer et de donner un tour de clé.

"Suivez-moi, s'il vous plaît, maître Geoji a bien reçu le pigeon annonçant votre arrivée."

Trente-huit minutes plus tard, ils attendaient dans le Salon d'Attente du manoir et un homme aux traits fatigués fit irruption dans la pièce, avec une expression beaucoup beaucoup trop heureuse sur le visage. Il se jeta sur Silent Pascal, lui secoua la main avec un enthousiasme louche et le pauvre demi-elfe n'eut même pas le temps de mentionner qu'il n'était pas le leader du groupe.

"Ah ! Mes sauveurs ! Mes précieux amis ! Il me fait tant plaisir de vous accueillir, ma lignée depuis mon tout premier ancêtre vous révère pour votre bonté ! Gyejimnyeon ! ", gueula-t-il soudain et une femme au visage marqué par la fatigue apparut à ses côtés.

Elle inclina humblement la tête, faisant tinter ses boucles d'oreilles, larmes aux yeux.

"Bénis soit les dieux !", les remercia-t-elle en joignant les mains et son époux glissa son bras sous le sien, l'attira plutôt rapidement vers la porte, fuyant de toute évidence quelque chose de terrible.

"Nous serons de retour avant demain, bien-aimés bienfaiteurs !"

Ils s'éclipsèrent avant même que qui que ce soit puisse poser la moindre question, élever une quelconque objection ou même finir sa dernière respiration entamée proprement. Aussitôt les portes refermées derrière les maîtres des lieux, un grondement sourd fit trembler le manoir.

"Qu'est-ce que-", commença à peine Spider-chan, agrippant son arc et encochant une flèche. "Qu'est-ce qu'on doit faire comme boulot !?", cria-t-elle, furieuse. "Ils sont infestés par des hordes de gobelins enragés !? Par des fourmis géantes mangeuses d'hommes !?"

Suivant son exemple, les autres se préparèrent à se défendre. Sauf Pidgeonboy, qui resta, assez stupidement, une bonne longueur devant le reste du groupe, attendant tranquillement l'attaque violente qui ne tarderait sans doute pas à leur tomber dessus.

Mais plutôt qu'une bande de rats mutants ou qu'une colossale armée de libellules carnivores, c'est un gamin d’une dizaine d'années qui leur tomba soudain dessus. Le voleur lui sourit, écartant grand les bras pour le recevoir.

"Jeune maître Gaesaekki !", le salua-t-il en se penchant pour être à sa hauteur.

Ce qui lui mérita, outre une petite moue dédaigneuse, un grand coup de pied entre les jambes. Il s'écroula par terre, submergé de douleur et de regrets amers pour avoir été assez bête pour accepter la tâche aussi dangereuse que de garder un gosse.

"C'est maître divinissime, pauvre con. Ma chaise, Daegari !", demanda-t-il et un jeune page courut pour aller lui chercher son siège. "L'angle est mauvais", déclara-t-il royalement après s'être installé et le jeune garçon tourna la chaise pour lui d'un millionième de degré, lui tendit un verre de jus d'orange fraîchement pressé et s'accroupit près de lui.

Gaesaekki lui tapota la tête, but une gorgée de son jus et la recracha.

"Ce n'est pas assez froid, bougre d'imbécile ! Es-tu payé pour m'empoisonner, misérable larve !?", tonna-t-il et le page se prit des coups sous les regards éberlués des Losers !

Sans abandonner son arc, Spider-chan plissa les yeux.

"Mais… c'est quoi ce monstre ?", murmura-t-elle, dépassée.

Shmae Girl n'eut pas la même délicatesse face au comportement du jeune maître des lieux. Elle marcha résolument vers lui, lui agrippa le poignet et le souleva. Ce qui provoqua un grand cri comme si elle essayait d'égorger le garçon.

"Au meurtre ! Au meurtre Daegari, on me tue !"

Et le jeune page, brutalisé honteusement une seconde plus tôt, passa à l'attaque toutes dents dehors, mordant le bras de la fighter. Surprise, elle lâcha Gaesaekki et recula, essayant de se libérer.

"Lâche-la !", cria l'elfe en visant droit sur le cœur du page et Gaesaekki la remarqua soudain, leva une main impérieuse pour mettre fin à la violence.

Daegari retourna servilement à ses côtés, tête basse.

"Que voie-je ? Que mon humble personne daigne remarquer ? Une fée parmi vous, horde d'impudents manants ?

- Une… une fée ? ", répéta Carpet-Vale et si l'elfe n'avait pas encore eu son arc en main, cette répétition aurait été saluée de grands éclats de rire hystériques.

Le jeune maître s'approcha, sautant de la cruauté du loup affamé au tempérament gentil et doux comme de l'agneau.

"Cette complexion parfaite et ses oreilles si délicieusement pointées, oh, très chère maîtresse fée, m'accorderez-vous mes souhaits ?"

Spider-chan haussa un sourcil, commença à répondre Non quand elle remarqua les autres, qui hochaient tous énergiquement la tête.

"…Oui ?", hésita-t-elle et Gaesaekki parut rayonner de bonheur.

"Et qu'un misérable mortel comme votre serviteur doit-il accomplir pour que vous réalisiez ses rêves les plus chers, oh très très chère maîtresse fée ?

- Hm…", l'elfe soupira, cherchant l'inspiration. "J'aimerais bien que tu fasses le chien", et voyant l'expression outrée du garçon, elle lui fit un grand sourire, décidant de jouer le jeu. "Nous, les fées, nous aimons bien les chiens !"

Avec des mouvements particulièrement raides, Gaesaekki se mit à quatre pattes.

"Est-ce là à votre convenance, exquise maîtresse fée ?

- Elle n'est pas convaincue", commenta Esoj et quand le jeune maître de la maison lui jeta un regard noir, la druide continua, avec la plus pure expression d'innocence au visage. "Nous, les druides", expliqua-t-elle, une main sur le cœur, "connaissons tous les désirs secrets des fées !

- Il faudrait que tu jappes", ajouta Silent Pascal et comme Gaesaekki allait répliquer vertement, il montra une de ses oreilles. "Nous, les serviteurs des fées, connaissons tous les détails qui plaisent à nos maîtresses !

- Ouarf, ouarf !", s'appliqua aussitôt le garçon et Spider-chan haussa le nez.

"Hmpf", fit-elle et Carpet-Vale fouilla dans ses affaires, s'approcha du gamin pour lui passer un collier et une laisse autour du cou.

"Hé ! ", s'indigna-t-il et la magicienne lui sourit mielleusement.

"Les fées sont des créatures difficiles, veux-tu vraiment risquer d'attirer sur toi le poids de sa colère parce qu'il t'es difficile d'oublier ta vulgaire fierté d'homme ?" Gaesaekki ne rechigna plus et Carpet-Vale tendit la laisse à son jeune page. "Fais-lui donc faire quelques tours de la pièce, pour dégourdir ses pattes !

- Et n'oublie surtout pas t'agiter ton derrière pour montrer combien tu es heureux de ton sort !", lui conseilla Pidgeonboy, avec un venin inhabituel et une voix un brin plus haute que d'habitude. Il se pencha vers le garçon en le voyant hésiter, enfonçant le clou final avec une joie sadique. "Les fées n'exaucent pas les souhaits de ceux qui sont assez malheureux pour ne pas faire ce qu'elles veulent !"

***

"Alors, alors, nous pouvons compter sur vous pour la semaine prochaine ?", sourit Geoji en leur tendant une bourse bien ronde qui, certainement, allait compenser pour toutes les vilenies subies.

"Dans tes rêves !", cracha Spider-chan en lui arrachant l'argent des mains.

Pidgeonboy en profita pour lui tâter le creux du dos de la pointe d'une dague, l'encourageant à cracher une autre bourse aux dimensions semblables à celles de la première. Laissant le père très perplexe, Silent Pascal commenta simplement :

"On ne pourrait pas revenir de toute façon, je ne pense pas qu'il croit encore aux fées, maintenant."

(17 août 2008)

univers : les losers!

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