[Alice Nine][G] Éclats de couleur

Mar 03, 2012 11:17

Disclaimer : « Gradation » est une chanson d'Alice Nine, et sa traduction est à moi.


Éclats de couleur

Pertinent mélange, noir et blanc, flottant tranquillement
Illuminé, rouge et bleu, entrelacés au bout du doigt
Mélange le ciel et la lumière, ils tissent et forment
le concerto qui est tien et mien

Tremper ses doigts dans la peinture puis tracer des formes là où on pouvait, partout, jusqu'à ce que le blanc soit recouvert. Il aimait cette sensation, celle de savoir que le vide se remplit peu à peu et qui lui permettait d'oublier le trou béant qui hantait sa vie. Alors, pour le recouvrir, même si ce n'était qu'un fin tissu, il peignait avec ses doigts. D'abord les murs, puis le plafond manquant plus d'une fois de frôler la mort en montant sur l'escabeau et enfin le sol. Chez lui, même les meubles avaient été touché.

Du bout de l'index, il traça la dernière courbe d'un joli beige aux teintes un peu roses avant de prendre un pinceau fin et de l'étaler entre les traits et les couleurs. Ensuite, il se recula et admira son tableau, ou plutôt l'explosion de couleurs et de teintes qu'il avait représenté. Ses yeux avertis, repérèrent un morceau de blanc, laissé là par inadvertance. Alors, son obsession reprit naturellement le dessus et il se dirigea vers les pots de couleur.

« Que fais-tu, pourquoi remplir ce blanc ? Alors qu'il n'y en a nul part ailleurs, tu voudrais le faire disparaître ? C'est un peu triste non ? »

Et c'est toi qui me dis ça ? Alors qu'à la base, c'est entièrement de ta faute. C'est toi qui avais commencé. C'est toi qui m'a transmit cette obsession. Crois-tu que je ne te voyais pas ? Le moindre vide, tu le fixais inlassablement, jusqu'à ce qu'il soit comblé. Alors, j'aimerai que tu me laisse un peu tranquille pour cette fois.

« Si tu l'efface, la seule couleur absente sera le blanc, ce serait dommage non ? »

Si aujourd'hui je cède à tes caprices encore une fois, me laisseras-tu tranquille un moment ?

En ce temps de bleu qui a fermé, j'ai demandé à mes chaînes
« Pourquoi suis-je né », la mélodie débordante
Les cordes claquent, de cette manière sans fin
La bulle de savon tremble et disparaît

L'artiste reposa ses doigts contre les vêtements tâchés qu'il mettait lorsqu'il peignait. Il s'écarta, se détourna de la peinture sans lui jeter un regard, sortit de la pièce qui était son atelier et se rendit directement dans la salle-de-bains. Ses habits se déposèrent lourdement sur le linoléum noir qui recouvraient le sol tandis qu'il pénétrait dans la douche. Le contact de l'eau l'apaisa. Quand il éleva sa température pour la rendre chaude, brûlante même, ça le détendit. De ses lèvres légèrement entrouvertes s'échappèrent un léger soupir de bien être et il ferma les yeux pour mieux savourer la sensation, comparable à une douce caresse.

« Et bien, tu me remplace par un simple jet d'eau ? J'ai de quoi être vexé tu sais. »

Tu le sais très bien. Aurais-tu besoin que je te le répète encore et encore ? La sensation que tes mains sur mon corps provoquent en moi est inégalable. Voilà, je te l'ai dis, encore une fois. Mais, depuis quand t'inquiète-tu de ce genre de détails ? Serais-tu jaloux de ce simple jet d'eau ? Je ne te savais pas comment ça. Si ça peut te rassurer, ce n'est qu'une simple douche, ce n'est pas comme si j'étais désespéré à ce point.

Quelques gouttes d'eau éclaboussèrent le sol pendant que le jeune homme s'essuyait et se séchait. Il tendit la main vers un tabouret, là où il posait d'habitude ses habits, mais comme il n'était pas passé par sa chambre, il n'avait rien pris. Alors, il attache négligemment sa serviette bleue décorée de papillons dorés autour de sa taille et sortit de la pièce.

Un jour, comme ce ciel juste là, je veux me balancer avec toi, graduellement
Les mots sont plus susceptibles de retenir de tomber, je m'attends à te rencontrer un jour et quelque part
Sûrement, sûrement, vers toi dans la distance

Il enfila sa chemise, blanche, cousue dans un coton fin et léger, rendue à demi-transparente à cause de l'humidité de sa peau encore chaude et les gouttes d'eau qui perlaient de ses cheveux mouillés. Il ne prit pas la peine de la boutonner. C'était inutile. Son regard se promena sur la pièce, puis il leva et fit le tour de son habitation.

C'était un appartement spacieux. Bien qu'il n'était que peu meublé, il ne semblait pas vide pour autant, à cause du nombre impressionnant de couleur qui assaillaient l'œil, à cause des murs et de tous les tableaux qui y étaient accrochés. Il ne restait quasiment plus d'espace libre. Quant au plafond, des ciels y étaient peints. Le peintre l'aimait bien, cet endroit. Il s'y sentait bien et appréciait y être. De toute façon, il valait mieux vu qu'il habitait ici. Il n'avait pas été seul à choisir la décoration.

« Je te l'avais dis, non ? D'entre nous, c'est moi qui ai les meilleurs goûts. Je n'imagine même pas ce que ça aurait donné si c'était toi qui avait entièrement décoré. »

Je ne sais pas moi-même. Peut-être aurait-ce été plus beau, peut-être aurait-ce été moins beau. On ne peut pas vraiment savoir, alors arrête un peu de te moquer de moi s'il-te-plaît. Je n'ai pas vraiment envie d'entendre tes sarcasmes concernant ce que j'aime ou pas. Et puis, si tu avais si bon goût que ça, tu ne m'aurais pas choisi non ?

Ses pas l'avait ramené à son atelier. Contrairement au reste de l'habitation, une seule couleur y régnait. Tout dans cette pièce était d'une blancheur immaculée. Ce même blanc qu'il ne pouvait s'empêcher de colorer lorsqu'il en voyait. Cette pièce, c'était lui qui l'avait choisi ainsi, lorsqu'ils s'étaient installé. Il n'y avait jamais touché depuis et ne comptait pas le faire. Après quelques instants, il sortit de la pièce, avant d'être tenté de faire ce qu'il avait voulu faire moins d'une heure auparavant.

Les larmes qui débordent ont été réfléchi dans le temps qui s'écoule, par la gradation de la couleur de l'eau.
Aquarelles et splendeurs, l'harmonie arrangée qui reflue
« Pourquoi pleure-tu ? », la mélodie débordante
Mélange le ciel et la lumière, ils tissent et forment
le concerto qui est tien et mien

Le jeune homme déposa le reste de son repas, c'est-à-dire la canette qui contenait les ramens, dans la poubelle adéquat. Ensuite, il lava les baguettes, il essuya et les rangea dans un tiroir, avec toutes les autres. Ensuite, il se rendit une nouvelle fois dans son atelier, pour nettoyer et ranger ses outils qu'il avait laissé traîner sur le sol, tout en prenant le soin de ne pas regarder sa toile, de résister à la tentation. Il ne s'attarda pas dans la pièce plus que nécessaire et rejoignit le salon assez vite.

La grande baie vitrée laissait la vue sur un ciel grisâtre d'où perçaient quelques rayons blanchâtres. C'était peu engageant. Le genre de temps qui ne donnait pas envie de sortir. Le genre de temps qui forçait les gens à rester chez soi. L'artiste posa sa joue contre la vitre. Elle était froide. Ses doigts tracèrent des formes dessus, laissant une fine trace. Une goutte tomba de l'autre côté. À l'endroit même où se trouvait son index. Il souffla doucement sur le verre qui se teinta d'une fine couleur blanchâtre dans laquelle il s'empressa de dessiner.

« Serait-ce, par un immense hasard, moi que tu dessine ? Ne serais-tu pas un peu obsédé ? »

À ton avis ? Cela ne se voit pas peut-être pas assez ? Voudrais-tu que je le fasse plus grand ? Ne pose pas de questions auxquelles tu as déjà la réponse. Les questions rhétoriques, ça ne sert à rien. Tu sais très bien à quel point tu m'obsède, que je suis fou de toi. Je te le répète assez souvent. Alors tais-toi et observe.

Il termina le dessin, sourire figé sur les lèvres, avant de l'effacer d'un coup avec sa manche puis de reposer sa joue contre la vitre d'un air songeur. Son regard se perdit au loin, absorber par la ville encore en effervescence et les parapluies aux couleurs criardes qui remplaçaient les gens dans la rue. Ses doigts imitèrent le mouvement des gouttes qui s'écrasaient maintenant par centaine sur la vitre.

Les cordes claquent, de cette manière sans fin
La bulle de savon tremble et disparaît
Un jour, comme ce ciel juste là, je veux me balancer avec toi, graduellement

Le temps passait. Perdu dans un monde que lui seul voyait, l'artiste ne se rendait pas compte de ce qui pouvait bien se dérouler autour de lui. Il était totalement atteignable. Son corps était là, mais plus son esprit. Cela lui arrivait assez souvent, et généralement, cet état étrange de déconnexion de la réalité précédait la peinte d'une nouvelle œuvre.

Il se rendit comme un automate dans son atelier, faisant complètement abstraction de ce qui l'entourait. Son regard se posa sur l'espace blanc laissé sur la toile. Il lui semblait si voyant et surtout, discordant. En désaccord avec le reste du tableau, comme s'il le gâchait de par sa présence. Il fallait le colorer.

« Que fais-tu, pourquoi remplir ce blanc ? Alors qu'il n'y en a nul part ailleurs, tu voudrais le faire disparaître ? C'est un peu triste non ? Et puis, si tu l'efface, la seule couleur absente sera le blanc, ce serait dommage non ? Moi en tout cas, je l'aime comme ça ton tableau. Tu n'as pas besoin d'en faire plus. Cela gâcherait tout. »

Les mots sont plus susceptibles de retenir de tomber, je m'attends à te rencontrer un jour et quelque part
Sûrement, sûrement, vers toi dans la distance

Le peintre se retourna pour se retrouver dans les bras de l'autre. Il sourit et l'embrassa longuement. Ce fut l'autre qui rompit leur baiser, en écartant légèrement sa tête. Il la pencha légèrement pour regarder la toile une nouvelle fois. Ses lèvres s'étirèrent en un sourire.

« Tu devrais l'accrocher ici, pour mettre un peu de couleur.
- Si tu le dis »

Un silence s'installa. Il n'était pas gênant, c'était juste qu'ils n'avaient rien de vraiment intéressant à se dire, ou plutôt, ils n'avaient à dire, tout simplement. Sinon, ils l'auraient fais depuis longtemps. Un long moment s'écoula avant qu'il ne fut briser. Une douce voix retentit alors dans la pièce presque vide.

« Dis moi Nao, comment c'est passé cette journée ? Je ne t'ai pas trop manqué au moins ?
- Tu ne peux pas imaginer à quel point Saga... Personne ne pourrait. »

genre: slash, year: 2008, type: songfic, genre: romance, genre: character study, band: alice nine, words: 1000+, pairing: nao/saga, genre: ua, type: one-shot, language: français

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