[Original][AP] [chapitre 1] États d'âmes

Mar 03, 2012 06:52


États d'âmes

Chapitre Un

« Hier drin’ ist es voll von dir und leer »
[Ici l'espace est rempi de toi et vide à la fois]
Durch den Monsun - Tokio Hotel
Le réveil sonna, encore une fois. Encore une fois de trop. Il ouvrit ses yeux, lentement : il ne voulaient pas les perdre, laisser ses rêves s'enfuir. Il ne voulait pas la retrouver elle. Elle, la réalité, elle était trop dure pour lui. Trop vrai peut-être ? Elle pesait trop lourd sur ses frêles épaules. Trop grande pour le petit homme qu'il était. Elle l'écrasait de tout son poids comme la vie l'étouffait. La vie, il n'en voulait plus, la réalité non plus, mais malheureusement, la vie et la réalité, c'était comme le naturel, lorsqu'on les chassaient, elles revenaient au galop pour vous hanter. Il avait déjà essayé, plusieurs fois même, mais à chaque fois, quelque chose, quelqu'un et plus rarement lui-même l'empêchait de rejeter correctement la vie. Elle faisait chier celle-là ! Qu'elle le laisse en paix, qu'elle fasse comme l'espoir et la joie, qu'elle l'abandonne comme une vielle chaussette comme elle L'avait laisser crever, Elle. Si c'était pour Elle qu'il vivait autrefois, aujourd'hui c'était en parti pour Elle qu'il survivait. Les étoiles qui dansaient dans ses yeux s'étaient peu à peu ternies puis éteintes, comme le sourire sur son visage, comme Elle. Tout n'était plus que souvenir sauf cette mélancolie infinie qui habitait ses yeux vairons, clairs et limpides devenus troubles et sombres.

Une larme coula sur sa joue. Encore une fois, comme chaque matin lorsqu'il redécouvrait ce vide à ses côtés, là où Elle se trouvait avant. Comme le soir lorsqu'il s'endormait seul, bercé par la froid glacial de son absence. Il tourna la tête vers une photo, simplement encadrée par des bouts de bois noir, striés de lignes blanches. Ils l'avaient fait ensemble. L'image les montraient tous les deux, l'un dans les bras de l'autre, même yeux, même sourire aux lèvres, vestige d'un temps révolu. Il se leva avec difficulté. Ses pieds allant à l'encontre de sa fragile volonté, il s'étala dans un grand bruit sur le parquet qui tapissait le sol de sa chambre, aujourd'hui trop grande pour sa seule présence, tout comme le reste de la maison d'ailleurs. Il soupira, de dépit vraisemblablement, avant d'attraper ses vêtements sur une chaise et de pénétrer dans la salle-de-bains.

Il jeta un regard sur le rasoir, posé sur le bord du lavabo et vit des tâches de sang juste à côté. S'était-il enfoncer la lame dans le bras la veille au soir ou était-ce des restes de ses autres essais ? Il ne souvenait pas. La réponse s'imposa d'elle-même lorsqu'il remonta la manche de son pyjama : à plusieurs marques pâles qui formaient un sablier venait s'ajouter une marque rouge, beaucoup plus récente. Une tentavie de plus. Un échec de plus, ou une réussite de plus. Cela dépendait du point de vue. Après s'être déshabiller, il entra dans la douche et se détendit sous l'eau brûlante, fermant les yeux pour apprécier le contact de l'élément sur sa peau, et caressant les fines courbes de son corps, très féminin, lui rappelant Son corps à Elle, semblable au sien. Enfin, il sortit et regarda son visage à travers le reflet que le revoyait la glace. C'était un visage allongé aux traits fins avec au milieu un nez un brin retroussé, un peu plus bas, une bouche aux lèvres rosées, et plus haut, des yeux d'asiatiques vairons améthyste pour le droit et vert d'eau pour le rouge. Il sourit, comme à chaque fois, à ce visage qui ressemblait tant au Sien. Ses yeux s'arrêtèrent sur son épaule gauche, ornée d'un immense L entouré de grandes ailes de papillon puis revinrent sur son visage, encadré par des cheveux lisses bleu nuit aux racines, prenant une teinte dégradée pour devenir turquoise aux pointes. Derrière ses oreilles, ses cheveux avaient la couleur d'un saphir parsemé de traits de tanzanite et étaient en bataille. Deux mèches couleur de l'azurite plus longues que les autres descendaient jusqu'au bas de ses omoplates. Il s'habilla en vitesse, sans être pour autant pressé de devoir quitter son reflet qui Lui ressemblait tant. Ses vêtements se composaient d'une chemise blanche à manches longues, évasés au niveau des mains, dévoilant ses épaules et son tatouage par la même occasion. Des lanières de cuir resséraient la chemise trop grande pour lui. Le bas était un simple baggy noir strié de lignes arc-en-ciel. Il se pencha vers son reflet et prit un crayon noir pour trancer le contour de ses yeux, qu'il entoura ensuite d'un peu de bleu nuit. Le jeune homme seoua sa tignasse, fit des nattes aux mèches bleu nuit et y attacha des plumes noires et blanches. Il glisa ensuite des barettes colorées au-dessus de ses oreilles, écartant ainsi ses cheveux et dévoilant le papillon d'argent qui pendait à son oreille droite. Il s'écarta et s'observa longuement avant d'esquisser un petit sourire satisfait puis de quitter la pièce.

Il se rendit dans la cuisine et prit une brioche dorée dans un des placards presques vides, il faudrait songer à faire des courses. Il marcha ensuite jusqu'à l'entrée et empoigna son sac ; un eastpak noir, sur lequel il avait peint des lignes blanches pour former un papillon. Il avait cousu plusieurs logos sur le sac : d'abord celui de son groupe sur celui d'Eastpak, Lyrics, la même image que son tatouage, celui d'Alice Nine sur le rebord de la poche avant, et celui d'AnCafe, Gazette, D'espairsRay et miyavi sur les côtés. Sur les zips, étaient accrochés un porte-clé de Ritsuka de Loveless, un de Jack Skelligton et un de Roxas de Kingdom Heart II. Il se baissa pour enfiler ses chaussures : des converses. La gauche était noire, peinte de traits blancs qui formaient une aile de papillon. Juste au-dessus de la semelle était marqué Lyrics en blanc. Les lacets étaient blancs avec des perles noires et se terminaient par des plumes noires et blanches. La chaussure droite était une réplique de la gauche sauf que les couleurs étaient inversées. Attrapant son Ipod qui traînait sur une table basse, il mit les écouteurs dans ses oreilles et l'alluma, Forbidden de D'espairsRay avant de sortir dans la rue déserte à cette heure-ci.

Remarque : C'est malheureusement ce qu'on veut le plus oublier que l'on retient. Dans le même esprit, plus on fera de chose pour oublier quelque chose, plus on s'achanera à se le rappeler. Il faut donc vivre avec son passé car celui-ci ne s'effacera jamais.

words: 1000+, type: original, year: 2007, genre: character study, text: états d'âmes, language: français

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