Titre : La dernière valse
Personnages/Pairings : Sirius/Lily sur fond de James/Lily, Remus, Peter
Disclaimer : Tout à JKR, notre grande prêtresse à nous.
Rating : T
Nombre de mots : 10 x 100
Note 1 : Comme je suis d’humeur Sirius/Lily en ce moment, j'ai ressorti ce truc, qui attendait d'être publié depuis six mois (patient, le texte). Crossposté sur
hp_100_mots et
pairings_rares .
Note 2 : Veuillez pardonner l’utilisation excessive du verbe « savoir » (ça me fait penser à un épisode de Friends …)
La dernière valse
Il se lève. En douceur, pour ne pas la réveiller. En sortant du lit, il s’efforce de ne pas le faire craquer. Ce n’est pas un vieux lit, mais il est usé. Par leurs ébats, entre autres, songe-t-il, un sourire cynique que personne ne peut voir jouant sur ses lèvres rougies de leur nuit. Il contemple un instant la blancheur de sa peau. Tout dit sa beauté : son corps constellé de tâches de rousseur est voluptueux, charmant, désirable. Sa crinière rousse, éparse sur les draps froissés, semble une flamme - celle qui lui brûle le cœur, celle de sa tromperie.
***
La première fois, il ne pensait pas que cela serait aussi simple. Il pensait que l’étape séduction serait délicate, trop peut-être. Il avait espéré que cela le découragerait. Mais tout avait été si facile ! Elle s’était laissé faire, comme inconsciente du danger auquel elle s’exposait. Ignorant qu’il pouvait être si bas, si vil, elle avait ri, charmée. Et peu à peu, s’était abandonnée. A lui, à ses sourires joueurs - un peu trop larges, un peu trop cajoleurs, mais elle ne l’avait pas vu, avait choisi de l’ignorer. Elle était trop naïve, il était trop rompu à ce petit jeu.
***
La première fois qu’il l’avait embrassée, il s’était attendu à ce que ses lèvres aient un goût amer - celui d’une autre bouche, celui d’un frère. Mais le sucre déposé sur sa langue était délicieux. Il l’avait allongée, sur le lit innocent, et avait goûté, encore, plus, au fruit d’entre les fruits. Au plus défendu. Oh, elle ne s’était pas défendue. Bien au contraire. De leur passion traîtresse, de leur désir coupable, ils avaient souillé le tissu immaculé. Ce drap dont la pureté se faisait à chaque lavage moins éclatante - il remettait toujours le même. Et il demeurait leur seul témoin.
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D’un doigt expert, il dessine la ligne de son dos, la courbe de ses hanches. Sur chaque grain de beauté, il appuie, sur les tâches de son. « Je pense que les rousses sont une merveilleuse invention de Merlin », disait James.
Une petite tâche, une, deux. Cours, cours, petit doigt, le long de ces collines, dans ces vallées offertes. Cours, cours, venge-toi.
Une petite tâche, une, deux. « Lily a un grain de beauté dans la nuque. », disait James. Cours, cours, sous les boucles.
Une petite tâche, une, deux. « J’ai trop envie de l’embrasser. », disait James.
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Il voudrait qu’elle se réveille. Il voudrait qu’elle ouvre les yeux. Il aime tant cet instant, quand dans la brume de son sommeil, elle devine une silhouette, et sourit sans savoir. Mais elle cligne des paupières, pour voir son amant, et la tendresse un peu s’efface, allumant ses iris d’une lueur coupable. Il aime tant cet instant, quand ses rêves s’enfuient, et qu’elle revient à lui.
Il savoure ces secondes, pendant lesquelles elle croit savoir où elle est, avant de le reconnaître - il n’est pas lui, il est l’autre. Celui qui n’a pas le droit, et qui pourtant est là.
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Il n’a plus peur, maintenant. Cela a trop duré, cela fait trop longtemps. Il sait que James sait - il l’a vu dans ses regards fuyants, dans sa poignée de main trop dure, et il l’a entendu dans ses « Sirius » qui sonnent comme autant de glas à ses oreilles trop habituées aux doux « Padfoot ». James sait, chantonne dans son esprit une voix sans mélodie. James sait et elle ne l’a pas encore compris. Elle prend soin de n’être jamais surprise. James sait, voudrait-il parfois crier. Mais il se tait. Et intérieurement, il rit. Ce qu’il rit !
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Elle n’a pas compris, c’est tant pis. Il ne lui dit rien - comme il a hâte qu’elle devine enfin ! Qu’elle perçoive tous les détails de ce plan bien huilé, dont les rouages tordus ont fait ouvrir à Moony des yeux teintés d’effroi. Mais le loup-garou à la loyauté mal placée a cédé et s’est tu. James sait, et James sait que Sirius sait qu’il sait. James, tendre, droit, si franc James, croit que Sirius l’a dit à Lily. Mais Sirius se tait. Pour James, Lily n’a plus ni fierté ni dignité. Ce n’est pas vrai, mais Sirius se tait.
***
Même les regards de Peter se font méprisants, même Peter serre les poings devant ce qui peu à peu s’effrite. Et chacun d’eux sait que les autres sont au courant, mais ils continuent, pourtant. Ils dansent, dansent, chacun avec soin. Ils dansent, dansent, et se resserre le cercle. Ils dansent, selon le flou mouvement de ses mains, ils dansent, suivant le rythme qu’inspire Sirius. Et dansent ses mèches noires, et dansent ses prunelles folles. Encore, exige-t-il. Plus fort, promet-il.
Ils dansent, Lily au milieu d’eux. Lily ange tâché, faux et souillé, ils dansent.
Jusqu’à ce que se rompe le lien.
***
Il ne la désirait pas, il ne l’aimait pas. Dans son esprit, les pièces s’emboîtaient simplement : il l’entraînerait avec lui, elle lui céderait. Il l’observerait, dans son combat quotidien, dans son désir pour lui, et dans l’amertume coupable - délicieuse pour Sirius -, qui la dévorerait. Jusqu’à ce qu’elle se traîne aux pieds de James, implorant un pardon qu’elle n’obtiendrait pas.
Vengeance ! avait exigé son cœur blessé. Vengeance, lui avait-il accordé.
Elle avait emporté James, loin de lui, loin d’eux, dans un monde paisible et ensoleillé qui ne pouvait exister. Elle l’avait volé.
Il ne faisait que son devoir.
***
Finalement, de ce plan si bien ficelé, il ne reste guère que des esprits blessés. Meurtris, comme les erratiques battements de son cœur douloureux. Meurtris, comme ses doigts qui tapent en rythme contre les barreaux de fer. Meurtris, comme ses paupières qu’il sent lourdes ; son corps s’engourdit progressivement, le laissant glisser dans la délivrance.
Mais ses rêves n’ont pas la malice d’autrefois - l’innocence perdue a cédé sa place aux remords, à la haine. Il n’aurait pas pensé se sentir si coupable.
Trois petits mots de nouveau dansent, dans l’esprit éthéré d’un Sirius oublié :
« Ils sont morts. »
***