Tendu, Ron Wealsey avala un grand verre d’eau. Luna avait débarqué un peu plus tôt que prévu et, la gorge sèche, il n’arrivait plus à se souvenir des mots qu’il voulait employer pour faire sa demande. Il était prêt, il le savait. Seulement, il ne pouvait s’empêcher de penser que c’était après ce genre de déclaration qu’Hermione l’avait quitté et il ne voulait pas détruire sa relation avec sa nouvelle petite amie.
Silencieusement, il se répéta les grandes lignes de son discours et rassuré, décida de retourner dans le salon. Son invitée, qu’il avait laissée assise dans le canapé, parlait désormais toute seule en arpentant la pièce de gauche à droite. Habitué à ce genre de conversation avec des créatures plus ou moins imaginaires, Ron ne fit pas attention, attendant patiemment qu’elle revienne vers lui.
Il se laissa tomber sur le canapé, ferma les yeux un instant, espérant qu’elle ne s’en rende pas compte.
- Alors, qu’est-ce que tu en dis ?
Piégé.
- Je suis désolée, Luna Chérie, je n’écoutais pas, s’excusa-t-il avec son petit sourire coupable qui adoucissait à coup sûr les reproches de sa compagne.
- Je disais : un bouquet de fleurs jaunes dans le coin, une photo de nos amis sur la cheminée, et dans l’entrée, une grande lampe qui souhaite la bienvenue.
Pas de réprimandes, juste une énumération d’objet bizarres.
- De quoi est-ce que tu parles ?
- Des modifications que j’apporterais à la maison lorsque j’emménagerais avec toi !
Il savait très bien que Luna était formidablement intelligente et qu’elle était capable de deviner beaucoup de choses à partir de rien, mais là, il était vraiment surpris et un peu déçu : il n’avait pris sa décision que quelques heures plus tôt et il voulait vraiment faire la surprise à sa petite amie.
- Luna, comment est-ce que tu as su que j’allais te demander de venir emménager avec moi ?
- C’est les étoiles qui me l’ont dit !
- Luna … soupira Ron, mi agacé, mi septique.
- D’accord, d’accord.
Luna était venu s’asseoir en face de lui, sur la table basse. Sa précieuse et fragile table basse qu’il n’avait cette fois, pas la force de protéger de son invitée.
- Premièrement tu as mis ta chemise brodée, celle des grandes occasions. Deuxièmement, tu as fait du vide dans le placard de l’entrée, je l’ai vu quand tu y as rangé mon manteau. Troisièmement, tu as libéré deux étagères dans la bibliothèque du salon, bien qu’il m’en faudrait trois mais je m’arrangerais. Quatrièmement, Hermione me l’a dit tout à l’heure quand nous nous sommes croisées au pot de départ de Summers.
Ron n’avait pas mis au courant son ex-petite amie mais il avait confié ses doutes et ses envies à son meilleur ami. Il avait dû en parler à sa femme, qui en avait elle-même parlé à son amie. Il ne pouvait plus faire confiance à personne : ni à ses amis, ni à sa famille.
Un silence pesant s’installa. Ron était perdu dans ses pensées et Luna semblait attendre, mais il ne savait plus quoi lui dire. Tout son beau discours était fichu.
- Alors, tu me demandes ?
- Te demander quoi ?
- De venir habiter avec toi.
- Luna, ça ne sert à rien, tu es déjà au courant,
- Et alors ? c’est pas parce que nos amis ont tout gâché la surprise qu’il faut que tu te reposes sur eux pour fuir tes responsabilités. Je sais que c’est un grand pas pour toi de faire ça et je veux l’entendre de ta propre bouche.
Elle souriait et tout d’un coup, Ron n’en avait plus rien à faire que ses amis aient gâchés ce grand moment et que sa petite amie veuille faire des aménagements étranges à son salon. Elle était là, en face de lui, prête, comme lui, à faire des concessions pour que tout se passe bien. Il lui sourit en retour, parce qu’il était amoureux et que dans moins de quelques minutes, elle allait accepter de vivre avec lui.