[Fic] "L'enfant aux yeux vides"

Oct 04, 2010 13:49



Titre : L’enfant aux yeux vides
Auteur : terpine
Fandom : Hetalia
Personnages/Couples : OC!Europe, des nations membres de l’UE et de l’Europe en général
Rating : PG
Résumé : « L'Europe cherche, avec raison, à se donner une politique et une monnaie communes, mais elle a surtout besoin d'une âme. » - André Frossard
Note : Juste quatre ficlets (plus ou moins sérieux) ayant chacun pour thème une date ou un évènement de la construction européenne. ^^ Je ne sais pas encore si je vais continuer sur cette lancée et faire d’autres dates. Je suis tellement paresseuse.


1951 - Institution de la Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier (CECA)

La première fois qu’Allemagne (ou plutôt « République Fédérale d’Allemagne » songea Ludwig amèrement) posa les yeux sur la personnification de l’Europe, c’était lors de son voyage pour retourner à Berlin, le 18 avril 1951. Il venait tout juste de signer à Paris le traité instituant la Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier avec Italie, France et la fratrie du Benelux. La conférence s’était déroulée dans une atmosphère pour le moins étrange, où se mêlaient envie de repartir à zéro, nécessité d’une paix à tout prix et rancune viscérale. Pour Allemagne (non, se répéta-t-il, « République Fédérale d’Allemagne ». Gilbert était toujours de l‘autre côté.), il semblait que cette conférence avait laissé un goût doux-amer dans la bouche des nations. (Toutefois, cet homme, Schuman, avait su se montrer convaincant.)

Alors que la délégation allemande se reposait aux environs de la frontière, Ludwig, en errant dans les environs, était tombé nez à nez avec la personnification de l’Europe. Cette dernière avait surgi des hautes herbes comme un diable, avait attrapé un bout de la veste d’Allemagne avec son petit poing noueux et avait refusé obstinément de lâcher prise.

Lorsque Allemagne baissa les yeux, il vit un enfant squelettique, couvert d’ecchymoses, de saletés et de sang.

Ce que Ludwig retint le plus de cette rencontre surnaturelle, ce fut les yeux d’Europe : des yeux vides, sans âme, d’où s’écoulait pourtant un flot continu de larmes.


1954 - Echec de la Communauté Européenne de Défense

Le corps d’Europe n’était plus couvert de sang et les hématomes commençaient à se résorber tout doucement. Néanmoins, l’enfant était toujours aussi pâle et décharné.

La vision de cet enfant aux yeux vides rendait France perplexe, partagé entre pitié et dégoût. Le pays tout entier était divisé. Il était hors de question de réarmer l’Allemagne (le spectre de Vichy hantait toujours les nuits de France) ou d’avoir une armée dépendante des Etats-Unis (l’égo d’Amérique était suffisamment énorme comme cela). Néanmoins, l’ombre de l’Union Soviétique planait sur l’Europe et Amérique n’était plus là pour faire barrage, parti botter des fesses et jouer le héros en Asie. Une présence militaire, européenne ou non, était nécessaire pour endiguer le communisme.

Après des années à tourner autour du pot, Pierre Mendès-France avait osé ressortir le dossier houleux de la CED et l’Assemblée Nationale refusa la ratification du traité. On parla du « crime du 30 août » qui enterra définitivement la CED, et l’avenir politique de l’Europe par la même occasion.

Europe aurait dardé un regard blessé et trahi à France (une des nations à l’origine même de son existence !) s’il n’était pas aussi vide à l’intérieur. France s’agenouilla devant Europe et lui murmura des mots d’excuses et d’encouragement à l’oreille malgré la culpabilité qui lui serrait la gorge.


1957 - La Communauté Economique Européenne (Traité de Rome)

Europe grandit. Son visage était toujours inexpressif, ses gestes toujours ceux d’un automate mais son corps, lui, a évolué. Europe n’est plus le gamin décharné au lendemain de la guerre. Les institutions européennes amenées par le traité de Rome ont permis une belle poussée de croissance même si les mentalités souverainistes des populations empêche toujours l’Europe d’avoir une âme.

Au moins maintenant, il était plus grand que Sealand. C’était déjà ça.


1973 - Entrée de l’Irlande, du Royaume-Uni et du Danemark dans la CEE

« Que les choses soient claires, France », gronda Ludwig avec un air menaçant, les mains sur les hanches. « Tu poses encore une fois un véto contre le Royaume-Uni, ça va très mal se passer entre nous. »

Francis fit la moue. Derrière le dos de Ludwig, Angleterre afficha son meilleur rictus plein d’arrogance, Ecosse lui fit un bras d‘honneur et Pays de Galles avait un sourire trop grand pour être honnête. Les yeux de France s’étrécirent et dardèrent un regard mauvais sur les nations britanniques qui ricanèrent de plus belle. Francis se pencha et murmura à l’oreille de Ludwig avec un air de conspirateur :

« Mais avoue que c’était hilarant ! Tu as vu leur tête à chaque fois qu’on leur a dit non ?! »
« Que tu leur a dit non… », corrigea Allemagne.

France ne releva pas la remarque.

« Pour Irlande et Danemark c’est okay. Mais ces trois là ! », siffla France en désignant Angleterre, Ecosse et Pays de Galle. « Ils sont pas nets. Je suis sûr qu‘ils nous espionnent pour le compte d‘Amérique ! »

Au final, les nerfs de Ludwig lâchèrent et la nation frappa l’arrière du crâne de France avec le dossier concernant l’entrée du Royaume-Uni dans la CEE.

« Arrête de dire des bêtises et va chercher Europe pour faire les présentations."

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