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[repost] FMA - Fury, Denny, anonymes - PG-13 | Seul sous le soleil

Feb 04, 2010 21:25

Titre : Seul sous le soleil
Auteur : ylg
Base : FullMetal Alchemist
Personnages : Cain Fury, Denny Brosch, de jeunes soldats anonymes
Genre : action/drame/tragédie
Gradation : PG-13 / T
Disclaimer : propriété d'Arakawa Hiromu, Square Enix, Studio Bones ; je ne cherche pas à me faire de sous avec.

Continuité : AU/What-If sur la guerre d’Ishval 
Notes : mix 1er anime comme point de départ (ce qui n’est pas arrivé dans l'épisode 15)/manga pour l'ambiance (ce qui aurait pu arriver dans le tome 15 avec d'autres persos)
Avertissement : très moche

Thème #20, «  mort seul au monde » pour 30morts
Nombre de mots : 2000 et des poussières

***
Les choses piétinaient. Les stratèges, malgré le temps passé, semblaient incapables de résoudre le conflit. Sans se trouver entièrement décimées, les troupes fatiguaient sous les assauts constants. Les effectifs s’épuisaient.
Devant le refus à frapper un grand coup, jugé trop hasardeux, l’armée se trouvait obligée de jouer sur la durée.
Malgré les pertes. Compenser devenait de plus en plus dur, d’où l’enrôlement progressif des cadets.
Dans cet avant-poste, un contingent de jeunes recrues venait d’être affecté pour tenter de pallier aux pertes récentes. Mais, les troupes fraîches, encore toutes jeunes, étaient quasi inexpérimentées. Et ce renfort arrivait bien tard.

Les gradés en charge décidèrent de les redistribuer sur le front. Ça voulait dire un nouveau transport de troupes à travers une plage de désert. Justement, un de leurs avant-postes maintenait un silence inquiétant depuis la veille.
Ça se fit dans l’urgence, malgré les conditions défavorables. Ils se croyaient pourtant prêts à toutes les éventualités ; les recrues avaient reçus l’entraînement minimal nécessaire et étaient correctement briefées, en cas de problème, une embuscade sur le trajet, une attaque de l’avant-poste, elles improviseraient. Il le faudrait bien.

Mais, c’était compter sans une nouvelle dégradation de la situation. Comme une tempête de sable, heureusement pas assez violente pour les stopper… mais suffisante pour les perdre. La piste effacée, l’adjudant se fia à la boussole. Et fit une erreur, sans doute, la topologie ayant changé. Une dune friable s’effondra sous leurs roues. À la dévaler ainsi en tonneaux, la pente semblait infiniment plus longue et plus dure que vue d’en haut.
Le camion était foutu. Et l’adjudant, mort sur le coup. Le pilote, gravement blessé, expira quelques minutes plus tard, laissant une poignée de jeunes soldats, à peine sortis de l’enfance, seuls face à eux-mêmes au milieu de nulle part.
Avec encore quelques fractures, quelques coupures plus ou moins graves, quelques ecchymoses sans doute sans gravité, mais qui sait, peut-être aussi des traumas internes ? et aucun moyen de contacter ni la base dont ils étaient partis, ni le campement où on les envoyait. Mais le risque, peut-être, d’être repérés par des rebelles…
Le choc passé, les blessures pansées comme ils pouvaient, ce constat fait… l’un d’eux se mit à paniquer. Il hurla et s’enfuit au hasard, affolé. Une détonation l’arrêta ; touché aux reins, il s’effondra en gémissant.

Les regards stupéfaits se tournèrent vers un gars presque aussi paniqué, son arme fumante dans sa main tremblante.
« Il… il désertait…
- T’es cinglé !
- N-non, il… il voulait s’enfuir… »
Un autre le ceintura et le désarma sans qu’il tente de résister, effrayé par son propre geste.
« Du calme. Personne ne cherche à s’enfuir nulle part.
- Nulle part ! ben tiens ! On n’a nulle part où aller, on est coincé là ! On va tous crever !
- Non !
- Du calme, on a dit. Il y a forcément une solution. On va trouver…
- On est des hommes, oui ou non ?
- Toi déjà, tu bouges plus. »

Le type qui avait tiré s’était mis à trembler de tous ses membres. N’eusse été son camarade qui le tenait toujours, il se serrait effondré. Quand il desserra sa prise, il se laissa tomber assis, serra ses genoux contre son torse, tête baissée, et ne bougea plus, pétrifié.
« On… on va décider, calmement, de ce qu’il faut faire. »

Dans le regard des autres, le grand type brun qui tentait d’unifier le reste de la petite troupe était déjà promu chef par défaut. Tous comptaient sur lui.
« On est… »
Il embrassa du regard les quelques uniformes bleus tout neufs et déjà tous maculés de poussière, et pour certains aussi de sang.
« On va dire qu’on reste six, » compta-t-il, ignorant celui qui avait pété les plombs.
Puis il se tourna vers ceux restés hors du petit cercle.
« Cinq, intervint un type à demi couché. J’peux plus bouger. »
Une large entaille à la cuisse l’immobilisait - et continuait à saigner, malgré un pansement de fortune.
« Ton nom ?
- Denny. Denny Brosch.
- Bon. D’autres comme ça ? autant le dire tout de suite. »
Tous ceux ayant pris part au premier échange secouèrent la tête. Denny intervint, désignant son voisin :
« Lui, là, il ne réagit plus… depuis tout à l’heure, complètement prostré.
- Quelqu’un le connaît ? »
Nouvelle dénégation générale.
« Bower, je crois ? ou Barnes ? tenta finalement l’un d’eux. Sans réaction de la part de l’intéressé.
- Qu’est-ce qu’il a ?
- ‘Sais pas. Sans doute le choc. Ch’uis pas médecin. »
De fait, les blessures reçues dans l’accident, personne ne pouvait juger pour sûr leur gravité.
Le grand type prit une inspiration. La décision à prendre ne lui plaisait pas. Mais il fallait que quelqu’un prenne les choses en main.
« Donc, on est cinq, plus un blessé. Plus un poids mort. »
À ces mots, Brosch serra les dents, s’associant malgré lui au deuxième autant qu’au premier.
« On a une carte, une boussole, une route à suivre. De l’eau et des rations pour une journée. Aucun moyen de communication ni de transport.
- On est à peu près aux deux tiers du chemin. Et le trajet suit un cap franc, pas comme si on avait des tas de détours à faire. Le plus dangereux, on l’a passé tout à l’heure avec ce canyon, précisa un petit binoclard.
- Oui, c’est ce que j’ai retenu.
- Il faut donc qu’on rejoigne notre destination par nous-mêmes, lança-t-il avec espoir.
- Oui.
- Mais on ne peut pas, intervint un autre. Pas avec les blessés, on n’arrivera pas à les transporter sur une telle distance, et dans ces conditions.
- Hors de question de les abandonner, » décréta le meneur.

S’il pensait peut-être qu’objectivement, mieux vaudrait pourtant le faire, il était incapable de le proposer. Pas dès sa première mission, pas avec des recrues aussi inexpérimentées que lui et qui ne sauraient pas non plus l’accepter.
« On va tous crever ici, » gémit encore celui qui, un peu plus tôt, avait pété les plombs.
Tous préférèrent l’ignorer. Ça n’était définitivement un train de pensée qu’ils voulaient suivre.
« Il suffit d’envoyer quelqu’un en avant au poste, ils nous enverront du secours.
- C’était nous qui devions les secourir.
- On n’en sait rien, ça n’était peut-être qu’un problème de panne matérielle, fit le petit binoclard.
- Et qu’est-ce que tu en sais ? »
L’adjudant lui avait dit. Apparemment, il était le seul à avoir pensé à cette éventualité et avait demandé. Les autres n’y avaient pas prêté attention, et ça n’avait pas été crié sur tous les toits : mieux valait s’attendre au pire pour découvrir pas grand’ chose de grave, que l’inverse.

« Et quand bien même, il pourrait encore rester des jeeps ou des camions sur place, non ?
- Autant espérer que l’avant-poste contacte la base arrière pour signaler qu’on n’est pas arrivé.
- S’ils sont morts, on a mille fois le temps de cuire aussi !
- Non !
- Silence !
- Du calme, les gars, ne commencez pas là-dessus. On va s’en sortir. Je propose d’envoyer un messager à l’avant. Il y a quatre ou cinq heures de marche ; c’est faisable avant la nuit. Avertir, ramener un transport pour les autres. »

Chacun se tut, essayant d’évaluer leurs chances. Que faire ? que tenter ? Il fallait bien prendre une décision…

Il suffisait de continuer tout droit, sous le soleil. Celui qu’on envoyait finirait forcément par rencontrer la bande rocheuse où s’était établi le campement B-142, auquel on les avait affectés. Pendant qu’au creux d’une dune, gisaient trois cadavres, un blessé sérieux et… un cas mental, entourés par cinq cadets dépassés par cette situation.

*
Cain marchait depuis deux heures peut-être, pensait-il. Il faisait une chaleur accablante, et le sable sous ses pieds semblaient peser des tonnes, se faire mou et engluer ses bottes. Sous son uniforme, il était en sueur. Ses yeux le brûlaient, ses jambes étaient de plomb.
Ses guêtres empêchaient le sable de pénétrer dans ses bottes, mais rien ne permettait de lutter contre la chaleur. Il cuisait sous son uniforme et chaque pas faisait remonter douleur et chaleur brûlante le long de ses jambes, les propageant à tout son corps.
Une salive épaisse, trop pour qu’il puisse la cracher, lui engluait la bouche. Le pire était la soif : malgré les quelques gorgées qu’il s’accordait de loin en loin, quand vraiment ça devenait insupportable, sa bouche était aussi sèche que ce foutu sable, sa langue lui faisait l’effet d’avoir doublé de volume. À chaque inspiration, c’était comme s’il avalait le sable du désert chauffé à blanc ; toute sa gorge lui cuisait.

Mais il fallait qu’il tienne. Il fallait qu’il rallie cet avant-poste - cette petite base qui ne répondait plus, qui devait avoir besoin de renforts, et en même temps le seul moyen d’obtenir de l’aide pour lui comme pour les compagnons qu’il avait dû laisser derrière. Leur vie en dépendait. Ils lui faisaient confiance, il était leur seul espoir.
S’il n’atteignait pas ce camp, si jamais il n’arrivait pas à temps, il les retrouverait morts, morts de soif perdus au milieu de ce désert. Morts de leurs blessures pour certains, peut-être.
Il fallait qu’il se dépêche. Il devait le faire.
Ce qui aurait été l’affaire d’une demi-heure encore en jeep lui prendrait trois bonnes heures, quatre peut-être, mais il marchait bien, il savait dans quelle direction marcher. Ses pieds avançaient seuls.

Et pendant qu’il marchait seul dans cette immensité de sable, son cerveau lui aussi vagabondait, lui disant que ses camarades aussi devaient avoir soif, dans cette fournaise. S’il ne faisait pas vite, le temps de ramener du secours, il les retrouverait morts de soif. Ou vidés de leu sang pour certains. Il fallait absolument qu’il se concentre sur cette mission, pour eux. Ne pas se laisser distraire, ne pas penser que peut-être, l’accident était une embuscade et que des rebelles attendaient derrière une dune voisine pour leur tomber dessus, et qu’il les retrouverait égorgés. Non, c’était impossible, se raisonna-t-il. Comme il était impossible que l’avant-poste sur lequel il mettait le cap ait été décimé ; il fallait que ça ne soit qu’une panne matérielle qui les ait coupé du reste des troupes. Il avait confiance dans l’armée de son pays, leurs chefs savaient ce qu’ils faisaient et leurs soldats étaient vaillants. Ils ne pouvaient pas être battus.
Mais, et parmi ses camarades, celui qui avait eu cet accès de violence, pouvait-on avoir confiance en lui ? s’il recommençait ? s’il s’entretuait avec ses compagnons ?
Et ce traître de désert, dans lequel rien ne devrait pouvoir vivre mais qui abritait pourtant des bêtes infernales, des fauves qui viendraient les dévorer, ou des bestioles sournoises, serpents ou scorpions au venin mortel ?
Si, le temps de revenir, il n’y avait plus personne à sauver ? s’il ne les retrouvait pas ? Et s’il ne trouvait même pas la base ?
Un accès de panique le gagna : il était certain d’avoir fait attention au cap à maintenir. Mais une erreur, une imprécision de quelques degrés à peine suffirait à le perdre. Il voyait la chaîne rocheuse dans le lointain, mais s’il déviait et manquait l’ouverture du défilé menant à la base, s’il ne rencontrait qu’une falaise infranchissable ?

À chaque pas, une nouvelle inquiétude. Au pas suivant, dans un sursaut de raison, il refusait d’y céder, chassait ses idées morbides et cherchait en lui-même un surcroît de détermination. De loin en loin, une gorgée d’eau parcimonieuse venait un instant laver sa peur. Puis il devait constater le niveau qui baissait, baissait, dans sa gourde, et se persuader qu’il tiendrait jusqu’au bout, même si la fin du voyage devait devenir de plus en plus difficiles.

Ses jambes avançaient d’elles-mêmes. S’il a eu peur, à un moment, de ne plus être capable de mettre un pied devant l’autre, il ne s’en faisait plus pour ça maintenant ; son corps semblait passé en mode automatique, et c’est s’il avait voulu s’arrêter qu’il n’aurait pu. Chaque pas était pénible, oui, l’allonge de chaque enjambée avait diminué, ses mouvements s’étaient fait sourdement douloureux, mais il continuait malgré tout.
D’ailleurs, il savait au fond de lui que s’il s’arrêtait, il était fini. Sous ce soleil, il ne pouvait pas prendre le risque de s’immobiliser : ça serait pour ne plus jamais repartir.

perso: fma - fury, perso: fma - anonymes, rating: pg-13, fandom: fullmetal alchemist, fandom: fma - 1st anime, pairing: aucun, perso: fma - denny, type: fanfic

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