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[repost] FMA - Farman, Fury - PG-13 | Phase terminale

Nov 11, 2009 13:06

Titre : Phase terminale
Auteur : ylg
Base : FullMetal Alchemist, plutôt 1er anime
Personnages : Watteau Farman, Cain Fury
Genre : tragique
Gradation : PG-13 / T
Disclaimer : propriété d'Arakawa Hiromu, Square Enix, studio Bones ; je ne cherche pas à me faire de sous avec.

Thèmes #10, "mort à cause d’un animal" pour 30morts et " palliatif" pour 31_jours (4 septembre 2006)
Avertissement : très moche
Nombre de mots : 1600 et des poussières

***
Hôpital Central, service des maladies infectieuses. L’adjudant Watteau Farman n’y allait pas de bon cœur mais plutôt par devoir. Il ne serait pas allé jusqu’à dire que c’était une corvée, mais ça le mettait sûrement mal à l’aise à chaque fois.

Oh, bien sûr, il aimait ce gamin. Si on venait à l’accuser de ce terme ridicule de ‘fraternisation’, il devrait sans doute plaider coupable : il le considérait vraiment comme un petit frère. (Mais ça n’allait pas plus loin ; ce que cachait vraiment ce mot hypocrite, il ne l’éprouvait pas.)
Seulement, il ne supportait pas l’idée de le voir ainsi malade et affaibli, diminué, ayant autant besoin d’aide, et pire encore, de son aide. Pire de pire, essayer de comprendre qu’il était mourant, que d’ici la fin de la semaine, tout serait fini, et se surprendre parfois à attendre ce moment.
Ça semblait inconcevable. Il avait à peine plus de vingt ans. Il n’y avait pas si longtemps, il était encore plein de vie. Ça semblait être juste une petite grippe, au début. Puis une mauvaise grippe. Puis….
Enfin, maintenant, les médecins le disaient condamné. Il allait mourir, bientôt, et ils ne pouvaient rien y faire. rien de rien.

Il s’en était étonné, incrédule, puis s’était emporté en vain contre cette médecine qui n’était hélas pas toute-puissante. La rage restait une maladie incurable, et tout ce qu’ils pouvaient faire, c’était le bourrer de calmants, essayer de le soulager autant que possible, de diminuer les symptômes -sans pouvoir les traiter- et la douleur, qu’il se sente le moins mal possible. En attendant la fin.

Tout ce qu’ils pouvaient faire, c’était suivre un vague traitement de confort, en attendant.
En attendant que peut-être, ses parents viennent le voir - en quittant leur coin perdu au fin fond du pays maintenant, ils pouvaient encore faire le voyage et être là pour le voir mourir. Si tant était qu’ils acceptent de venir - Fury, amer, avait dit que son père n’avait jamais vraiment accepté qu’il s’engage dans l’armée, et que depuis ce jour, ils étaient en froid. Pas fâchés à mort, mais distanciés, perdus de vue.
Ç’aurait dû être l’occasion ou jamais de reprendre contact, avait avancé Farman, mal à l’aise, ignorant à ce moment si oui ou non on lui avait déjà annoncé la gravité de son état, si les médecins avaient été honnêtes ou continuaient encore à lui mentir, faisant semblant de garder espoir. En attendant.
‘On’ lui avait répété que Fury père, au téléphone, avait refusé d’admettre ce qu’on lui disait sur son fils :
« Ne dites pas de conneries. Cain sait reconnaître un chien enragé. Il ne se serait jamais laissé mordre. »

Mais justement, ce chien n’avait rien pour leur mettre la puce à l’oreille, sur le moment.
C’était un peu plus d’un mois auparavant. Fury avait ramené un nouveau chiot au bureau. Une petite bête craintive et tremblante - de froid sans doute, de faim aussi peut-être, mais pas spécialement malade. Mais avant qu’il ait pu ne serait-ce que commencer à lui chercher un maître, le lieutenant Hawkeye avait remarqué le mouchoir noué à sa main, le sang qui le tachait.

« C’est quoi, ça ?
- Oh, euh, rien, rien du tout !
- Une morsure ? »
Sans attendre de réponse, elle avait dégainé et abattu le chiot. Sans appel.
Fury s’était décomposé sous leurs yeux, avait essayé de parler, sans arriver à articuler le moindre mot, visiblement choqué.
« Je ne veux pas d’excuses. Quelle que soit la raison, un chien ne doit pas mordre son maître. À plus forte raison dans l’armée. »
Fury avait craqué, était parti se réfugier aux toilettes, cacher ses pleurs. Hawkeye l’avait chargé lui, Farman, de se débarrasser du corps. Le cadavre avait fini incinéré avec les déchets du jour, ne laissant rien à examiner quand, quelques semaines plus tard, Fury était tombé malade.

Il pouvait encore attendre, attendre que Riza Hawkeye surmonte le sentiment d’horreur de se sentir quelque part coupable, responsable de tout cela.
Ou que Havoc réalise vraiment ce qui se passait. Le sous-lieutenant s’était fendu d’une mauvaise plaisanterie qui lui restait encore en travers de la gorge, même après plusieurs jours.

« Vous allez encore voir Fury à l’hosto ? he ben, c’est plus de l’amour, c’est de la rage ! »

Il y eut un moment de silence lourd, avant que Farman ne rétorque, d’une voix froide, aussi calme que possible, mais pleine de colère contenue ;
« Sauf le respect que je vous dois, Lieutenant, je trouve vos paroles complètement hors de propos. Il n’y a strictement rien de déplacé entre ce garçon et moi. Et il est en train de mourir de la rage. »

Havoc en avait laissé échapper sa cigarette d’étonnement.
« Comment ça, en train de … ?
- Comme dans ‘atteint d’une maladie incurable et à qui il ne reste que quelques jours à vivre’. Est-ce assez clair, comme ça ? ».

Depuis, le grand blond n’avait pas encore trouvé le courage d’aller lui rendre à son tour visite. Breda encore moins, qui avait dû se faire violence pour ne rien laisser échapper sur les chiens et leur dangerosité, mais n’en pensait sans doute pas moins.
Quant à Black Hayate, pourtant en excellente santé et avec tous ses vaccins à jour, il s’était vu mis en quarantaine et surveillé de près. Juste au cas où.
Fury avait tenté de plaisanter : « Je ne vais pas le mordre, vous savez… » mais, quoi qu’il ait vraiment voulu pouvoir lui dire au-revoir, les animaux n’étaient de toute façon pas admis dans les hôpitaux.
Pour ça, il aurait beau espérer de toutes les maigres forces qui lui restaient, rien n’y ferait.

Il ne pouvait plus qu’attendre en silence que peu à peu, son cerveau se laisse ronger par le virus.
Face aux regards interrogateurs de ses hommes, Mustang avait dû reconnaître, défait, que personne n’y pouvait rien, que si la médecine n’avait pas de solution, l’alchimie non plus ; transmuter des virus logés dans la matière vivante pour les rendre inoffensifs, c’était simplement impossible.
Le virus continuerait à le ronger, jusqu’au bout. Ils ne pouvaient qu’attendre et regarder son état se dégrader de plus en plus.

Il avait tellement de mal à bouger, ça faisait longtemps qu’il ne pouvait plus marcher, parler était rapidement devenu impossible.
Il avait tout de même réussi à demander qu’on ne l’abrutisse pas complètement de calmants et d’anti-douleur. Il ne voulait pas perdre le peu de temps qu’il lui restait. Peu importait que les larmes lui obscurcissent la vue, il avait fait de son mieux pour écrire tout ce qui lui tenait encore à cœur, malgré sa main qui lui obéissait de moins en moins. À la fin, il griffonna ses dernières lettres en morse, incapable de tracer le moindre caractère reconnaissable, jusqu’à ce que les traits et les points lui échappent également.

Farman n’oublierait sans doute jamais le regard qu’il lui avait alors lancé, une véritable supplique.
« Oui, je connais le morse, je les retranscrirai et je les transmettrai. Promis. »
Une ombre de soulagement passa sur le visage émacié, mais ça n’était pas encore tout.
Il se força à ajouter : « Et je reste là. Ne t’inquiète pas. » tout en priant intérieurement pour ne pas avoir vraiment à lui tenir la main jusqu’au bout, ne pas avoir à le regarder expirer. Ça, il ne s’en sentait définitivement pas capable.

Avant même le moment où les larmes et la salive se mirent à couler presque en continu, où Fury ne put plus en supporter le contact dégoulinant sur sa peau, les médecins hésitaient à augmenter encore les doses, arguant que ça raccourcirait encore sa faible espérance de vie.
« Mais enfin, pour quoi ? pour qu’il tienne encore quelques heures, peut-être un ou deux jours de plus ? qu’est-ce que ça changerait, vraiment ? et dans quel état, surtout ? dans des douleurs insupportables, ou bien plongé dans le coma par toutes ces drogues ? franchement, à quoi ça sert de s’escrimer à prolonger un peu sa v-, non, son agonie ? »
Ça laisserait à sa mère le temps d’arriver, paraît-il. Elle était en route, elle devait venir. Que ce soit vraiment nécessaire qu’elle voit son enfant dans cette phase terminale, ça dépassait Farman, mais il se garda d’en faire part à ces médecins persuadés de savoir mieux que tout le monde ce qui était le mieux à faire. Peut-être avaient-ils raison, peut-être pas, mais il n’osait plus en discuter.

Le bonhomme en blouse blanche quitta la pièce en griffonnant quelque chose d’illisible sur ses fiches de prescription, d’un air presque indifférent, lui rappelant au passage que l’heure des visites était presque terminée.
L’infirmière qui restait là pour le nursing eut, elle, un regard qu’il ne sut déchiffrer, se refusant à voir un encouragement à dépasser cette heure et rester là encore et encore, passer la nuit auprès de Fury et tenter de le réconforter un peu - est-ce qu’il le reconnaissait seulement encore, se demandait-il, son monde n’était-il pas déjà bouffé par les hallucinations et obscurci par les drogues qu’on lui administrait pour lutter contre la souffrance ?

Il en était bien incapable. Que faire, quoi dire ; simplement rester là et être une main tendue en essayant de ne pas se sentir obscène à contempler cette agonie ? impossible. Il prit presque la fuite, se pliant complaisamment à l’autorité muette du règlement hospitalier.

Dans le couloir, il s’adossa au premier mur qu’il trouva une fois le coin tourné, la chambre hors de vue. Il se passa lentement une main sur les yeux, essayant de comprendre ses propres pensées. Il se trouvait incapable de les accepter. Fury était encore presque un enfant, il aurait dû vivre encore des années (si tant est qu’aucune stupide guerre ne lui barrât la route), et bon dieu, il aimait ce gamin. Alors pourquoi, pourquoi se prenait-il à souhaiter que tout cela se finisse au plus vite ?

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