Titre : Couleur sable
Auteur :
ylgBase : Tsubasa RESERVoir CHRoNiCLE
Personnages/Couple : Kurogane/Fye D. Flowright
Genre : general/vaguement poétique/un peu couplesque
Gradation : PG / K+
Disclaimer : propriété des CLAMP, je ne cherche pas à me faire de sous avec.
Prompt : la couleur des cheveux de mon porte-clé Fye, qui au lieu d’être blond pâle sont d’une teinte de châtain très clair bizarre. Mais l’un comme l’autre se valent, pour la comparaison à faire ici.
Notes : oui, je sais que la signification héraldique médiévale "noir" pour le mot "sable" n'est sans doute valable qu'en français, mais on peut toujours tricher en disant que dans le multivers fictionnel, avec un peu de chance, on pourrait avoir la même homonymie dans un autre monde et à une autre époque ?
Continuité/Spoil éventuel : pays de Yama (on va dire tome 9)
Nombre de mots : 450
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Les grands samurai, dit-on, sont rompus aux arts de l’épée, aux arts de l’arc, et aussi des mots, de la musique, de la calligraphie ; Kurogane, lui, est un ninja et ne connaît que l’art de tuer. L’art de créer la beauté ou de célébrer celle qui existe déjà, il l’ignore. Et s’en moque éperdument. Le lyrisme, honnêtement, il s’en fout.
Mais certains jours, il se demande si ce stupide magicien ne déteindrait pas sur lui…
Si la pluie s’en venait à laver le sable et le faire couler sur lui ?
Couleur sable. Un peu de gris, un peu de lumière, sur un fond presque blanc, ocre clair. Semblable à des cendres, peut-être.
Une couleur évoquant les bords de mer, le grand calme face à l’océan tantôt tranquille, tantôt furieux. Une couleur associée au bleu du ciel, comme ses grands yeux, parfois voilé de gris les jours sans soleil.
C’est là que quelque chose ne va pas dans ce tableau :
Couleur sable, c’est le nom que l’on donne, dans la langue ancienne, aux zones noires des blasons. Noir d’encre, noir de nuit, absence de couleur.
Depuis qu’ils ont débarqué dans ce pays, leurs yeux ont viré au noir charbon.
Voilé le ciel, voilée la mer, nuit noire depuis des jours, des semaines, des mois.
Le soleil de son sourire est toujours là, mais maintenant qu’il ne comprend plus ses paroles, son chant ressemble aux pleurs du vent.
Ça le met mal à l’aise, de voir Fye réduit au silence, contraint de se reposer sur lui pour se faire comprendre des autres, sans pouvoir recourir aux mots. Il dépend de lui, comme un bébé ou un petit animal, et Kurogane se prend à écouter ses paroles qu’il ne comprend plus, comme il écouterait le babil d’un petit enfant ou d’un oiseau chanteur. Alors, il le regarde. Il tente de déchiffrer son sourire, échoue souvent, se raccroche à son regard.
Et alors, il se dit que ces yeux noirs où il ne peut plus rien lire, où on ne voit plus la vie, se marient bien mal à la chevelure sable clair…
Sable d’ailleurs, il se prend à se demander de quel genre ; le sable des plages de rêve où il est si fin et coule entre les doigts comme de l’eau, comme un voile de soie, sans qu’on puisse le retenir… ou sable des plages de la vie, petits grains qui s’accrochent à la peau, y laissant un goût de sel ?
Il ne saura pas, bien sûr : pourquoi irait-il passer la main dans les cheveux de Fye ?
Et non, ça ne lui laisserait pas un goût de larmes sur le bout des doigts, bien sûr…