Titre : L’angoisse des pages du livre
Auteur :
ylgBase : FullMetal Alchemist, 1er anime
Personnages/Couple : Winry Rockbell, Scieszka (et des bouquins)
Genre : gen
Gradation : PG / K+
Disclaimer : propriété d'Arakawa Hiromu, de Square Enix et du studio Bones, je ne cherche pas à me faire de sous avec.
Thèmes : "
marque-page" et un peu "angst" pour
31_jours (17 août 06)
Nombre de mots : 700 et des poussières
***
Winry glissa machinalement l’étiquette d’un sachet de vis à la fin du chapitre qu’elle venait de terminer, referma le lourd ouvrage et le reposa sur la table de chevet, et s’apprêta à éteindre la lumière de son côté, quand la voix de Sciezska l’arrêta :
« C’est quelque chose d’horrible, les marque-pages, vous ne vous rendez pas compte. Ça blesse. Les gens sont vraiment sans gêne : des bouts de papier absolument quelconques-
- Mais non, un marque-page en général, c’est un signet spécialement prévu pour !
- Mais pas que ! en plus dans ce cas, on se demande parfois si les lecteurs ne préfèrent pas leur joli bout de carton amoureusement décoré au livre dans lequel ils le glissent !
- Tu ne crois pas que tu exagères ?
- Mais non ! Et encore, ça c’est le meilleur des cas, parce qu’il y a aussi les papiers carrément abjects comme des listes de courses recyclées ou les cartes de visite de gens qu’on déteste. Et les enveloppes, parfois même encore toutes remplies, qui pèsent sur les pages.
On ne se rend pas compte, mais ça fait très mal aux livres, les marque-page, ça force sur la reliure, quelle que soit leur épaisseur, et bien sûr pire encore s’ils sont épais. Et imagine donc quand un lecteur imprévoyant déplace encore et encore son marque-page, le nombre de blessures que ça fait au pauvre volume, tous ces coups entre ses pages !
Vous ne vous rendez pas compte, non, à quel point ça fait mal.
Et la cerise sur le gâteau ! les gens qui plient le coin de la page, sans le moindre souci pour le bien-être du papier ! qui mutilent les pauvres ouvrages sans défense !
- Ah, pas entièrement : ça arrive que les livres se vengent avec ces petites coupures dans le gras du doigt, il paraît que ça brûle et que ça picote atrocement.
- Mais non, ça ne suffira jamais : un livre qui coupe son lecteur récolte une tache de sang. Qu’il doit porter jusqu’à la fin de ses jours, parce que -heureusement, en fait !- personne ne lave les feuilles d’un livre à grande eau pour en ôter les taches.
- Il ne me semble pas que ça saigne tant que ça, une bête coupure de papier…
- …mais, pense à ce que ressent le livre quand lui est coupé !
- Coupé ?
- Parfaitement : c’est terrible, horrible, d’interrompre sa lecture avant la fin et de séparer les mots par un marque-page. C’est un manque de respect pour l’histoire dedans, ou le raisonnement de l’auteur, ou les explications, enfin, pour la continuité du contenu.
- Mais il y a des chapitres, pour çà ! c’est fait exprès pour s’arrêter un peu, souffler et digérer sa lecture ?
- Mais à chaque fois qu’on pose un marque-page dans un livre, on prend le risque de l’oublier là ! on s’arrête « juste un peu » et on risque au final de ne jamais y revenir ! pauvres petits livres abandonnés en plein milieu, torturés par ces cruels marque-page qui s’enfoncent en eux, jetés en pâture à l’oubli ingrat et à la poussière, quel cruelle destinée est là leur !
- Là, vraiment, tu exagères : on ne peut pas lire tous ses livres d’une seule traite.
- Mais si ! on peut ! il faut !
- Je te ferais remarquer qu’il y a des circonstances où l’on est forcé d’interrompre sa lecture, et qu’alors un marque-page est infiniment pratique.
- …Non. Rien ne devrait jamais obliger un lecteur à s’interrompre.
- Si. Ecoute, il est passé minuit, ce traité de mécanique est passionnant, mais je suis crevée et si je veux que ma lecture soit utile, à savoir que je passe un moment agréable dessus et que j’en retienne le propos concret, il faut que j’arrête là et que je dorme un peu. Ok ?
Sur ce, Winry éteignit sa lampe de chevet et se glissa sous les draps.
« Bonne nuit quand même, rat de bibliothèque de mon cœur.
- Bonne nuit, fondue de mécanique et bourreau du travail, répondit Sciezska, évitant gentiment le terme "bourreau des livres".
- Ne te couche quand même pas trop tard, hein.
- Oh, il ne me reste plus que cent cinquante pages, c’est l’affaire d’une heure à peine ! »
Winry soupira et se retourna sur son oreiller. Dormir avec Sciezska n’était pas toujours de tout repos…