[archive] FMA - Havoc/Fury - PG | Une histoire à suivre (01/33)
Série : Havoc et Fury, une histoire à suivre
Chapitre #01, Rouge sang
Personnages/Couple : Jean Havoc, Cain Fury ; le reste de l'équipe Mustang
Thème #19, " rouge" (30_baisers)
Continuité/ Spoil éventuel : épisode 43, mention du 42.
Genre : un tout petit peu d'action/drame
Gradation : PG / K+
Nombre de mots : 1000 et des poussières
[ prologue>]
***
Un ciel bleu profond, avec des nuages qui passent tellement lentement qu’ils semblent immobiles, coiffe les montagnes environnantes. Dans la petite gare de campagne, le temps semble figé. Dans l’enchaînement des événements les bousculant à travers la moitié du pays, il a l’impression de s’être perdu. À croire que l’espace aussi a été modifié, qu’il est tombé là par hasard.
S’il remonte le cours des faits dont il est sûr, quelque chose s’est mis à clocher, quelques jours avant, à Lior, quand la lumière rouge a couvert la ville. Tout s’est mis à dérailler à partir de là. L’armée en place a disparu. Ils se sont retrouvés précipités sur les routes à la poursuite de ces deux enfants chassés comme des transfuges, ces enfants qui avaient été comme leurs petits frères ces quelques dernières années.
Ils les avaient rattrapés, en embuscade dans ce trou perdu. Et tout s’était arrêté de façon absurde.
Havoc n’aurait jamais cru qu’Ed, malgré les humeurs de chien et les brusques accès de colère dont il a fait montre régulièrement depuis qu’il le connaît - et il était tout môme à l’époque ! - puisse s’emporter autant contre lui, contre eux. Plus tard, il se blâmera d’avoir laissé son sentimentalisme prendre le pas, d’avoir baissé sa garde. Et il se blâmera autant d’avoir réagi violemment ensuite, pris au dépourvu.
Avoir tiré par réflexe, juste parce que l’apparition trop brusque d’Alphonse l’a surpris…ça, c’était même au-delà du blâme personnel. Il ne se le pardonnera pas de sitôt.
Une ombre qui surgit brusquement, une détonation qui résonne, un éclair rouge qui lui traverse l’esprit alors qu’il sent sa main exploser.
Il remarque à peine les deux Elric qui prennent la fuite. Trop mal pour ça, des tas d’étincelles dansent devant ses yeux. Touta viré au rouge. Son champ de vision brouillé, ce qu’il sent de sa main.
Il se force à passer outre, à revenir à la réalité : il ne s’est pas loupé. Chance, sa main semble toujours entière. À bout portant, à peu de choses près, elle aurait pu être arrachée. La nausée le prend à cette idée.
Il doit détourner les yeux de sa blessure, cherchant à se raccrocher à autre chose, pour chasser cette idée.
C’est là que son regard tombe sur la seconde flaque de sang.
Et son cœur manque un battement.
Tout à sa propre douleur, il n’a même pas remarqué que Fury aussi est tombé à genoux. Il n’avait pas remarqué qu’il était blessé, lui aussi. Il aurait pu le tuer sans s’en apercevoir.
Et cette idée-là est pire que tout le reste.
Il en reste figé sur place, sans pouvoir articuler un mot, sans même pouvoir essayer de lui demander si ça va. Fury, une main toujours plaquée contre son front d’enfant -ce front qui a l’air fait exprès pour déposer un baiser !- essayant d’arrêter le sang, ou de contenir la douleur, tâtonne de l’autre autour de lui, cherchant ses lunettes.
C’est fou ce que ces lunettes peuvent le changer, se dit Havoc avec une boule dans la gorge, sans plus se rendre compte de ce à quoi il pense. Bizarrement, on dirait qu’il fait plus adulte, sans. Il est encore plus beau. Malgré les traces rouges qui lui maculent le visage.
Il faut toute l’insistance de Mustang pour le tirer de cet état second. C’est Fury qui répond aux premières questions, d’une voix blanche : juste une balle, qui a ricoché. Et d’ajouter, complètement perdu, que ça n’arrêtait pas de saigner…
Ça le ramène sur terre. Ça et le fait que le Colonel prenne sa blessure en main, et qu’il soit forcé d’y reporter son attention. Il manque de tourner de l’œil en constatant l’étendue des dégâts.
Plus de peur que de mal, finalement, une fois que les autres ont réussi à mettre la main sur une trousse de secours. Et Fury pleurniche après ses lunettes, signe qu’il était toujours lui-même. Farman les essuie et les lui rend, observant que c’était tout à fait normal, pour une plaie à la tête, que ça saigne autant, mais que ça n’était pas grave. Une simple estafilade.
Une simple estafilade qui saigne et saigne encore, une simple estafilade qui, à un ou deux centimètres près à peine, aurait pu lui arracher un œil ou lui traverser la tempe, une simple estafilade, pas grave, et qui a failli être mortelle.
Il a failli le tuer.
Il lui est arrivé quelques fois par le passé de trouver Fury insupportable et de se prendre à vouloir l’étrangler, quand il se montrait trop gentil… surtout avec quelqu’un d’autre que lui. Quand il faisait ses yeux confits d’adoration après le Colonel, par exemple. Mais il n’a jamais souhaité qu’il meure, nom de nom !
Bien au contraire. Il tient à lui. Il ne supporterait pas de le voir mort. Risques du métier ou pas.
...Heureusement, il va bien. Il a eu de la chance. Ils ont eu de la chance, tous les deux. Il a même du mal à y croire.
Mais il se prend à jalouser Farman qui le surveille de près : ça veut dire que vraiment, tout va bien. N’est-ce pas ?
Il a l’impression d’être passé à deux doigts de péter les plombs. Est-ce qu’il n’aurait pas mieux valu qu’il craque, est-ce au contraire tant mieux d’avoir pu maîtriser ses émotions plutôt qu’elles lui échappent ?
Il faut qu’il soit sûr d’être calme. Tout va bien, se répète-t-il. Il le sait, et a bizarrement du mal à s’en persuader.
Peut-être qu’une cigarette lui ferait du bien. Ça l’aide toujours à reprendre ses esprits…
Si Mustang voulait bien lui rendre sa main… ah non, ça ne changerait rien : il ne peut plus l’utiliser. Aïe. Il peut à peine esquisser l’ombre d’un geste vers sa poche que sa blessure se rappelle ô combien cruellement à son souvenir. Or, il a besoin de ses deux mains pour fumer : ça n'a l'air de rien, dit comme ça, mais il réalise vraiment les ennuis dans lesquels il vient de se fourrer ; s'il va lui falloir appeler au secours rien que pour ça… qu'est-ce que ça sera pour le reste ?
Il a vraiment fait une belle connerie en tirant, oui…
***
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Chapitre #01, Rouge sang
Personnages/Couple : Jean Havoc, Cain Fury ; le reste de l'équipe Mustang
Thème #19, " rouge" (30_baisers)
Continuité/ Spoil éventuel : épisode 43, mention du 42.
Genre : un tout petit peu d'action/drame
Gradation : PG / K+
Nombre de mots : 1000 et des poussières
[ prologue>]
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Un ciel bleu profond, avec des nuages qui passent tellement lentement qu’ils semblent immobiles, coiffe les montagnes environnantes. Dans la petite gare de campagne, le temps semble figé. Dans l’enchaînement des événements les bousculant à travers la moitié du pays, il a l’impression de s’être perdu. À croire que l’espace aussi a été modifié, qu’il est tombé là par hasard.
S’il remonte le cours des faits dont il est sûr, quelque chose s’est mis à clocher, quelques jours avant, à Lior, quand la lumière rouge a couvert la ville. Tout s’est mis à dérailler à partir de là. L’armée en place a disparu. Ils se sont retrouvés précipités sur les routes à la poursuite de ces deux enfants chassés comme des transfuges, ces enfants qui avaient été comme leurs petits frères ces quelques dernières années.
Ils les avaient rattrapés, en embuscade dans ce trou perdu. Et tout s’était arrêté de façon absurde.
Havoc n’aurait jamais cru qu’Ed, malgré les humeurs de chien et les brusques accès de colère dont il a fait montre régulièrement depuis qu’il le connaît - et il était tout môme à l’époque ! - puisse s’emporter autant contre lui, contre eux. Plus tard, il se blâmera d’avoir laissé son sentimentalisme prendre le pas, d’avoir baissé sa garde. Et il se blâmera autant d’avoir réagi violemment ensuite, pris au dépourvu.
Avoir tiré par réflexe, juste parce que l’apparition trop brusque d’Alphonse l’a surpris…ça, c’était même au-delà du blâme personnel. Il ne se le pardonnera pas de sitôt.
Une ombre qui surgit brusquement, une détonation qui résonne, un éclair rouge qui lui traverse l’esprit alors qu’il sent sa main exploser.
Il remarque à peine les deux Elric qui prennent la fuite. Trop mal pour ça, des tas d’étincelles dansent devant ses yeux. Touta viré au rouge. Son champ de vision brouillé, ce qu’il sent de sa main.
Il se force à passer outre, à revenir à la réalité : il ne s’est pas loupé. Chance, sa main semble toujours entière. À bout portant, à peu de choses près, elle aurait pu être arrachée. La nausée le prend à cette idée.
Il doit détourner les yeux de sa blessure, cherchant à se raccrocher à autre chose, pour chasser cette idée.
C’est là que son regard tombe sur la seconde flaque de sang.
Et son cœur manque un battement.
Tout à sa propre douleur, il n’a même pas remarqué que Fury aussi est tombé à genoux. Il n’avait pas remarqué qu’il était blessé, lui aussi. Il aurait pu le tuer sans s’en apercevoir.
Et cette idée-là est pire que tout le reste.
Il en reste figé sur place, sans pouvoir articuler un mot, sans même pouvoir essayer de lui demander si ça va. Fury, une main toujours plaquée contre son front d’enfant -ce front qui a l’air fait exprès pour déposer un baiser !- essayant d’arrêter le sang, ou de contenir la douleur, tâtonne de l’autre autour de lui, cherchant ses lunettes.
C’est fou ce que ces lunettes peuvent le changer, se dit Havoc avec une boule dans la gorge, sans plus se rendre compte de ce à quoi il pense. Bizarrement, on dirait qu’il fait plus adulte, sans. Il est encore plus beau. Malgré les traces rouges qui lui maculent le visage.
Il faut toute l’insistance de Mustang pour le tirer de cet état second. C’est Fury qui répond aux premières questions, d’une voix blanche : juste une balle, qui a ricoché. Et d’ajouter, complètement perdu, que ça n’arrêtait pas de saigner…
Ça le ramène sur terre. Ça et le fait que le Colonel prenne sa blessure en main, et qu’il soit forcé d’y reporter son attention. Il manque de tourner de l’œil en constatant l’étendue des dégâts.
Plus de peur que de mal, finalement, une fois que les autres ont réussi à mettre la main sur une trousse de secours. Et Fury pleurniche après ses lunettes, signe qu’il était toujours lui-même. Farman les essuie et les lui rend, observant que c’était tout à fait normal, pour une plaie à la tête, que ça saigne autant, mais que ça n’était pas grave. Une simple estafilade.
Une simple estafilade qui saigne et saigne encore, une simple estafilade qui, à un ou deux centimètres près à peine, aurait pu lui arracher un œil ou lui traverser la tempe, une simple estafilade, pas grave, et qui a failli être mortelle.
Il a failli le tuer.
Il lui est arrivé quelques fois par le passé de trouver Fury insupportable et de se prendre à vouloir l’étrangler, quand il se montrait trop gentil… surtout avec quelqu’un d’autre que lui. Quand il faisait ses yeux confits d’adoration après le Colonel, par exemple. Mais il n’a jamais souhaité qu’il meure, nom de nom !
Bien au contraire. Il tient à lui. Il ne supporterait pas de le voir mort. Risques du métier ou pas.
...Heureusement, il va bien. Il a eu de la chance. Ils ont eu de la chance, tous les deux. Il a même du mal à y croire.
Mais il se prend à jalouser Farman qui le surveille de près : ça veut dire que vraiment, tout va bien. N’est-ce pas ?
Il a l’impression d’être passé à deux doigts de péter les plombs. Est-ce qu’il n’aurait pas mieux valu qu’il craque, est-ce au contraire tant mieux d’avoir pu maîtriser ses émotions plutôt qu’elles lui échappent ?
Il faut qu’il soit sûr d’être calme. Tout va bien, se répète-t-il. Il le sait, et a bizarrement du mal à s’en persuader.
Peut-être qu’une cigarette lui ferait du bien. Ça l’aide toujours à reprendre ses esprits…
Si Mustang voulait bien lui rendre sa main… ah non, ça ne changerait rien : il ne peut plus l’utiliser. Aïe. Il peut à peine esquisser l’ombre d’un geste vers sa poche que sa blessure se rappelle ô combien cruellement à son souvenir. Or, il a besoin de ses deux mains pour fumer : ça n'a l'air de rien, dit comme ça, mais il réalise vraiment les ennuis dans lesquels il vient de se fourrer ; s'il va lui falloir appeler au secours rien que pour ça… qu'est-ce que ça sera pour le reste ?
Il a vraiment fait une belle connerie en tirant, oui…
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