Titre : Aimons-nous pendant qu’il est trop tard
Auteur :
ylgBase : Uchū Kaizoku Captain Harlock (Albator 78)
Personnages/Couple : Cleo/Tessius (Kréa/Tessia, personnages secondaires)
Genre : death fic (mort canon), POV
Gradation : PG à PG -13 / T
Disclaimer : propriété de Matsomoto Leiji ; je ne cherche pas à me faire de sous avec.
Continuité/Spoil éventuel : épisode n°26, « le Voyage du Retour »
Avertissements : guerre, morts, shōjo ai.
Note : les considérations politiques des Sylvidres sur l'appartenance de la Terre aux premiers arrivants ou aux derniers en date n'engagent qu'elles et ne sont en aucun cas à transposer dans notre monde et à notre époque.
Nombre de mots : ~1200
***
Un ange file à travers le ciel noir au milieu des étoiles apporter la mort. Tu mourras aujourd’hui, ma fleur.
ß en vue, j’amorce ma descente dans l’atmosphère et lance les senseurs pour retrouver ma cible. Je sillonne la planète en me fiant à mon instinct ; ils se sont forcément posés dans ce secteur et n’ont pas pu fuit très loin. Les capteurs les repèreront très vite.
Voilà, appareil détecté à deux heures - présence de vie confirmée. Ils ne m’échapperont pas. Je pose mon chasseur, tout sera fait très vite. Quelques tirs de laser suffiraient à les éliminer tous, mais ma mission est plus précise.
J’effleure l’objet un instant. Dans ce coin perdu de l’espace, ça n’a plus de sens à présent, mais d’après le calendrier de notre planète-mère, nous devons être à quelques jours de ton anniversaire. Selon notre base de comptage, tu aurais dû atteindre bientôt tes 23 printemps ; plus âgée que moi, tu as fleuri déjà de nombreuses fois et n’a encore jamais porté de fruit. Quel cadeau je me prépare à te faire ! j’aurais tant aimé célébrer le jour de ton éclosion dans d’autres circonstances …
Mais je ne peux plus reculer. Tu dois mourir. La désertion, Tessius, se paie cher, surtout pour quelqu’un de ton rang. Tu le sais et tu m’attends. Vous m’avez sans doute repérée à l’instant même de mon atterrissage, mais tu ne fuiras pas.
La neige crisse sous mes pas tandis que je viens à toi pour exécuter cette fichue sale besogne.
Tu pourrais tirer, m’abattre, détruire mon vaisseau ou bien l’utiliser pour couvrir votre fuite, mais non, tu restes là et tu attends la mort. Je suis ta mort et tu m’attends.
J’ai l’impression de sentir ma sève se figer à mesure que j’avance, il fait si froid ici … toi, ça ne semble pas te gêner. Auras-tu froid, après ? Tu devais vraiment être désespérée pour te réfugier sur une telle planète. Tu étais pourtant la favorite de la Reine, c’est toi qui proposas d’émigrer sur Terre pour survivre à la destruction de notre étoile, la première à la soutenir dans ce combat ; comment as-tu pu la trahir ?
Me voici enfin face à toi mais jamais je n’aurai de réponse à ces questions. Tu emporteras ton secret dans l’au-delà et mourras parée de mystère.
« Je vois que tu as réussi à nous retrouver très vite. »
- Bien sûr, Tessius, où que tu sois dans l’Univers je t’aurais retrouvée.
Allons. La bombe. Pourquoi mes mains tremblent-elles autant ? j’ai reçu un ordre de la Reine, je dois l’exécuter.
« Je te remercie de me donner la possibilité de m’autodétruire. Laisse les autres en paix. »
Je te tends cette foutue boîte d’explosifs, te donnant l’ordre de mourir en tuant avec toi le groupe de fuyards qui te faisait confiance… et tes derniers mots seront pour me remercier de te permettre de disparaître la tête haute !
Nos regards se perdent l’un dans l’autre. Tu es toujours aussi belle et tu le resteras jusqu’au bout. Jamais le temps ne te fanera.
Et puis …
Ta main glisse sur la mienne, la caresse, et tu te penches vers moi.
Et c’est comme si le temps s’arrêtait.
Tu vas mourir ! tu vas disparaître de ce monde, tu n’existeras plus, il ne restera bientôt plus rien de toi ! Ça semble … impossible. C’est complètement absurde. Tessius ! je ne veux pas que tu t’éloignes de moi ! il n’est pas encore trop tard, il doit bien y avoir un moyen, tu ne peux pas t’effacer comme ça, entièrement, ne rien laisser, non, pas toi … tu ne peux pas me laisser. À quoi ressemblerait un univers sans toi ?
Tes doigts s’envolent, légers comme des pétales emportés par le vent. Tu me prends la bombe des mains et déjà tu me tournes le dos, tu t’éloignes si vite -
Ai-je rêvé ou nos lèvres se sont-elles effleurées l’espace d’un instant ?
J’en étais sûre, le froid a fini par me geler sur place, je reste plantée sans pouvoir bouger. D’elle-même ma main a voulu se tendre vers ton corps , mais trop tard … je n’ai eu le temps que de sentir ta chaleur effleurer ma paume et s’évanouir aussitôt … je n’aurai même pas pu te toucher une dernière fois.
Paralysée, je ne peux que te regarder t‘éloigner, pas à pas, tes longs cheveux ondulant dans ton dos et tes hanches se balançant doucement. Tu t’éloignes … ne t’en vas pas, reste auprès de moi, pourquoi veux-tu me quitter ?
Tessius, reviens, ne fais pas ça !
Rends-moi cette stupide bombe, on s’en servira pour faire sauter mon vaisseau et nous fuirons ensemble. Mais alors … la Reine enverra quelqu’un d’autre nous tuer toutes les deux …
Si c’est ça, tue-moi et faisons ce voyage ensemble. Ne m’abandonne pas, je ne pourrai plus vivre sans toi. Reviens, vivons ensemble ici.
Et tu t’éloignes, pas à pas, svelte silhouette noire et pourpre sur la neige blanche, de plus en plus petite.
Reviens !
Attends-moi, laisse-moi mourir avec toi. Mourrons ensemble.
Tu as disparu derrière la ligne d’une congère.
Je ne suis plus qu’une écorce vide et la bise glaciale souffle à travers tout mon corps-
mon cœur explose et une colonne de flammes s’élève de derrière les sapins, là-bas.
Ni le fracas ni l’onde de choc ne m’atteignent ; c’est moi que cette bombe a détruite, comment aurait-elle pu sauter aussi ailleurs et raser la clairière où s’étaient réfugiés les déserteurs ?
Je ne suis plus qu’une écorce vide que le vent a remplie de neige. Une larme a gelé au coin de ma paupière.
...Finalement, je n’ai pas gelé sur place. C’est même facile de bouger, de faire demi-tour et de regagner mon chasseur et d’abandonner cette planète désormais maudite.
C’est tellement facile … mission accomplie, Majesté.
Et, maintenant désespérément seule dans cette étendue de glace, je peux enfin te faire une promesse, Tessius, mon aimée.
Je jure que nous reprendrons la Terre à ces humains répugnants qui l’exploitent et la souillent, ces erreurs crées jadis par nos ancêtres et qui nous ont rejetées. La Terre que les mères de nos mères avaient fleurie, c’est là que nous vivront, là que croîtront nos jeunes pousses, coûte que coûte ! je ferai tout et même plus pour atteindre ce but que tu nous avais donné et que tu as choisi d’abandonner. Je refuse l’idée de nous contenter de ß, pas après ta mort. Je ne laisserai en aucun cas cette guerre faire de toi un martyr de la conquête de ß, je ne veux pas installer notre peuple sur une planète baptisée de ta sève, bénie par ta mort.
Le seul moyen de rendre ton exécution un tant soit peu moins insupportable, c’est de gagner cette guerre pour toi. Là où tu abandonnas, je m’obstinerai.
Quand nous serons établies sur Terre, ta fuite sera indubitablement une faute et ta mise à mort justifiée. Si nous nous contentions de ß, je t’aurais vraiment exécutée pour rien.
Oh, Tessius, pourquoi a-t-il fallu en arriver là ? nous ne voulions pourtant qu’un terre d’accueil où nous fleuririons de nouveau en paix …
Et sans ce maudit pirate, nous y serions déjà et tu vivrais encore ! je voudrais le tuer de mes mains.
Je te le jure, Tessius. Nos sœurs vivront sur Terre et je reviendrai alors faner sur tes cendres. Peut-être qu’alors une nouvelle plante naîtra de nos deux corps ?