CSI - Ephémère

May 16, 2007 02:36

Titre : Ephémère
Auteur : Elialys
Challenge n°0 de french_fanfics
Table : 2
Prompt : 018 : Fugitif
Fandom : CSI/Les Experts (Las Vegas)
Spoilers : Hum, aucun.
Mots : 1746
Avertissement : EVOCATION PERSONNAGE MORT! Interdit -12 ans
Disclaimer : Rien ne m’appartient dans CSI, mais la majorité des choses dans cette histoire sort quand même de ma tête lool.



Ephémère

Sa main droite se leva au niveau de son visage, et d’un geste automatique et peut-être un peu nerveux, elle replaça une mèche humide derrière son oreille.

Mais il n’y avait rien de nerveux dans le sourire qui éclairait son visage, ou dans l’éclat qui brillait dans ses yeux noisette, alors qu’elle fixait la pluie qui tombait avec force. L’averse était soudaine et inattendue, mais pas inconnue aux habitants de San Francisco.

« Ca ne devrait pas durée très longtemps, ces pluies d’été ne sont jamais bien longues. » lui dit-elle, quittant la rue des yeux pour glisser son regard vers lui.

Il ne répondit rien, se contentant de la fixer, et une autre de ses mimiques -une de celles qu’il avait apprit à reconnaître et à tellement apprécier durant les deux semaines qu’il avait passé sur le campus- déforma ses traits, alors qu’elle fronçait les sourcils, son sourire devenant inquisiteur.

« Quoi ? » finit-elle par demander, laissant un rire légèrement nerveux lui échapper.

Elle s’appelle Sara Sidle.

Elle est jeune, belle, intelligente.

Et morte.

Mais elle ne le sait pas encore, bien sûr. Pas plus que lui. Ils leur restent onze années à partir de cet instant, et vraiment, il souhaiterait en avoir profité comme il aurait dû. Comme elle l’aurait mérité.

Il sait qu’il ne se trouve pas vraiment sous ce porche avec elle, alors que la pluie tombe drue en face d’eux. Tout ceci est dans son esprit. Un flash dans ses souvenirs, un bouton qui vient d’être poussé dans sa mémoire. C’est un autre jour, un autre temps. Mais qu’importe ?

Car à cet instant, il est de retour onze ans en arrière, appuyé contre cette porte d’entrée, à observer la grimace interrogatrice qu’affiche si adorablement son visage. Et exactement comme onze ans plus tôt, il la désire.

Il a envie de s’approcher encore un peu plus près. De glisser ses mains autour de sa taille, de sentir ses vêtements gorgés d’eau sous ses paumes, et de resserrer doucement sa prise jusqu’à ce que le liquide glacé coule entre ses doigts.

Sa peau est devenue légèrement plus pâle, et elle frissonne doucement, il peut le voir. Il a envie de goutter ses lèvres que le froid a rendues plus sombres.
Son sourire n’est plus incrédule à présent. Elle semble calme, elle le regarde d’un air apaisé, et légèrement attristé. Il réalise alors que ses lèvres tournent presque au violet. Il retire sa veste.

« Tu as froids. » dit-il doucement, passant la veste autour de ses épaules.

« Je suis froide. » répondit-elle tout simplement, et un nuage de buée se forme dans l’air à chaque mot qu’elle prononce. « Ta veste n’est plus utile. »

Et il regrette tellement de ne pas l’avoir embrasser ce soir là, sous la pluie. Il sait que c’est trop tard à présent, mais il essaye quand même. Les mains qu’il avait posées sur ses épaules glissent lentement sous la veste. Il veut sentir l’eau dégouliner sous ses mains.

Mais ce qu’il sent sous ses paumes n’a rien de froid.

Le liquide est chaud et épais, et il crée un chemin visqueux entre ses doigts. La panique l’envahit, et il baisse les yeux vers la blessure, appliquant autant de pression qu’il peut pour arrêter l’écoulement. Sa vision se brouille, il ne voit plus rien à part le rouge. Tellement de rouge.

« Je ne t’ai jamais vue pleurer avant, Griss. » dit-elle d’une voix douce. Quand il sent ses doigts froids glisser sur sa joue humide, il relève la tête pour fixer son teint laiteux, ses lèvres bleuâtres

« Je ne sais plus ce que cela fait de ne pas pleurer… » murmure t-il, et elle sourit toujours aussi tendrement.

***

Un éclat de rire lui échappa, avant que le son ne se transforme, se changeant en quelque chose qui ressemblait plus à un ronronnement. Il aimait ce son plus que tout.

Assise à califourchon sur son ventre, elle enfouit sa tête dans le creux de son cou, avant d’aller mordiller le lobe de son oreille, ce qui eut pour effet de lui faire pousser un son indistinct. Il passa les bras autour de sa taille, ses mains glissant sur le fin tissu de son débardeur, appréciant les frissons qui se créaient sous le passage de ses doigts.

Le drap les recouvrait totalement, filtrant la lumière qui envahissait la chambre, les plongeant dans une bulle de chaleur confortable.

L’envie de faire basculer cette séance de câlinage en quelque chose de beaucoup plus physique et totalement appréciable était puissante, mais à cet instant, la présence de l’autre était suffisante.
Elle finit d’ailleurs par simplement venir nicher sa tête sous son menton, poussant un lourd soupir apaisé, et il se contenta de la sentir contre lui.

Le poids de son corps contre le sien…la façon dont ses jambes l’entouraient…son souffle dans son cou…les battements de son cœur contre son torse…

Et puis plus rien.

Il sent toujours le reste, mais son cœur s’est arrêté.

Et il sait que dans sa propre poitrine, le sien est brisé à jamais. Ou bien peut-être est-il toujours bien présent. Et c’est comme si des poignards chauffés à blanc y sont enfoncés, seconde après seconde. Lui infligeant une douleur vive et diffuse…poignante et interminable…encore…et encore…

Il la sent qui se décolle de lui, et il rouvre les yeux, craignant qu’elle soit déjà partie.

Mais elle est toujours…là.

La lumière qui se diffuse sous le drap est trop faible pour qu’il puisse distinguer les détails de son visage ou de son corps, mais c’est inutile ; il en connaît la moindre courbe, le plus minuscule grain de beauté…il la connaît par cœur.

Et en parlant de cœur…

« Ton cœur ne bat plus… » murmure t-il.

Elle sourit, toujours aussi doucement et tristement, glissant sa main droite sur son torse : « Le tiens bat toujours. »

Puis sa main se lève à nouveau, alors qu’elle exécute ce geste qu’il l’a observé faire des milliers de fois, et qui lui a toujours semblé si futile, si anodin…
Elle glisse cette éternelle mèche rebelle derrière son oreille.

Mais cette fois, lorsque ses doigts frôlent sa joue, elle y dépose une traînée sombre.

Beaucoup trop sombre pour être de la craie.

Elle remarque alors le liquide qui s’étale sur ses doigts, et baisse les yeux vers sa propre poitrine. La tâche sombre continue de grandir sur son débardeur. Elle fixe ensuite son regard sur la chemise de Grissom, tâchée elle aussi à présent, et elle se mord la lèvre.

« Désolé pour ça… » s’excuse t-elle, et à nouveau, il ne voit plus rien, sa vision se brouillant.

Elle rapproche lentement son visage du sien, et doucement, elle souffle sur sa joue, faisant dévier une larme de son trajet initial.

« Tu ne pleurais jamais, Gil… » souffle t-elle.

Et il ferme les yeux.

« C’était parce que je ne t’avais jamais perdu. » murmure t-il.

Et il sent un frôlement glacé sur sa joue. Son baiser. Puis elle murmure dans son oreille :

« Je ne suis jamais loin… »

***

Le plan de travail ressemblait plus à un champ de bataille qu’à autre chose.

Elle avait tout étalé, tout éparpillé. Farine, sucre, beurre, œufs, lait, livre de recette…

Elle était la plus proche du comptoir, son visage tendu par la concentration, sa bouche plissée dans une grimace d’exaspération. Il se glissa derrière elle, se plaquant contre son dos, enroulant ses bras autour de sa taille.
Il aimait tellement l’entendre râler lorsqu’elle tentait de cuisiner quelque chose, et surtout, il adorait arriver juste à temps pour sauver la situation en l’aidant…à sa manière.

« Lâche cette cuillère et utilise tes mains, Sara… » lui dit-il d’un ton amusé.

Elle marmonna quelque chose sur la mauvaise qualité de la farine, et sur le fait que si la recette lui disait d’utiliser une cuillère, elle utiliserait une cuillère.

Alors, face à sa réticence, il lui retira l’ustensile, avant d’entrelacer ses doigts aux siens. Et dans l’instant qui suivit, il avait plongé leurs quatre mains dans la pâte.

Il sentit résonner en lui la petite exclamation de surprise qu’elle poussa en découvrant la sensation.

« ‘Tout ne s’apprend pas dans les livres…’ » lui murmura t-il à l’oreille, et il la sentit frissonner. « Dixit Sara Sidle. »

Puis, il déposa un baiser dans son cou, respirant profondément son odeur, alors que leurs doigts remuaient ensembles dans la substance froide et épaisse, lentement. Sensuellement.

Il se souvient de la façon dont avait dérapé cette séance culinaire. Le gâteau avait rapidement été oublié (bien que la pâte ait trouvé une certaine utilité).

Mais cette fois, pas de dérive.

Il veut simplement rester ainsi pour toujours. La sentir entre ses bras. Respirer ce parfum qui n’appartient qu’à elle. Glisser ses doigts entre les siens dans la texture moelleuse de la pâte.

Et l’aimer. Simplement l’aimer.

« Lorsque j’avais dix ans, j’ai fais un gâteau avec ma mère, » commence t’elle d’une voix calme. « Rien d’exceptionnelle, tu me diras ; mais pour moi ça l’était. Mon père lui avait dit qu’il était temps qu’elle m’apprenne à faire autre chose que de me plonger dans un bouquin. C’était juste après qu’il l’ait battue. »

Il pose sa joue contre la sienne, et observe en silence leurs mains travailler la pâte.

« Je m’en souviens, parce que le nez de ma mère saignait. Il était sûrement cassé. Des gouttes sont tombées dans le saladier, mais elle n’a rien voulu dire à mon père. Elle m’a interdit de ne manger ne serait-ce qu’une miette du gâteau. »

Soudain, une goutte de sang atterrit sur la pâte, et leur mouvement s’arrêtent ; silencieusement, ils observent le liquide rouge se diffuser lentement sur la substance blanche. Une nouvelle goutte vient rapidement rejoindre la première.

Mais bientôt, il sent un liquide on ne peut plus différent glisser le long de son nez. La goutte salée fait son chemin ; arrivée au bout, elle tombe dans le saladier, et va se joindre au reste du mélange, diluant le sang. Puis, une nouvelle larme glisse, roule, tombe et se mêle. Puis une autre. Et une autre. Et une autre…

« Mon père n’a jamais pleuré sur le sang de ma mère… » dit-elle si doucement, si sereinement.

Et il ferme les yeux, inspirant douloureusement, profondément. Inhalant son odeur, alors que celle-ci commence déjà à s’éloigner.

« Je pleurais toujours sur ton sang, Sara. » murmure t-il.

csi

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