Fic - Doctor Who - Ten et Rose - 3/5

Feb 21, 2009 18:32

Oops, je suis bien lente pour cette fic... ^^

Titre : Une planète de retour (Partie 3/5)
Auteur : flo_nelja
Fandom : Doctor Who
Persos : Ten et Rose (un peu de Ten/Rose, comme dans le canon, quoi), des OC locaux, et un méchant des vieilles séries que j'aime bien. A la fin de ce chapitre, il devrait être possible de le reconnaître, d'ailleurs
Rating : PG
Résumé : Ten et Rose, pendant la saison 2 (et même, techniquement, quelque part entre le 2x07 et le 2x08), sur une planète qui ne devrait pas être habitée, ni même être là du tout.
Disclaimer : Ces personnages appartiennent à la BBC et à Russell T. Davies.
Avertissements : Pas vraiment de spoilers. Désolée pour les histoires de tutoiements/vouvoiements, je n'ai rien trouvé de satisfaisant. Imaginez qu'ils parlent anglais. ^^



Le Docteur se réveilla, agita ses membres engourdis avec une énergie qui laissait penser à une attaque de danse de Saint-Guy, et évalua rapidement la situation.

La première chose, la plus importante : Rose était là. Elle avait pris sa main et le fixait de ses pupilles blanches, sans rien dire, même pour noter son réveil. Il en ressentit un nouveau pincement d'horreur.

Le second point, qui arrivait avec un très court retard sur la liste de priorités, était qu'ils ne se trouvaient pas actuellement ligotés sur un tapis roulant avec un hachoir au bout, ni suspendus au-dessus d'un lac d'acide, ni dans une pièce hermétiquement close avec une réserve d'air minuscule, ni d'ailleurs aucune des deux mille quatre cent trente-huit situations les plus pressantes auxquelles il était habitué.

En fait, leur environnement direct consistait en une sorte de cagibi, une pièce aux murs de planches de bois, avec une unique fenêtre de verre petite et haut placée. Il n'y avait aucun meuble. En bref, on ne pouvait vraiment pas considérer ça comme une chambre d'amis - le fait de l'assommer en premier lieu pour l'y installer aurait pu être un indice.

La porte était massive - quand le Docteur essaya de l'enfoncer, il comprit qu'on avait placé une barre de bois derrière pour servir de sécurité supplémentaire, en plus de la serrure métallique.

Deux des planches étaient mal jointes, pourtant, et en plaçant l'oeil au niveau de la fente on pouvait, outre confirmer la théorie sur la méthode de fermeture, apercevoir un couloir désert. Il menait à ce qui semblait être une porte de service, et si réellement elle menait à l'extérieur, c'était la deuxième prison la plus mal située de l'univers, après celle qui était toute proche du réacteur nucléaire et qu'il avait essayée aussi. Soit quelqu'un était trop sûr de lui par rapport à ses systèmes de fermeture, soit la pièce était effectivement un cagibi hâtivement recyclé.

Le Docteur médita rapidement sur la personnalité de ses geôliers, et arriva à la conclusion que si ce n'était pas la deuxième solution, deux personnes étaient de remarquables comédiens. Cela s'annonçait bien !

S'il réussissait à sortir de cette pièce, en tout cas.

Le tournevis sonique, qu'on lui avait bien stupidement et bien opportunément laissé, régla le problème de la serrure en quelques instants. Mais son action sur le bois était, malheureusement, négligeable.

"C'est comme si nous étions déjà dehors, n'est-ce pas ?" suggéra-t-il à Rose. Son visage ne marquait qu'incompréhension devant ce mélange entre présent et futur, et le Docteur se sentit bien malheureux à nouveau. Il allait devoir tout faire tout seul. Dans son état normal, Rose aurait eu une idée, certainement - ou son énergie aurait fait naître les siennes.

Il observa encore la fenêtre - elle était trop étroite, sans parler de la hauteur, pour que l'un des deux puisse y passer, certainement. Pourtant...

Il enleva une de ses chaussures, qu'il enveloppa dans sa veste ; puis, après avoir demané à Rose de se ranger sur le côté, il fit tournoyer l'arme improvisée pour l'envoyer dans la vitre.

Le verre se fendilla. Il était solide.

Deux essais encore, et des éclats de verre tombèrent sur le sol. Le Docteur ramassa un des plus longs, sa main maintenant enroulée dans ladite veste, força un peu pour le faire passer par le fente de la porte... et, après quelques essais infructueux, réussit à faire levier et à faire glisser la planche.

Il y eut un bruit sourd quand elle s'abattit à terre.

Il n'y avait pas de temps à perdre : il s'enfuit à toute vitesse, s'accrochant à la main de Rose qui, sur ses injonctions, courait déjà ; il faisait de grands sauts sur son unique pied chaussé, tout en remettant sa Converse de l'autre main.

Comme il l'avait supposé, ils se retrouvèrent dans une ruelle étroite. Tout en ajustant sa chaussure, il regarda autour de lui. D'un côté, c'était une impasse. De l'autre...

"Enfin, vous êtes là !" s'exclama Liosha. "J'ai failli attendre !"

Le Docteur eut un geste de recul. Rose sourit.

"He, du calme ! Déjà que je me crève à venir vous aider ! Ce n'est pas ma faute, pourtant, si mes parents sont des boulets qui ont abusé. Mais bon, on va dire que puisque vous n'étiez avec eux que pour me rendre service, je peux envisager..."

"Vous veniez pour nous délivrer ?"

"Euh, je n'irais pas jusque-là ! J'attendais que vous sortiez ! Si vous n'en étiez pas capables, vous ne valiez pas la peine d'être aidés. La première fois que mes parents m'ont puni en m'enfermant dans ma chambre et que je me suis évadé, j'avais cinq ans !" Il haussa les épaules. "Alors, vous me suivez, oui ou non ?"

Le Docteur lui emboîta le pas, non sans demander "Dans quelle direction ?"

"Je suppose que je vais vous ramener à l'extérieur de la ville, et vous allez revenir d'où vous êtes venus ?"

"Le problème est, assura le Docteur d'une voix ferme, que nous ne pouvons pas."

Il désigna Rose d'un signe de tête. Liosha, tout en marchant toujours, lui lança un regard. Puis un deuxième regard.

"Oh, par la queue de..." Il s'interrompit. "C'est trop injuste, n'est-ce pas ? Vous arrivez juste en visite, comme ça, et tout de suite... alors que moi, qui essaie de la choper depuis plusieurs mois..."

Le Docteur fronça les sourcils. Ce qu'il avait pris pour des paroles de compassion au départ prenait un tour tout différent. "Vous essayez de l'attraper ? N'est-ce pas une maladie grave ?"

"Les gens ne comprennent pas comment ça marche, c'est tout. Ils croient que la maladie transforme les gens en idiots, capables seulement de suivre les ordres... mais c'est parce qu'ils sont tout le temps à parler des souvenirs du passé, des prévisions du futur, et d'autres machins dont ils feraient mieux de se débarrasser. Moi, les inquiétudes et les regrets, ça m'emmerde. Quand je parle avec Vani, il n'y a que l'instant présent qui compte, et à ce sujet je vous assure qu'il est bien plus intéressant que n'importe qui ici !" Il y avait une lueur de défi sur son visage. "Et pas seulement parce que c'est Vani, je veux dire, Dash aussi ! ca ne me dérangerait pas d'aller vivre avec eux. Au contraire !"

"Mais les gens meurent !"

"Je ne suis pas noble, moi ! J'ai plusieurs années devant moi !"

Le Docteur lança un regard meurtrier à quelqu'un qui faisait si peu de cas de sa vie ; il n'avait pas la moindre intention de prendre en compte le fait qu'il avait pris la main de Rose sans hésiter et ne l'avait pas lâchée. Liosha frissonna et continua d'une voix plus douce.

"Et au moins, je ne saurai pas que je vais mourir bientôt, ni que Vani va mourir. Ni que les gens meurent en général." Puis, furieux contre le monde à nouveau, et contre lui pour avoir laissé bas ses défenses : "Et de toute façon, ce n'est pas comme si j'avais envie de devenir vieux ! C'est trop nul ! Je ne supporte pas les vieux !" Il fixa le Docteur d'un air soupçoneux. "Vous ne semblez pas en être. Encore que..."

Le Docteur trouva superflu de mentionner ses neuf cents ans.

"Enfin bref !" reprit Liosha. "Les vieux sont insupportables, et Notre Seigneur est le pire de tous. Toujours à s'imaginer que parce qu'il nous a sauvés, on doit passé la moitié de notre vie à le remercier..."

L'attention du Docteur se reporta sur Rose. "Il faut la guérir le plus vite possible !" murmura-t-il.

"Mais il n'y a pas de remède !"

"Il faudra donc que j'en trouve un, c'est tout !"

"Cela fait des années que les médecins cherchent ! Enfin, au moins ma mère et les autres qui sont du côté de mon père." Puis, devant l'air interrogateur du Docteur. "Je veux dire, Senia a toujours été contre ; elle pensait que la maladie était envoyée par Notre Seigneur pour aider notre société à être reconstruite, et que les recherches ne mèneraient jamais à rien de toute façon. Mon père, lui..."

"Non !" lança soudain Rose.

Le Docteur la regarda, inquiet, tandis que Liosha fixait les alentours. "Elle a dû sentir quelque chose dans le futur, murmura-t-il, et je ne sais pas..."

Et en effet, le Docteur entendit des bruits de pas se diriger vers eux. Entraînant Rose par la main, il se prépara à courir dans la division opposée, selon une routine bien établie.

Mais elle restait immobile.

"Rose, viens avec nous !" s'exclama-t-il, en espérant garder la voix suffisamment basse pour ne pas être repéré.

"Je ne peux pas." murmura-t-elle.

Il n'y avait pas spécialement d'émotion dans sa voix, mais le Docteur était paniqué pour deux. Soudain, ses jambes faillirent, et elle tomba doucement à terre, sans souffrir, sa main toujours dans celle du Docteur.

"C'est très mauvais !" s'exclama Liosha. "D'où venez-vous ? Elle réagit comme une noble !"

"Rose." murmurait toujours le Docteur. "Rose, essaie de te lever. He, tu cours plus vite que moi, d'habitude !"

Un de leurs poursuivants tourna le coin de la rue.

"C'est mauvais." murmura Liosha, très vite. "Les serviteurs de Senia. Je crains qu'elle soit un peu plus capable que mes parents. Si vous vous faites capturer, j'essaierai peut-être d'aider à vous délivrer, mais je ne me fais pas prendre avec vous."

Et il détala. Un des hommes courut à sa poursuite.

"Non !" cria Senia, qui venait elle aussi d'apparaître, avec plusieurs autres, armés de hallebardes. "Lui ne compte pas ! Capturez seulement ces deux-là, et surtout, séparez-les !"

"On dirait que cette planète entière insiste sur ce point..." murmura-t-il. "Pardonne-moi, Rose, mais dans ces conditions, je peux aussi essayer de ne pas me faire prendre. Je reviendrai. Je te le promets."

"Tous à sa poursuite !" cria Senia, après qu'il eut commencé à courir. Elle désigna un de ses hommes, qui prenait son temps. "Sauf toi ! Aide-moi plutôt à la transporter jusqu'à chez moi ; nous l'enfermerons dans une des chambres." Sa voix devint moins autoritaire, plus triste. "Et nous la soignerons de notre mieux. Ce qui n'est pas grand chose."

L'homme passa autour de son cou le bras de Rose, trop faible maintenant pour faire autre chose que se laisser porter.

***

Le Docteur, après un coup de hallebarde évité de justesse qui avait troué son costume et paralysé l'arme du premier de ses poursuivants en la laissant se ficher dans un mur, avait couru dans quelques petites rues, ainsi que quelques grandes rues où des gens vaquaient à leurs affaires. Avec ses vêtements, il était à peu près impossible de se fondre dans la foule. Jack lui aurait conseillé de les enlever, pensa-t-il avec un sourire amusé. Ce qui n'aurait probablement pas marché non plus.

Il parvint enfin à se trouver seul, dans une des nombreuses ruelles, sans bruits de pas derrière lui, sans témoins qui pourraient indiquer dans quelle direction il était parti...

Il se sentait à la fois furieux, inquiet et impuissant, ce qui était un mélange extrêmement déplaisant. Bien sûr, il voulait aller chercher Rose. D'un autre côté, il n'avait aucun moyen de la soigner, par conséquent même réussir à s'enfuir avec elle n'était pas une des fins les plus heureuses.

D'un autre côté, s'il allait chez Senia... peut-être pourrait-il savoir pourquoi elle désirait tant le capturer sans le connaître. Peut-être cela était-il lié à la maladie... ou à leur dieu, ou à tout cela. Il n'y avait pas seulement Rose. Il y avait des choses à apprendre. Et aussi, pouvait-il arrêter de se chercher des excuses ? Il n'en avait pas besoin pour faire ce qu'il voulait !

Il ressortit dans un endroit plus fréquenté de la ville. Aucun garde ne l'attendait.

"Excusez-moi !" demanda-t-il, avec un grand sourire, à un homme qui passait par là. "Je dois absolument me rendre chez la seconde prêtresse Senia, et je me suis perdu. Pouvez-vous m'indiquer le chemin ?"

Ses notions d'étiquette étaient apparemment justes, car il obtint la description d'un chemin long et complexe, mais qui devait a priori l'emmener ultimement chez la prêtresse.

Il remercia, et s'en alla en calculant à quelle distance exactement il devait commencer à raser les murs.

***

Le serviteur de Senia monta Rose, toujours à peine consciente, dans les escaliers de sa luxueuse maison de bois tendu de tissus épais. Senia le suivait, à quelques mètres derrière.

"Dans la chambre d'amis au bout du couloir, elle y sera très bien. Je fermerai à clé. Même si je ne suis pas sûre que ce soit nécessaire, vu son état, pauvre jeune fille." Elle continua, rêveuse : "Il reste l'autre, bien sûr, celui qu'il veut voir... mais je les ai séparés. Même si je n'y arrive pas, le reste est officiellement le travail de Vimir. J'espère bien gagner Ses faveurs, avec ça..."

Rose s'agita. Le garde, qui la soutenait plus qu'il la transportait, réajusta son poids.

Quand soudain, elle se cambra. Sauta sur le côté. Et partit en courant - son pas certainement peu sûr, mais Senia et son serviteur en étaient tellement choqués qu'ils n'eurent pas le temps de la retenir.

"Non !" cria Senia, paralysée, quand elle la vit ouvrir une des portes.
Mais Rose semblait obéir à une voix plus forte que la sienne. Elle trébucha plus qu'elle entra dans la pièce.

"Qui a laissé cette porte ouverte !" hurla Senia à son domestique ; il n'osa pas lui dire que c'était elle, se précipitant plutôt vers la porte. Mais elle l'avait devancée. Se tenant dans l'encadrement, elle cria "Si tu lui fais du mal, je te promets que je te tuerai !"

Mais Rose n'en manifestait pas l'intention. Elle était assise par terre, près du lit de Ludi, serrant sa petite main.

"Bonjour, maman." dit la petite fille. Elle souriait. Elle se releva même légèrement sur un coude, pour saluer sa mère. Senia semblait choquée. Elle ne l'avait pas vue tant bouger depuis bien longtemps.

"Ludi, tu n'as pas..." Elle hésita, se demanda comment tourner la question d'une façon que sa fille comprendrait. "Tu aimes bien la dame ?"

"Oui, maman !" s'exclama la petite fille.

"C'est bon, ici..." fit remarquer Rose à personne en particulier.

Senia hésita.

Ils ne doivent pas voir ta fille, avait dit leur Seigneur. Ils ne doivent surtout pas être exposés à la Maladie. Mais maintenant, il était trop tard, n'est-ce pas ? Et pas par sa faute ! Et si cela pouvait apporter quelque chose à sa fille, d'avoir une compagne dans le même étrange état d'esprit... elle avait tant de mal à lui parler.

Et Ludi était réveillée. Depuis plusieurs minutes, maintenant. Sans montrer le mondre signe de fatigue.

"Soyez sages !" s'exclama-t-elle, avant de fermer la porte.

Elle ne la ferma pas à clé ; mais, par prudence, elle ferma entièrement tout l'étage.

Elle demanda qu'on la prévienne dès que ses serviteurs partis à la poursuite du Docteur serait revenus.

"Je ne peux pas me permettre l'échec !" lança-t-elle fièrement. Puis elle ajouta, pour elle seulement "Surtout après une première trahison. Oh, s'Il sait, si c'est une tentation qu'Il m'envoie, je ne me le pardonnerai jamais !"

***

Le Docteur suivait toujours les indications qu'on lui avait données. Il avait traversé un quartier de cabanes branlantes, bien différentes de la grande maison à étages de Vimir, Lienn et Liosha ; mais maintenant, la tendance s'était inversée, et toutes les maisons, quoique toujours en bois, étaient ornées de peintures ou de sculptures.

De plus, il croisait toujours régulièrement quelques domestiques portant le même genre de costumes que ceux qui l'avaient poursuivi, et cela le rendait nerveux.

Heureusement, il n'en encore vu aucun qui portait une hallebarde.
Sauf quand il se mit, justement, à s'approcher de la bonne maison. A défaut d'autre chose, c'était une preuve qu'il ne s'était pas trompé.
Il fit le tour prudemment, essayant de trouver une entrée qui serait gardée par un individu pas trop contrariant. Une serrure seule, par exemple.

Soudain, quelqu'un l'attrapa par le bras.

Sans un mot, il se retourna vivement pour lui faire face.

C'était Liosha.

"Je passe mon temps à vous attendre, vraiment !" s'exclama l'adolescent renfrogné.

"C'est dans la nature même du monde et du temps." répondit le Docteur avec un grand sourire provocateur.

"Je ne viens avec vous que parce que je soupçonne que vous pouvez ne pas être trop ennuyeux, alors vous avez intérêt à être a la hauteur !" Il leva la tête. "Au fait, c'est quoi votre nom ? Pas que ça m'intéresse, mais..."

"Je suis le Docteur."

"Le Docteur qui ?"

"Juste le Docteur."

"Rien à dire. Et elle ? L'Infirmière, ou quelque chose ?"

"Rose." répondit le Docteur, avec une intensité involontaire. "Rose Tyler." Il frissonna "Je me demande ce qu'ils ont pu lui faire."

"A mon avis, rien du tout. Je m'inquièterais plus de ses réactions à la Maladie, à votre place."

"Et ton père n'allait rien nous faire non plus, n'est-ce pas ?" demanda le Docteur, un peu amer. "C'est lui qui nous a infectés !"

"Si oui, ce n'est pas exprès !"

"J'ai l'intuition qu'il y a quelque chose de louche là-dessous."

"Et moi, je les ai espionnés ! Ce qui est un moyen de renseignements carrément plus fiable !"

Le Docteur lui lança un regard interrogateur. Liosha haussa les épaules.
"Rien de spécial. "Je devrais leur présenter des excuses."" L'imitation de Vimir et de son air soucieux était parfaitement exacte. "Et puis une discussion sur si c'était vraiment leur faute, et ils avaient l'air de se poser vraiment la question. Mais quand ils ont décidé d'y aller, pour les excuses je veux dire, forcément, vous étiez partis !"

Le Docteur assimila ses renseignements, se concentra à nouveau sur la maison de Senia.

"Où peuvent-ils l'avoir emprisonnée ?" demanda-t-il encore.

"Dans une des chambres, je suppose. Je ne sais pas ce que vous imaginez, mais ça n'arrive pas tous les jours, ici, que quelqu'un se fasse capturer." Il lorgna sur le Docteur. "Sans compter que vous êtes des étrangers à la planète. Que vous êtes, apparemment, convoqués par Notre Seigneur. Ca non plus, ça n'arrive jamais. Vous êtes des trucs bizarres."

"Alors qu'une maladie mystérieuse qui confond le passé et le futur, ou un Dieu qui explique comment déplacer des planètes, ça arrive tous les jours ! Plus qu'un enlèvement."

"En pratique, oui. Pourquoi en parler comme si cela avait un rapport ?"

Le docteur considéra Liosha avec attention pour déterminer s'il s'agissait d'une dissonance culturelle frappante ou d'humour très à froid.

"Bientôt, continua l'adolescent, vous allez supposer qu'elle est dans des geôles dans une base secrète construite sous la maison."

"Je n'en serais même pas surpris."

"Eh bien ce serait une erreur. Il y a une base souterraine, mais elle n'est pas du tout secrète. Je sais qu'elle est là. Ne confondez pas tout."

Cette fois-ci, Liosha se moquait sincèrement de lui, et n'essayait même plus de le cacher.

"C'est par là qu'est le chemin pour aller rencontrer Notre Seigneur en personne." précisa-t-il. "Au moins, un des chemins. L'autre est au temple. Mais s'il y avait des geôles, ce serait une grosse surprise."

"Cela doit être bien surveillé, alors..." Le Docteur eut une inspiration. "La maison voisine le sera moins."

"Elle n'aura pas Rose, ni de base secrète, d'ailleurs, mais à part ça, oui..."

"Les ruelles sont minuscules, je l'ai bien vu ! On peut passer d'un toit à l'autre ! Et les maisons classiques, sur Cessar, ont des lucarnes au grenier !" Il le regarda d'un air soupçonneux. "Vous n'avez pas renoncé à vos antiques et pratiques traditions pendant que je ne regardais pas ?"

"Non, mais pour y entrer..."

"Fais-moi confiance !"

Le Docteur choisit une maison suffisamment proche, mais avec la porte donnant dans la direction opposée, puis il sonna bruyamment à l'entrée.

"Je ne sais pas si..." murmura Liosha.

Un jeune domestique vint ouvrir.

"Bonjour !" tonna le Docteur, ajoutant ses papiers psychiques. "Le fils du premier prophète et moi, nous sommes en mission pour Notre Seigneur. Nous devons accéder à votre grenier."

"Je ne sais pas si Monsieur..."

"He bien, prévenez-le, pour qu'il puisse confirmer l'autorisation ! Ou ne le prévenez pas du tout, après tout. A vous de choisir. Mais en tout cas, ne vous mettez pas en travers de notre chemin. Où sont les escaliers ? Ah, voilà !"

Le propriétaire furieux vint les interrompre, mais il fut bien forcé, lui aussi, de s'incliner. Il envoya le domestique de l'entrée les suivre, pourtant, pour vérifier qu'ils n'emportaient rien.

Cela ne dérangea pas le Docteur, qui ouvrit la lucarne avec son tournevis sonique, et salua avec un grand sourire : "Notre séjour dans votre demeure est fini ! Nous avons rendez-vous avec le ciel !"

Il ne montra aucune réponse autre qu'un regard surpris, et retourna à ses tâches quotidiennes.

"Par ici." murmura ensuite le Docteur à Liosha. "On peut se cacher derrière la cheminée !"

"Vous voulez vraiment mourir." fit remarquer le jeune homme. "Pas que ça me dérange d'aider..."

Ceci dit, il suivit le Docteur dans ses acrobaties, arrivant sur le toit de chez Senia, couchés sur le ventre. Si quelqu'un s'était rendu compte de leur présence, il avait été discret ; et la lucarne était bien là où elle devait être.

Ils se retrouvèrent dans un grenier empli de meubles et de coffres. La trappe de sortie ne fut pas très difficile à trouver non plus.

En dessous était l'étage des domestiques, expliqua Liosha à voix basse. Heureusement, ils étaient tous au travail, et il ne fut pas très difficile d'atteindre le second étage.

Ils parcoururent le long couloir sans faire de bruit, dans les tapis épais.

"Docteur !"

C'était la voix de Rose.

Le Docteur se précipita vers la pièce. "Rose !" s'exclama-t-il. "Que se passe-t-il !"

"Vous êtes là." dit-elle en souriant.

"Pourquoi as-tu appelé ?"

"Vous êtes là." Elle se leva, le prit dans ses bras.

"Bien sûr." murmura le Docteur. "Décalage temporel."

Ainsi rassuré, après s'être assis à côté de Rose, il s'adressa à la petite fille dont il occupait le lit indûment (Liosha avait préféré s'installer dans un fauteuil confortable.) "Et toi, qui es-tu ?"

"Ludi." répondit la petite fille. "Et toi ?"

"Ainsi, la fille de Senia est malade aussi !" s'exclama Liosha, les yeux écarquillés. "Je n'en savais rien."

Si le Docteur enregistra très certainement l'information, il préféra rester concentré sur la conversation courante : "Je suis un ami de Rose. On m'appelle le Docteur."

"Docteur." répéta la petite fille. "Vous soignez les gens."

"Cela m'arrive, mais..."

"Vous me soignez ?"

"Bien sûr !" s'exclama le Docteur. Il se tourna vers Rose. "Je vais trouver un remède." Il lui sourit "Tu vas mieux."

Rose ne comprit pas. Bien sûr. Evolution temporelle. Trop difficile à saisir dans cet état.

Soudain, il sauta en l'air.

"Une maladie qui enlève la conscience de l'évolution temporelle..." murmura-t-il, comme inspiré. "Ou plutôt, qui l'inverse partiellement et la trouble..." Il fit une pause. "Mais bien sûr !" s'exclama-t-il. "Tout concorde ! Quand les roturiers tombent malades, ils sont exilés dans le ghetto, bien sûr ? Ce que les nobles ne permettront pas ?"

"Oui, mais..."

"Cela pourrait être causé par une interférence entre la ligne temporelle des malades et celle de l'agent contaminant ! Réflechissez-y : si le temps propre de cette maladie est inversée, alors, bien sûr, la causalité est inversée ! Voilà pourquoi ! Les gens qui sont exposés à une importante source - qui habitent ensemble, c'est-à-dire - profitent d'un soin naturel ! Et à l'inverse, toute forme de soin ou de prévention, par inversion du principe de causalité, a une chance de la provoquer ! Oh, Liosha, on dirait que vos parents n'avaient que de bonnes intentions, après tout !"

Liosha fronça le sourcil, sans qu'on puisse deviner si c'était l'effort dû à la concentration ou la contrariété d'entendre dire du bien de ses parents.

"Vous ne l'avez pas attrapée juste parce que vous n'avez rien fait pour l'éviter ! Et pareil pour votre père ! Et donc un remède doit être... vivre ensemble ne réussit qu'à freiner la maladie, il faudrait trouver une source plus pure..." Il arpenta la pièce, presque courant, sous les regards surpris de Rose et Liosha. "Oh, brillant ! Ces lynx de pierre qui ressemblent un peu à des créatures de Gallifrey ! Leurs réactions ne sont pas naturelles, évidemment ! Ni même leurs mouvements ! Mais si on les observe à l'envers... cela le devient ! Cela est lié, et peut-être que simplement les toucher..." Il prit la main de Rose "Nous allons chasser le lynx !"

Puis il se paralysa sur place, comme si une révélation encore plus énorme venait de lui tomber dessus.

"Rose, dis-moi que je suis un idiot !"

"Vous n'êtes pas un idiot !" s'exclama-t-elle, comme offensée même par l'idée.

"Vous êtes un idiot." annonça charitablement Liosha, mais le Docteur ne manifesta pas toute la reconnaissance nécessaire. "Même si, si ce que vous dites sur la maladie est vrai, vous êtes aussi plus de la moitié d'un génie."

"C'est la symétrie PCT ! L'antimatière peut co-exister avec la matière, en évitant l'explosion si on inverse non seulement le signe des particules mais leur ligne temporelle !"

"Certainement." murmura Liosha, comme à un malade mental qu'il ne faut pas contrarier.

"Antimatière, manipulation stellaire, manipulation du temps, et une cité-dôme, et ces créatures... et ce complexe de Dieu, même si c'est, hum, plus courant... Rose, la prochaine fois que je me vanterai trop, pour me rappeler à l'ordre, dis-moi juste..."

C'est à ce moment que Senia se profila dans l'encadrement de la porte, une épée à la main.

"Ne touchez pas à ma fille !" s'exclama-t-elle, menaçante.

Liosha sursauta, pris en faute. Le Docteur, lui, se leva, s'avança vers elle. Son expression était plus menaçante que l'épée. Pourtant, elle se sentit plus tranquille, au fur et à mesure qu'il s'éloignait de Ludi.

"Avez-vous seulement entendu ce que je viens de dire !?" s'exclama-t-il.

"Non, et je m'en soucie peu ! Notre Seigneur m'a demandé de vous amener à lui ! Il a demandé que vous ne soyez pas exposés à la maladie ! Et il m'a demandé de vous séparer ! J'ai échoué, mais cela au moins sera fait !"

"Eh bien si vous suiviez, vous saurez que je peux peut-être guérir votre fille ! Mais vous vous en moquez, n'est-ce pas ? C'est ce que vous prétendez ? Un aide divine, un mal nécessaire et sacré... et vous cachez que votre fille est touchée ! Et vous savez quoi ? Vous avez toujours eu peur ! Alors même que vous prétendiez cela, vous preniez des mesures pour la protéger contre la contamination ! Quelle hypocrisie ! Et vous savez quoi ? Ce sont ces précautions même qui l'ont rendue malade !"

"Vous mentez !" hurla la femme.

"Demandez-vous pourquoi la Maladie retarde son évolution quand plusieurs malades sont placés ensemble ! C'est une claire inversion temporelle !"
Elle sembla analyser l'information presque malgré elle. Ses mains tremblaient.

"Vous n'avez aucune preuve !" clama-t-elle.

"Je vais en avoir !" s'exclama-t-il. "Qu'est-ce qui vous a été demandé ? Nous séparer, n'est-ce pas ? He bien, tout va bien se passer pour vous. Je vais me rendre, si seulement vous laissez Rose partir avec ce jeune homme !"

Elle hésita.

"Si j'ai raison, ils pourraient revenir avec un remède !" clama-t-il. "Cela vous est-il interdit ?"

Senia se reprit. "Je pense que vous êtes fou." dit-elle d'une voix très froide. "Mais je ne vois aucun problème à les laisser partir,
effectivement."

"Liosha !" s'exclama le Docteur. "Je te confie Rose ! Es-tu capable d'emmener Rose, avec Vani et Dash, très probablement, là où vivent ces créatures ? Ce sera dangereux..."

"Je n'ai peur de rien !" s'exclama Liosha.

Le Docteur sourit, comme s'il attendait cette réponse. "J'en ai vu sur la colline de pierre proche du village des malades." précisa-t-il. "Peut-être faudra-t-il les toucher, ou peut-être... peut-être le remède peut-il être extrait de leur corps. Mais tout se ramène là !" Il se tourna. "Rose. Liosha... comment dites-vous déjà ? T'aura aidée." Elle lui sourit.

"OK. A moi de sauver la jeune fille !" s'exclama-t-il avec son sourire insolent habituel, plus libre depuis qu'il avait compris que Senia allait effectivement le laisser partir. "Et vous, amusez-vous bien à faire connaissance avec Notre Seigneur."

"Oh, je le connais déjà."

"Oh ?"

"Je l'ai déjà affronté plusieurs fois."

"Et alors ?"

"J'ai gagné."

"Bon."

Senia écoutait cette conversation, manifestement choquée.

"Partez tous les deux !" s'exclama-t-elle, évacuant sa colère sur Liosha et Rose. "Avant que je change d'avis !"

Ce qu'ils firent, même si le regard de Rose se tournait vers lui, comme désespéré de le quitter. Il hocha la tête pour lui montrer que c'était bien ce qu'il voulait.

Ludi sembla triste de la voir partir ; mais elle ne dit rien.

Le Docteur, lui, finit sa phrase à voix très basse, pour lui seul. "Mais cette fois, malheureusement, je devrai admettre qu'il a des raisons justifiées de me haïr."

genre:gen-ish, *fic, genre:aventure, fandom:doctor who, fic:une planète de retour

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