J'avais des envies de faire des fics à scénar sur Doctor Who ces temps-ci, et je vais tenter ma chance... A lire juste comme un épisode supplémentaire de milieu de saison 2, sans bouleversements cosmiques... avec Ten et Rose qui sont adorables, donc, mais pas officiellement ensemble. Je me demande si cet aveu ne risque pas de faire fuir à la fois les gens qui les shippent et ceux qui ne les shippent pas.
Hum, quand j'y pense, j'ai vu plus de Old Who que de New Who ces temps-ci, donc ça risque d'être plutôt en mode Old School, avec un scénar qui commence lentement, de la pipo-science, et des cliffhangers foireux. :-) Et un méchant qui vient de Old Who aussi, parce que j'aime bien les rencontres entre les persos des nouvelles et des anciennes séries (mais on peut lire sans le connaître).
(Je n'en suis pas très satisfaite, mais les fics à scénar ne sont pas forcément mon truc... Je veux essayer quand même !)
Titre : Une planète de retour (Partie 1/5)
Auteur :
flo_neljaFandom : Doctor Who
Persos : Ten et Rose (un peu de Ten/Rose, comme dans le canon, quoi), des OC locaux, et un méchant des vieilles séries que j'aime bien
Rating : PG
Résumé : Ten et Rose, pendant la saison 2 (et même, techniquement, quelque part entre le 2x07 et le 2x08), sur une planète qui ne devrait pas être habitée, ni même être là du tout.
Disclaimer : Ces personnages appartiennent à la BBC et à Russell T. Davies.
Avertissements : Pas vraiment de spoilers. Désolée pour les histoires de tutoiements/vouvoiements, je n'ai rien trouvé de satisfaisant. Imaginez qu'ils parlent anglais. ^^
Rose commençait à tirer une fierté légitime de sa capacité à garder son équilibre quand le Tardis se mettait à tanguer comme un culbuto névropathe.
Mais quand, sans aucun état transitoire apparent, le plancher dudit vaisseau se retrouva quasiment à la verticale, ce fut déjà beau qu'elle réussisse à s'agripper, sans grâce aucune, à un des leviers mystérieux qui dépassaient de la console, pour ne pas s'écraser contre le mur de la salle de contrôle.
"Que se passe-t-il ?" demanda-t-elle de la voix la plus digne possible, essayant de marquer son désir de s'instruire plutôt qu'un énervement légitime.
Plus chanceux qu'elle, le Docteur s'était retrouvé à califourchon sur un des côtés de la console. "Cela ressemble à une tempête du Vortex. Cela arrive souvent, mais j'en ai rarement vu d'aussi belle !" Devant un regard noir de Rose, il réussit à sembler un peu moins admiratif devant la tempête en question, juste quelques instants. "Je suis en train de demander au Tardis de faire une matérialisation d'urgence, et, hum, il se trouve que je n'arrive pas à atteindre le bouton bleu qui est là, est-ce que tu pourrais ?"
"Celui-là ?"
"Exactement ! Celui qui est juste à côté du rouge, qu'il ne faut surtout pas toucher, lui, sinon..."
Avant de se laisser effrayer par les événements déplaisants, et peut-être même sanglants, qui pourraient leur arriver si elle pressait le mauvais bouton, Rose s'accrocha fermement des deux mains au levier, et d'un rétablissement précis, envoya son pied gauche heurter le bouton bleu en question.
Aussi rapidement qu'il avait fauté, le plancher du Tardis retrouva sa position légitime, et Rose mit quelques instants avant de pouvoir rouvrir les mains toujours nerveusement crispées autour de sa planche de salut, ou tout équivalent métallique.
"Je suppose que nous ne sommes plus au Kansas !" s'exclama-t-elle, avec un grand sourire de soulagement.
"Mais où, telle est la question !" Le Docteur se releva, et Rose regretta sa ne pas avoir eu le temps de voir son expression quand il avait atterri les quatre fers en l'air, les jambes écartées autour de la console.
Rose jeta un coup d'oeil à l'écran de contrôle le plus proche : "Il dit Cessar."
Le Docteur eut un grand sourire : "Oooooh, Cessar, charmante planète ! Des forêts denses d'arbres rouges, de grands lacs, un ciel vert pâle, une population aimable, une technologie proche de celle de votre 19e siècle... et..." il regarda à son tour l'écran et son visage s'assombrit brusquement.
"Docteur ?" s'inquiéta Rose.
"Je n'aurais pas dû te donner de faux espoirs. Nous sommes effectivement à l'endroit où aurait dû se trouver l'orbite de Cessar, mais dix ans trop tard..."
Devant le visage interrogatif de Rose, il précisa : "Il y a eu une guerre..."
"La Guerre du Temps, ici aussi ?"
Le Docteur eut une grimace. "Oh non, pas cette fois. Une guerre ordinaire, si j'ose dire, en un point précis de l'espace et du temps. Horrible, ceci dit, comme elles le sont toutes. Cessar n'était pas impliquée dans le conflit, contrairement à une des planètes du même système, bien plus avancée technologiquement. Leurs adversaires ont utilisé une bombe à antimatière, et l'explosion a en quelque sorte soufflé Cessar de son orbite. Projetée loin de son soleil, dans les étendues glacées de l'espace... Personne n'a survécu."
Rose écarquillait des yeux horrifiés, presque incapable d'imaginer comment une planète entière pouvait se retrouver dommage collatéral pour un conflit qui ne la concernait pas. Le Docteur conclut, sombre : "Aussi, il ne doit plus rester en cet endroit de l'espace que quelques astéroïdes perdus ."
Pour illustrer ses dires, il ouvrit le hublot qui permettait de regarder à l'extérieur.
A perte de vue s'étendait une terre noire ; le ciel était d'un vert sombre et constellé d'étoiles, à la lumière desquelles on pouvait distinguer, sur la droite, les restes d'arbres morts et noircis.
"Quoi ?" articula faiblement le Docteur.
"Peut-être que la tempête a causé un problème dans l'affichage du Tardis ?" suggéra Rose. "Ou bien peut-être que votre mémoire..." elle eut un clin d'oeil malicieux, "disons, que les livres d'histoire que vous avez lus n'étaient pas assez précis ? Dans tous les cas, c'est une bonne nouvelle !"
"Oui, oui, mais non !" continua le Docteur, fronçant le sourcil. "Quelque chose n'est pas normal ! Pas de la mauvaise façon, mais pas normal !" Il consulta un des écrans. "Atmosphère, température, gravitation, niveau de radiations, aucun problème ! Allons voir ce qui se passe !"
"Avec plaisir ! Personnellement, je trouve ce paysage plutôt reposant. Mais vous connaissant, je veux bien admettre que les apparences sont trompeuses..."
Le Docteur abandonna un instant son front contrarié pour observer son sourire et lui rendre le sien, et ce fut main dans la main qu'ils quittèrent le Tardis.
oOo
Dans cette maison, tout était fait de bois : les murs, le plancher, les poutres au plafond, les meubles et jusqu'aux couverts. Trois personnes, vêtues de laine écrue, étaient attablées autour d'un repas.
On pouvait néanmoins distinguer des ferrures à la porte ; et aussi un certain nombre d'objets plus étranges et complexes, de bois, de métal et de verre, posés sur une étagère.
"Lienn, je pense que nous pourrons t'aider cet après-midi à déménager les échantillons." commença un grand homme maigre au crâne pointu et à moitié couvert de cheveux grisonnants, s'adressant à une petite femme d'une quarantaine d'années aux gestes vifs, aux cheveux noirs et à la peau cuivrée.
"Je sors cet après-midi, moi !" lança le troisième d'entre eux, un grand adolescent aux cheveux très noirs, à la moue boudeuse, en finissant sa dernière cuillerée de bouillie. Son expression laissait entendre qu'il méprisait quiconque essaierait de faire la moindre remarque.
La femme eut un frémissement. "Je ne veux pas te forcer, mais fais tout de même attention, Liosha..."
"Oh, promis, je n'irai pas traîner dans les champs futurs..." reprit le jeune homme avec un ricanement. "Seul un crétin pourrait faire ça. Ou alors, quelqu'un qui aurait l'esprit de contradiction et à qui ses parents répèteraient tout le temps de ne pas le faire... oops."
Lienn soupira avec attendrissement : "Oh, tu peux raconter ce que tu veux, tant que tu ne fais rien de stupide..." Son fils préféra mépriser silencieusement.
Le père, lui, souriait paisiblement, puis il se leva, tendit la main pour aider sa femme à ranger les restes du repas.
Soudain, il fut agité d'un spasme violent, et resta les yeux dans le vague, à fixer le néant.
"Oh non, encore !" s'exclama Liosha. "Est-ce que Notre Seigneur ne lui parlait pas encore il y a six jours ?"
"C'est vrai, c'est surpremant, mais le timing n'est pas mauvais, je trouve." répondit la femme. "Il ne tenait rien de fragile, et nous n'étions pas non plus en train de..." Se reprenant, elle ajouta vigoureusement "Et toi, un peu de respect ! Notre Seigneur nous a tous sauvés, tu le sais !"
"Pour que nous puissions manger de la bouillie..." Mais la voix de Liosha n'avait pas le mordant habituel, et il baissa la tête.
Le père, lui, avait perdu tout contact physique avec la réalité, tellement l'émission psychique était forte. "Vimir !" l'appelait une voix tonnante.
"Oui, Seigneur ?"
"Un étranger vient d'arriver sur cette planète. Il ne tardera probablement pas à trouver la ville."
"Oh, si cela pouvait être une bonne nouvelle !"
"Cela dépendra de toi. Mais cela devrait être possible. Il te suffit de le convaincre de venir, seul, en ma présence. Attention : il devra être vivant, et en bonne santé ! On ne sait jamais, donne lui un des remèdes préventifs de ta femme contre la Maladie."
"Mais Lienn n'a encore réussi à obtenir aucun résultat convaincant !"
"Peu importe, essaie quand même ! C'est mieux que rien, n'est-ce pas ?"
"Mais..."
"Il suffit, Vimir. Dans ces circonstances précises, j'en sais plus que toi, et ne tolèrerai aucune discussion !"
"A vos ordres, Seigneur."
"Ah, et au fait. Il est possible qu'il voyage avec des connaissances siennes, probablement une ou plusieurs jeunes filles. Mais au cas où, celui que je cherche est le chef du groupe."
"N'a-t-il pas de nom ?"
"Probablement. Mais - et ne lui laisse pas sentir que tu connais ce titre, bien entendu - il se fera appeler le Docteur."
Puis la communication cessa, et d'un coup, Vimir s'étala sur la table, comme s'il avait perdu tout sens de l'équilibre.
"Ca va ?" lui demanda Lienn.
"Oh oui, très bien !" Vimir la regarda d'un air un peu honteux, comme si seules quelques années de trop lui interdisaient de tripoter le bord de sa robe dans un accès de timidité. "Par contre, je crains que pour cet après-midi, tu ne sois forcée de faire le rangement seule, ma chérie. Je suis en mission sacrée."
oOo
Le sol avait l'aspect de la terre, mais était aussi dur qu'une route goudronnée ; marcher dessus était facile et rapide, bien que le paysage soit vallonné et qu'il y ait parfois des côtes assez dures.
"Tu vois !" s'exclama le Docteur d'un air de triomphe. "La terre est gelée, malgré la température clémente ! Ce qui signifie que la planète a enduré des froids inimaginables... mais je ne comprends pas ce qu'elle fait ici. Si au lieu de partir dans l'espace, elle a été changée en comète, il se peut qu'elle recroise effectivement son ancienne orbite, mais quelle coïncidence, et puis..." Il se pencha pour essayer d'arracher un fragment de terre, qui lui demanda des efforts, mais qu'il finit par brandir triomphalement. "Si nous venions directement de l'espace lointain, le sol n'en serait pas encore à ce degré de décongelation !"
"Peut-être qu'elle est revenue à sa place ?" suggéra Rose. "Vous dites toujours que la vie trouve un moyen..."
"Oui, bien sûr, la vie continue... Je ne serais pas surpris de trouver par exemple certaines des formes de vie les plus simples, en particulier celles basées sur la roche, ou des insectes qui auraient découvert l'hibernation... Mais ce sont les êtres vivants qui s'adaptent ! Les planètes, elles, n'ont pas la moindre intention de bouger le petit doigt ! Totalement inertes et immobiles ! Enfin, immobiles sur leurs orbites méta-elliptiques complexes à trois dimensions qui valsent dans l'espace, mais tu vois ce que je veux dire..."
Les dernières étoiles s'éteignirent peu à peu alors que le ciel s'éclaircissait. Rose les observa. Bien sûr, elle ne pouvait reconnaître aucune des constellations de la terre, mais c'est comme si le ciel avait un visage familier...
Un ciel fait pour être regardé et admiré. Un ciel qui deviendrait si triste et seul après qu'ils seraient partis...
"Oui, la même concentration d'étoiles." dit le Docteur comme s'il devinait au moins une partie de ses pensées. "Nous sommes dans votre galaxie ! D'ailleurs, la Terre doit se trouver..." Il pointa vaguement la doigt dans deux dimensions, pour finir par en désigner triomphalement une troisième, diamétralement opposée aux autres. "là ! Si la nuit n'était pas si tardive, on pourrait voir votre soleil !"
Rose leva les yeux dans la direction indiquée. C'en était devenu une impression étrange, que la Terre existait toujours dans cet univers, que le Tardis ne l'amenait pas dans un monde totalement différent... comme instinctivement, elle fit un signe de la main.
"Cent trente-huit années lumière !" précisa le Docteur. "Vous êtes voisins, vraiment !"
"Ca veut dire que si je vais sur Terre dans cent trente-huit ans... est-ce qu'ils auront inventé des télescopes suffisamment puissants pour que je puisse me voir faire l'imbécile sous les étoiles ?" Elle se mit à agiter les bras frénétiquement, de façon complètement ridicule.
"Je crains que non. Une grande perte pour la postérité." répondit le Docteur avec un rire contenu. "Le Tardis doit avoir ça, pourtant. Aussi, si nous regagnons la Terre dans cent tente-huit ans et que nous cherchons dans ce que vous appelez la constellation du Burin..."
"Je ne l'appelle certainement pas comme ça !" Rose éclata de rire avant de réaliser. "Non ? C'est vrai ? Il y a une constellation du Burin ?"
"Oh oui ! De l'hémisphère Sud, par contre ; ce n'est pas de la bonne vieille Angleterre qu'on le verrait. Il y a aussi une Machine Pneumatique... he, qu'est-ce qu'il y a de si drôle ? Au nord, vous avez bien une constellation de la Balance !"
"Oui, mais..."
Rose n'avait pas franchement d'autres arguments que son rire frais, alors que le Docteur pouvait en présenter toute une armée, sur un ton faussement heurté, alors qu'ils passaient près de ce qui avait dû être une forêt mais n'était plus qu'un tas d'arbres morts. "Bien sûr, ce n'est pas très poétique, mais quand on y pense, un burin a ses lettres de noblesse. Bien sûr, cela sert en sculpture, et même en tant qu'objet technique, cela permet, avec la plus grande délicatesse, de dégager..."
"Tous à terre !"
Une robuste jeune fille aux tresses châtain, brusquement sortie de derrière un des arbres morts, se jeta sur Rose pour la plaquer à terre, tentant maladroitement de tirer la manteau du Docteur en même temps. "La mine aura explosé !" cria-t-elle encore.
Rose et le Docteur auraient très certainement pu se dégager de cette prise, mais un instinct de conservation bienvenu leur conseilla de se plaquer à terre et d'y rester, au cas où elle aurait dit vrai.
Ils n'attendirent qu'une dizaine de secondes, qui leur semblèrent des minutes ; une énorme explosion, plus avant sur leur chemin, fit trembler le sol et fit voler quelques troncs par-dessus leur tête.
"Tu vois, par exemple, avec un burin ça aurait été plus subtil..." continua le Docteur, commençant à se relever.
"A terre !" cria encore la jeune fille ; et comme elle avait été de bon conseil la première fois, ils attendirent, encore et encore... les secondes passaient lentement.
Quand soudain, elle se releva, sans un mot, et partit en courant.
Ne sachant si elle devait craindre une autre explosion encore plus importante ou se rassurer qu'elle n'ait pas eu lieu, Rose se releva lentement, juste pour voir la jeune fille disparaître derrière une butte.
"Allons-nous la rattraper, Docteur ?" demanda-t-elle, déjà prête.
"Je ne suis pas sûr..." répondit le Docteur. "Ou plutôt oui, mais pas tout de suite. S'il y a des Kayons dans le coin..."
"Kayons ?"
"Oui, une des espèces natives. Cela ressemble à des petits cailloux, et ce n'en est vraiment pas loin, mais ils sont vivants. En fin de vie, ils explosent, pour répandre leur descendance, et... tu as vu."
"Et donc, il pourrait y en avoir d'autres ?"
"Oui. Probablement, si c'est un endroit à Kayons. Mais ils meurent assez rarement... nous avons bien une chance sur cinq de nous en sortir sans en croiser d'autres... OK, je plaisantais.
"Bonne nouvelle !"
"Non, en fait, à la base, nous avons effectivement une chance sur cinq, même si j'ai un peu arrondi ! Seulement..." il sortit le tournevis sonique de sa poche "tadaaaa ! Alors," continua-t-il en montrant les boutons variés qui permettaient de le régler, "ils sont suffisamment proches de la pierre réelle, parcourue par des impulsions électriques, j'entends, pour que le tournevis sonique ait un effet sur eux. Ce mode-là permet de les détecter - mais pas de savoir ceux qui sont sur le point de mourir, leur durée de vie est très variable et personne n'a réussi à la prévoir, donc ce n'est pas très utile... ha, voilà qui est mieux ! Cela permet de les mettre en une sorte de léthargie... au moins, d'assurer qu'ils n'explosent pas pendant qu'on passe à côté d'eux."
"Si on n'y reste pas trop longtemps." dit Rose, se saisissant du tournevis avant de se mettre en route.
"Exactement ! Oh, et on ne sait jamais, en cas de besoin le mode 10658 permet de les faire exploser prématurément. Je l'appelle Ace, d'ailleurs."
"Ace ?"
"Une amie, qui aimait faire exploser les choses. Je te raconterai un jour."
Rose sourit. "Je ne serai plus jalouse. Vous savez ça. De toute façon, Sarah Jane était vraiment cool."
Le Docteur sourit, sans rien dire, et puis comme si cette conversation était trop difficile à poursuivre pour lui, il en revint à ce qu'il savait le mieux. "Cela ne m'étonne absolument pas que les Kayons aient survécu." continua le Docteur. "Formes de vie primitives, comme je le disais."
"Docteur," soupira Rose, "il y avait des humains ! Une jeune fille !"
"C'est vrai. Bien observé. Mais cette partie-là est plus difficile à expliquer, aussi je la gardais pour plus tard, quand nous aurons plus d'éléments."
Il fit encore quelque pas, puis demanda, songeur. "Te rappelles-tu ce qu'elle nous a dit ?"
"De nous jeter à terre, parce que ça allait exploser."
"Les mots exacts et très précis ?"
Rose fronça les sourcils. "Tous à terre." conclut-elle, et puis aussi "La mine aura explosé."
"Quel temps, cette dernière phrase ?"
"Futur antérieur ! Je ne vois pas ce qu'il fait là, d'ailleurs. Ni pourquoi vous me posez la question !"
"Parce que... je suppose que c'est la meilleure approximation. Mais ce que le Tardis a traduit pour moi... est un vieux temps gallifreyen. Vieux au sens "déjà plus utilisé et presque pas enseigné à l'Académie". Même avant. Mais tout de même..."
"Ne me dites pas que vous avez à apprendre des dizaines de conjugaisons comme les latins... enfin, les romains."
"Oh si, et bien plus que ça. Dans ce cas, ce temps précis veut dire : quelque chose qui n'a pas lieu dans le présent ; mais est-ce dans le passé ou le futur, on ne le sait pas."
Rose hocha la tête "Je dois avouer que ça doit pouvoir servir, quand on voyage dans le temps un peu plus que de raison... on peut peut-être même éviter de cruels incidents diplomatiques comme ça. Oh ! Je devrais l'apprendre pour donner l'âge de ma mère. Elle serait folle !"
"Ne me donne pas d'idées !"
oOo
Près d'un grand lit de bois sculpté, une femme se tenait au chevet d'une enfant endormie. Elle était grande, ses cheveux auburn relevés en un artistique chignon, et ses yeux étaient tirés de fatigue et de tristesse.
"Ca va aller." murmura-t-elle. "Tu vas guérir, ma chérie."
L'enfant était maigre et fragile ; elle ne semblait guère avoir plus de dix ans. Soudain, elle ouvrit les yeux ; ils étaient d'une couleur étrange, la pupille blanche mais le tour noir, l'iris orange. C'était saisissant et quelque peu troublant.
"Je ne comprends pas ce que tu dis, maman." murmura-t-elle.
La mère eut un rire horriblement forcé. "Ah oui, mais tu comprends les espaces courbes à cinq dimensions, et moi pas. C'est bien aussi."
"J'aime bien ceux-là !" dit la petite fille avec un sourire. "Et je comprends que je t'aime, aussi. Je t'aime très fort. Quoi que tu auras fait."
La femme serra sa petite main plus fort.
Soudain, saisie d'un tremblement, elle quitta le monde sensible ; il n'y avait plus que le souvenir de sa fille et son Seigneur qui l'appelait.
"Senia !" tonna la voix.
"Mon Seigneur ?"
"Un étranger qu'on nomme le Docteur doit arriver sur cette planète, et je dois le recontrer. J'ai déjà donné des indications à Vimir."
"Alors pourquoi me contacter ? Ne sera-t-il pas capable d'y parvenir tout seul ? Si le premier prophète est si doué qu'on le prétend..."
"J'espère qu'il l'est. Mais - juste au cas où - je dois te demander de t'occuper d'un point particulièrement important. Vimir peut avoir le coeur trop tendre. L'étranger doit absolument venir me voir, et surtout il doit absolument être seul ! Je ne tolèrerai aucune intrusion ! Aussi, s'il a des alliés qui ne veulent pas se séparer de lui, je compte sur toi pour les empêcher. Tous les moyens sont bons, par la douceur ou la contrainte, tant qu'ils ne sont pas tués."
"Bien, mon Seigneur. Je vous remercie de votre confiance."
"Une autre chose : ils ne doivent pas voir Ludi ! Et d'ailleurs, ils ne doivent surtout pas risquer d'être infectés par la Maladie en général !"
La femme frémit. "Ce sera fait."
La voix était presque douce, quand elle murmura : "Si tu réussis, tu seras récompensée au-delà de tes espérances, Senia."
Elle reprit contrôle d'elle-même, toujours la main dans celle de sa fille. La petite s'était endormie, trop faible pour rester éveillée longtemps, comme toujours.
"Au-delà de mes espérances." murmura-t-elle. "Mes espérances n'ont qu'un seul objet, Ludi, tu le sais. Je ne te laisserai pas mourir."
oOo
Le Docteur courut soudain en avant. "He, mais ce sont des champs ! Comment..." Puis, après une brève observation : "Bien sûr... Les Kayons font exploser la couche superficielle, gelée, du sol, et ensuite il est possible de déblayer le terrain pour y faire des plantations..."
En effet, le sol était maintenant plus meuble, et traversait ce qui ressemblait manifestement à des plantes, malgré leur forme et leur couleur éloignées de celles des céréales terrestres.
"Regardez, il y a un chemin là !" s'exclama Rose. "Avec même... oui, ça ressemble à des empreintes. Nous allons peut-être pouvoir la retrouver pour la remercier. Et peut-être, éventuellement, apprendre pourquoi elle n'est pas morte gelée !"
"Elle, ou quelqu'un d'autre. Bon, essayons de ne rien abîmer. Cela diminuera les chances d'être accueillis à coups de fusil. Peut-être. Qui sait ? Je crois ne connaître aucune civilisation qui sacrifie les visiteurs consciencieux, mais...
Le chemin était long, malgré la proximité des cultures, et le soleil d'un blanc pur devenait de plus en plus chaud ; aussi, le Docteur et Rose profitèrent d'un passage près d'un amas chaotique de rocher pour se reposer un peu à l'ombre.
"Alors, pas de Kayons ?"
Le Docteur tapota son tournevis sonique. "Aucun ! Partis faire une petite sieste, certainement !"
"Et il y a d'autres formes de vie rocheuses sur cette planète ?"
"Oh, oui, un certain nombre..."
"Est-ce que... par hasard..." le visage de Rose manifestait une certaine tension, mais le Docteur regardait les nuages. "Est-ce que certains d'entre eux ressemblent à de gros lions de pierre à l'air menaçant ?"
"Non, aucune chance. ca ne me dit vraiment rien."
"Alors c'est quoi, ça ?"
Le Docteur la regarda enfin, suivit la direction qu'indiquait son doigt.
"Je suppose que c'est.... l'exception qui confirme la règle !" Se levant d'un bond, il attrapa Rose par la main. "Courons !"
Après seulement quelques dizaines de mètres de course, une grosse pierre, devant eux, sembla s'animer ; c'étaient bien des membres qui en émergeaient, un dos rond, une queue courte, des oreilles pointues... une deuxième créature semblable à leur poursuivant se dressait devant eux.
à suivre...