[Fic] "Something about us", baten kaitos, pour supaidachan, kalas/lyude, PG

Mar 07, 2007 10:15

Titre: Something about us
Auteur: drakys
Fandom: baten kaitos (eternal wings and the lost ocean)
Couple: kalas/lyude
Rating: PG
Disclaimer: tri-crescendo, monolith soft, namco, nintendo
Avertissement: spoilers pour la fin du jeu.
Notes: donc euh, pour répondre un peu approximativement à ta requête, j'ai placé ça quelques années après la fin du jeu et c'est euh-- c'est vraiment corny MAX! mais lyude angste si bien. titre piqué à la chanson de daft punk. x-posté sur 31_jours
Demandé par: supaidachan, ici


Parfois, quand le travail immense de reconstruction de l'Empire lui en laisse le temps, il se demande combien de temps exactement à passé depuis... Depuis quoi, il ne trouve pas toujours les mots exacts pour l'exprimer. Qu'ils ont sauvé le monde, ou réveillé l'Océan? Il ne trouve pas de formulation assez humble, lui qui ne s'est jamais considéré comme un héros.

Il se souvient des autres et se demande ce qu'ils font aujourd'hui et pourquoi il est si seul. Il se souvient des paroles de Kalas et de ses propres hésitations, de toutes ces hésitations qui le hantent encore aujourd'hui. Lyude ne s'est jamais trouvé fort ou courageux et pour lui, il n'y aura jamais assez à reconstruire pour qu'il puisse être pardonné d'avoir toujours été si faible.

Il n'a jamais eu la détermination nécessaire pour prendre en charge toute une nation, mais il est toujours là pour aider ceux qui en ont besoin. Peut-être est-ce par culpabilité qu'il place sa vie au second rang, comme une excuse muette à tous ceux qui savent ou qui ne savent pas qu'il a fait partie de cet Empire décadent mené par la folie de Geldoblame.

Aujourd'hui, même le village autrefois oublié d'Azha est redevenu un endroit où il est tolérable de vivre. Lyude sait que la prospérité n'y naîtra pas facilement, mais à chaque jour qui passe, il espère et travaille dur dans le but de redonner aux habitants des espoirs pour le futur. La pauvreté est un mal qui s'est si profondément enraciné dans le cœur des gens qu'il n'est pas facile d'extraire ce poison.

Mais Lyude y met des efforts patients et il a confiance, pas en lui, mais en eux.

Parfois il croise d'anciens ennemis qui sont devenus de précieux alliés, Ayme et Folon qui travaillent de leur côté pour redonner à l'Empire un peu de ce doré perdu, sans lui conférer à nouveau ses airs de tyrannie et de supériorité malsaine. Un jour, pensent-ils tous les trois, un jour l'Empire sera aussi fort qu'avant, mais jamais plus il ne sera aussi impitoyable. Lyude sait que ces deux-là ont leurs propres blessures et peut-être est-ce pourquoi ils ne se parlent jamais très longtemps quand ils se revoient.

Le passé est trop lourd entre eux.

Lyude revient chez lui avec le soleil qui se couche et les premières étoiles qui brillent comme des diamants inatteignables au-dessus de sa tête, dans cette petite maison de trois pièces qu'il loue depuis presque un déjà. Il y a une petite cuisine et une salle à manger modeste, une chambre et une petite pièce dont il se sert comme bureau. Il s'y installe parfois et écrit des lettres qu'il ne termine pas toujours et qu'il brûle toujours invariablement avant de se décider à les envoyer.

Quand il referme derrière lui la porte de ce chez-lui temporaire, la voix basse et dangereuse le fait frémir: un long frisson qui le chatouille la colonne vertébrale.

"Tu ne m'as pas écouté, on dirait", et Lyude se tend, sa main cherchant instinctivement et ne trouvant pas les Magnus de combat dont autrefois il ne se séparait jamais.

Il n'a pas le temps de tenter quoi que ce soit qu'un bras s'écrase sur sa gorge et l'empêche de respirer. Ses doigts s'enfoncent finalement dans l'avant-bras pour se libérer, mais la force lui manque quand son visiteur parle.

"Si tu étais devenu un leader, te retrouver aurait été plus facile", souffle une voix à son oreille et le rouquin est enivré de la présence et des souvenirs.

"Kalas!", s'exclama-t-il en se retournant, quand l'autre homme le libère avec un grand sourire.

Une main s'écrase sur sa tête pour lui ébouriffer les cheveux comme s'il n'était qu'un gamin, même s'il a à peine un an de moins que l'autre homme.

"Tu as coupé tes cheveux", souligne Kalas et Lyude croise son regard une seconde avant de baisser les yeux.

Il ne sait pas trop pourquoi il rougit à la simple remarque qui n'a rien d'un compliment. Il voudrait lui dire en retour tout ce qu'un seul regard a été suffisant pour constater: que ses cheveux longs lui vont terriblement bien et combien ce bleu foncé qu'ils ont maintenant met en valeur la couleur de ses yeux. Il voudrait effleurer sa mâchoire couverte par la barbe de quelques jours et avouer enfin ce qu'il n'a pas été assez fort pour lui avouer avant que leur groupe se morcèle.

Mais il ne dit rien, parce qu'il a toujours manqué de courage.

"Ils ne me tombent plus dans les yeux quand je travaille", répond simplement Lyude en se détournant. "Je n'ai pas grand chose, tu veux un peu de thé?"

Il ne voit pas les yeux qui ne le quittent pas, mais entend la chaise qu'on tire.

"D'accord."

La pièce est silencieuse, ou presque. Lyude allume le feu dans l'âtre et prépare le thé sans oser parler ou même se retourner pour lui lancer un coup d'œil. Il a presque peur des questions qui pourraient fuser. Il est terrifié que Kalas lui demande Pourquoi tu ne m'as pas écouté? parce que sa réponse serait horriblement idiote.

Je ne suis pas fort, quand tu n'es pas là.

Aussi, il ne provoque pas la conversation et jette quelques feuilles au fond de la théière qu'il suspend ensuite au-dessus du feu. Il coupe avec des gestes lents quelques morceaux de citron vert et dépose une tranche au fond de chaque tasse. Il coupe ensuite quelques tranches d'un pain aux oranges et au miel qu'il place sur le plateau.

"As-tu revu les autres?", demande finalement Kalas et Lyude se retourne enfin et croise son regard, baisse les yeux.

Il s'appuie contre le comptoir, croise les jambes.

"Non.

- Et ils te manquent?"

Pas autant que tu m'as manqué, voudrait-il dire, mais les mots restent coincés dans sa gorge, sans chance aucune de s'en échapper. Lyude sourit doucement et secoue la tête, regarde un point sur le mur comme s'il pouvait voir bien au-delà. Peut-être vers le passé et les souvenirs d'amitié.

"Nous avions tous beaucoup à reconstruire.

- Ça ne répond pas vraiment à la question!", s'exclame Kalas en appuyant son menton dans sa paume.

Un geste un peu paresseux qui souligne la moue qu'il lui fait.

Lyude sourit, un peu nerveusement et passe une main en peigne dans ses cheveux avec la même nervosité. Il se détourne pour s'occuper du thé quand l'eau se met à bouillir: la théière rejoint les tasses et les parts de pain sur le plateau simple et sans décoration et il rejoint la table.

"Tu as raison. Tu vas dire que je me défile encore, n'est-ce pas?", demande-t-il avec un sourire un peu faible. "Ils me manquent", avoue-t-il devant ces yeux bleus qui semblent dénuder jusqu'à son âme.

Il espère en silence que Kalas ne demandera pas qui lui a manqué le plus et il s'empresse de demander un peu maladroitement quelque chose à son tour.

"Et Xelha? Comment va-t-elle?", un autre sourire doux comme Lyude lève les yeux et attend la réponse.

Il se rappelle le sacrifice de la jeune reine et son retour à la vie, aucun sentiment trop amer ne l'étreint en pensant que Kalas est parti avec elle plutôt que d'aider à la reconstruction après la fin de leurs étranges aventures. Il n'avait après tout jamais voulu être le héros de l'histoire. Il ne sait pas comment il doit qualifier l'expression de Kalas, si c'est bien de l'irritation qu'il y voit.

"Elle va bien", dit-il succinctement, avare de détails.

Lyude verse le thé et lui tend une tasse, il verse du thé pour lui-même et repose la théière. Ni le goût citronné du liquide, ni sa chaleur ne réconforte le rouquin et il fait tourner la tasse entre ses mains. Pourquoi es-tu parti avec elle?, voudrait-il demander, mais il ne trouve pas la force de le faire. Il a trop peur que la réponse de Kalas soit parce que je l'aime.

Le silence s'installe à nouveau entre eux, épais et infranchissable peut-être. Lyude baisse les yeux et son regard court sur les cicatrices dans le bois de la vieille table. Il détourne les yeux parce qu'elles lui rappellent trop celles qu'il y a sur son cœur. Il sait très bien pourquoi il est si seul, c'est pour n'avoir jamais eu le courage de dire des mots pourtant si simples.

"Son cœur est à Wazn", laisse tomber Kalas après un silence long comme une demi-éternité. "Avec les siens. Son cœur est là où le mien ne peut vivre.

- Et où voudrait vivre le tien?", demande calmement Lyude après avoir bu une autre gorgée de thé, n'osant plus du tout relever les yeux qui le trahiraient certainement d'un seul regard.

Il y a le bruit d'une chaise repoussée et le rouquin lève la tête, recule instinctivement quand la main se tend vers lui. Mais les doigts lui touchent quand même légèrement la joue et Kalas se penche vers lui.

"Ailleurs", murmurent ses lèvres avant de l'embrasser.

(05 mars 2007)

baten kaitos, fic

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