Titre: Manigance
Auteur: drakys
Fandom: les trois mousquetaires
Personnages: d'artagnan/athos
Rating: PG-13
Disclaimer: alexandre dumas
Notes: l'intrigue (enfin, si on peut appeler ça comme ça) est plutôt moche. bref, j'espère que tu n'es pas trop déçue. ^^;
Demandé par:
millenear,
ici Sentant leurs sens, et également leur raison, les abandonner avec chaque nouvelle goutte d'alcool avalée, Porthos et Aramis décidèrent tour à tour d'abandonner. Laissant les sots adversaires compétitionner avec un buveur du calibre d'Athos et l'enthousiasme fraîchement Gascon du jeune d'Artagnan ne pouvait que leur être fatal, ou du moins l'être à leur bourse.
Mais revenons une demi-soirée en arrière pour éclairer le lecteur sur cette situation, au moment ou les trois mousquetaires augmentés d'un cadet de la compagnie de monsieur des Essarts avaient passé la porte de l'auberge. Ils s'étaient attablés et avaient commandé l'essentiel du repas, Athos prenant en parfait gentilhomme la charge de voir à la satisfaction de ses compagnons. Calculant l'addition des dépenses qui passaient en nourriture et en vin devant lui, Porthos en était venu à se questionner.
"Auriez-vous fait quelques coups heureux au jeu?", avait alors demandé Porthos en débouchant la première des bouteilles qui allaient être nombreuses. "Je croyais que nos finances communes étaient dans leurs jours maigres.
- Elles le sont", avait confirmé le noble mousquetaire d'un hochement de tête qui avait glacé le pourtant très solide cœur de Porthos.
"Auriez-vous quelque ressource secrète que vous n'auriez pas partagé, Athos?", avait-il insisté, n'ayant encore sur le coffre de sa procureuse que des visées intéressées et pas le moindre accès si tangible qu'il soit sans douleur pour sa fierté.
"Ne soyez pas si défaitiste, Porthos", avait judicieusement argué Aramis. "Entre Athos et d'Artagnan, on trouvera le moyen."
Et après un rapide décompte de leurs ressources, il avait été déterminé qu'ils avaient tout au plus dix pistoles. Athos avait hoché la tête, avec l'air pensif de celui dans l'esprit duquel germe le commencement d'une idée. D'Artagnan avait calculé tout aussi rapidement que son aîné les forces et les faiblesses de chacun et le duel à l'épée étant prohibé, il avait semblé rester encore une toute autre sorte de duel.
"Messieurs", avait-il commencé avec cet enthousiasme débordant qui le caractérisait. "J'ai là l'idée d'un petit concours qui pourrait venir au moins doubler ou tripler nos pistoles!", sourit-il en tournant et retournant son verre entre ses mains.
***
Des heures plus tard, et après l'abandon tardif d'un d'Artagnan à la joue rouge et à l'œil vitreux, il ne resta plus qu'Athos seul pour sauver leur mise, le mousquetaire buvant tranquillement tout ce qu'on versait dans sa coupe. Quand dans la nuit fort avancée, il n'y eut plus de buveurs pour s'opposer à lui, il leva tout aussi imperturbablement son verre pour saluer le dernier qui abandonnait sur la table les pistoles dues et but impassiblement ce qui lui restait de vin.
Le principe avait été simple, une fois l'idée trouvée. Quelques cris, quelques provocations et la promesse des belles pistoles avaient ameutés des joueurs. À défaut des cartes, ce fut à la beuverie que s'était jouée la fortune temporaire des quatre amis. Le défi était simple: quatre hommes contre le reste de l'auberge et de ses nouveaux-venus, une participation s'élevant à quelques pistoles et le dernier debout, c'est-à-dire encore assez conscient pour soulever son verre, remportait le pactole accumulé.
"Félicitations!", se jeta sur lui Porthos tout déferlant de joie, n'ayant d'yeux que pour la bourse qu'Aramis garnissait des pièces gagnées.
"Bah", fit simplement Athos en versant les quelques gouttes solitaires qui traînaient au fond de la bouteille la plus près de lui. "Il ne reste donc plus de bons buveurs ici bas?", se fit-il la réflexion, avant de se lever d'un pas sûr.
Il désigna d'Artagnan, ronflant contre la table et si loin des préoccupations humaines qu'il était souffrant à Athos de vouloir tenter de le tirer d'une si belle béatitude. Il eut un mince sourire pour le Gascon entêté et son visage tout adouci par le rêve.
"Rendons celui-là à son lit", suggéra Athos.
Et ils se mirent en route, portant le jeune homme perdu à la conscience jusqu'à chez lui. Tous étant crevés de fatigue, et pour les libérer plus vite, Athos leur offrit de s'acquitter de la tâche relativement simple de monter d'Artagnan à l'étage. Ils échangèrent leurs fraternelles salutations d'habitude et Athos commença l'ascension ardue.
"Diable, vous ne vous aidez pas", grommela-t-il dans l'obscurité et pour toute réponse, une main se resserra autour de sa taille.
Athos n'y prit trop garde, avant que le poids et peut-être quelque manigance de d'Artagnan l'entraîne par terre dans l'escalier. Le mousquetaire grinça de douleur, avant de réaliser que l'autre homme n'était pas si échauffé qu'il y paraissait. D'Artagnan le dévisageait d'un œil brillant dans l'obscurité, sans faire pour autant mine de bouger pour le libérer.
"Je t'aime!", s'exclama soudainement le jeune homme avant que son aîné puisse même formuler un commentaire sur son état.
Le mousquetaire n'était plus en était de penser et sa seule réaction fut d'éclater de rire, au grand dam d'un d'Artagnan soudainement, et très temporairement, honteux.
"Je n'avais pas de doute sur votre amitié", sourit-il et le jeune homme fronça les sourcils, ennuyé.
"Tu ne comprends pas", poursuivit d'Artagnan d'une voix lente, étendant une main pour toucher légèrement le visage de l'autre homme. "Je t'aime", souffla-t-il avant de l'embrasser.
Le mousquetaire resta figé quand les lèvres de d'Artagnan touchèrent les siennes. Il reprit contenance quand les mains du jeune homme vinrent errer contre sa poitrine, tentant avec des gestes gauches de le dessangler de ses vêtements.
"Vous êtes ivre, jeune homme", souligna Athos d'une voix sévère.
"Ivre de toi", lâcha l'autre homme avec un grand sourire, poursuivant son attaque avec entêtement.
Un Gascon gagnait, ou un Gascon mourrait et d'Artagnan aimant la vie assez, préférait de loin la première partie du fait à la seconde. Il empêcha avec fermeté Athos de se défaire de l'étreinte forcée, jusqu'à que son aîné cesse de s'agiter en vain dans les liens de ses bras.
"D'Artagnan", commença l'autre homme lentement, comme s'il lui en coûtait de continuer. "Relâchez-moi."
"Un baiser", promit le jeune Gascon. "Un baiser et je te relâche!"
Athos hésita et le garde sourit.
"Pourquoi hésites-tu?", demanda-t-il d'une voix pâteuse. "Il ne t'en coûte presque rien si tu ne n'aimes pas. Un baiser et tu es libre..."
Le mousquetaire hésita encore, il savait très bien ce qui lui en coûterait vraiment s'il répondait à ce désir farfelu. Un baiser contenterait peut-être le jeune ivre, mais pas Athos lui-même. Et blessé au cœur une fois, il ne désirerait plus que s'épargner pareille souffrance.
"Un baiser...", répéta d'Artagnan en s'approchant un peu plus.
Ses lèvres papillonnèrent contre celles de son aîné, légères et tentatrices et Athos leva une main vers son visage. Caressant sa joue du pouce et glissant derrière sa nuque pour les rapprocher. C'était une erreur, il devait certainement être atteint d'un quelconque accès de folie passagère.
Il l'embrassa, ou d'Artagnan l'embrassa, il n'aurait pu le dire avec certitude. Leurs lèvres s'embrassèrent chastement et la langue du jeune homme vint l'effleurer, lui quémander une permission. Athos entrouvrit les lèvres et ce furent cette fois leurs langues qui vinrent s'effleurer l'une l'autre. Le baiser s'enfiévra; leurs langues se touchèrent avec une urgence grandissante et les mains de l'apprenti mousquetaires revinrent jouer contre et puis sous les vêtements de son aîné.
Quand Athos remarqua enfin la direction qu'un simple baiser prenait, un semblant de raison lui revint et il écarquilla les yeux, repoussant le jeune homme entreprenant. Il cacha sa bouche derrière sa main, voulant lui rappeler les convenances, les bonnes mœurs, n'importe quoi pour cacher son propre trouble, mais n'arriva pas à prononcer la moindre parole. Il se releva rapidement et dévala les quelques marches, prenant toutes les apparences d'une fuite, sans un regard en arrière.
D'Artagnan se retourna sur le dos dans les escaliers et soupira bruyamment.
"Il n'y avait pas encore assez de vin pour le convaincre", souffla-t-il, touchant du bout des doigts ses lèvres qui s'étirèrent en sourire.
(30 août 2006)