[Fic] "Regrets", peacemaker kurogane, pour supaidachan (hijikata&yamanami, PG)

Aug 20, 2006 13:52

Titre: Regrets
Auteur: drakys
Fandom: peacemaker kurogane (anime-verse)
Personnages: hijikata & yamanami
Rating: PG
Disclaimer: kurono nanae pour cette interprétation de ces messieurs, gonzo pour l'anime
Notes diverses: interprétation et traduction libre de plus ou moins la première moitié de l'épisode 10 (plus des passages dispersés plus tard dans la même épisode), parce que c'était angsty tout plein et que c'est la seule scène qui m'inspirait vaguement de quoi. enfin bref, avertissement d'angst et euh-- c'est pas nécessairement un pairing, c'est plus… sous-entendu que peut-être ça pourrait en être un?
Demandé par: supaidachan, ici


Passant près du dojo, il l'entendit s'entraîner en secret comme toujours et comme au temps avant qu'ils ne se déplacent à Kyoto, Yamanami entra pour le regarder. Le dojo avait l'air plus strict, plus sérieux que l'endroit où Hijikata s'entraînait jadis, Yamanami derrière lui qui l'observait appuyé contre le tronc d'un arbre.

L'épée d'entraînement en bois s'immobilisa à son entrée et Yamanami sourit doucement.

"Oh, n'arrête pas à cause de moi. Je ne suis pas venu pour te déranger.

- Si c'est à propos d'Ichimura, je l'ai envoyé faire une commission alors il n'est pas ici."

Yamanami alla s'appuyer contre le mur et ne lui répondit rien, ne faisait que l'observer placidement, alors l'autre homme finit par demander:

"N'es-tu pas venu pour me faire la morale?"

Son aîné resta silencieux, la tête pleine de ses souvenirs qui ne sentaient pas la mort et l'odeur cuivrée du sang. Il n'y avait que lui et ce jeune homme les cheveux relevés d'un ruban rouge, qui se battait inlassablement contre un ennemi invisible. Son épée de bois fendait l'air, le mouvement pratiqué, parfait, répété longtemps dans le plus grand secret.

Yamanami alors, comme maintenant, le regardait faire. Ses yeux attirés par cette expression sérieuse, ce dévouement et cette si complète concentration sur un acte qui l'amènerait tôt ou tard à tuer. Le silence s'étira, seul le bruit de l'air fouetté par l'épée de bois d'Hijikata dérangeait, ou plutôt motivait sa réflexion.

"La façon dont tu t'entraînes en secret n'a pas changé du tout", murmura-t-il doucement, un sourire faible et un peu pâle sur les lèvres.

"Ni la façon dont tu viens m'observer, même quand tu sais que c'est secret."

Un silence, un coup d'épée et le sourire de Yamanami illumina son visage de l'expression douce, mais triste qui lui était caractéristique depuis la mort provoquée de Kamo. Comme si son âme n'avait jamais pu être lavée de la souillure du sang, qui l'alourdissait et l'abrutissait.

"Plus de ruban rouge?", demanda-t-il, depuis ses souvenirs. "Tu n'étais qu'un gamin fauteur de trouble, et pourtant tu étais si conscient du poids des apparences. C'était tellement drôle", sourit-il d'un sourire vrai cette fois, terriblement heureux du passé à jamais derrière eux.

"Je ne suis plus un gamin", trancha Hijikata. "Ni même un marchand de médicaments."

Yamanami rit légèrement, son obstination n'avait jamais changée et il se surprenait à la chérir, même si elle le blessait plus souvent qu'autrement.

"C'est vrai", concéda-t-il et le silence suivit, l'entraînement continua un temps avant que Yamanami baisse la tête. "Je suis désolé", souffla-t-il en ayant l'air prêt à se rompre. "Je suis désolé!", s'exclama-t-il.

Hijikata s'arrêta, surpris ou choqué, peut-être un mélange des deux et l'autre homme baissa la tête un peu plus, brisé, le poids des événements entre eux soudainement trop lourd pour ses épaules.

"Depuis que nous sommes venus ici, je n'ai fait que m'opposer à toi. Et même si tu n'as changé en rien…", il hésita, ne comprenant même pas pourquoi il se sentait si troublé. "Je me demande pourquoi? Je suis aussi désolé en ce qui concerne l'affaire à propos de l'épée de Tatsunoke-kun.

- Ça ne te ressemble pas", gronda l'autre homme, menaçant.

Yamanami releva la tête d'un cran, surpris de la colère qu'il entendait dans sa voix.

"Je dis que ça ne te ressemble pas, pas à toi, le maître de l'Hokushin Itto-ryu", siffla Hijikata en levant l'épée de bois dans sa direction, la provocation évidente dans son geste autant que dans ses paroles. "Prends donc ton épée, au lieu de l'avoir inutile pendue à ton flanc. Ce n'est pas ce pourquoi tu es venu ici, n'est-ce pas!?", cria-t-il presque.

"À propos de ça…", commença lentement l'autre homme. "Ne pourrais-tu pas me dégrader au titre de comptable?", demanda-t-il tête baissée, ne voyant ainsi pas l'expression choquée au plus haut point sur le visage d'Hijikata. "Tu sais que je manie bien le boulier et ce sera mieux ainsi pour les Shinsengumi.

- Qu'est-ce que tu tentes de faire?", voulut savoir Hijikata, furieux.

"Garder un vice-commandant inutile comme moi dans les parages ne fera qu'abaisser le moral des hommes. Ça devrait aussi te permettre d'agir plus librement."

Il y eut une pause avant que la voix menaçante et grave d'Hijikata se fasse entendre.

"Est-ce que tu essaies de me rendre furieux, Yamanami-san?", interrogea-t-il lentement, sourcils dangereusement froncés et son ton méprisant rendant l'honorifique polie presque insultante.

La main gauche de Yamanami alla se poser sur le fourreau de son épée et il ne réussit pas à trouver assez de force en lui pour lever les yeux.

"Tu vois, mon épée n'est plus bonne à rien. Elle est complètement rouillée du sang de Kamo que nous avons tué il y a déjà un an…", dit-il, voix tremblante comme le souvenir de cette nuit sanglante revint danser derrière ses yeux. "Elle n'est plus bonne à rien maintenant.

- Je ne veux pas entendre ses foutaises! Soji, Kondo-san et moi, nous avons tous participé au meurtre de Kamo et nos épées ne sont pas rouillées. Elles sont plutôt propres."

La main de Yamanami trembla sur le fourreau de son épée et il resta autrement immobile, une expression abattu au visage. Sa main droite se referma sur la garde de son épée, prêt à la tirer du fourreau, mais il resta tremblant et nerveux au lieu de le faire.

"Je ne serai jamais comme toi! Pas plus que j'aurais jamais envie de l'être!", cria-t-il.

"Oh, est-ce donc ainsi?", sourit cruellement Hijikata. "Comme ta lame est devenue blasée."

Cette voix le fit frémir de rage et son pouce poussa hors du fourreau la lame de la longueur d'un doigt, son visage tendu, couvert de sueur montrant le dilemme qui le déchirait intérieurement. Une goutte de sueur roula sur sa joue et tomba de son visage.

"Tire ton épée et regarde", lui ordonna Hijikata en laissant tomber par terre son épée d'entraînement, surprenant l'autre homme qui tressaillit quand le bois claqua sèchement contre le plancher du dojo. "Qu'est-ce qu'il y a? Tire ton épée et regarde! Elle n'est pas rouillée. Tu peux encore tuer avec elle. Tu peux tuer."

La résolution de Yamanami se fissura et il arracha l'épée maudite de sa ceinture, la jetant violemment par terre aux pieds de l'autre homme. Hijikata parut choqué, soudainement muet et sans autres mots pour le blesser.

"Encore, tu penses que tu peux faire que tout se passe comme tu le veux! C'et ce que je déteste! Si les choses ne vont pas comme tu veux, tu tues! Si des gens te barrent le chemin, tu tues! Quelle valeur au juste attribues-tu à une vie humaine!?", hurla-t-il, toute sa douleur mise à nue.

Il leva vers lui un doigt accusateur et continua à hurler:

"Je ne suis pas ton pion! Et je n'ai pas l'intention de le devenir!", conclut-il en s'éloignant rapidement, sortant du dojo qui l'étouffait soudainement et des larmes retenues qui lui brûlaient les yeux.

Il ne vit pas le regard d'Hijikata le suivre jusqu'à ce qu'il disparaisse complètement de son champ de vision. Il ne vit pas le regard qu'Hijikata baissa sur l'épée abandonnée et il ne vit pas non plus l'expression de terrible souffrance sur le visage de son cadet.

Hijikata ramassa l'épée et la serra entre ses mains. Son poids était différent de sa propre arme, peut-être parce que Yamanami portait avec elle toute la charge de ses regrets et de la culpabilité qui mangeait peu à peu son âme.

Ou peut-être parce que lui-même portait différents regrets.

***

Il erra. Yamanami erra, sur le chemin, dans ses pensées qui goûtaient le sang et les remords et le poids de la vie perdue d'un homme. Il revoyait le corps ensanglanté, déchiré de Kamo encore chaud à ses pieds, son épée tachée de sa vie disparue. Il revoyait les éclaboussures et la violence et le meurtre dans toute sa laideur.

Il revoyait la résolution inflexible des autres et la sienne, branlante, le poids de la culpabilité déjà sur lui comme pour l'enchaîner et le ralentir. Il errait quand la pluie se mit à tomber et il erra avec elle, son âme en morceaux comme autant d'autres gouttes d'eau qui s'échouaient sur le sol. Chacun de ses pas le menant en avant, mais en arrière à la fois.

Et la pluie avait cessé quand il revint enfin au quartier général, se heurtant aux frères Ichimura revenus de leur commission et à l'enthousiasme comme toujours débordant du trio Nagakura, Harada et Todo. Il plaqua un sourire sur ses lèvres et écarta poliment les questions sur son bien-être, acceptant la plume dont on lui fit cadeau.

Il retourna lentement à ses quartiers, presque à reculons comme s'il avait pu fuir l'endroit au lieu de se condamner à y revenir. En poussant le panneau, il avisa immédiatement le support pour ses épées. Au lieu de ne contenir que son épée courte qu'il y avait rageusement placée plus tôt, son autre épée était de retour.

Yamanami referma le panneau derrière lui et s'en approcha, poings serrés, mais au lieu de faire violemment voler le support dans la pièce, il tendit une main tremblante. Ses doigts touchèrent légèrement toute la longueur du fourreau, où nécessairement l'autre vice-commandant avait dû mettre les mains pour lui rapporter l'arme.

"Hijikata…", murmura-t-il en fermant les yeux, comme un remerciement ou peut-être bien comme une remontrance, il ne savait pas trop.

Et il souhaita qu'ils ne soient jamais venus à Kyoto, que Kamo ne soit jamais tombé sous leurs épées, même si c'était nécessaire. Et il souhaita que ce meurtre n'ait jamais dû venir les souiller tous et autant le hanter lui. Mais Kamo avait été un des leurs, un membre des Shinsengumi et il était empoisonné par ce que ça impliquait.

Mais il savait que souhaiter ne lui rendrait pas le passé ni le gamin marchand de médicaments, qui s'entraînaient sous les arbres sans tirer cette tête terrible qui lui avait valu le surnom de démon.

(20 août 2006)

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Autres notes:
- j'ai gardé les quelques honorifiques assez dispersées dans ce passage en particulier (deux san, finalement), même si j'ai francisé pas mal tout le reste (notamment en utilisant épée plutôt que katana). je n'ai pas de raison particulière, sinon que j'ai trouvé que ça conservait un peu le ton de la série.

- "Hokushin Itto-ryu" est une forme de kenjustsu (littéralement méthodes de l'épée, alors disons de technique d'escrime) que la version anglaise traduit par "Hokushin Single Sword Style". comme en français, je ne trouvais pas d'équivalent décent (vu la petitesse de mon cerveau et le fait que je trouve que "style Hokushin d'épée unique" sonne un peu débile…), un coup de main de wiki m'a permis de remplacer par le nom japonais.

- "Je ne veux pas entendre ses foutaises!" est franchement dû à supaidachan elle-même, parce que je n'arrivais pas à trouver toute seule le bon français applicable pour "I don't want to hear this soft talk from you" (tiens voilà, merci de ton aide pour ta fic)

- "Comme ta lame est devenue blasée" est une traduction pour "How blunted the sword has become" et puisque dans ce cas-ci blunt voudrait littéralement dire émoussé, j'ai préféré l'interprétation blasée pour attaquer plutôt yamanami lui-même que la qualité de sa épée.

peacemaker kurogane, fic

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