Titre : Les pires cauchemars et cette habitude qu'ils ont d'arriver la nuit
Auteur : drakys
Fandom : Gintama
Persos/Couple : Okita et Hijikata surtout, Kondo et Yamazaki
Rating : PG
Disclaimer : Hideaki Sorachi, Dentsu inc., Sunrise, TV Tokyo (et Tite Kubo pour un petit emprunt de costume de rien)
Prompt : Gintama : Okita se déguise pour Halloween/le carnaval et tente (maladroitement) d'effrayer Hijikata
Notes : Avertissement pour le crack et la mayonnaise.
Notes plusss : Fic écrite pour
nayung dans le cadre d'
obscur_echange Il détestait farouchement Halloween, c'était une fête parfaitement débile: en plus d'être un événement commercial, c'était une occasion en or pour les jeunes pères qui accompagnaient leurs enfants de maison en maison de mater les seins des jeunes mères qui distribuaient les bonbons. Et malgré le nombre infini de déguisements possibles, les Amanto décidaient presque tous sans exception de se coller au visage des masques d'humain.
Il y avait aussi quelque chose de profondément ridicule à devoir supporter Kondo et la tête surdimensionnée de porc qu'il portait comme s'il était la mascotte idiote d'une chaîne de restaurants minables. Surtout que les ordres donnés par un porc, Hijikata n'avait qu'un plaisir très limité à les remplir.
Il s'arracha du lit avec le moins d'entrain possible, s'habilla avec une lenteur inhabituelle en passant tout le temps à prier pour que la journée soit déjà finie quand il mettrait enfin le nez dehors. Hijikata soupira, coinça une cigarette entre ses lèvres et alla ouvrir sa porte coulissante pour sortir.
"Bouh!", lui lança aussitôt Okita.
Il haussa un sourcil, le regarda de haut en bas et fit le chemin dans l'autre sens avant de le regarder dans les yeux. Le teint pâli par le maquillage, les cheveux noircis, affublé d'un kimono blanc fermé comme pour les morts et avec un triangle fixé à son front, Okita n'avait rien de particulièrement terrifiant.
"Bel essai. Peut-être que si tu cries plus fort, je vais devenir sourd et mourir de complications."
Okita fit la moue.
***
Il s'installa dans un coin du réfectoire avec son pot de mayonnaise et un reste de soba de la veille, espérant contre tout espoir qu'on le laisse déjeuner tranquille. Bien sûr, Yamazaki vint l'emmerder, parce que quelle journée commençait réellement bien sans que Yamazaki vienne l'emmerder à la première heure? Il l'ignora, autant que son costume le permette.
L'espion était caché dans des vêtements blancs qui n'avaient rien de discret. Il portait une perruque et des verres de contact bleus, avait un trait couleur aigue-marine sous les yeux et il avait fixé sur le côté droit de son visage un morceau de ce qui ressemblait assez à la mâchoire d'un monstre. Dans ses yeux, il y avait une excitation toute enfantine et Hijikata décida qu'il commençait à avoir très envie de lui mettre une claque.
"J'adore Halloween!", s'exclama Yamazaki avec l'énervement d'un gamin devant un tas géant de sucreries.
Peut-être deux.
"C'est mon jour favori de l'année!", continua-t-il en ignorant le Rayon de la Mort que le regard de l'autre homme braquait sur lui.
Hijikata changea d'avis: peut-être qu'il avait très envie de l'envoyer embrasser un mur, en fait.
L'espion écarquilla soudain les yeux et avec un soupir irrité, le vice-commandant du Shinsengumi se retourna. Il examina avec un certain désintérêt les dents acérées bien plantées dans la gueule béante, prête à l'engloutir et vit peintes ça et là des taches d'un sang pas tout à fait frais. Les crocs et les griffes étaient à quelques centimètres de son visage et un autre que lui aurait peut-être eu une réaction plus vive pour sauver sa peau.
Hijikata n'avait pas peur. Il se détourna du monstre et mêla un peu mieux la mayonnaise aux pâtes soba. Il prit une première bouchée avant d'émettre un commentaire.
"Beau costume. Peut-être que si c'était du vrai poil, j'aurais une réaction allergique et j'en mourrais."
Okita dévissa la tête du costume de loup-garou dans lequel il se cachait et fit la moue.
***
"Tu n'as pas trouvé de costume, Toshi?", demanda la voix étouffé de leur chef depuis le fin fond de sa tête de porc.
"Je n'en ai pas cherché", gronda-t-il, espérant mettre fin à la conversation.
Ses bras croisés, sa tête d'enterrement et le fait que c'était la dixième cigarette qu'il fumait depuis les huit dernières minutes auraient dû mettre la puce à l'oreille de Kondo. Mais Kondo n'était pas réputé pour la rapidité de sa souplesse mentale. Plutôt que de comprendre qu'entre son vice-commandant et Halloween n'existait pas une torride histoire d'amour passionné, il farfouilla dans le sac qu'il tenait à la main.
"Ce n'est pas grave, j'ai justement ce qu'il te faut!", continua la voix assourdie. "Tiens!", offrit Kondo en lui tendant le costume qu'il avait acheté expressément pour lui.
Hijikata considéra une seconde la coiffe de bonne, la robe courte et le tablier avec force dentelles et décida qu'il venait de découvrir une nouvelle raison pour détester Halloween.
"Non", refusa-t-il en essayant de faire passer dans son regard toute la haine qu'il ressentait.
Kondo ne devait pas le voir depuis sa tête de mascotte, parce qu'il insista.
"Oh allez, essaie-le au moins! Juste pour me faire plaisir!"
S'il y avait une chose que Hijikata se refusait à faire, c'était bien faire plaisir à un type avec une tête de porc! Une créature profita du fait que le commandant du Shinsengumi essayait de lui forcer la coiffe sur la tête pour ramper jusqu'à son mollet et s'y coller.
Le vice-commandant baissa les yeux sur l'envahisseur et étouffa un rire. Okita avait déjà fait mieux que de dévaliser la cuisine de son stock de pellicule plastique transparente et de gelée aux fruits. Il avait bien l'air d'une amibe géante et peut-être espérait-il que Hijikata crève de peur à la pensée que le monstre rampant puisse le digérer par contact, mais sa tentative aurait été plus efficace s'il n'avait pas été visible à travers la pellicule plastique.
"Pathétique", qualifia-t-il l'effort.
Okita fit la moue à travers une généreuse épaisseur de gelée verte.
Kondo réussit à fixer la coiffe sur la tête d'Hijikata, juste à temps pour recevoir un solide coup de coude dans le ventre qui le plia en deux à presque déloger sa tête de mascotte.
***
Hijikata plaça son futon en grommelant, content que la journée soit enfin terminée. Il se demanda si chaque année, Halloween ne grandissait pas de quelques heures supplémentaires seulement pour le tourmenter un peu plus. Il s'installa pour dormir, se roula en boule sur le côté après s'être assuré par trois fois que son arme était à portée de main.
Il y eut un bruit suspect derrière lui qui le réveilla et il ouvrit grand les yeux, lançant une main vers son katana avant de se retourner. Ce qu'il vit le glaça de terreur, sentiment qu'il accompagna d'un hurlement grandement imprégné de ce sentiment-là. Il y avait un pot géant de mayonnaise installé près de son futon. Hijikata se jeta en arrière, resta accroupi sur les talons, prêt à tirer son arme du fourreau.
Il hésita. Est-ce qu'on pouvait demander à un pot géant de mayonnaise ce qu'il faisait là sans paraître complètement fou?
"...Hé", tenta-t-il.
Le pot resta muet, ce qui était assez logique, maintenant qu'il y pensait. Parce que bien sûr, les pots de mayonnaise, géants ou non, ne parlaient pas. Il resta quand même sur ses gardes, étira avec mille précautions son bras pour que le bout de son fourreau touche à son étrange visiteur.
Il devait être à la moitié d'un quart de millimètre de le toucher quand une voix caverneuse le fit reculer précipitamment. Il remercia tout ce qu'il existait de dieux de ne pas l'avoir fait rouler cul par-dessus tête dans le geste hâtif.
"Que crois-tu faire?", gronda le pot.
"Je hm, euh, je", hésita Hijikata.
Pourquoi ce pot de mayonnaise-là avait décidé de parler, soudainement, comme ça, sans avertir!? Ce n'était pas naturel, ça chamboulait absolument toute sa conception de l'existence et sa croyance que les objets n'avaient pas de personnalité! Il fixa le pot comme s'il risquait de le mordre, ou pire, de se suicider en restant trop longtemps au soleil, ce qui aurait rendu toute sa mayonnaise immangeable. Et avec un pot de cette grosseur là, c'était une considération qui avait de quoi le traumatiser.
"Que me voulez-vous?", se risqua-t-il enfin de demander, conservant une certaine politesse envers le visiteur.
"Je suis l'esprit de toute la mayonnaise que tu as mangée", annonça le pot. "Je viens venger les miens."
Hijikata resta silencieux. Après tout, que pouvait-il répondre à ça? Il n'avait jamais fait la conversation à un pot de mayonnaise avant. Il ne savait pas s'il y avait des protocoles à suivre, des règles d'étiquette à observer. Peut-être qu'il devenait fou aussi, c'était une explication qu'il lui semblait de plus en plus raisonnable.
"Comment vous vengerez-vous?", voulut savoir Hijikata après un moment de silence.
Parce qu'il n'était pas question qu'il se crève le ventre de sa lame pour le bon plaisir d'un pot de mayonnaise. Au mieux, il pourrait arrêter d'en manger, peut-être pendant un mois. Ou une semaine. Enfin, rien que d'arrêter un seul jour, ça allait déjà être la preuve de beaucoup de bonne volonté.
Le couvercle se dévissa lentement du pot et Hijikata recula avec un petit cri suraigu, jusqu'à être coincé dos au mur. Il faillit abandonner son katana et croiser les bras devant son visage pour se protéger, mais se souvint à temps qu'il avait plus de cran que ça. Il arrêta quand même de respirer quand le couvercle se souleva d'un cran.
Et il cria de terreur en voyant un projectile lancé dans sa direction.
Une grosse masse blanche éclata contre le sol à un demi-mètre à peine de lui, éclaboussant ses vêtements d'abord et son visage ensuite, y laissant des coulisses dont la forme et la couleur, sans contexte, auraient pu prêter à confusion. Hijikata se recroquevilla sur lui-même quand une autre masse éclata. Il mit la main dans une flaque sans faire exprès et la texture lui rappela quelque chose.
Il porta les doigts à ses lèvres, lécha et ouvrit grand les yeux en comprenant tout.
C'était de la mayonnaise! On le bombardait avec de la mayonnaise! Le gros pot de mayonnaise lui lançait salve sur salve de mayonnaise! C'était pas croyable! Quel gaspillage de mayonnaise c'était! C'était ses provisions pour deux ou trois repas qui se retrouvaient par terre partout dans sa chambre.
Il surprit un petit rire sadique entre deux attaques aériennes et resserra le poing sur son fourreau. La lame le chatouilla de sortir pour découper en rondelles le soi-disant pot géant de mayonnaise venu pour venger les siens.
"Sogou", gronda-t-il.
Okita comprit qu'il était découvert et se glissa par la trappe arrière de son costume. Il aurait dû filer pendant qu'il était encore en vie, c'était ce que la logique recommandait, mais il préféra pointer l'autre homme en riant.
"Je vous ai fait couiner comme une fille!"
Hijikata sourit. Méchamment.
"Voyons voir quel bruit tu fais, quand on te tranche en quartiers..."
(5 novembre 2007)