"De dieux et de fourmis", eyeshield 21, agon et unsui, PG

Jul 31, 2007 16:51

Titre: De dieux et de fourmis
Auteur: drakys
Fandom: eyeshield 21
Personnages: agon et unsui (ikkyu, yamabushi et les autres nagas en background)
Rating: PG
Disclaimer: yūsuke murata et riichirō inagaki
Notes: spoilers possibles concernant 'ze kongō twins, mais j'ignore totalement pour quel volume/chapitre précis (c'est quelque chose genre volume 20 ou 21, je crois, ou plus tard... ;^^) sinon, ouarf, c'est du gen moyen avant de potentiels vagues sous-entendus, mais je crois que ça fonctionne autant si on veut les voir que si on ne veut pas les voir.


Penché en avant, coudes contre ses cuisses, Agon fait lentement passer le ballon d'une main à l'autre. Les cris du reste de son équipe l'emmerdent, comme l'emmerde le fait d'être sur le banc, sous le soleil qui lui cuit le dos. Il a fait un effort incroyable pour passer sur son chandail sans manche noir l'horrible haut safran du dogi typique des Nagas.

Il est venu, soit, mais il ne va certainement pas suer comme les autres sans raison. Si c'était un match, peut-être les aurait-il graciés de sa présence, mais un bête entraînement, c'est d'un ennui trop profond pour qu'il se change et les rejoigne. Il les regarde courir, suivre les trajectoires de passe, il les regarde se rentrer dedans et il regarde son frère jouer les quarterbacks d'élite, alors qu'au fond, il n'est qu'un autre nul, qui travaille peut-être un peu plus fort que les autres.

Agon se rappelle, sans sourire aux lèvres, l'avoir vu pleurer comme une gonzesse quand il a découvert que la bourse d'études sportives de Shinryūji n'était pas pour lui. Tout ce que ce taré lui avait demandé, à travers la fontaine pitoyable au goût de sel, au goût amer, c'était d'être bon pour eux deux.

"Tch", grommelle Agon, irrité par le souvenir.

Maintenant, il ne le voit plus que s'entraîner comme une brute, plus que tout le monde et beaucoup plus dur et beaucoup plus longtemps que Unsui voudrait que tout le monde sache. Combien de soirs déjà est-il rentré chez eux bourré, pour voir Unsui déjà réveillé à compter les pompes quand il allait s'écrouler d'un pas incertain pour dormir?

Combien de fois, découragé par la pluie battante d'aller traîner dans les bars, d'aller se trouver une poule d'un soir, il l'a vu sortir pour courir pendant des heures et revenir trempé sans même avoir l'air misérable? Personne ne devrait se forcer à bout comme ça, se forcer à bout et aimer ça autant. Surtout pas pour ce sport à la con, qui n'allume pas en Agon la moindre étincelle.

Devant lui, sur le terrain, le soleil commence à avoir raison des gorges desséchées et les Nagas deviennent de plus en plus mauvais. Unsui le premier le réalise, juste après son frère, et ce vieux croulant qui leur tient lieu de coach surprend son regard implorant, où la demande silencieuse est pourtant claire, il lève une main pour les arrêter. Il n'a pas besoin de rien dire, tous essaient de conserver un semblant de décorum, de zen, en se précipitant pourtant vers les bancs pour boire à leurs gourdes.

Seul Unsui vient vers lui et Agon resserre le ballon dans ses deux mains. Son pouce effleure la couture, tique et s'arrête et son regard froid rencontre celui plein de chaleur de son frère.

"Tu pourrais t'entraîner avec nous, maintenant que tu es là", lui dit Unsui.

Il voudrait lui dire d'aller se faire foutre, ou juste de crever, mais il n'arrive jamais tout à fait à se croire quand il hurle à la tête de son chauve volontaire de frère. Il se contente de froncer les sourcils avant un hmpf ennuyé.

"M'entraîner avec ces nuls, tu rigoles?", le rire d'Agon est autant cruel qu'honnête.

Son jumeau affronte son regard sans ciller, puis baisse le sien. Pas parce qu'il est vaincu, parce qu'il étend le bras et prend sa serviette et s'éponge la tête. S'essuyant encore le visage, il attrape sa gourde et laissant pendre la serviette autour de son cou, il boit lentement une longue gorgée.

"Pourquoi es-tu venu alors?", demanda-t-il finalement et dans sa voix, il n'y a pas de colère, ni même de curiosité.

Agon hausse les épaules.

"C'est comme regarder des fourmis cramer sous le verre d'une loupe, c'est amusant."

Ikkyu hurle quelque chose plus loin; il essaie de sortir Yamabushi et la ligne du calme parfait de leur méditation. La montagne de muscles qui joue les murs de briques pendant les matchs reste impassible. Complètement impassible jusqu'à ce que Ikkyu, sourire goguenard, demande comment d'aussi jolies filles ont pu entrer sur le terrain. Aussitôt c'est le chaos, la ligne se morcèle et rougit et regarde partout, têtes girouettes, et Ikkyu doit filer avant d'être abruti autant des coups que des insultes.

Unsui regarde la scène, amusé, boit une autre gorgée.

"Des fourmis, hein?", répondit-il un peu tard au commentaire et Agon garde le silence, son sourire s'étire peut-être un peu, comme pour le défier de trouver quelque chose à y redire. "Tu devrais t'installer plus haut dans les gradins.

- Tu crois quoi, que je vais filmer vos faux matchs pourris en plus?"

Son frère repose sa gourde, le feu dans ses yeux brille un peu plus fort. Peut-être qu'il voudrait lui dire de faire un effort, qu'il gaspille son talent, mais Unsui croit qu'il n'existe que pour rendre l'existence de son frère plus fantastique encore. Il entend ce qu'on dit derrière lui; il sait bien que pour tout le monde, il n'est que le frère d'Agon.

"Non, mais un dieu devrait être au-dessus des simples mortels."

Unsui laisse tomber sa serviette sur le banc et se détourne, sans lui accorder un autre regard. Son jumeau le suit du sien, avant de froncer les sourcils comme son frère rappelle les autres. Ikkyu le premier retrouve son sérieux, s'approche pour écouter. Yamabushi réordonne la ligne, les Saiyuki se regroupent.

Agon continue de faire lentement passer le ballon d'une main à l'autre, regarde depuis derrière le verre teinté de ses lunettes l'entraînement qui reprend. La mise en jeu, les trajectoires de passe, les placages et les yards qui se gagnent et se perdent, les cris enthousiaste et les encouragements. Et loin de tout ça, Agon fronce les sourcils.

"Tch", grommelle-t-il et il se lève, posant le ballon sur le banc, près de la serviette.

Il ne monte pas dans les gradins, mais disparaît plutôt entre les rangées de bancs, pour s'éloigner du terrain d'entraînement. Il ne veut pas se joindre à eux, ne veut pas briller parmi; il n'a que faire d'être le dieu qui écrase les fourmis.

(31 juillet 2007)

!fic, eyeshield 21

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