"Noir et blanc", soul calibur, amy, raphael et kilik, PG

Jul 26, 2007 14:44

Titre: Noir et blanc
Auteur: drakys
Fandom: soul calibur
Personnages: amy, raphael et kilik
Rating: PG
Disclaimer: namco
Notes: hmm, au départ, ça devait être une excuse pour faire du raphael/kilik et quelque part en cours de route, j'ai réalisé que non, j'avais vraiment vraiment vraiment pas envie de les écrire comme un pairing. et peut-être pour me prouver que oui, je suis encore capable d'écrire du gen. (et parce que raph, il est à ziggy!) post-soul calibur 3, tales of soul de raphael, bad ending.


Il avait insisté pour rester, disant qu'une jeune femme de son âge ne devrait pas vivre seule. Amy avait d'abord refusé, irritée que cet asiatique lui accorde moins de crédit que Raphael le faisait. Elle lui avait dit, de si nombreuses fois, qu'elle savait se défendre et souvent, elle avait agrippé dans un geste ennuyé la petite dague qu'elle gardait toujours sur elle, travaillée par l'envie presque irrépressible de lui en plaquer le tranchant sur la gorge.

Il aurait compris ainsi qu'elle pouvait le tuer plus facilement qu'il oserait se défendre. Tout le monde la sous-estimait, sauf Raphael. C'était lui qui lui avait appris à manier les armes.

Il n'avait été clément dans aucune de ses leçons, lui répétant comme seule excuse blasée, que la vie ne faisait pas de cadeaux. Il l'avait blessée parfois et s'en était excusé, sincèrement désolé. Il en avait profité pour lui apprendre comment traiter ses blessures. Il avait rit la première fois qu'elle avait réussi à le piquer, rempli de fierté et ignorant le sang et ses exclamations inquiètes.

Il n'était pas parti avant d'être certain qu'elle sache se défendre.

***

Il revint enfin après ses longs mois d'absence, un paquet enveloppé de chiffons fixé à son dos. Il avait les traits tirés comme fatigué par un long combat, mais dans ses yeux rouges étincela une lueur de joie vive en la voyant. La lumière de son regard vacilla quand il croisa son regard clair, redevenu vert, mais son mince sourire resta et il la serra contre lui et déposa un baiser contre son front.

Et elle voulut pleurer d'avoir accepté le cadeau de l'asiatique, mais Amy se contint parce qu'elle était plus forte que ça.

"As-tu manqué de quoi que ce soit?", demanda-t-il, ne posant pas de questions sur sa transformation.

Il se défit du paquet, ses doigts effleurant une seconde sa surface avant qu'il les retire précipitamment. Amy voulut répondre tu m'as manqué, mais elle lui répondit plutôt non d'une toute petite voix.

Il y eut un long silence qui s'étira entre eux, comme pour marquer que quelque chose s'était brisé.

"Je vais changer les draps de ta chambre", dit-elle finalement avant de s'éloigner, le laissant seul avec ce paquet dont elle devinait le contenu.

Il ne la retint pas et elle s'arrêta à la frontière de la porte, baissa les yeux et serra les doigts qu'elle laissa traîner sur le cadre.

"Tu as un visiteur", lui dit-elle finalement, plutôt que de lui demander pardon, ou de lui dire qu'elle voulait qu'il accepte l'offre que ce visiteur lui ferait.

"Un visiteur?", demanda-t-il, aussitôt sur ses gardes.

Sa main alla naturellement à la garde de Flambert et il fronça les sourcils. Ses yeux fixaient le paquet et Amy devinait qu'il cherchait un endroit sûr où le cacher.

"Où l'as-tu logé?", voulut-il savoir.

"Dans la chambre près de la bibliothèque."

Raphael hocha la tête, approuvant la justesse de son choix. C'était une des meilleures chambres, parfaite pour y accueillir des invités de passage.

"Je le verrai plus tard, si tu veux bien lui annoncer mon retour."

***

"Wǎn shàng hǎo", le salua d'emblée Raphael en inclinant légèrement la tête, content de la surprise qu'il lut sur les traits de l'autre homme. "Vous devrez pardonner mon retard à vous offrir les politesses d'usage, mais j'ai pensé bon de d'abord me débarrasser de la poudre du chemin. ...On m'a fait savoir que vous veniez de l'Empire des Ming, Kilik.

- Oui", confirma l'asiatique, examinant avec curiosité le regard écarlate de son interlocuteur.

"Un long voyage", dit simplement Raphael. "Tout cela pour enlever à une seule gamine ce qu'elle avait de feu dans les yeux?", attaqua-t-il aussitôt.

"C'était un feu dangereux", répondit Kilik avec un accent épais, mais dans un français parfaitement compréhensible bien que rudimentaire. "Un feu que je sais éteindre."

Raphael hocha la tête, posa une main avec insistance sur la garde de Flambert: un geste qui n'échappa pas à l'autre homme.

"Oh, et y a-t-il donc d'autres de ses flammes qui vous retiennent encore chez moi?", siffla-t-il.

"Celles dans vos yeux", répliqua Kilik. "Amy-"

Flambert montra la longueur d'une main de son fer. D'un effort de volonté, Raphael se calma et sa main relâcha son embrasse serrée sur la garde de sa lame.

"Qu'importe ce qu'il reste dans mes yeux, vous en avez déjà pris le plus important", murmura-t-il, amer et il se détourna. "Je vous serai gré de partir, vous n'êtes pas le bienvenu dans mes affaires, aucune d'entre elles."

***

Le lendemain matin, ils étaient trois autour de la table. Raphael resta silencieux, ne répondant qu'en quelques mots aux questions d'Amy, d'un geste irrité à peine à ce que Kilik tentait de lui dire. Il quitta la tablée le premier, après avoir à peine touché à la nourriture et bu quelques gorgées d'eau.

"Merci pour le repas", et il déposa un baiser sur le front d'Amy avant de sortir.

"Il m'a dit de partir", dit Kilik à la jeune femme.

"Ce serait la décision la plus sage", hocha-t-elle la tête. "Mais tu vas rester", il n'y avait rien dans sa remarque pour qu'on y sente une question, elle ne doutait pas que l'asiatique s'entêterait. "Tu ne le convaincras pas", soupira-t-elle.

"Pourquoi m'as-tu demandé de le faire?"

Amy baissa les yeux et ne répondit pas. Elle voulait être comme lui. Elle ne pouvait pas être comme lui s'ils n'appartenaient plus au même monde. Elle haussa les épaules, se refusant de lui faire cette réponse.

"Tu ne le convaincras pas", répéta-t-elle. "Tes vérités ne sont pas les siennes."

Kilik ne se trouva pas entièrement satisfait de cette réponse et le reste du repas se mangea en silence. Il quitta la table à son tour, décida de prendre Kali-Yuga avec lui pour partir résoudre les énigmes d'une autre quête. Il trouva Raphael au fond du jardin, presque surpris de le découvrir appuyé contre le tronc d'un arbre et le nez dans un livre. Parallèle à ses jambes courrait Flambert, là où sa main gauche pouvait s'en emparer dans un mouvement aussi facile que rapide.

"Où est votre paquet, si vous partez?", demanda Raphael sans lever les yeux des lignes de texte qu'ils parcouraient.

"Je ne pars pas.

- Hé bien, voilà qui fait de vous un indésirable en ces lieux", sourit le blond en refermant le livre et l'échangeant pour son épée.

Il se releva dans un geste gracieux, salua et se mit en garde une seconde, attaquant la suivante. Kilik évita de justesse le fil acéré de Flambert, qui n'égratigna que l'espace vide qu'il avait occupé. Un sourcil pâle se haussa au-dessus d'un œil rouge comme le sang.

"Vous auriez pu vous laissez embrocher, par simple politesse d'avoir abusé de mon hospitalité."

Kilik n'aimait pas l'idée d'en venir aux armes, mais instinctivement, il avait saisi son bō, prêt à se défendre. Il para la lame une fois, puis deux, reculant d'autant de pas.

"Pas besoin de se battre, nous pouvons parler!

- Nous avons parlé", questionna Raphael en enchaînant les attaques. "Je vous ai dit de partir, vous avez dit que vous ne partiriez pas."

L'épée effleurait à peine Kilik, ratait les points vitaux avec une facilité déconcertante pour courir un souffle à peine au-dessus de ses vêtements, de sa peau, sans lui laisser la moindre égratignure. Il para violemment un coup en réalisant que Raphael ne mettait pas le moindre sérieux dans ce combat, ne mettant de l'acharnement qu'en dans son refus répété de l'écouter.

"Tu te moques de moi!"

L'expression outrée de l'autre homme était exagérée.

"Jamais je n'oserais!", lança-t-il avant d'exécuter une petite courbette exagérée.

Son impertinence faillit causer sa défaite et cette fois, c'est lui qui para de justesse le coup de l'autre homme. Raphael réalisa rapidement qu'il n'affrontait pas un combattant sans expérience. Kilik était peut-être jeune, mais il ne semblait pas entièrement étranger aux styles occidentaux du maniement de l'épée. Cette fois, le blond dût insister pour se défaire des mauvais coups et insister plus encore pour laisser en souvenir quelques estafilades sur la peau de son adversaire.

Raphael trébucha non pas sur les racines de l'arbre, mais sur le livre qu'il avait laissé sur le sol et le bō vint lui écraser la tête au sol, serré contre son cou assez pour lui laisser une marque. Il avait jusque là su évaluer quand percer sa défense, mais il avait de toute évidence mal jugée la portée de son arme.

"M'écouteras-tu, maintenant?", demanda Kilik.

Le blond soupira en tâtonnant pour retrouver le volume sur lequel il avait buté.

"Trahi par mes lectures", murmura-t-il en l'ignorant. "Peut-être que j'écouterai si ce que vous me direz m'intéresse.

- Elle m'a demandé d'éteindre le feu dans tes yeux."

Raphael soupira encore, son front marqué d'un pli irrité.

"Non, ces flammes font partie de moi", répondit-il. "Qu'elle découvre la voie qui lui convient maintenant, j'ai choisi la mienne depuis longtemps.

- Est-ce qu'on t'a vraiment laissé ce choix?"

***

Raphael regrettait d'être rentré. Il regrettait aussi d'être parti. Il regrettait d'avoir Soul Edge dans un cercueil épais de vieux chiffons, cachée comme un secret honteux sous les lattes d'un coin de sa chambre, celles faciles à défaire si on savait lesquelles cédaient.

Il regrettait de sentir le poids des années qui s'accumulaient, presque pire que celui, écrasant, de la tentation de libérer Soul Edge de son fourreau misérable et de sentir entre ses mains son emprise, son pouvoir et tous les murmures qui avaient failli lui faire perdre la raison. Mais il n'était pas tout à fait encore assez fou pour faire confiance à l'épée maudite et la posséder simplement lui suffisait.

Les rangées d'étagères de la bibliothèque l'étouffaient dans ses réflexions malheureuses et il abandonna l'illusion de s'y changer les idées, passa une main nerveuse sur son visage et du moment qu'il rouvrit les yeux, son regard tomba sur le fléau qu'était ce damné asiatique. Il l'ignora.

"Est-ce que tu me laisseras te purifier?", vint la question, sans autre forme d'introduction.

Le blond rit doucement, amusé.

"Comment? Sans me laisser courtiser?", il inclina la tête sur le côté, pensif. "Et qu'est devenu ce feu dangereux qui me consumait?

- Tu as parlé le premier de feu."

Raphael se releva du fauteuil où il avait été assis jusque là, s'avança d'un pas.

"Je suis las", dit-il avec un geste irrité. "Las de vous entendre me parler d'éteindre ce qu'il y a de feu en moi, de cette idée ridicule de vouloir me purifier!", il réprima un soupir. "Savez-vous seulement s'il y a quelque chose en moi qui mérite d'être sauvé?"

Le blond s'avança jusqu'à lui faire face et étira le bras, refermant le poing sur le fragment de miroir que le jeune homme portait en permanence autour du cou. Il vrilla son regard dans celui de Kilik, un sourire parfaitement avenant aux lèvres en lui demandant:

"N'êtes-vous pas possédé vous-même par quelques ténèbres? Voudriez-vous qu'on vous les arrache ou...", sa voix devint presque inaudible. "Ne trouvez-vous donc aucun honneur à les dominer?"

Le visage de Kilik se rembrunit et il libéra son pendentif. Le sourire de Raphael resta, comme une dernière insulte. Il se détourna, marcha jusqu'à la table où il avait laissé pêle-mêle plusieurs livres ouverts sans en poursuivre la lecture d'un seul. Ses doigts traînèrent sur une des pages.

"Le monde n'est pas coupé en noir et en blanc."

***

"Est-ce que tu me laisseras te purifier?", voilà comment commençait toutes leurs conversations maintenant.

Cette même question qui était la première phrase qui passait les lèvres de Kilik. Raphael le fuyait, évitant ainsi autant la question que d'avoir une réponse à lui donner, mais parfois l'asiatique arrivait à le trouver et il le poursuivait de son entêtement inébranlable. Cette fois, il roula des yeux, ennuyé.

"Non", répondit-il simplement, sans même coiffer sa réplique d'une insulte ou de la moindre trace d'arrogance. "Non", répéta-t-il plus fermement. "Que vous importe ma décision!?", siffla-t-il finalement.

"Amy... elle m'a dit que tu étais important pour elle."

- Je croyais vous avoir dit de partir", répliqua Raphael avec irritation, ignorant son commentaire en se massant les temps. "Combien de fois faudra-t-il que je me répète encore avant que vous obtempériez!?"

Mais Kilik avait eu le temps de voir son visage avant qu'il détourne la tête avec un soupir irrité. Une seconde d'hésitation, ou de regret. Un sentiment assez fort pour que l'autre homme veuille le dissimuler.

"Elle est importante pour toi aussi?", demanda-t-il et le regard rouge le vrilla une seconde avec une intensité meurtrière avant de retrouver un sentiment plus fade.

"Elle m'importe peu maintenant", mentit-il avec une légèreté parfaitement feinte.

"Et c'est ce qui tu donnes le droit de la faire souffrir?"

Raphael eut l'impression qu'on le giflait.

"De quel droit-", il serra les dents et furieux, se contint pour ne pas le frapper. "La décision d'Amy...", commença-t-il lentement, une fois calmé. "Est sienne à accepter. Je l'ai acceptée. Qu'elle accepte ou au moins tolère la mienne."

Il lui tourna le dos, s'arrêtant quand la question revint le hanter.

"Est-ce que tu me laisseras te purifier?", appela encore Kilik derrière lui, même si l'autre homme croyait avoir été assez clair sur la question.

"Je préfère rester dans la zone grise", répondit-il.

"Il n'y a aucun moyen de te convaincre?", voulut savoir le jeune asiatique.

"Aucun."

Le mot avait le son de la finalité.

***

"Est-ce que tu me laisseras te purifier?", demanda-t-il, encore, pour la énième fois.

Cette fois, il avait Kali-Yuga à la main et son paquetage à l'épaule et Kilik savait que c'était la dernière fois qu'il lui poserait la question. La réponse de Raphael ne fut pas différente de celle qu'il lui avait donnée quelques jours plus tôt.

"Je préfère rester dans la zone grise."

C'est la répartie de l'autre homme qui changea. Plus de cette insistance gamine, de cette incompréhension naïve, peut-être entièrement pure.

"Tu y serais si tu voyais en noir et blanc, mais c'est en tons de rouge que tu vois le monde", dit Kilik et il s'éloigna sans autre forme d'au revoir, sans plus insister parce que le refus était inébranlable.

Raphael resta immobile une seconde, surpris. Puis, il sourit et regarda s'éloigner le jeune asiatique.

Noir ou blanc, en gris, que lui importait au fond? Il ne voyait effectivement qu'en rouge. La couleur de la haine. Celle qu'il n'avait jamais su abandonner après avoir été trahi et chassé par sa famille. La haine ne lui permettait plus depuis longtemps de voir les choses autrement que sous un angle qui ne permettait pas l'espoir.

"...Purifié?", murmura-t-il.

Il secoua la tête. Il n'avait pas besoin d'être purifié. Sinon, quelle signification aurait les dernières années gaspillées à courir derrière un rêve de pouvoir? Il préférait rester souillé, ne serait-ce que pour ignorer le sens qu'avait perdu sa vie.

***

"Change-moi", supplia Amy.

Elle le lui avait demandé chaque jour depuis que Kilik était parti. Chaque jour, sans jamais obtenir d'autre réponse qu'un non implacable.

"Non", répondit-il avec fermeté, la regardant pour la toute première fois avec une expression sévère, sans la moindre nuance de tendresse.

"Pourquoi?", demanda-t-elle après un long moment de silence et elle fût surprise.

Raphael hésitait à lui répondre et son regard avait quelque chose d'hanté et de vulnérable, il y brilla une fièvre étrange et il ferma les yeux une seconde avant de la dévisager. Il lui souleva le menton de l'index et mêla leurs regards.

"Parce que", commença-t-il lentement, cherchant les mots justes. "Il existe encore en ce monde des abominations dont je veux te protéger."

(26 juillet 2007)

!fic, soul calibur

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