Titre: How I met your godfather
Entraîneur: owlie_wood
Equipe/Joueurs: Percy Weasley, Olivier Dubois
Catégorie: Entraînement
Rating: K+ (pour langage)
Note de l'entraîneur: Ecrit pour ezilda lors de l'échange de hp_valentin. Malgré la perversion de mon âme et l'utilisation des noms anglais, je n'ai pu conserver l'anonymat. ^^" Quoi qu'il en soit, les personnages sont à JKR (pour ce qu'elle en fait). Le titre est un clin d'oeil à la série "How I met your mother" et enfin, vous trouvez ici des spoilers du tome 7!
A 100 mots près, ça passait en une seule partie! -_-"
How I met your godfather
J’ai toujours eu du mal à me faire des amis.
Je serais bien incapable de vous dire pourquoi. C’était comme ça. Il y a des gens qui y arrivent, d’autres qui ont plus de mal. Je faisais, en fait je fais toujours, partie de ceux-là. Enfant, mes parents m’ont expliqué que, comme tous les petits sorciers, je vivrais à Poudlard les plus belles années de ma vie. Ils l’ont fait avec tant de brio que j’ai fini par en rêver.
Quand mes frères, Bill et Charlie, revenaient chaque été avec plein d’histoires à raconter (dont certaines qu’ils devaient forcément inventer mais que du haut de mes huit ans, je croyais), des aventures qu’ils vivaient avec leurs amis et les membres de leur maison, j’ai commencé à être passablement effrayé. Pas à cause des choses qui se passaient. Non, j’étais un sorcier, un Weasley… J’étais habitué aux bizarreries. Même à 11 ans, j’étais conscient que partir là-bas serait de vraies vacances sans Fred et George. J’étais simplement un peu inquiet de me retrouver seul et de ne pas réussir à me lier. Ma mère finit par me raisonner. Selon elle, j’étais un petit garçon parfait. Mon père avait approuvé et m’avait assuré que tout se passerait bien et que je me trouverais des tas de copains. Mes frères, eux, s’étaient contentés de dire que sur tous les habitants de Poudlard, il y en aurait forcément un avec qui je parviendrais à m’entendre.
Je me connaissais, je n’étais pas un va-t-en-guerre. Je n’étais pas non plus le gars qui les ferait se tordre de rire et que tout le monde suivrait.
Je ne le suis d’ailleurs toujours pas.
Alors je m’étais dit que le plus simple serait de trouver quelqu’un… comme moi. Quelqu’un de réservé et de discret. Peut-être même quelqu’un qui le serait plus encore. Cela me donnerait l’impression d’être déluré...
J’étais un peu bête à cette époque-là.
Quand le jour de la rentrée est arrivé, j’ai finalement oublié tous les plans que j’avais mis tant de temps à échafauder. Poudlard est véritablement magique. Une fois qu’on y est arrivé, on repense au voyage en train qui nous a pris la journée, on admire la beauté du château illuminé une fois la nuit tombée… Ne pas tomber dans le lac occupe également pas mal les pensées. On spécule sur la maison dans laquelle on va être envoyé, parfois avec un peu d’appréhension. On est tout simplement impressionné par les élèves ici rassemblés. Essayer de trouver quelqu’un de pire que soi et d’aller lui parler devient alors secondaire.
Dans mon cas, j’avais principalement peur de ne pas être à Gryffondor. Etre ailleurs ne m’aurait, en théorie, pas dérangé. Mais comme toute la famille avait l’habitude d’y aller, je voulais faire comme eux. Après tout, j’étais moi aussi un Weasley.
C’est d’ailleurs ce que le Choixpeau magique m’a fait remarquer.
J’ai fini cette soirée la tête tourbillonnante et le ventre plein. Et je me souviens que ce n’est qu’après avoir dire bonsoir à Bill et Charlie, en entrant dans mon dortoir, que j’ai réalisé véritablement ce qui se passait. Que cette chambre allait être la mienne pour les sept années à venir et que ces garçons que je voyais se disputer pour les lits avaient des chances de devenir mes meilleurs amis.
A cet instant m’est revenue à l’esprit ma grande théorie sur mon potentiel futur meilleur ami et c’est d’un autre œil que je les ai observés se chipoter. Assis sur le lit le plus proche, que j’avais du coup fait mien, je les ai vus se chamailler, se raconter leur vie, d’où ils venaient, tenter de marchander et défaire leurs valises. Ils avaient l’air bien. Ils n’en avaient pas que l’air, je le découvris par la suite. Peut-être un peu trop pour moi d’ailleurs.
En faisant ce triste constat, je réalisai alors qu’ils n’étaient que trois et qu’il en manquait un. Et que le quatrième d’entre eux attendait près de la porte que tout le monde se soit décidé. Quand il vit qu’il ne restait que le lit exposé à l’est, il ne protesta pas. Pas même quand on lui rappela que, et c’était quand même assez méchant, il serait du coup chaque jour réveillé par le soleil se levant durant les sept prochaines années. Détournant le visage, il avait alors marmonné que cela ne le gênait pas. Et nous autres, trop heureux d’avoir un pigeon à berner, n’avons pas prêté attention suffisante à son « au contraire ».
Il nous avait simplement souhaité bonne nuit et avait tiré les rideaux derrière lui. Les autres avaient continué à discuter, soupçonnant que c’était pour pleurnicher en pensant à ses parents que le garçon s’était enfermé. En me joignant à eux, j’ai réalisé que c’était quelqu’un comme lui que je recherchais. De réservé et d’un peu secret.
Le lendemain matin, comme nous nous y attendions, il s’était levé le premier. A l’aube et sans se plaindre. Son lit était vide et nous ne l’avons retrouvé que lors du premier cours de la journée.
C’était un garçon solitaire. Je n’avais aucun mal à l’approcher. Au cours de la semaine, il était presque devenu naturel que nous nous asseyions à côté. Il parlait peu, même quand on lui posait des questions. Mais ça m’allait. Il n’était pas très brillant en classe (ce qui m’arrangeait, j’allais pouvoir l’aider), c’était un garçon discret. Je commençais à croire que j’allais réellement me faire un ami, un vrai.
Et puis, le premier samedi matin que j’ai passé à Poudlard est arrivé. Enfin, l’aube de ce samedi est arrivée.
Ce jour là, celui que j’imaginais être l’ami parfait m’a fait la peur de ma vie en tirant les rideaux de mon baldaquin hurlant. A 6h à peine… Oh, mais selon lui, il y avait à cela une excellente raison. J’y crus jusqu’à ce qu’il me l’expose.
« Etre certain que je me lève pour que nous puissions avoir les meilleures places au premier entraînement de Gryffondor de l’année. »
Dans sa conception des choses, c’était un geste d’amitié. Dans la mienne, en revanche… En même temps, j’aurais dû me méfier. Je ne me fais pas d’ami aussi facilement. D’amis sains d’esprits du moins, désormais, je le savais.
Car ce matin là, je réalisai qu’Olivier Dubois était en vérité totalement frappé. Et je fus le premier de tout Poudlard à le remarquer.
J’ignore pour quelles raisons je l’ai malgré tout accompagné. Puisque j’étais debout, je crois que j’ai voulu lui laisser une chance de se rattraper. Ce dont je me souviens, c’est m’être ennuyé à mourir et m’être promis de ne plus jamais remettre les pieds dans cet endroit tant qu’un vrai match n’y serait pas joué. Promesse que j’ai d’ailleurs honorée.
Me voir là, à cette heure aussi matinale, a bien faire rire Charlie. Ou peut-être était-ce de me voir en compagnie de quelqu’un…
En tous cas, quand il est venu vers nous en fin d’entraînement, j’en suis venu à me demander si ce n’était pas le fait de me voir en compagnie d’Olivier. Quelle qu’en fut la raison, il fit l’effort de ne pas le montrer et répondit à chaque question de mon nouvel « ami »… avant de finalement m’annoncer que maman lui avait envoyé un colis avec les affaires que nous avions oubliées et qu’il passerait me les donner dans la journée.
- Parce que c’est ton frère ? s’était étonné Dubois une fois Charlie parti.
Ok, il était frappé, entretenait une relation plus qu’étrange avec le Quidditch (je venais deux heures durant d’en avoir la preuve). Non content d’être tout cela, il était également stupide. Cela faisait beaucoup pour une seule personne. Je ne savais pas ce qui était le plus consternant, qu’il n’ait toujours pas retenu mon nom après une semaine de cours où l’appel avait été fait à chaque heure ou qu’il n’ait pas fait le rapprochement entre nos rousses chevelures abondantes, notre propension à rapidement virer au rouge et nos taches de rousseurs…
A partir de ce jour là, tout a changé. Olivier s’est révélé à tous tel qu’il était vraiment. Ça a plu à certains, ça en a agacé beaucoup d’autres. Mais on finissait toujours par tout lui pardonner. En tous cas, ça a au moins eu le mérite de me faire renoncer à l’amitié dont je rêvais et dont on m’avait tant parlé. Avec lui en tous cas.
En plus, avec les années, il est devenu pas mal.
On ne pouvait décidemment pas s’entendre.
oOo
A vrai dire, on ne s’entendait pas du tout. On ne s’écoutait même pas.
Pour ma défense, qui écoutait Olivier Dubois ?
Pour sa défense (il faut bien que je l’avoue), qui m’écoutait moi, Percy Weasley ?
Nous étions un peu les deux sans-oreilles-attentive-à-qui-se-confier de cette école. Quand Charlie était là, ça allait encore… Autant pour lui que pour moi d’ailleurs puisque nous devions presque nous disputer l’attention de mon frère. Mais ça ne me gênait pas. Issu d’une fratrie nombreuse, c’était un sport dans lequel j’excellais.
Malheureusement quand Charlie décidait qu’il était temps pour lui d’avoir enfin une vie privée (mon frère est un saint, c’était donc plutôt rare), c’était vers moi que l’autre enquiquineur se tournait.
Personne ne peut imaginer l’enfer que j’ai vécu quand, en deuxième année, ce guignol a passé les essais. Si Dubois n’avait pas existé, outre la vie paisible et tranquille que j’aurais pu avoir, je me serais certainement présenté. Juste pour voir. Et j’aurais pu être pris. J’imagine que j’ai bien perdu depuis mais à l’époque, je me défendais. Ma vie aurait changé, la face du monde peut-être avec… Si ça se trouve, j’aurais fait de grandes choses. Après tout, on a ça dans le sang chez les Weasley.
Mais non, j’avais cet hurluberlu dans ma vie et le Quidditch était une chose que je commençais à haïr par sa faute. Commencer seulement. Mais c’était loin d’être le cas de certains de mes camarades. Qui d’ailleurs regrettèrent amèrement de le lui avoir expliqué.
Durant la semaine qui suivit la séance d’essais et que mon frère (dans un élan de sagesse que j’aurais pu comprendre s’il n’y avait eu l’enquiquineur) s’était accordé avant de se décider, Dubois, non content de harceler Charlie, Bibine et MacGonagall, s’était mis en tête qu’en tant que membre de la secte Weasley, j’étais forcément dans le secret.
Oh bien sûr, si j’avais été d’un naturel sadique, j’aurais pu lui faire croire que sa candidature avait été refusée (à dire vrai, je n’en savais rien et si ce n’était pour mon bien être mental et celui des gens de ma maison, je m’en serais moqué). Je l’aurais fait si je n’avais pas eu encore plus peur de sa réaction en cas de refus. Alors, c’est dans la crainte que, les sept jours de cette semaine, j’ai attendu le résultat, supportant ses monologues et le fait d’être réveillé, à tour de rôle comme chacun de mes camarades, pour calmer ses angoisses nocturnes.
Il fut finalement pris. Et je pensai sincèrement que notre calvaire prendrait fin, qu’enfin tout au Quidditch, il cesserait de faire son « Olivier ».
J’avais tort.
A cet instant plus que jamais, il devint « Olivier ». Ce nom de code que nous employions tous. Il faisait son « Olivier ».
C’est amusant, j’ignorais alors que moi-même, j’en avais un. Que je faisais mon « Percy ». Mais ça, je ne l’ai appris que quelques années après. Et étrangement, ce fut loin de me vexer… Ma mémoire avait vite effacée l’épisode de ma vie qui avait précédé mon annonce de préfet. J’avais oublié que j’avais harcelé avec autant de lettres qu’Errol me permettait mes proches et la direction de Poudlard (bon, avec notre vieil hibou, cela ne représentait pas grand chose, mais c’était l’intention qui comptait).
C’est dans notre différence qu’on a commencé à se ressembler.
Ceci dit, je ne suis jamais allé aussi loin en tant que préfet que lui en tant que capitaine. Même aujourd’hui, être un « Percy » est bien moins pire qu’un « Olivier ».
Et je ne dis pas ça parce que je suis un « Percy ».
Il n’y a qu’un « Olivier » pour se faire envoyer bouler par Charlie. Même un « Percy », même une paire de Fred et George (Dubois rivalisait quand même avec eux pour ce qui était de faire sortir MacGonagall de ses gonds), même un dragon roumain atteint de démangeaisons n’y sont pas parvenus…
oOo
Nous avons grandi et aucun de nous ne s’est arrangé. Enfin, c’est ce que disent nos anciens camarades de dortoir… Mais comme d’habitude, l’Histoire laisse bien gentiment leurs vices au placard…
Parce que Charlie parti, Olivier devint forcément Capitaine.
Je ne sais pas vraiment ce qui s’est passé dans la tête de MacGonagall ce jour-là. Je reconnais, ceci dit, qu’elle n’a pas eu vraiment le choix. C’était un dilemme, un vrai. Même Shakespeare aurait pu s’en inspirer.
Le nommer ou ne pas le nommer Capitaine ? Etre harcelée pour les trois années à venir ou être harcelée pour les trois années à venir ?
La réciproque était la même pour moi. Etre ou ne pas être préfet ?
Dans le cas d’Olivier, je pense, comme tout le monde, qu’elle a bien fait. Lui Capitaine, nous pouvions enfin souffler quand il se plongeait dans son travail (soit tout le temps). Moi préfet, elle s’assurait de voir l’ordre moyennement respecté.
Bien sûr, il y eut des gens pour dire qu’il avait été choisi faute de mieux (des Serpentards, personne de la maison ne s’y était ouvertement risqué). Tout comme il y en eu toutes ces années pour se moquer de moi et déclarer que je n’avais été choisi que pour m’occuper de mes frères.
A vrai dire, je me moque de savoir ce qui a pu motiver ce choix. J’ai fait mes preuves. Effectivement, j’ai tenté de gérer la tribu Weasley scolarisée. Personne n’a rien eu à dire sur le travail que j’ai fait. J’ai plutôt aimé. Et ça m’a même permis de me trouver une petite amie.
Pour une personne qui a d’énormes difficultés à se socialiser, je tiens à rappeler que ce n’était pas une chose gagnée !
Bizarrement, ce fut lui, le colosse grec volant qui eut plus de mal à se trouver ce genre de compagnie, plus que moi en tout cas, la grande belette à lunettes. Ce qui ne veut évidemment pas dire pour autant que je n’avais pas trouvé la qualité, bien au contraire… Pénélope… C’est ainsi qu’elle s’appelait.
Lui avait les deux en potentiel, qualité et quantité. Mais rien n’y faisait. Ça ne marchait jamais. Il faut dire que si, moi Percy, je parvenais à peine à saisir la complexité de ce garçon, quelle chance une fille, pensant comme une fille, avait-elle d’y arriver ?
Aucune.
C’est ce que je pensais. Et j’en eu la confirmation au retour de son tout premier rendez-vous raté.
- Elle n’aime pas le Quidditch, avait-t-il déclaré en se laissant tomber sur son lit.
- Et… C’est un crime, n’est-ce pas ?
Ma plaisanterie ne l’amusa pas du tout. Le sens de l’humour et de l’autodérision n’était pas non plus un trait fort de sa personnalité.
- Les gens qui n’aiment pas le Quidditch, c’est… fit-il en cherchant ses mots. Comment dire ? C’est… comme… C’est comme les vers…
Je le connaissais déjà depuis quelques années, j’avais l’habitude de le voir employer des expressions imagées toujours obscures et savais donc que malgré leurs bizarreries, un raisonnement se cachait derrière. Aussi fis-je l’effort, poussé par la curiosité, de creuser.
- Les vers ? ai-je répété.
- Les vers de terre ! répondit-il comme s’il s’agissait de l’évidence même.
Oh, assurément, il y avait une explication derrière tout ça et pour une fois, je mourrais d’envie de l’entendre.
- Ben oui, ça existe mais on ne comprend pas très bien pourquoi. Ni à quoi ça sert…
Consterné, j’étais littéralement consterné. Je n’osai imaginer la réaction de cette pauvre fille. Parce qu’à tous les coups, il n’avait pas pu s’empêcher de le lui signifier. Quel gâchis… Ce n’était pas à moi que ces choses là arriveraient (à l’époque j’étais encore célibataire, et plutôt envieux). Il prit mon silence pour un acquiescement.
- Dans les deux cas, ajouta-t-il, ils mènent aussi une triste existence, non ?
- On peut vivre sans Quidditch Olivier, ai-je répliqué froidement. Et sans être un ver de terre. Ce n’est pas parce que toi, tu n’y arrives pas que tu dois généraliser.
Bouche bée, il me dévisagea, un peu surpris.
- Mais…
- Tu dois aussi te rendre compte que tu as tendance à écœurer les gens avec ton Quidditch. Regarde Andrew, il fait des éruptions cutanées dès que tu lui parles de Souaffle.
- Il m’a dit qu’il faisait une allergie au caoutchouc, protesta-t-il vexé.
- Bien sûr… fis-je moqueur.
- Bah, tant pis pour lui, répliqua-t-il en se détournant fièrement. Je ne lui en parlerai plus. Mais il ne sait pas ce qu’il perd.
J’avais dans l’idée qu’il savait ce qu’il gagnait en revanche. La paix… Cette chose dont j’avais fini par rêver.
- Tiens, me suis-je écrié, profitant de cette occasion. Dans ce cas, autant que je te dise la vérité : je ne te supporte plus non plus !
Loin d’avoir la réaction escomptée (j’avais même envisagé des cris et un coup éventuel), Olivier quitta son air froid et boudeur pour se mettre à sourire.
- Te fous pas de moi, ricana-t-il. Tu es un Weasley ! Tu n’en auras jamais assez…
Des années avant que les choses ne changent, il était parvenu à cerner ce qui s’annoncerait être le grand problème de ma vie en résumant mon existence à ce simple nom.
Quel que soit le domaine, on a toujours eu tendance à sous-estimer ce garçon.
Moi le premier.
oOo
J’avais, pour ma part, malgré tout appris à m’en méfier. Nombreuses furent les occasions à me rappeler que je faisais bien. Comme le jour de la rentrée pour ma cinquième année, à l’instant où, posant les yeux sur le badge dont j’avais fièrement orné ma poitrine, il a découvert que j’étais préfet. Je n’eus droit à aucune félicitation de sa part, pas même forcée. Trop rares avaient été mes camarades à m’en décerner. Je n’eus pas non plus droit au soupir et au roulement d’yeux auquel on m’avait ce jour-là habitués.
A ma plus grande surprise, il accueillit la nouvelle en souriant. D’un sourire sûrement trop avenant. Limite effrayant. Au moins tout autant que son « brillant ».
J’étais devenu pour lui un pion sur l’échiquier, un recours du côté de la loi qu’il pensait amadouer et qu’il saurait utiliser. C’était me sous-estimer. Certes, je pouvais prendre faits et causes pour ma maison quand il le fallait. Mais pas en collant Flint comme il me le demandait, pas plus qu’en passant l’éponge sur les excès de mes frères adorés. Sur ces points là, c’était une vraie guerre que nous avions engagée. Nos intérêts trop différents, nos devoirs nous séparaient.
Olivier était sur ma liste des élèves à surveiller que MacGonagall m’avait confiée en début d’année (et qui portait en gros, en gras, en rouge et souligné la mention « Fred et George Weasley). Même préparé, je l’ai sous-estimé. Mais s’il me surprit, ce fut de la plus belle des manières.
oOo
Harry Potter a débarqué et la vie à Poudlard a changé. J’avais pour habitude de ne pas me considérer comme chanceux de nature. Mais alors lui…
Désormais, de nouveaux dangers se présentaient à la communauté. L’un d’entre eux, durant ma sixième année, vivait même sous Poudlard, dans la Chambre des Secrets. D’après ce que Ron m’en a dit, il s’agissait d’un véritable monstre, un serpent capable de tuer du regard. Une créature mise au monde et commandée dans l’unique but de s’en prendre aux sorciers enfants de moldus.
Nous ignorions tous à l’époque qui était derrière tout ça et ce qui se passait réellement. Tout ce que nous savions, c’est que des élèves qui n’avaient pas le sang suffisamment pur étaient retrouvés pétrifiés. Même un fantôme avait été attaqué… Poudlard est habitué à l’étrange. Là, nous avions franchi la mince frontière séparant le bizarre de l’inquiétant.
Je me rappelle que ce jour-là (ce jour que j’ai durant de longues semaines maudit), Olivier m’avait profondément agacé. Parce que c’était jour de match et que selon lui, pour Gryffondor et au nom de ma loyauté, j’avais un service à rendre à la maison en faisant une descente et en essayant de bloquer au sol, même et surtout sous un prétexte fallacieux, quelques Poufsouffles et le Kid Diggory. J’avais bien évidemment refusé. Il avait passé la semaine qui avait précédé à insister et à me supplier. Le jour J, lui et moi avons craqué. Le ton est monté, les insultes ont fusé. J’ai fini par devenir exécrable avec tous, y compris Pénélope, ma petite amie. C’est uniquement en entrant dans le stade que j’ai découvert son absence. Croyant qu’elle faisait la tête (elle avait de bonnes raisons de la faire), j’ai pensé qu’elle préfèrerait certainement m’éviter quelques instants et me suis promis à la seconde où je la reverrai de m’excuser. Elle n’avait pas à pâtir des bêtises d’Olivier.
Chose qui n’était encore jamais arrivée dans l’histoire de Poudlard (et dans les mois qui suivirent, faute de divertissements, nous avons eu mille fois l’occasion de vérifier), le match a été annulé.
Il fallait voir la tête de Dubois. C’était plus que bien fait. Avec son comportement odieux des derniers jours, c’était amplement mérité. J’en jubilais littéralement. Mon plaisir fut hélas de courte durée puisque j’appris comme mes camarades en rentrant dans notre Salle Commune qu’un drame était arrivé. Que la petite Granger, ta tante Hermione, avait été pétrifiée. Et qu’avec elle, une autre jeune fille était tombée. Son nom ne nous est pas directement parvenu. Nous savions simplement qu’elle était préfète. Les informations avec le temps ont commencé à filtrer, par le biais des différents portraits. Nous avons su qu’elle portait alors un uniforme de Serdaigle et qu’elle était en sixième année.
Pénélope, à qui j’en voulais finalement de m’avoir laissé, avait aussi été attaquée et reposait inerte dans l’infirmerie. En partie parce que je suis un couard et que cela valait mieux pour nous, notre relation était restée secrète. Si cela m’avait arrangé, à cet instant, je le regrettai amèrement. Je n’avais pas le droit d’en parler, pas le droit de montrer que j’étais inquiet. Pas le droit d’aller la voir sans éveiller des soupçons, du moins le jour même, à l’instant où je mourrais le plus d’envie de le faire.
Alors, je suis resté dans ma Salle Commune, entouré de mes camarades. Et j’ai attendu. Par chance, ils prirent l’air triste que j’eus tout l’après-midi et la fin de soirée, puisque par mesure de sécurité nous avions été enfermés, pour de la simple peur. Ils pensaient que c’était le fait qu’un préfet ait été touché qui m’atteignait. Je les entendais. Et je n’ai pas eu le cran et l’envie de les contredire. Même si cela m’a profondément révolté.
C’était pour la fille dont j’étais amoureux que je tremblais, pas pour mon pauvre sort. Mais, cette rumeur là au fond m’arrangeait. Alors, j’ai laissé mes frères la colporter. Je pouvais ainsi être sombre et inquiet en paix. Je pouvais observer à loisir Olivier brasser du vent et s’insurger en vain contre cet arrêt du match totalement injustifié à son goût (ce type a la sensibilité d’une huître). Pourtant, en fin de soirée, fatigué d’avoir passé ces dernières heures à gesticuler, il s’est laissé tomber à côté de moi. Il aurait pu se fendre d’un commentaire. Après la semaine que nous venions de passer, cela aurait été de bonne guerre. Je l’avais mérité. Il ne l’a pas fait. Il s’est contenté de poser brièvement la main sur mon épaule. Et de murmurer…
- Elle va s’en tirer.
Avant de se lever sans rien ajouter ni me regarder et de prendre le chemin de notre dortoir. Pas à un instant, je n’ai douté de qui se cachait derrière ce « elle ». Loin d’être brillant, ce type a une intelligence qui lui est propre. Si j’ai mis tant de temps à bouger, c’est simplement parce que je me demandais comment il avait pu savoir et pourquoi il n’en avait rien dit. Avec ça, il me tenait. Avec ça, j’aurais pu être son jouet. Quand on parlait de Quidditch, il n’avait pas de pitié. Je ne suis pas parvenu à statuer. Tout ce que je savais, c’est que son geste m’avait touché. Et qu’en cet instant grave, il était ce qui se rapprochait pour moi le plus d’un ami. En tous cas, c’est à cet instant que j’ai accepté d’envisager le considérer ainsi. Un ami un peu tordu et intéressé…
Dans les jours qui suivirent, ma curiosité l’emporta et je finis par lui poser la question qui me démangeait. Pour ça, je choisis un moment de torpeur collective, un cours d’Histoire de la Magie. A ma demande embarrassée, il proposa une réponse laconique.
- Tu parles quand tu dors, Weasley…
Et devant mon air presque soulagé, il avait vite ajouté :
- Et en faisant… d’autres « choses », seul, tard dans la nuit.
Son sourire entendu m’a littéralement achevé. Au moins autant que le rire dont il s’est fendu. Que dire alors des autres élèves qui, soudainement éveillés, rêvaient de partager son hilarité ? Par égard pour ma dignité (avouer que je sortais avec Pénélope me parut soudainement très secondaire), il garda le silence et exigea qu’on le laisse écouter le cours en paix.
Sa bonté s’arrêta là puisqu’il n’hésita pas à se servir de cette information (concernant autant ma vie amoureuse que… ce qui peut arriver parfois la nuit) comme instrument de chantage durant le reste de l’année. Selon lui, il était totalement injuste que la Coupe de Quidditch soit supprimée. Et toujours selon lui, il était désormais de mon devoir de l’aider à appuyer sa requête.
oOo
Je ne voyais pas vraiment comment cette année aurait pu être pire. On ne tarda pas à me le montrer.
Pénélope resta des mois durant, comme toutes les victimes, dans cet état. Aucun changement ne fut à noter. Nous attendions simplement que les mandragores aient fait leur puberté. Quelques jours avant le mois de juillet, alors que nous pensions que tout, enfin, prendrait fin et que le coupable avait été démasqué, un autre drame se produisit. Et frappa ma famille de plein fouet.
Cette fois, c’était à ma sœur Ginny que l’on s’en était pris. Ce fut l’incident de trop. Avec l’année que je venais de passer, je n’ai pas eu la force de jouer mon rôle de grand frère, de supporter les regards compatissants, d’épauler Fred, George et Ron que je savais, de toutes façons, mieux armés que moi. Ce soir-là, je suis monté dans mon dortoir pour m’isoler. Prostré sur mon lit, j’attendais simplement que MacGonagall ou quelqu’un qu’elle aurait envoyé, vienne me dire que tout était arrangé, que Ginny était sauvée ou simplement que mes parents étaient arrivés. Sans ça, je refusais de bouger.
Bizarrement, quand Olivier a ouvert les rideaux de mon lit, je n’ai cru qu’un bref instant qu’il puisse être le signe, le messager que j’attendais. De toute la maison, il était certainement la dernière personne que l’on choisirait.
- T’inquiète mec, soupira-t-il en réponse au « casse-toi » et au coup de pied que j’avais lancé pour qu’il lève ses fesses de mon lit. Il ne va rien lui arriver !
- Ah oui ? ai-je fait sèchement. Et qu’est-ce que tu en sais ?
Ma mauvaise humeur ne sembla pas l’affecter et ce fut d’un ton égal qu’il me répondit.
- Elle est issue d’une famille de sang-pur, signala-t-il imperturbable. Le monstre s’est loupé pour cette fois. Faut croire que soixante ans passés caché dans un trou du château lui ont altéré le cerveau. Tu verras, ajouta-t-il confiant. Il va la renvoyer rapidement, et avec une lettre d’excuses.
Nul mot ne fut nécessaire pour lui montrer à quel point j’étais atterré et non convaincu par son raisonnement.
- Au pire, on ira la sauver ! soupira-t-il, lassé par mon incrédulité.
- Qui « on » ? ai-je demandé en me redressant pour lui faire face. Dumbledore n’est même plus à Poudlard. Je ne vois vraiment pas qui dans cette école pourrait le faire désormais. A moins que toi, le Grand Olivier Dubois, tu puisses t’en charger…
Un sourire immense fendit alors son visage.
- MacGonagall… Elle le fera ! Crois-en ma longue expérience, Percy ! Ce vieux chardon a de la ressource.
Je peinais sincèrement à croire, malgré le profond respect que j’éprouvais pour cette enseignante, qu’elle puisse faire grand-chose. Cependant, je m’abstins de faire part de mon scepticisme à Olivier. L’entendre me démontrer combien il avait raison en me racontant ses histoires et toutes les horreurs que notre directrice de maison lui avait faites subir me changeait les idées.
En cette morne soirée, c’était ce dont j’avais besoin.
C’est finalement dans la nuit, pendant que je dormais, que tout s’est joué et s’est achevé. Abruti par son débit de paroles, la tête vrombissante, j’avais finalement fini, contre toutes attentes, par sombrer. C’est alors que le messager est arrivé. Un elfe de maison est venu m’apporter la nouvelle. Mes parents étaient dans le château désormais. Et Ginny était sauvée. Pas par MacGonagall comme Olivier me l’avait promis et presque convaincu. Mais par Potter et mon frère. Par le petit Ronald Weasley. Je me souviens avoir eu la poitrine serrée par un étrange mélange de honte et de fierté. A me lamenter, à chercher à savoir qui la sauverait, je n’avais pas un instant pensé que je pourrais m’en charger. La joie de revoir ma sœur en vie et en bonne santé finit par remettre à plus tard mes introspections. Et de retour dans mon dortoir, je me fis un plaisir de tirer à mon tour Dubois des bras de Morphée.
- Elle est en vie, me suis-je écrié en tirant ses rideaux et en le faisant sursauter.
Par pur réflexe, il se redressa, les yeux mi-clos, encore endormi.
- Quelle heure il… Percy ? marmonna-t-il.
- Ma sœur est en vie, on l’a sortie de la Chambre des Secrets !
Quelques secondes lui furent nécessaires à son cerveau pour sortir de l’état de veille profonde dans lequel il s’était plongé et pour intégrer l’information que je venais de lui donner. Quand il me répondit, ce fut d’un air parfaitement éveillé.
- Tu vois, claironna-t-il le menton fièrement redressé. Je te l’avais bien dit !
- Sauf que MacGonagall n’y est pour rien, ai-je signalé un sourcil haussé.
- Allons, je parie qu’elle est à l’origine de la brillante idée qui a mené à cette expédition, répliqua-t-il avec mauvaise foi.
- Potter l’a sauvé…
Au silence qui suivait, dans l’obscurité de notre dortoir, je crus un instant qu’il s’était rendormi.
- QUOI ? a-t-il hurlé, me faisant sursauter et réveillant assurément l’intégralité de la partie nord du château. Mon Potter est descendu dans la Chambre des Secrets ?!?
- Tu m’as dit toi-même que ça ne craignait rien ! me suis-je indigné. Pour ma sœur, tu te souviens ? Et comme elle, il est fils de sorciers !
- Oui, marmonna-t-il embarrassé. Mais c’est différent. Potter attire les embêtements et…
Mal à l’aise, il finit par se taire. Je savais pertinemment qu’il avait dit toutes ses choses la veille pour me remonter le moral (sauf le passage sur MacGonagall, l’Ecossaise Volante). Mais les voir être aussi rapidement reniée… Pour son Attrapeur… La seule personne qui semblait compter pour lui…
- Pitié, Percy, finit-il par gémir misérablement. Il a encore l’usage de ces deux mains, pas vrai ?
Oui, Potter avait bien l’usage de ses deux mains. Mais selon Olivier, le danger ne fut cependant pas totalement écarté puisqu’il se promit l’année suivante, notre dernière année, de ne pas le quitter des yeux. Pour ma part, j’ai préféré aller m’inquiéter des mesures qui seraient désormais mises en place auprès de notre directeur. Après tout, en l’espace de quelques mois et à cause d’un gros serpent, j’avais bien failli perdre ma petite amie et ma petite sœur.
S’il y eut à tout cela un avantage, je dirais que c’était le fait de désormais pouvoir vivre mon amour au grand jour. Bien sûr, mes frères se sont moqués, ma mère l’a moyennement accepté. Je crois que l’obtention du poste de préfet-en-chef l’a pas mal aidé à se faire à cette idée.
Ce fut donc chargé de nouvelles responsabilités et totalement délivré du chantage de Dubois que j’ai attaqué ma dernière année à Poudlard.
Je ne pousserai cependant pas mes élans nostalgiques jusqu’à dire qu’elle fut la plus belle de ma scolarité. Il y avait tout de même un tueur non loin de l’école et des Détraqueurs absolument partout. Ces saletés ont même fait tomber Potter de son balai et n’ont pas empêché Sirius Black, alors assassin recherché, de s’infiltrer à deux reprises dans le château. Sans compter le loup-garou que nous avions comme professeur cette année là… Mais un gentil loup-garou, hein ? Le papa du petit Teddy…
Ceci dit, il ne faut pas que tu aies peur d’aller à Poudlard, ma chérie. Et tu sais bien ce que dit ton parrain… Tant que MacGonagall sera dans le château, il n’y aura rien à craindre…
Donc, je disais que ça ne resterait pas la plus belle année. Mais une année des plus importantes, ça, c’est certain. Gryffondor a enfin pu remporter la coupe de Quidditch. Une première depuis que Charlie nous avait quitté. Olivier a assuré. Je suis obligé de le reconnaître. Je n’en doutais cependant pas.
Le mois de juin ayant touché sa fin, j’ai quitté Poudlard. Définitivement. Avec tous mes ASPICS sous le bras et la mention « préfet en chef » sur mon CV. Olivier, lui, est parti avec une coupe de Quidditch dans ses bagages. Enfin, une copie puisque MacGonagall n’a pas voulu lui laisser la vraie. Finalement, nous avions réalisé tous les deux nos rêves durant ces sept années.
Et nous sommes partis, sans nous promettre de nous écrire, ni de nous revoir.
Plutôt soulagés à vrai dire de ne plus avoir à partager le même dortoir.
oOo
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