Titre: A rebours
Entraîneur:
owlie_woodEquipe/Joueurs: Roger Davies, OCs
Catégorie: Défi "jeu de l'oie"
N° de la case: 59
Intitulé de la case: "Rage de vaincre" et "Guerre psychologique". Thèmes à illustrer et mots soulignés à caser dans le texte dans l'ordre de l'énoncé.
Rating: K+
Note de l'entraîneur: Vous comprendrez le choix du titre après avoir lu ce texte! A vérifier mais normalement, les deux conditions de ce défi ont été respectées!
DES JOURS ET DAVIES
Mars 2005 : A rebours
Rage
- Je vais les exterminer, ces espèces d’enfoirés ! JE VAIS LES TUER !
Le hurlement de Roger résonna sur les murs du petit vestiaire. Les joueurs et les membres du staff ayant fait le déplacement se tournèrent vers lui. A bout de souffle, Davies déglutit avec difficulté et serra poings et mâchoires. La rage le faisait trembler.
- C’est totalement criminel de jouer comme ça ! reprit-il d’une voix rauque. C’est… un assassinat !
Les deux soigneurs du club s’affairaient auprès de Booker, son coéquipier poursuiveur fraîchement titularisé. Le visage tuméfié, la lèvre fendue et la pommette éclatée, le pauvre Barney peinait à garder les yeux ouverts. Son épaule était déboîtée, sa cheville droite avait gonflée et prit une teinte violacée. Du sang coulait sur ses mains. Le simple inventaire des blessures du jeune garçon donna à Roger envie d’exploser.
Cela faisait six heures qu’ils jouaient, six heures que les joueurs de Boras s’acharnaient sur ce pauvre Barney. La pause réglementaire les avait finalement délivrés. Le coach Montoya avait fait ce qu’il avait pu, invoquant tous les prétextes pour obtenir les temps morts réglementaires. Ils n’en avaient plus désormais.
Barney avait donc saigné sans que rien ne puisse être fait une heure entière.
Sentant la tension de son coéquipier, Booker tenta de le rassurer.
- Ça va, murmura-t-il doucement. Je vais bien.
Il poussa un léger cri quand la tête de son humérus retrouva son emplacement initial. Roger était écœuré. Lui n’était pas un sanguin. Ulcéré, il se sentait pourtant sur le point de craquer. Cherchant à retrouver son calme, il ignora et tourna le dos aux personnes présentes dans le vestiaire et fixa son regard sur le fond de son casier.
- Ne cherche pas à le venger, fit Inigo, son entraîneur. Nous allons gagner, c’est tout ce qu’il nous reste désormais.
Avec lenteur, Roger pivota vers son entraîneur et soutint un instant le regard qu’il lui lançait, avant de prendre son balai et quitter le vestiaire.
Booker serait donc sacrifié.
oOo
Vaincre
Un des avantages que trouvait Roger à jouer à l’étranger était que, ne comprenant ni la langue, ni les chants, il restait assez insensible à l’hostilité du public qu’il rencontrait.
Ceci dit, il comprenait assez bien les dessins, songea-t-il en entrant sur le terrain et en découvrant les banderoles, pour le moins éloquentes, que les supporters des Berserkers avaient accrochées aux gradins du stade.
Difficile de croire, à voir la véhémence et l’animosité avec laquelle les Wanderers étaient pris à parti et apostrophés, qu’à l’instar des stades des pays nordiques, celui de Boras soit considéré comme l’un des plus « propres ».
De bonne foi, Davies voulait bien croire que ce public là soit ordonné et sache se contrôler. Mais vu la manière dont les Berserkers jouaient, il n’était pas non plus étonné que la situation ne commence à dégénérer.
Des rires et des hourras fendirent l’air du stade quand un Poursuiveur adverse le percuta. Le souffle coupé, légèrement sonné, Roger se dégagea d’un coup de pied. Le Souaffle était perdu mais son adversaire n’avait pas semblé s’en préoccuper. Davies ne s’accorda pas le temps d’y penser. Booker s’était saisi du Souaffle mais l’avait aussitôt lâché. Son épaule craqua sinistrement lorsque le Cognard la percuta. A dix mètres, Roger jura avoir entendu les os se briser.
Lorsqu’il marqua, Davies ressentit un étrange mélange de haine et de joie. Levant le poing, il prit le temps de délibérément provoquer le public et les joueurs qu’il affrontait, avant de rejoindre ses coéquipiers au centre du terrain.
Gagner, vaincre, ils y parviendraient, Roger le savait.
Mais le prix à payer serait élevé.
oOo
Guerre
Les Berserkers de Boras ne s’étaient pas toujours appelé ainsi. Leur nom avait changé lorsque cette « façon de faire » avait été instituée, lorsque durant la guerre, la Suède avait choisi la neutralité. Eux avaient décidé de se battre et gagner le respect.
A chaque match, une proie était désignée. Qu’ils perdent ou gagnent, le joueur adverse était sacrifié. Les Berserkers connaissaient parfaitement les règles, il était rare qu’ils se fassent sévèrement sanctionner. Quelle que soit la sentence, elle en valait la peine.
La victime n’était jamais la même. Ainsi, au fil des rencontres, des championnats, coupes et transferts, ils s’assuraient que dans chaque équipe rencontrée, quelqu’un ait entendu parler de leur manière de jouer.
La guerre commençait bien avait le coup de sifflet.
oOo
Psychologie
- Je refuse de jouer.
Tous se tournèrent vers Halfpenny. Le menton haut, la joueuse ne cilla pas.
- Cela tombe bien, marmonna Roger à ses côtés, tu n’étais pas sur la feuille de match.
Montoya avait fait le choix audacieux de laisser sa chance à Booker. En quart de finale de la Coupe d’Europe, pour le match aller à l’extérieur, c’était un pari plus que risqué. Vu l’enjeu, Roger ne comprit pas qu’Halfpenny puisse refuser de jouer.
- Ce sont des tueurs, expliqua-t-elle pour se justifier.
- Pitié, ricana Nixon, l’un des deux batteurs.
- J’ai joué à Göteborg durant une année, dit-elle avec lenteur. Je les ai affrontés. J’ai vu ce qu’ils ont fait.
Le silence se fit dans le vestiaire.
- Ils ont détruit l’une de mes coéquipières.
Les joueurs échangèrent un regard avant de se remettre à discuter.
- T’inquiète, ma belle, fit Roger en passant un bras sur les épaules de sa coéquipière. Je me défendrai !
Agacée, elle repoussa violement Roger. Celui-ci laissa échapper un sourire amusé. Halfpenny aimait bien dramatiser.
- Tu ne comprends pas, grogna-t-elle alors que Montoya avait commencé à expliquer comment l’entraînement se déroulerait. C’est une tradition chez eux. L’un de vous y passera.
Davies renonça à tenter de la dérider. A leur niveau de jeu, chaque club faisait son possible pour prendre l’avantage psychologique sur ses adversaires des jours avant que le match ne soit joué.
Mieux valait ne pas s’en soucier.