Titre: Role Model
Entraîneur: owlie_wood
Equipe/Joueurs: Roger Davies et de multiples OCs
Catégorie: Défi "jeu de l'oie"
N° de la case: 54
Intitulé de la case: Défi Cross-Over version 2.0
Rating: K+
Case précédente:
Mots doux Note de l'entraîneur: C'est certainement le thème sur lequel je ne voulais absolument pas tomber (pour une raison idiote, je ne crois pas au X-over...). Et comme la vie est bien faite, j'ai été forcée de mêler en tout trois univers. Alors, j'ai tordu la définition de X-over comme je le pouvais. Je ne peux pas faire mieux désolée.
Role Model est une expression anglaise désignant le modèle à suivre.
Oh, et il y a plein d'allusion à Chaton, avis à ceux qui ont lu les premiers chapitres.
Disclaimer: Un tiers appartient à JKR, un tiers au patrimoine mondial de l'humanité et le dernier tiers se répartit entre la Warner, Frank Miller, Mel Gibson et UFD (je ne sais pas trop qui créditer en fait). Et une micro-allusion à Princess Bride.
Note bis: Toutes les phrases suivies d'une * sont des citations extraites des films, ma façon à moi de faire se croiser les univers.
DES JOURS ET DAVIES
oOo
Février 2004 : Role Model
- Nom de… Qu’est-ce c’est ?
A l’heure convenue, Roger Davies et Gerry Nixon, l’un de ses coéquipiers, s’étaient rendu au point de rendez-vous fixé. Dans l’une des salles de réunion du complexe de Wigtown, ils avaient découvert l’ensemble des joueurs, assis en rang sur des sièges au préalablement disposés, leur entraîneur, la mine renfrognée, appuyé contre le rebord d’une des fenêtres et leur présidente, Libby Livingstone leur faisant signe de prendre les derniers sièges libres, évidemment au premier rang.
Mais si tout cela aurait pu faire partie d’une journée ordinaire dans le quotidien des Wanderers, la présence d’un homme en kilt, échevelé et au visage à moitié peint les avait pour le moins interloqués.
Le séminaire « motivation, hargne et ténacité », rebaptisé « marche ou crève » par l’ensemble des personnes y étant conviées, s’était selon toute vraisemblance transformé en petite introduction à la culture écossaise. C’était la conclusion à laquelle Roger était arrivé en dévisageant l’homme assis en face de lui. Conclusion stupide mais bien la seule.
- Bien, fit la présidente froidement, lorsque les retardataires se furent installés. Comme vous vous en doutez, nous sommes ici suite à l’humiliante défaite que nous avons essuyée face aux Canons de Chudley.
Une main se leva alors dans l’assemblée. Et Roger n’eut nul besoin de se tourner pour deviner qui allait commettre l’erreur de contester.
- Nous avons gagné, signala Ellis, l’un Poursuiveurs titulaire.
- De dix points. Ha ha. Il n’y a pas de quoi pavaner ! répliqua Montoya les sourcils froncés.
Livingstone estima que le clou n’avait pas besoin d’être plus enfoncé et continua.
- C’est donc pour cette raison que votre entraîneur et moi-même avons décidé de vous réunir. Vous étiez parfaitement capable de les battre. Et je dois reconnaître qu’en mon fort intérieur, je ne comprends toujours pas comment une telle hérésie a pu se passer. Mais les faits sont là. Et l’ensemble du staff est arrivé à la conclusion que vous manquiez de motivation. Avant de mettre en place des restrictions de salaire qui, j’en suis certaine, feront leur petit effet, nous vous laissons une chance de vous reprendre en vous présentant aujourd’hui des gens réellement motivés.
Les regards se portèrent vers l’homme en kilt, à chaque seconde un peu plus mal à l’aise.
- Vous allez faire la rencontre de deux véritables héros de l’humanité, reprit la présidente. Des gens qui, grâce à leur simple obstination et leur abnégation ont littéralement changé le cours des choses. Des personnes qui devraient vous inspirer. Qui vont vous inspirer.
Connaissant la détermination parfois extrême dont l’écossaise pouvait faire preuve, un doute raisonnable caressa alors l’esprit de Davies.
- Question, fit-il en levant la main à son tour. Vous êtes au courant que les voyages temporels sont prohibés depuis au moins une bonne centaine d’années ?
- Question : est-ce que j’ai déjà enfreint la loi, Roger ?
La réponse étant oui, tous avaient de quoi s’inquiéter. Ils dévisagèrent avec méfiance l’homme, prêts à l’entendre parler une langue venu du fond des âges.
- Nom de… C’est Ferris ! s’écria quelqu’un dans l’assemblée
- La ferme, marmonna l’assistant de la présidente.
Des ricanements s’élevèrent.
- Oui, chacun doit donner de sa personne, expliqua la présidente pour y couper court. Mais passons. Aujourd’hui, Ferris a l’honneur d’incarner quelqu’un de très important. Et non, ajouta-t-elle pressentant la question à venir, il ne s’agit pas d’un de mes ancêtres.
Les joueurs échangèrent un regard. Presqu’un tiers d’entre eux n’étaient pas citoyens britanniques et parmi ceux qui l’étaient, il n’y avait qu’un faible pourcentage d’écossais. Comment pouvaient-ils trouver ? Même Roger et sa culture eurent besoin d’être éclairés.
- Je suis écossais, déclara Ferris lorsqu’un indice fut accordé.
- Sans blague ! marmonna Davies.
Etrangement, cela suffit à ce que la situation soit débloquée.
- Oh, je sais, s’écria Doyle, le gardien remplaçant en bondissant de sa chaise. William Wallace, Braveheart !
Rien, à voir l’expression à la fois outrée et écœurée de la présidente, ne laissait penser que la bonne réponse venait d’être donnée.
- A vrai dire, rectifia-t-elle les lèvres pincées, William Wallace a bel et bien existé. Les moldus et leur stupide invention n’ont fait que transformer cette réalité. William Wallace était un patriote qui a mené le peuple d’écosse contre l’occupation des anglais. Hors la loi, il a su fédérer la population et rallier la noblesse contre l’ennemi. Il a donné à lui seul l’impulsion à l’indépendance de l’écosse. La légende est vraie.
Satisfaite du silence que sa tirade avait provoqué (tous regrettaient à cet instant la défaite contre les Canons de Chudley), la présidente mit quelques instants à le briser.
- Dis-le leur, fit-elle en donnant un léger coup de coude au héros réincarné.
- Dignes fils d’Ecosse, je suis William Wallace*, déclara Ferris après s’être raclé la gorge.
- William Wallace fait sept pieds de haut !* protesta quelqu’un dans l’assemblée (Doyle, le plus moldu d’entre eux, Roger était prêt à le parier)
- Oui, c’est ce qu’on m’a dit… reprit Ferris amusé. Il tue l’ennemi par centaines, hein ? Et s’il était là, ses yeux lanceraient une pluie d’éclairs à faire trembler l’armée anglaise et des boules de feu seraient projetées de son…*
- Ahem… le coupa Libby sentant que le héros était sur le point d’être un peu trop incarné. Passons Willie. Tu n’avais pas un message à délivrer ?
Rappelé à l’ordre, l’homme en kilt se redressa et prit un air grave et inspiré.
- Oui... Battez vous et vous mourrez peut-être. Fuyez et vous vivrez... Quelques temps du moins... Et un jour sur vos lits de mort, bien des années auront passé. Peut être regretterez vous de ne pouvoir échanger vos tristes vies épargnées à Stirling, pour une chance, une petite chance de revenir ici et tuer nos ennemis car ils peuvent nous ôter la vie. mais ils ne nous ôteront jamais... notre liberté ! *
Le hurlement qu’il poussa les fit tous sursauter.
- ALBA GU BRA !*
De petits « alba gu bra » furent marmonnés en réponse (il n’y eut guère que Doyle, Nixon, Limaba l’Ougandais Volant et Livingstone pour le faire fièrement… et pour trois d’entre eux, Roger ne voyait pas ce qui les motivaient)
- Excusez-moi, dit Davies les sourcils froncés. Je veux bien qu’il soit un modèle pour… nous tous mais… Il n’est pas mort sous la torture ?
- Tout le monde meurt, soupira Ferris inspiré. Ce n’est qu’une question de moment et de circonstances.*
- Oui, ajouta la présidente. Il a subi le sort réservé aux traîtres. Il a été traîné vivant par des chevaux par les pieds sur plusieurs kilomètres. Il a été à moitié pendu, éventré et le feu a été mis à ses entrailles. On l’a finalement décapité puis découpé en morceaux. Ses membres ont ensuite été expédiés aux coins du royaume pour servir d’exemple. Evidemment, je n’attends pas de vous que vous fassiez de même. Pas pendant la durée de votre contrat, du moins. Mais que les traîtres se méfient…
Libby Livingstone mettait une intention dans chaque menace. Et même si celle-ci n’était qu’une plaisanterie, Roger savait qu’une personne dans la salle l’avait prise pour lui.
- Vous êtes tous des poètes guerriers, reprit-elle. Des écossais.
- Nan, je ne crois pas, marmonna Nixon, au moins autant patriote, en se penchant vers Roger.
Réprimant un sourire (après tout, il était en première ligne… et anglais), Roger s’abstint de prendre par aux votes. D’autres n’hésitèrent pas et approuvèrent.
- Si telle est l’Ecosse que vous désirez alors que Dieu vous pardonne d’être écossais…* soupira l’ancien Serdaigle à voix basse.
Sa remarque n’échappa cependant pas à la présidente et Roger ne dut son salut qu’à l’intervention de Ferris, gagné par l’esprit des hautes landes, et se lançant dans un périlleux discours météorologique.
- Dieu aime arroser l’Ecosse. Sa pluie est douce et pure… quoi qu’un peu oblique aujourd’hui.*
- Oui bon, ça va ! le coupa-t-elle sèchement. Merci Ferris. Si nous passions au héros suivant ?
D’un petit « pop », l’homme en kilt transplana, laissant seuls les joueurs se remettre de leur émotion et lancer des paris sur le personnage suivant. Nixon était certain de voir apparaître Superman, Doyle préférait un héros nettement plus irlandais, Limaba, plus politique, paria sur Nelson Mandela… et dut braver l’inculture d’une partie du monde sorcier. Roger s’abstint de pronostiquer. Connaissant Livingstone, il pouvait s’attendre au pire et la part de Montoya dans ce choix l’intriguait (nul doute que pour Wallace, il n’avait pas eu voix au chapitre). Son choix allait s’arrêter sur Napoléon quand un autre « pop » retentit. Personne ne s’y était préparé et tous eurent la surprise de découvrir Ferris, pour l’occasion, barbu et en toge.
- César ? demanda Halfpenny, non loin.
- Non, il est grec. Et vient de Sparte.
Roger ne put retenir un soupir consterné. Evidemment, elle avait osé.
- Léonidas ? demanda-t-il craignant le pire.
Livingstone acquiesça et sursauta quand son assistant lança un retentissant :
- HA HOO !*
Evidemment, il n’y avait pas plus extrême que cet exemple là, exemple choisi par les plus grands dictateurs de l’histoire pour galvaniser les troupes. Et à voir la tête de Montoya, il était loin de l’ignorer.
- C’est politiquement controversé, se risqua à signaler Roger.
- C’est historiquement vrai, répliqua la jeune femme. Et c’est pour vous un exemple dont il faut s’inspirer. Ce roi spartiate a mené un combat perdu d’avance contre l’envahisseur pour permettre à l’armée grecque de se préparer. Il l’a fait pour l’honneur. Ses soldats ont luttés jusqu’au dernier et malgré la trahison (Roger eut une autre pensée pour leur Judas personnel), ils ont tenu bon. Quand tout est perdu, il faut continuer à se battre, tel est le message que vous devez en tirer.
- Nous avons fait ce pour quoi nous étions entraînés, ce pour quoi nous avons été élevés, ce pour quoi nous étions nés*, ajouta Ferris avec gravité avant de se reprendre. Sentencieux, je sais, mais l’époque le voulait !
- Selon les historiens, on pouvait lire sur une stèle placée à l’entrée du défilé à l’adresse des passants « Va dire à Lacédémone qu’ici nous sommes morts pour obéir à ses lois *».
Dans son dos, Roger entendit Ellis ricaner.
- On devrait peut-être graver ceci à l’entrée du stade.
Les quelques rires accompagnant la plaisanterie furent vite douchées par l’air inspirée de la présidente. Bien sûr, elle y avait pensé et envisageait tout simplement de remplacer Lacédémone par Livingstone.
Ahuri, Roger assista à la fin du séminaire sans plus rien dire. A en juger par les modèles qu’elle leur avait choisi, ils ne leur restaient plus qu’à se préparer à mourir sur le terrain.
Comme souvent, Davies avait du mal à croire que Libby soit le diminutif de… Liberty.
A la fin de la séance, il laissa ses coéquipiers féliciter Ferris pour les rôles qu’il avait endossés et emboîta le pas de Montoya. Convaincu du bien-fondé de ces petites réunions qu’il avait lui-même institué, l’ibérique ne semblait pourtant pas satisfait.
- Ces gens sont fous. Foutu pays, bougonna l’entraîneur alternant espagnol et anglais.
- Le problème avec l’écosse, répondit Roger philosophe, c’est qu’elle est pleine d’écossais.*
S’arrêtant brusquement, l’entraîneur adressa à son jeune joueur un regard consterné.
- Quelle idée ! grogna-t-il en le plantant sur place. Mais quelle idée…
Roger le regarda s’éloigner en rouspétant. Et comme souvent, il se demanda si son entraîneur savait pourquoi on l’appelait Inigo Montoya.