Oleum et Operam, chapitre 3

Nov 14, 2010 22:54

Oleum et Operam (3/?)
Fandom : Batverse
Persos : Dick, Bruce, la Batfamille au grand complet,
nb de mots : 5000
rating : PG
résumé : Bruce est vivant. Mais cela ne veut pas dire que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes.
note : Ce qui était à l'origine censé être un Bruce/Dick se révèle être pour l'instant une aventure de Dick!Batman et Robin et une ode a la Batfamille. Maintenant avec scénario inclut ! Et arrivée de l'UST !
avertissement : Bad romance inside.

Oleum et Operam : Master Post 
Chapitre 1
Chapitre 2

3.

Ce soir-là, Damian jette un long regard à son père lorsque c’est Dick qui se tient à ses côtés au moment de partir patrouiller, mais il n’émet aucune des nombreuses protestations virulentes et potentiellement insultantes auxquelles s’attendait Dick. Soit il a remarqué que quelque chose n’allait pas avec Bruce la veille, soit il fait simplement confiance en sa décision et sa déclaration qu’il a des affaires à régler. Mais que ce soit l’un ou l’autre, Dick sait qu’ils seront bientôt obligés de donner des explications. Après tout, Damian est tout sauf naïf et entièrement capable de déduire par lui-même que quelque chose ne va pas (et pour couronner le tout, plus que susceptible de prend très mal le fait d’avoir été tenu dans l’obscurité).

L’infirmerie du Bunker est parfaitement équipée, le dernier cri des technologies médicales. Parfois, quand les dégâts dépassent les compétences de soin ou de chirurgie d’Alfred (et maintenant celles de Dick ou Tim) ils sont obligés de faire appel à des expertises extérieures - Batman entretient un réseau impressionnant d’experts dans un certain nombre de spécialités médicales. Quand même cela n’est pas suffisant, les ressources de la Ligue de Justice sont mises à disposition. Ce n’est pas pour rien que Batman a inclus dans ses plans de la Tour de Garde une infirmerie à faire pleurer d’envie n’importe quel médecin.
Mais bien sûr, pour l’instant la Tour de Garde est exclue, s’ils veulent garder la réapparition de Bruce secrète. Ce n’est pas que Dick n’ai pas confiance en la discrétion de la Ligue, mais… disons qu’il ne se fait pas d’illusions non plus.
Bruce fait un patient épouvantable, mais ce n’est pas nouveau, et bon gré mal gré ils ont mis en place un plan d’examens à long terme tout à fait réalisable avec le matériel du Bunker : IRM, tests de réactivité et de coordination au repos et en action, doublés de prises de sang et complétés par toute une batterie de tests subsidiaires, le tout à effectuer quotidiennement pendant au moins deux semaines. Le but est de pouvoir quantifier et identifier précisément toute évolution, qu’elle soit positive ou négative.
Les résultats préliminaires montrent une nette détérioration par rapport aux scores de coordination pré-disparition de Bruce, mais ce n’est rien qu’ils ne savaient déjà. Le vrai intérêt réside dans l’évolution des résultats au cours des semaines à venir, et une fois de plus la seule chose dont ils aient besoin pour cela est du temps.
Il semblerait aussi que les scores de Bruce s’améliorent quand il est en action ou physiquement stimulé, mais là encore ils manquent de données… Ils ne peuvent qu’attendre et dans l’intervalle Bruce est cloué au sol, quoique à court terme cela ne soit pas un problème. Comme il l’a dit lui-même il a beaucoup à rattraper et de nombreux moyens de se rendre indispensable.
Après-tout la chose la plus dangereuse chez lui n’a jamais été ses capacités martiales, mais son esprit.

Sanglé dans son costume de Red Robin, masque repoussé sur la nuque et debout près de Bruce devant le mur d’écrans, Tim adresse à Dick un signe de tête. Il rejoindra le secteur qui lui est attribué plus tard dans la soirée, après avoir fini les enquêtes dont il a pris la charge. Dick le soupçonne aussi de chercher l’occasion d’une discussion en tête-à-tête avec Bruce, ce qui n’est guère surprenant. L’année passée a été dure pour lui également et Dick est douloureusement conscient que son propre comportement n’a pas aidé.

Avec un dernier regard en arrière pour les deux tête brunes tournées vers les écrans dans une même concentration inébranlable, il saisit son grappin et suit la silhouette impatiente de Robin qui s’encadre dans la sortie des oiseaux. Quelques pas, un panneau blindé qui coulisse, et ils sont sur une corniche contre le flan de l’immeuble Wayne, perdus dans la maçonnerie, luttant contre le vent nocturne qui bat leurs visages. Sous eux Gotham attend.

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Quand il est devenu Batman, à part le fait même de devoir remplacer Bruce, ce que Dick a le plus détesté est la Cape. Et quand il dit détester, il pèse ses mots : il l’a haïe avec une haine incandescente à peine renforcée par tout ce qu’elle représente.
Il est acrobate de formation et pendant près de dix ans, il a volé, s’est battu sans sur ses épaules ce poids quasi accablant, cet encombrant appendice qui du jour au lendemain est venu modifier son équilibre, ses mouvements, sa manière de gérer l’espace, des actions qu’il aurait pu effectuer les yeux fermés tant elles étaient imprimées dans ses muscles. Il a dû tout réapprendre en un laps de temps terriblement court, forcer de nouvelles habitudes dans ses muscles, de nouvelles postures, de nouveaux réflexes. L’horreur.
Mais une fois qu’il a eu fini par dompter cette fichue Cape -non sans l’aide de quelques changements radicaux de design, merci Alfred-, il a découvert qu’il pouvait parfaitement autant s’amuser avec la Cape qu’il l’avait fait sans. Peut-être pas de manière aussi ouverte, parce que Damian est un Robin du genre zéro sens de l’humour et que de toute façon Batman ne peut pas se permettre le genre de jubilation qui accompagnait Nightwing comme une seconde peau.
Cela dit, ce qu’il peut se permettre, que la Cape rend mille fois plus impressionnant, c’est le genre d’entrée qu’il se trouve à préparer au bout de deux heures de patrouille.

Une partie de la pègre Gothamite est un mélange toujours changeant de petits truands essayant de creuser leur trou individuel sans trop se faire remarquer et de micro associations économiques à la géométrie changeante prenant bien soin de rester sous le radar. Drogue surtout, mais aussi trafic d’influence, vol ou recel, prostitution parfois. En dessous d’une taille critique, quatre, cinq individus, il est généralement difficile de repérer les organisations qui fonctionnent en vase clôt, à petite échelle, souvent dans un cercle restreint de personnes se connaissant déjà.
Ces entreprises familiales sont difficiles à repérer sans l’aide d’un informateur et quasiment impossibles à infiltrer. Et pour ne pas leur simplifier la tâche, les informateurs autour des structures de cette taille sont quasi inexistants du fait même du petit nombre de personnes dans le secret.
Mais parfois aussi, ils ont un coup de chance et Oracle capte un fragment d’e-mail qui attire son attention, un tuyau percé mène à un autre qui porte sa surveillance sur un secteur apparemment sans histoire. Le quartier qu’ils scrutent ce soir est résidentiel, calme et plutôt aisé. Si un jeune homme du voisinage n’avait pas fait une attaque cérébrale suite à l’ingestion d’un produit chimique non identifié, ce que l’hôpital a charitablement classé comme accident domestique, ils ne seraient pas là.
Mais ils le sont, et grâce aux recherches d’Oracle qui a examiné de près les comptes des familles du quartier et surveillé les communications échangées dans la journée, ils savent exactement où frapper.
Il serait plus simple de prévenir la police -à vrai dire elle est prévenue, ils devraient être là d’ici une demi-heure-, mais avant ça Dick veut faire des prélèvements de la drogue : il soupçonne un dérivé de la dernière saloperie à la mode, le meo-meo, et il a besoin de savoir exactement comment ils la fabriquent.
Et puis aussi, il est un fervent croyant de l’apprentissage par l’exemple et la trouille qu’ils vont filer à cette famille de fabricants/dealers en herbe devrait leur enlever toute envie de se trouver dans l’illégalité pendant un bout de temps. Et à défaut de stopper les organisations semblables, ça va faire sérieusement réfléchir ceux qui pensaient à se lancer.

Et donc, pendant que Damian est dans la salle de bain transformé en laboratoire pour faire des prélèvements, Dick s’introduit dans la partie du grand appartement qui est réservée à l’habitation. La porte de la chambre principale est entrouverte et son détecteur de chaleur révèle deux formes endormies de l’autre côté. La seconde chambre est fermée, mais également occupée, une personne au lit avec une tache rougeoyante qui doit être un ordinateur portable mal isolé, s’il chauffe autant.
Olivia Wright, 26 ans, diplômée de biochimie est le cerveau et la technique derrière l’opération et Warren Pilgrim, 27 ans, son compagnon, est sans doute chargé de trouver les clients. La victime, (Andrew Lloyd, 26 ans) était un de ses amis proches. Il est possible qu’il ait été impliqué dans l’affaire de plus ou moins loin.
Le rôle de Dwayne Wright, le frère aîné d’Olivia (28 ans, pas de diplôme ni de job régulier), est moins clair. Il est possible qu’il se charge d’une partie du travail de technicien et probablement de se procurer les matières premières, si on en croit les relevés de ses achats en ligne.
Hé bien l’affaire qui roule de tout ce petit monde est sur le point de faire un sérieux tête-à-queue, songe Dick en se déplaçant silencieusement dans le salon, étudiant la meilleure manière d’attirer tout ce beau monde hors des chambres pour-
Pour-

Soudain il y a quelque chose qui presse contre son esprit. Ses muscles se verrouillent instinctivement tandis qu’il s’arc-boute mentalement et au-delà de la pression brutale qui bat entre ses tempes, il entend le cri venu de la salle de bain, Damian, surprise-choc-douleur, et le fracas d’une table bousculée, renversée, du verre qui se brise.
Mais il n’a pas d’attention disponible, pas alors que quelque chose appuie contre son esprit, pousse et tente de s’introduire avec autant de finesse qu’un coup de poing dans l’estomac. C’est puissant, mais non maîtrisé, et il a suffisamment d’entraînement contre les télépathes pour parvenir à fermer son esprit contre l’intrusion, pour dérouter la compulsion qui vient avec la tentative de s’introduire dans son cerveau. Mais tout juste, et il vacille, un goût acide dans la bouche, tandis que le télépathe tente un nouvel assaut, presse l’avantage provoqué par la surprise et la déstabilisation causées par la première attaque. Dans son communicateur Dick entend la voix de Bruce, lointaine, inquiète, et se force à lever sa main, à couper la communication avant que son esprit ne se tourne vers des pensées qui pourraient être perçues.
L’attaque est comme une main qui presse contre son esprit, des doigts qui fouillent et déchirent sans discrimination à la recherche d’une prise, d’une faille dans le relief de ses émotions ou de ses pensées. S’il avait du temps il pourrait reconstruire une barrière adéquate, mais il n’a pas le temps, pas avec Damien qui lutte contre le même assaut dans la pièce voisine -oh oui il lutte, jurons et imprécations haletées, mais aussi de la détresse, son Robin qui n’est absolument pas formé contre ça, merde merde merde, Damian, mais qui combat malgré tout bec et ongles contre la violation, la volonté qui tente de faire plier la sienne… Il n’a pas le temps de se recentrer, de créer un vrai mur entre son esprit et le touché de l’envahisseur, mais il y a d’autres solutions, des tours provisoires pour isoler le flux affleurant de ses pensées, glisser une épaisseur de protection entre lui et l’intrus.
Il utilise la première solution qui lui vient à l’esprit, le refrain entendu une heure plus tôt en passant devant un appartement à la fenêtre entrouverte, et il pense délibérément. Met la chanson en première ligne, chante dans sa tête le plus fort qu’il peut tandis qu’il se rassemble derrière le barrage momentanément créé, I want your leather-studded kiss in the sand, I want your love et se met en mouvement sous la protection dérisoire du flux de la mélodie qui agit comme une épaisseur tampon entre ses pensées et l’agression.

De la grande chambre émanent à présent des voix inquiètes, à demi réveillées par le fracas, et cela confirme ce qu’il pensait, le télépathe est dans l’autre, Dwayne Wright, et il se met en mouvement, s’élance.
La porte de la chambre du couple fait mine de s’ouvrir, mais le batarang a déjà quitté sa main, s’enfonce profondément dans le bois en fermant la porte, à cheval sur le battant et le montant. Cela ne gardera pas le vantail fermé bien longtemps, mais c’est une poignée de secondes de gagnées, juste le temps dont il a besoin tant qu’il n’est pas en état d’affronter plusieurs adversaires. Il ne perd pas de temps à essayer d’ouvrir la porte qui le sépare du télépathe, l’enfonce simplement et atterrit dans la chambre avec un fracs de bois arraché et une pluie d’échardes, le tourbillon menaçant de la cape.
La pièce est plongée dans la semi-obscuité, seulement éclairée par la lumière du portable resté ouvert sur le lit. À son entrée, le jeune homme en caleçon a un mouvement de recul instinctif, bascule en arrière hors du lit avec un gloussement inintelligible et la pression contre l’esprit de Dick explose dans une frénésie de vas-t’en ! de meurt ! qui le met presque à genoux, balaye la musique qui lui servait de bouclier All your love is revenge, You and me could write a bad romance comme un fétu de paille.
Mais il est lancé et le mouvement suivant le mène sur le lit, puis sa main est contre le cou du jeune homme, un mouvement automatique, vicieux et il doit se faire violence à la dernière fraction de seconde pour assommer et non tuer.

Wright s’effondre comme une poupée, mais contrairement à ce à quoi s’attendait Dick l’assaut contre son esprit n’en cesse pas pour autant. C’est moins puissant, moins concentré que les attaques de Wright, mais il n’y en a pas moins une seconde présence qui tente maladroitement de faire plier son esprit déjà éprouvé, qui se glisse dans les déchirures provoquées par le dernier assaut de Dwayne Wright.
Un télépathe seul est une rareté. Deux sous le même toit-

Il titube, fait volte-face au moment où la porte qu’il avait bloquée cède et où les deux complices font irruption dans le salon, pénètrent dans la chambre.
Olivia est une grande jeune femme au visage autoritaire et derrière elle Warren Pilgrim est plus petit mais râblé. Ils se tiennent dans l’encadrement défoncé de la porte et il leur faut un seul regard, une fraction de seconde pour saisir la scène dans son ensemble, la silhouette sombre ramassée sur elle-même, le relief menaçant des oreilles, le corps pâle à demi-nu de Wright sur le plancher. L’ombre de la chauve-souris projetée sur le mur.
Pas tout à fait l’entrée que Dick avait prévue, mais oh, elle fera l’affaire.
Pilgrim fait demi-tour, prend la fuite et l’attaque mentale cesse finalement à l’instant même où Dick s’élance de nouveau.

Le silence soudain dans son esprit est presque aussi déstabilisant et la douleur rémanente pulse dans ses tempes, une sensation de nausée atroce qu’il lui faut quelques secondes pour refouler. Sa vision est brouillée, mais cela n’empêche pas de saisir le poignet de la jeune femme qui fait mine de se débattre d’une main de fer, de dégainer un batarang à toute vitesse pour arrêter le fuyard.
Mais il n’a pas besoin de le lancer, parce que dans la pénombre du salon, Pilgrim vient de percuter Robin. Damian n’est pas tout à fait assuré sur ses jambes et l’élan de l’homme les entraîne tous deux à terre dans un mélange indistinct de membres.
« Robin ? »
Il y a un instant de flottement, le son d’une empoignade au sol, puis celui d’un poing ganté rencontrant la chair et Pilgrim s’affaisse brutalement, ne bouge plus. Contre Dick, Olivia Wright se débat avec une panique grandissante et, après une fraction de seconde d’hésitation, la main libre de Dick fuse, vient presser un nerf contre sa nuque. Elle s’effondre à son tour.
Il y a des choses plus importantes que la perspective d’un interrogatoire, aussi séduisante cette perspective soit-elle dans l’immédiat.

« Robin ? » répète Dick.
« Je vais bien,» grogne Damian en essayant de se redresser, avant de contredire son affirmation en se laissant basculer sur le côté pour vomir tripes et boyaux sur le plancher.
« Oh bordel », halète-t-il, et Dick ne le reprend pas, se retrouve sans trop savoir comment agenouillé à ses côtés, une main sur ses épaules, l’autre sur son flanc pendant que les spasmes secouent le petit corps et qu’il se vide en convulsions sèches.
« Shh Robin… ça va aller.
- Gray- Batman. Qu’est-ce que c’était ?
- Une attaque télépathique. Ne bouge pas.
- J’ai l’impression que ma tête va se fendre en deux.
- Je sais, je sais.
- C’était- ark - c’était censé être des faiseurs de drogue, pas des putains de télépathes ! »
Non, effectivement.

D’un geste négligent Dick lance le batarang qu’il tient encore à la main et celui-ci va se ficher dans l’interrupteur près de la porte, allumant le plafonnier et lui permettant de mieux voir Damian.
Ce dernier tressaille sous la lumière soudaine et couvre instinctivement ses yeux. Ses traits sont tendus et il est d’une pâleur à faire peur, mais il lève le menton avec un regard de défi, fini de dégager ses jambes de sous le corps de Pilgrim -et si ses semelles rencontrent un peu durement le visage de l’homme dans le processus, Dick n’a pas vraiment d’objections.

Ils restent comme ça un long moment, son front appuyé contre celui de Damien, jusqu’à ce que la nouvelle vague de nausée passe, puis Dick se redresse, se met de nouveau en mouvement.
« Ne bouge pas », ordonne-t-il à Robin tout en tirant les bras de Pilgrim en arrière pour le menotter. « Tu as senti la seconde attaque, ou juste la première ? »
Damian ne proteste pas qu’il va parfaitement bien et qu’il peut aider, ce qui est particulièrement explicite, et il se contente de rester assis la tête entre les mains, à contrôler sa respiration tandis que Dick menotte Olivia Wright avant de s’attaquer à son frère.
« La première. J’ai vaguement senti la seconde, mais il était moins fort et dirigé entièrement sur toi je crois… » Il s’interrompt un instant. « Reconnecte toi, B. veut te parler. »
Avec un peu de retard, Dick réalise que oui, son communicateur est toujours hors-ligne et qu’entre son silence et Robin hors d’état de répondre pendant l’attaque, Oracle et Bruce doivent se faire un sang d’encre.
« B.
- Red est en route. Il sera sur zone dans moins de cinq minutes. Statut ? » La voix de Bruce est son grondement habituel, ses questions directes. La mission avant tout.
« Hostiles neutralisés et inconscients. Deux télépathes identifiés, un au moins de classe A.
- Je vais prévenir la police de prévoir les moyens de détention appropriés.
- Et je vais finir de faire les prélèvements. J’ai peur qu’ils soient plus que de simples trafiquants de drogues. Si c’est bien de la drogue qu’ils fabriquent. Il va me falloir aussi une IRM et des prélèvements de sang du garçon qui a eu une attaque cérébrale. Préviens Gordon de garder un œil particulier sur tout ce qu’ils saisissent ici.
- Red s’en chargera.
- Oui, » fait la voix de Red Robin depuis la fenêtre. « Je m’en occuperai, ne t’inquiète pas. »
Avec un saut léger il entre dans le salon, et même s’il ne peut pas voir les yeux de Tim sous les lentilles du masque, Dick lit parfaitement sa question dans les mouvements de sa tête, d’abord tournée vers Robin, puis vers lui. Il hoche la tête en réponse et il ne doit pas cacher sa douleur aussi bien qu’il le pensait, parce que Tim fait le détour, vient toucher son épaule brièvement avant de se mettre au travail et d’explorer les lieux, de récupérer les deux batarangs enfoncés dans les murs.
À la vue de son rival, Damian fait mine de se relever, vacille, et seule la main de Dick sur sa nuque le maintient debout. La migraine entre ses tempes est pressante et garder sa concentration, planifier le stage suivant, lui demande un effort alarmant.
« Va-y doucement, » conseille-t-il en se plaçant entre Damian et Tim dans une tentative probablement vaine de préserver la fierté déjà bien écornée de son Robin. « Surveille ces trois-là et assure-toi qu’ils restent dans le coltar pendant que je fini les prélèvements avec Red. On débarrasse le plancher dans moins de trois minutes.
- Bien reçu. » marmonne Damian.

---

À la seconde où ils pénètrent dans le Bunker, Dick peut sentir Damian se raidir de manière inconsciente et à vrai dire il fait de même, à la différence que lui sait parfaitement pourquoi il s’efforce de ne pas avoir l’air aussi mal qu’il se sent, et qu’il sait aussi que c’est parfaitement inutile parce que Bruce verra immédiatement au travers de toute façon.
Bruce se lève quand ils arrivent, rejoint Dick dans le laboratoire où il s’est dirigé avant toute chose et, sans qu’il ait besoin de rien dire, l’aide à décharger soigneusement les échantillons rassemblés, drogue et sang, à les classifier. Il est simplement vêtu d’un jean et d’un pull noir tendu sur la ligne massive de ses épaules, et le voir sans costume dans ce décor est toujours aussi déstabilisant. Dick n’arrive pas tout à fait à se départir de l’impression déstabilisante d’avoir atterri Dieu sait comment sur une Terre alternative , -il ne serait même pas si surpris à vrai dire. Ils n’en sont plus à une Crise près.
Sans qu’il ait besoin d’en dire plus Bruce est au travail, labelle les échantillons, met la centrifugeuse en marche. Il est silencieux, mais malgré sa propre distraction Dick devine sa tension sous-jacente, l’inquiétude peut-être, ou l’irritation de n’avoir pu être là ce soir.
Finalement Bruce tourne la tête vers Dick, sans interrompre sa tâche.
« Robin ? » demande-t-il, et oui, songe Dick, c’était de l’inquiétude.
« Je vais bien, » proteste Damian depuis l’aire principale, ce qui est un mensonge caractérisé.
« Ça faisait longtemps que je n’avais pas rencontré un télépathe aussi puissant, » fait remarquer Dick en guise de réponse, parce que c’est quelque chose que Damian a besoin d’entendre, de comprendre, et qu’accessoirement Bruce doit être mis au courant de la sérosité du problème. « Dieu merci nous avons été les premiers sur les lieux. Je crois qu’un flic non entraîné n’aurait pas pu résister à ce genre d’attaque, il y aurait eu des morts… Damian, tu devrais aller prendre une douche et essayer de méditer un peu avant de dormir, c’est le meilleur moyen d’atténuer un maximum les effets rémanents d’une attaque psychique. Il faut donner à l’esprit l’espace et le calme nécessaire pour qu’il se soigne lui-même.» ajoute-t-il en abandonnant le masque et la cape avant de rejoindre le mur d’écran dans l’aire principale. Si ses doigts tremblent de manière imperceptible sous le couvert de ses gants tandis qu’il défait soigneusement les points de fixations de l’armure, ça ne regarde que lui.

Derrière lui il peut entendre Robin se délester de son matériel et disparaître en direction de la douche. Dick combat l’instinct qui le pousse à le suivre et à s’assurer qu’il va bien, mais il a dit vrai, l’eau chaude et le calme sont les meilleurs baumes pour ce genre de blessures et presser Damian n’apportera rien de plus.
Ses doigts volent sur le clavier, rouvrent les dossiers que Bruce a commencé à constituer pendant qu’ils revenaient, affichent les photos de Warren Pilgrim et Dwayne Wright.
« Il était puissant mais absolument pas formé, Bruce. J’espère que je me trompe, mais je ne crois pas que c’était de la télépathie innée. Je crois qu’ils avaient leur pouvoir depuis peu et pas encore la moindre idée de comment vraiment l’utiliser. » Il secoue la tête, dans une tentative futile pour se débarrasser du son de cloche qui vrille son esprit à vif. « Il faut examiner leur sang et les échantillons de drogue que j’ai ramenés. »
Bruce n’a toujours rien dit, et Dick espère fugacement que le silence n’est pas un jugement sur tout ce qu’il aurait pu faire de mieux ce soir.

« Damian n’était pas préparé pour un télépathe de cette puissance, » admet-il soudain. « Je ne pensais pas- je ne l’ai pas- Il sait monter des protections mentales, je l’ai entraîné à la méditation, mais… Mais ce n’était pas suffisant. Pas contre ça. Ce soir aurait pu être bien pire, même moi j’ai eu du mal... » Il détourne le visage, se force à réguler sa respiration contre la panique rétrospective qui menace de le submerger, le sentiment rémanent de violation. Son équilibre est compromis ces temps-ci.
Juste à la limite de son champ de vision Bruce va et vient dans le laboratoire, toujours silencieux.
« Si Wright avait eu plus d’entraînement, plus de subtilité, je crois que je n’aurais pas pu résister non plus. » Il s’ébroue, se concentre sur les écrans. « Mais bon, tout est bien qui fini bien, merci Lady Gaga. »
À cela Bruce s’arrête, le regarde avec une question muette, articule « Lady Gaga ? » en haussant les sourcils, et Dick se met à rire, soudain, sans vraiment pouvoir s’en empêcher.
« Ho mon dieu, tu n’as aucune idée de qui elle est, n’es-ce pas ?
- Manifestement pas, » réplique Bruce avec raideur et mon dieu, serait-ce demi-sourire ?
« Je te laisse faire tes recherches dans ce cas, » répond Dick. « Et avant que tu ne pose la question, non, ce n’est pas une nouvelle supervilaine. Même si elle a le nom et les costumes pour. »
Bruce pianote des résultats dans un fichier, puis entreprend de transférer des gouttes de sang centrifugé sur des lamelles avant de les examiner au microscope. Dick se coule dans le large fauteuil, remonte une jambe contre son torse, et s’efforce de rester concentré sur son étude ses fichiers. Malgré la désagréable sensation de viol mental laissée par l’attaque et la migraine persistante qui s’est installée depuis, il se sent étrangement bien où il se trouve, avec à ses côtés la présence silencieuse de Bruce qui abat les examens avec son efficacité coutumière.
« Tim nous ramènera des échantillons supplémentaires quand il reviendra. Il a dit qu’il s’arrangerait avec Gordon pour faire transférer Wright et Pilgrim au Met’ pour des examens plus poussés. On devrait avoir notre IRM d’ici demain. Il s’occupe aussi de vérifier qu’ils sont correctement encadrés et ne posent pas de dangers. »
De tous les Robins, Tim a toujours été celui avec les meilleures protections mentales. D’une certaine manière n’est pas vraiment surprenant, vu son affinité naturelle pour les secrets. La seule personne plus obsessivement refermée que son petit frère que connaisse Dick est Bruce, mais Bruce est hors compétition.
Parfois Dick se demande comment ils peuvent bien survivre sans des doses industrielles de Prozac, tous autant qu’ils sont.

---

« Tu devrais suivre Damian et aller te coucher. »
La voix de Bruce et le contact de sa main sur son épaule arrachent Dick à la transe légère dans laquelle il a glissé sans même s’en rendre compte. Il sursaute et sa main est à mi-chemin d’une prise instinctive d’étranglement le temps qu’il revienne entièrement à lui.
Il se fige, laisse retomber sa main contre le bras de Bruce. Ce dernier n’a pas esquissé le moindre geste pour se protéger et fugacement le jeune homme se demande si c’est parce que ses réflexes l’ont un peu plus abandonnés, ou parce qu’il savait que Dick se reprendrait à temps. Que ce soit l’un ou l’autre, son visage attentif est tourné vers Dick.
Bruce a vieilli en une année, réalise-t-il soudain. Ou du moins une année pour Dick, mais Dieu sait combien de temps en temps linéaire pour lui. Plus ? Moins ? Il est le seul à pouvoir le dire. Il ne s’en est pas rendu compte tout de suite parce que Bruce est aussi physiquement athlétique qu’il l’a toujours été, son visage aux traits classique qui faisait chavirer le cœur des héritières de Gotham est toujours animé par la même énergie sous-jacente, la même qualité de focalisation pétrifiante. Mais il a au coin des yeux et sur le front des marques qui n’étaient pas là il y a un an, les rides d’expression autour de sa bouche sont plus marquées, creusées par l’adversité et la douleur. Elles ajoutent au charme suppose-t-il, pour ceux qui ne savent pas ce qu’elles représentent.
L’impulsion toucher sur les marques, de les lisser du bout des doigts le prend par surprise, avec une intensité qui le laisse stupéfait, la main crispée sur l’avant-bras massif de Bruce.
Ho, ho, ho. Ho. C’est mauvais.
Il pensait avoir maîtrisé son mouvement de recul, mais Bruce doit lire quelque chose dans son visage, deviner sa crispation, parce que la main qui pesait sur son épaule s’allège, qu’il fait un pas en arrière.
« Il n’y a rien de plus que tu puisses faire ce soir Dick. Suis tes propres conseils et va te coucher. »

Dick acquiesce, ne proteste pas. Il se lève en mode automatique, marmonne quelque chose, souhaite bonne nuit. Prends la fuite vers les douches
Une fois sous le jet brûlant il appuie son front contre le carrelage froid entre ses bras levés, ferme les yeux. Il pensait s’être débarrassé de ça il y a des années, l’avoir enterré suffisamment profond pour ne jamais le voir réapparaître, à défaut de l’avoir surmonté.
Il n’est plus le jeune homme qu’il était, il a changé, il est Batman. Et il semblerait qu’à défaut de la validation de Bruce, il veuille Bruce lui-même.
Mais ce qui était impossible il y a dix ans, il y a cinq ans ne l’en est pas moins aujourd’hui, parce que lui a peut-être changé, mais Bruce est le même, Bruce est Bruce et quoi que Dick veuille, c’est plus qu’il ne peut donner.
Ho, seigneur. Il serait peut-être temps de sortir le Prozac finalement.

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perso : damian wayne, perso : dick grayson, fanwork : fan fiction, perso : tim drake, perso : bruce wayne

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