La brute et le brave - Chapitre 2 (Kanjani, 13+)

Mar 01, 2010 23:53


Voilà le tant attendu chapitre 2 ! Je sais que j'ai fait exprès de vous tendre une carotte au bout du nez comme a dit Hachi, mais ne vous attendez pas à ce que se soit si incroyable ! loll Ça reste moi et mes petites idées. Mais bon j'espère que vous allez apprécier! Mentions de responsabilité spéciale pour Vane-chan et Hachi pour m'avoir aider avec mon vocabulaire qui fuyait mon cerveau par moment. ^^ (Mentions de responsabilité, quelle blague de technicienne en documentation mesdames et messieurs. Dommage qu'on soit seulement deux à la comprendre...:P) Trève de plaisanterie plate. Place à la lecture ! :) J'espère que ca vous plaira !

Chapitre 2

La soirée allait bon train. Tout le monde était à son poste et travaillait du mieux qu’il le pouvait à une vitesse phénoménale. C’était une soirée de fou comme ça faisait longtemps qu’on en avait connu. À dire que tout Tokyo c’était donné le mot pour venir au restaurant cette soirée. De plus, je devais souvent m’absenter de la cuisine pour aller parler avec des invités importants dans la salle à manger. Bien sûr, c’était toujours pour recevoir des éloges, ce qui était plaisant, mais pendant ce temps je devais laisser la cuisine et à toutes les fois ça me stressait. D’ailleurs, j’étais mieux dans mon environnement, derrière les coulisses qu’en avant scène. Je préférais toujours jouer dans l’ombre. Ça avait été une source de problème quand j’étais devenu chef principal. Je ne voulais rien savoir d’aller dans la salle à manger, mais le grand boss m’avait clairement fait savoir que j’avais intérêt à y aller sans rouspéter si je voulais garder ma place. Alors c’est ce que je faisais! Mais c’était vraiment la partie de mon travail que j’aimais le moins.

Je revenais encore une fois de la salle à manger après être allé parler avec un représentant d’un pays quelconque dont je ne me souviens déjà plus le nom que je vis plusieurs personnes de la cuisine attroupé autour de la grosse casserole qui servait à préparer la sauce bolognaise. Lorsque je mis le pied dans la cuisine, toutes les têtes se tournèrent vers moi et firent comme si de rien n’était et ils retournèrent tous à leur poste. Je trouvai immédiatement qu’il y avait quelque chose de louche. J’interpellai alors Yasu qui se trouvait parmi la troupe quelques secondes auparavant.

-         Qu’est-ce qui se passe?

Yasu me regarda d’un air interloqué et me dit :

-         Rien?! Qu’est-ce qu’il est supposé avoir?

-         Ben, vous faisiez quoi tous autour de la sauce bolognaise? Il y a un problème?

-         Non…rien du tout…On faisait simplement regarder s’il y avait assez de carottes dedans, puisque la dernière fois tu trouvais qu’il y en avait pas assez.

-         Ok, répondis-je toujours pas satisfait de sa réponse.

Je m’approchai doucement de la casserole. Je sentis le regard de Yasu sur ma nuque ainsi que ceux de quelques personnes qui se trouvaient aux alentours. Je me penchai au dessus de la bassine et regardai le contenu. Non. Il ne semblait avoir rien de particulier avec la sauce. J’empoignai la grande spatule et me mis à la mélanger doucement pour voir la texture et le « nombre de carottes ». Il ne semblait pas avoir de problème. J’avais presque peur d’y trouver un bras tellement tout le monde semblait inquiet. Je me retournai alors, lâchant la grande spatule et parti à la recherche d’une cuillère. À l’œil elle semblait parfaite, mais au goût serait-elle correcte? Je cherchais aux alentours une cuillère que j’entendis l’un de mes chefs subalternes me crier de l’autre côté de la cuisine.

-         Nishikido-san, j’aurais besoin de votre main experte pour terminer cette assiette. J’ai beaucoup de difficulté à faire les rosettes de pommes de terre comme vous le faites.

Je levai les yeux au ciel. Combien de fois lui avais-je montré. Ce n’était pourtant pas si compliqué! Je lui répondis en criant dans la cuisine :

-         Nabe! Tu n’es qu’un incompétent de tes dix doigts! Je te l’ai montré cent fois au moins! Quand est-ce que ça va te rentrer dans ta petite tête de linotte! J’arrive! Mais c’est toi qui vas le faire et je vais te regarder. Il y a toujours bien des limites à avoir tout cru dans le bec. Va falloir que tu apprennes un jour!

Je continuai ma litanie tout au long de mon parcours pour me rendre jusqu’à cet imbécile ce qui me fit oublier la sauce dont je m’apprêtais à essayer de percer le mystère. Ça m’empêcha par le fait même de remarquer que plusieurs avaient poussé un soupir de soulagement.

Après avoir terminé avec ce satané Nabe qui finalement était tout à fait capable de faire la rosette par lui-même, je me redirigeai vers le fond de la cuisine, cherchant ce que j’y faisait quelques instants auparavant. Ne me rappelant pas, je décidai de faire un tour et de m’assurer que tout le monde se débrouillait bien. J’aimais m’assurer que tout le monde allait bien et garder les cuisiniers près de moi de cette façon. Oui j’étais dur avec eux parfois, mais je voulais quand même qu’ils se rendent compte que j’étais humain et bon avec eux. Je faisait donc le tour de chacun, prodiguant des conseils par ci par là et donnant des encouragements. Quand je fus arrivé derrière le nouveau dont j’avais déjà oublié le nom, mais pas ses belles fesses, je regardai ce qu’il faisait. Il s’affairait à couper des fruits pour les desserts. Il les coupait d’une main experte et faisait des fleurs, des étoiles et toutes sortes de motifs avec les différents fruits. Il avait d’ailleurs fait de très jolies fleurs de cerisiers avec des morceaux de melon. Je trouvais qu’il avait un talent particulier. Je le regardai quelques minutes s’affairer. En fait, j’observais surtout ses mains. Longues, fines, mais viriles à la fois. Il avait de si belles mains. Des idées pas tout à fait saines se bousculaient dans ma tête : ses mains, ses fesses, sa mâchoire, ses épaules. Je secouai la tête encore une fois pour chasser ses images qui m’assaillaient. C’est à ce moment qu’il remarqua ma présence par-dessus son épaule. Il se détourna et me fit un petit sourire gêné. C’était moi ou il rougissait? Je me repris juste à temps et réussis à effacer le sourire un peu pervers, que j’avais sur le coin des lèvres. Je lui lançai tout en m’éloignant :

-         Beau travail.

Est-ce que je venais de lui dire beau travail?! Ehh merde! Depuis quand j’étais devenu sympathique avec les nouveaux! Ça y ait, je lui avais fait un compliment. Je m’attendais à une gaffe de sa part dans l’heure qui suivait, c’en était assuré! À toutes les fois où j’avais essayé d’être sympathique avec un nouveau ça avait fini en catastrophe. Je m’éloignai de lui le plus rapidement possible en essayant d’ignorer le regard des autres qui n’en revenaient pas de mon attitude envers le novice. Je les comprenais de me regarder étrangement : même moi je ne me comprenais pas.

Après environ quarante-cinq minutes, une des serveuses vint me voir pour me dire que notre plus riche et plus assidu client, Johnny-san, voulait me voir. J’avais l’habitude qu’il me demande à sa table, puisqu’il était vraiment un très bon client et qu’il était extrêmement riche. J’avais d’ailleurs déjà entendu qu’il avait voulu acheter le restaurant du propriétaire actuel, mais que celui-ci avait refusé catégoriquement. Le restaurant était beaucoup trop une vache à lait pour lui pour qu’il le vende. Par contre, cette fois, la serveuse me disait qu’il avait l’air préoccupé par rapport à son plat. Je ne comprenais pas pourquoi. Johnny-san venait à tous les samedi et prenait toujours le même plat et il était satisfait à chaque fois. Je prenais moi-même en charge la préparation de celui-ci pour m’assurer de sa qualité. C’est donc avec appréhension que je quittai le confort de ma cuisine pour me rendre au devant de notre client le plus puissant. Rendu à sa table, je m’aperçu qu’il était penché sur son plat et faisait une moue étrange. Je m’inclinai respectueusement devant lui et lui demandai :

-         Bonsoir Johnny-san. Comment allez-vous ce soir?

-         Bien, bien, me répondit-il, sans lever les yeux de son assiette.

Il semblait vraiment préoccupé par quelque chose, mais je n’arrivais pas à déterminer quoi. Il ne me laissa par contre pas me poser plus de question, il leva finalement la tête vers moi avec des yeux qui semblait me scruter jusqu’au plus profond de mon être et me demanda :

-         Bon, alors vous allez me le dire c’est quoi votre secret?

J’haussai les sourcils. Mais de quoi diable voulait-il parler? M’avait-il vu avec un homme? Je me secouai intérieurement : pourquoi Johnny-san aborderait ce sujet avec moi, à ce moment particulier, en plein restaurant. Ça n’avait aucun sens. Je fouillai dans tous les recoins de mon cerveau pour essayer de comprendre de quoi il voulait parler, mais rien ne me venait. Je dus donc lui demander des explications.

-         Pardon monsieur, mais je ne comprends pas du tout de quoi vous voulez parler.

Il parut vraiment surpris et me répondit :

-         Ahh jeune homme, vous ne réussirez pas à me berner! J’en ai vu d’autres vous savez! Je sais de quoi je parle! Allez! Dites-le moi! Qu’est-ce que vous avez fait?

Cette fois j’étais vraiment feinté. Est-ce que Johnny-san était devenu sénile? Il n’était plus tout jeune. Peut-être était-il entrain de fabuler? Comment j’allais faire pour m’en sortir?! Je tentai une approche :

-         Est-ce que vous parler de quelque chose de nouveau qui n’était pas là la dernière fois que vous êtes venu?

J’avais dit ça dans l’espoir qu’il parle des nouvelles nappes que nous avions reçues cette semaine. Il sembla que j’avais raison, puisqu’il réagit fortement. Mais malgré ce que je croyais, ce n’était pas des nappes dont il parlait.

-         Sacre bleu, Nishikido-san! Vous voulez vraiment jouer au plus fin avec moi! Bien sûr que je parle de quelque chose de nouveau! Vous pensiez que je ne m’apercevrais pas que le goût est différent! Je prends ce plat TOUTES les semaines! Je sais ce que ça goûte! Surtout que je viens ici parce que ce sont les meilleures! Mais là je dois dire que je suis surpris…TRÈS surpris! Allez! Dites-moi quel est votre secret? Vous avez voulu me faire une surprise c’est ça?

Cette fois mon cerveau allait à vitesse grand V. Est-ce qu’il avait dit que le goût était différent? Pourquoi le goût serait différent?! Des pâtes sauce bolognaise restaient toujours des pâtes sauce bolognaise. À moins que l’on ne fasse des changements à la sauce…je m’arrêtai de penser à cette réflexion. La sauce bolognaise, la sauce bolognaise, la sauce bolognaise. Mon cerveau tiqua. LA SAUCE BOLOGNAISE! PUTAIN! Qu’est-ce que c’est mecs avaient fait à la sauce bolognaise! Mon cœur s’arrêta tout à coup de battre. Je voyais déjà mon renvoi, ma déchéance, ma vie fichue, être obligé de travailler dans une soupe populaire pour les démunis du quartier. La sauce bolognaise goûtait différent et notre plus important client s’en était aperçu. Je devais vraiment être livide en ce moment. En fait, c’est comme ça que je me sentais. J’avais l’impression que toute la vie avait quitté mon visage et qu’il n’y restait plus que les os et la peau. Par chance, Johnny-san était occupé à prendre une autre bouchée de son spaghetti et le goûtait avec soin. Il semblait essayer de deviner quel était l’ingrédient secret. Mon cerveau tiqua une seconde fois : il avait pris une autre bouchée? Est-ce que ça signifiait qu’il aimait le nouveau goût? Je le regardai avec attention. Oui, il semblait apprécier le goût. Il avait les yeux fermés et semblait mâchouiller avec délectation les pâtes. Je tentai une seconde approche en esquissant un sourire qui se voulait taquin :

-         Vous m’avez donc percé à jour, dis-je lentement afin de faire semblant d’avoir perdu mon défi.

Il semblait que je devais être bon acteur puisque Johnny-san tomba dans mon panneau.

-         Ahhh je savais que vous vouliez me mettre au défi!! Vous pensiez que je n’allais pas le découvrir! C’est mal me connaître jeune homme!

J’avais, sans le vouloir, touché un point sensible de notre fidèle client. Il semblait tout excité d’avoir découvert que la recette de la sauce était différente. J’avais l’impression d’avoir un enfant devant moi tant il était content. S’il avait pu, il aurait sûrement sautillé sur place. Je réprimai un sourire en le voyant. Par contre, quelque chose me tracassait. Est-ce qu’il avait aimé ou était-il seulement excité d’avoir percé à jour le mystère? Telle était la question. Je décidai d’aller droit au but.

-         Ce que j’aimerais savoir maintenant, c’est est-ce que notre plus fervent amateur de pâtes sauce bolognaise a apprécié la nouvelle recette?

Je me doutais qu’en le flattant dans le bon sens du poil je réussirais à le faire parler.

-         Ahhhh voilà la question qui tue mon cher Nishikido-san! Me répondit-il avec un sourire énigmatique sur les lèvres.

Johnny-san avait vraiment l’air de se foutre de ma gueule à ce moment. Il ne semblait pas tout à fait dispo à me dire si oui ou non il avait apprécié. La tension dans mon corps commençait à grimper. Déjà que j’étais en colère contre les gars de la cuisine, s’il fallait qu’en plus je me fasse niaiser par un client, s’en était trop! Mais je devais absolument garder mon sang froid. Je ne devais en aucun cas engueuler un client. Surtout Johnny-san! Je m’intimai donc au calme et lui fit mon plus beau sourire. La psychologie inverse serait mon amie dans ce cas.

-         Si vous n’êtes pas disposé à me dire votre opinion ce n’est pas très grave. C’était un essai que je faisais pour ce soir. De toute façon, dès demain, la sauce bolognaise retrouvera son goût d’antan.

Sur ces paroles je me courbai en une petite révérence et ajoutai :

-         Je vous laisse maintenant à votre repas, j’ai des casseroles qui m’attendent. Je vous souhaite une belle soirée Johnny-san. Au plaisir de se revoir bientôt.

J’eus à peine le temps de tourner les talons que le vieil homme m’attrapa le poignet. Je me retournai vers lui, interloqué. Ses yeux exprimaient un sérieux incroyable.

-         Nishikido-san, vous irez loin dans la vie. Si vous continuez d’innover de la sorte, je vous jure que vous irez loin. Et lorsque vous serez prêt à y aller, je serai derrière vous. Continuez de me surprendre de cette façon et je vous surprendrai moi aussi.

Il lâcha mon bras, empoigna sa coupe de vin et la leva en mon honneur avant de prendre une gorgée. Je lui fis un petit signe de la tête et me retournai vivement pour me dirigeai vers la cuisine. J’avançais d’un pas décidé. Mes sentiments se bousculaient dans ma tête. Celui qui était par contre le plus présent était la curiosité. Je n’avais qu’un but en ce moment : goûter cette foutue sauce afin de savoir ce qu’il y avait dedans pour que Johnny-san m’en parle de cette manière! Qu’est-ce qu’il avait voulu dire par « Je serai derrière vous. Continuez de me surprendre de cette façon et je vous surprendrai moi aussi.»? J’y penserais plus tard, pour l’instant je devais élucider le mystère de la sauce.

J’arrivai enfin à la porte de la cuisine. Par chance que celle-ci s’ouvrait dans le bon sens, sinon je l’aurais défoncé. J’entrai à la vitesse de l’éclair dans la cuisine et allai jusqu’à la casserole de la sauce bolognaise sous les regards inquiets de tous ceux qui se trouvait dans la pièce. Cette fois-ci il aurait beau tomber une bombe, rien ne m’empêcherait de goûter à cette sauce! S’il y en avait un qui se mettait sur mon chemin, il saurait de quel bois je me chauffe! J’empoignai la première cuillère qui me tomba sous la main, l’essuyai sur mon tablier et la plongeai dans la sauce. J’apportai alors la sauce à ma bouche et fermai les yeux pour mieux goûter celle-ci et me soustraire au regard horrifié que me lançait maintenant Yasu de l’autre côté de la bassine. Voilà! Enfin, je savais! Je mis le doigt exactement dessus. Je le savais puisque j’avais déjà fait le test dans le passé et avait tenté d’instaurer cette recette dans le restaurant. C’était de loin la meilleure recette de sauce bolognaise, mais elle avait été refusée à cause de son prix trop élevée à réaliser. Ce que je me demandais maintenant c’était pour quelle raison le romarin avait été remplacé par du bacon. Personne ici ne savait que cette recette avait déjà été essayée puisque c’était moi qui en avait eu l’idée et qui en avait parlé avec le propriétaire. Pourquoi diable la sauce de ce soir avait du bacon et non du romarin? Je rouvris les yeux et tombai sur Yasu qui me regardait toujours horrifié. J’ouvris la bouche et dis seulement :

-         Pourquoi?

Yasu s’empressa de répondre.

-         Je peux tout t’expliquer!

-         Oui, c’est ce que je m’attends de toi.

Yasu avala sa salive un peu de travers en réaction à mon ton plus que sec et mauvais. Il passa sa langue sur ses lèvres comme si sa bouche manquait cruellement de salive tout à coup et me répondit, la tête baissée :

-         En fait, on a manqué de romarin et…

-         Et vous avez décidé de le remplacer par du bacon…

Yasu leva la tête vers moi. Il semblait plus que surpris que j’aie deviné l’ingrédient du premier coup. Il me prenait vraiment pour quelqu’un au-dessus de ses affaires! Il pensait que j’étais devenu le plus jeune chef de la ville sur un coup de dé ou quoi?

À ce moment j’étais si emmêlé dans mes émotions que je ne savais plus quoi faire. La colère était présente. Bien sûr, puisque j’étais vraiment très fâché qu’ils aient pris la décision de remplacer une épice dans la sauce bolognaise sans m’en parler et sans me le dire. J’avais l’air de quoi moi maintenant ! J’avais l’air d’une pauvre cloche qui ne savait pas ce qui se passait dans sa propre cuisine! Ensuite venait la joie. Oui la joie, parce que l’un des plus influents clients de notre établissement avait goûté cette sauce et en parlerait sûrement au propriétaire. De cette façon, sûrement que celui n’aurait pas le choix de dire oui à la version que je lui avais proposé il y avait quelques mois. Ensuite venait l’envie. J’étais envieux de ne pas avoir pensé avant de faire goûter cette version de la sauce bolognaise à notre meilleur client. Avec tout ce bousculement d’émotions j’avais vraiment envi de tout casser autour de moi et surtout, de gueuler sur quelqu’un. Mais on aurait dit que toutes les émotions faisaient en sorte que je n’en avais pas la force. Je me contentai donc de dire ces paroles en murmurant presque :

-         Johnny-san a goûté à la sauce. Une sauce différente de celle qu’il goûte depuis plus deux ans à toutes les semaines dans notre restaurant. De quoi vous pensez que j’ai eu l’air quand il m’a demandé qu’est-ce que j’avais changé dans la recette. Est-ce que vous pouvez juste un instant vous mettre à ma place? Je ne suis pas au courant que la recette a changé et Johnny-san me demande ce que j’ai fait à la sauce bolognaise. Vous ne trouvez pas qu’il me manque une information pour comprendre complètement la situation? Il a fallu que je me débrouille du mieux que je pus pour réussir à comprendre. J’ai bien failli perdre la face devant notre plus important client. Vous rendez-vous compte…

Je laissai ma phrase en suspend. Je savais que même si je n’avais pas crié, tout le monde avait entendu mes paroles et en était autant plus bouleversé. Quand je criais, c’était normal, ça faisait partie du quotidien. Maintenant que j’avais gardé mon calme devant la situation, tout le monde était totalement stupéfait et inquiet. Ils comprenaient la gravité de la situation. Un chef cuisinier qui n’est pas au courant de ce qui sort de sa cuisine est un chef cuisinier qui a perdu la poigne de sa cuisine. Un chef cuisinier qui a perdu la poigne de sa cuisine n’est plus rien, il n’a plus son autorité et il est rapidement remplacé.

Je fermai les yeux, le temps de faire comprendre à tout le monde que ce n’était pas la meilleure idée au monde de ne m’avoir rien dit. Je devais par contre être franc avec eux. J’ajoutai donc d’une voix un peu plus forte :

-         Compte-toi chanceux Yasu, Johnny-san n’a pas détesté! S’il avait été mécontent je ne donnais pas cher de ta peau et de la mienne.

Je me retournai pour aller à mon poste que j’entendis Yasu se gratter la gorge. Je m’arrêtai et tournai la tête vers mon collègue. Je lui dis :

-         Tu as quelque chose à ajouter?

Il semblait tout à coup regretter son intervention. Je penchai la tête légèrement sur le côté pour l’inciter à dire ce qu’il avait à dire. Il se lança donc.

-         C’est…c’est seulement que je voulais rectifier quelque chose…si ça avait été un désastre, j’aurais assumé les conséquences tel que tu me l’avais dit. Mais étant donné que ça ce n’est pas trop mal passé, je suis obligé de te dire que ce n’était pas mon idée de mettre du bacon dans la sauce pour remplacer le romarin…

Je fronçai les sourcils. Il ni avait que Yasu qui avait assez d’expérience dans cette cuisine pour prendre une décision de la sorte et savoir que ce ne serait pas un désastre. C’était pourquoi l’idée s’était imposée d’elle-même que c’était Yasu qui avait pris l’initiative de faire une chose pareille. Je le regardais maintenant avec insistance. Qui avait eu cette idée? Ce ne serait pas par hasard….?? Non c’était impossible…Yasu dit finalement la réponse à laquelle j’avais pensé.

-         C’est Ohkura qui a eu l’idée.

Mon corps s’arrêta de vivre quelques instants. Le nouveau? Comment ce mec avait-il eu l’idée de mettre du bacon dans la sauce? Moi-même j’avais eu l’idée en faisant des recherches très poussées sur le sujet lorsque j’avais voulu devenir chef principal. Dans ce temps là, j’essayais d’en apprendre le plus possible pour réussir à surpasser le chef qu’il y avait en place dans le restaurant. Je me retournai vers le principal intéressé qui me regardait avec un air inquiet sur le visage. Il ne semblait pas avoir peur que je lui cris dessus parce qu’il se tenait droit devant moi. Il semblait inquiet ou plutôt non, il semblait curieux. Oui c’était de la curiosité que je lisais sur son visage. Je lisais la même émotion en lui que j’avais eu précédemment avec Johnny-san afin de savoir si oui ou non il avait aimé la sauce. Ohhh non! Je n’allais sûrement pas assouvir son besoin de savoir. Il m’avait volé mon triomphe alors il n’était pas question que je lui donne ce plaisir. Je le regardai donc d’un air un peu sadique et répondit :

-         Je me fiche bien de savoir qui a eu l’idée! L’important c’est qu’il ni a pas eu trop de dégâts avec vos conneries. Dès que les serveurs nous confirment que tout le monde a fini de commander et qu’il ni a plus personne qui prend de la sauce bolognaise, on la jette! On ne peut pas se permettre d’avoir une sauce différente d’un soir à l’autre!

Je fini ma phrase avec dans les yeux un air de défi qui était destiné au nouveau. Qu’il essaie encore une fois de me voler mes idées et je lui éclate la tête avec le maillet qui sert à attendrir la viande. Toute curiosité quitta enfin son visage pour laissé place à de la tristesse. Il semblait profondément blessé par mon attitude. Tout à coup, sans avertissement, je ressentis du regret. Tout d’un coup, tout ce que j’aurais voulu, c’est effacer cette tristesse sur son visage et le voir sourire à nouveau. Je ressentis une grande détresse. Qu’est-ce qui me prenait? Depuis quand j’avais des regrets à engueuler un nouveau et à lui rendre la vie exécrable?! Ce mec avait décidément trop d’effet sur moi. J’allais vraiment devoir trouver une solution pour abaisser ma libido. Je détournai finalement les yeux de ce visage qui faisait ressortir tous mes remords d’avoir été méchant et je retournai à mes occupations. Je savais que ce serait une mauvaise journée et elle était loin d’être terminée.

Suite Prochain post...

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