Titre : Faux pas
Auteur :
clair-de-luneSpoilers : ---
Public : > 15 ans
Note : C’est un PWP... Je n’écris jamais de PWP, je ne sais pas le faire. Je ne sais pas d’où celui-là est sorti, il est arrivé sans crier gare, mais puisqu’il est là...
Résumé : La première fois que ça arrive, c’est parce qu’elle a passé la nuit à faire des cauchemars et que trois heures plus tard, en pleine lumière, elle cherche encore à les oublier.
La première fois que ça arrive, c’est parce qu’elle a passé la nuit à faire des cauchemars et que trois heures plus tard, en pleine lumière, elle cherche encore à les oublier.
Il est très tôt, l’infirmerie est calme, stérile, l’éclairage trop brillant lui donne mal au crâne, et elle est consciente de sa nervosité tandis qu’elle prépare l’injection. Il la suit du regard sans esquisser un geste. En se retournant pour attraper les gants posés sur le plateau, elle trébuche, part en avant et sa main l’effleure juste là, et elle sent la forme dure sous le bout de ses doigts. Il sursaute et essaye de reculer mais le fait qu’il soit assis sur une table d’examen ne lui facilite pas la manoeuvre. Elle rougit. Pas parce qu’elle n’a pas l’habitude de ce genre d’effets secondaires. Mais parce qu’elle n’a pas l’habitude de réagir en conséquence, et de vouloir agir en conséquence.
Elle décèle un soupçon de désarroi sur son visage lorsqu’elle plante son regard dans le sien. Sans le quitter des yeux, elle défait la ceinture de son pantalon et glisse la main à l’intérieur et le caresse. Il n’ose ni l’arrêter ni l’encourager. Il se cramponne simplement au rebord de la table et, avec un souffle retenu, il se penche en avant, comme un boxeur qui viendrait de recevoir un coup en plein estomac. Il n’essaye pas de l’embrasser, et elle sait qu’il sait que ça romprait l’irréalité du moment ; il se contente d’attraper une mèche de cheveux entre ses lèvres.
Lorsqu’il a fini, elle retire sa main, regarde ses doigts et les essuie sur sa blouse. Avec un frisson, mi-dégoût mi-excitation, elle songe qu’elle aura beau faire bouillir le vêtement, il restera des traces de ce qu’il s’est passé.
*-*-*
La deuxième fois que ça arrive, c’est parce que c’est un dimanche, elle en tiendra pour responsable sa tenue plus relâchée qu’en semaine. Elle est venue pour classer de la paperasse mais un garde lui demande si elle peut recevoir un patient et elle accepte parce que, comme l’indique la plaque sur son bureau, elle est là pour ça.
Elle soigne la coupure à son sourcil et, quand elle recule pour disposer des compresses, elle sent son regard fixé sur la ceinture élastique de son pantalon de yoga. Oh. Elle pivote vers son bureau avec les mots "retour de bâton" imprimés en caractères gras devant les yeux et elle devine qu’il se laisse tomber de la table d’examen. Elle ne bouge pas. Il l’enlace par derrière, une main autour de sa taille pour la retenir ou la soutenir, elle ne sait pas encore, l’autre qui se fraye un passage sous ses vêtements. Elle sent les doigts la dessiner et s’enfoncer en elle. La respiration erratique, elle bascule instinctivement les hanches vers l’arrière pour se presser contre lui, mais il se contente d’émettre un petit son apaisant, la bouche contre sa nuque. Cette fois, c’est pour elle.
Ses genoux finissent par la trahir et elle s’adosse de tout son poids contre lui : il la soutient, en fin de compte, constate-t-elle en s’agrippant à son bras.
Lorsqu’elle a fini, il retire sa main, regarde ses doigts et, avec un petit sourire, elle lui tend sa blouse. Elle songe que si ça continue comme ça, elle va arriver à court de blouses blanches. Mais ça ne peut pas continuer comme ça, bien sûr.
*-*-*
La troisième fois que ça arrive, c’est parce qu’il est tard le soir et parce qu’elle porte une jupe. Une raison comme une autre. Il est allongé depuis quelques heures sur la table de repos - elle n’a jamais vu un être humain en relativement bonne santé passer autant de temps dans une infirmerie - et elle a renvoyé le garde en promettant de "l’appeler quand Scofield pourra retourner en cellule". La pièce est sombre parce qu’elle a éteint toutes les lumières à l’exception de sa lampe de bureau pour qu’il puisse se reposer, et calme et déserte car il n’est plus l’heure qu’on lui amène des patients.
Elle lui pose un thermomètre électronique sur le front ; ce devait être une infection passagère car :
« La fièvre est retombée, » lui annonce-t-elle.
Le diagnostic suscite chez lui un demi sourire un peu sarcastique et elle a toutes les peines du monde à ne pas l’imiter. La formulation, reconnaît-elle, est maladroite, la lourdeur du sous-entendu, presque embarrassante.
« Je peux regagner ma cellule, alors ?
- Oui, » dit-elle sans manifester son intention d’appeler le gardien.
Sans réfléchir, elle lance un regard en coin vers sa chaise de bureau.
Avant qu’ils aient eu le temps de comprendre comment cela s’est produit, il est assis sur la chaise et elle se tient entre ses genoux. Il lui fait glisser le long des jambes sa culotte en dentelle (elle a commencé à porter systématiquement des sous-vêtements en soie ou en dentelle pour une raison qui n’est ni plus innocente ni plus avouable que le fait qu’elle est en jupe ce soir) et il la range méticuleusement dans la poche de sa blouse. Le geste, caractéristique, la fait sourire. Elle se laisse descendre sur lui et il lui semble bien que pendant quelques secondes, ils arrêtent de respirer. Puis lentement, il tire sur le col de son tee-shirt et penche la tête en avant. Il embrasse et mord dans la chair nacrée, à la jointure du cou et de l’épaule. Juste là où il sait que ça laissera une marque mais qu’elle pourra la dissimuler sans mal, et elle regrette un peu de ne pouvoir faire de même. Elle entend un bruit étrange et finit par réaliser qu’il est en train de chuchoter dans son cou, les mots précipités contre sa peau. Il enroule un bras autour de sa taille pour la maintenir et elle essaye de se stabiliser en lui posant une main sur la nuque, l’autre sur le dossier de la chaise. Sans grand succès car la stabilité, quoi que recouvre le terme, n’est pas quelque chose qu’elle peut espérer atteindre pour l’instant. Il la serre un peu plus contre lui, comme s’il craignait qu’elle puisse partir maintenant, et elle laisse une de ses mains retomber, passer sous les vêtements. La peau est douce et chaude sous ses doigts et elle a l’impression de sentir le sang pulser contre sa paume.
Elle ferme les yeux. Ce n’était vraiment pas ce qu’elle entendait en pensant que ça ne pouvait pas continuer comme ça. Vraiment pas. Une main cherche la sienne, des doigts s’entremêlent aux siens. Vraiment pas. Il proteste, mais sans grande conviction, lorsqu’elle referme les dents sur quelque chose qui se révèle être le cartilage d’une oreille. Vraiment pas.
Lorsqu’ils ont fini, elle essaye de reprendre son souffle et elle lance un regard par-dessus son épaule ; elle a l’impression que quelqu’un les a regardés tout du long. Elle sait que ce n’est qu’une impression, le genre de chose qui se produit lorsque l’on n’a pas la conscience tranquille.
Elle se relève et le laisse faire quand il lui rajuste sa coiffure et son corsage, défroisse sa jupe. Ses mains tremblent mais il lui sourit, tout sarcasme bu : il est aussi dérouté et peu désolé qu’elle. En se mettant debout à son tour, il trébuche et elle pense que ce n’est que justice car c’est ainsi que ça a commencé.
Sa blouse blanche toute neuve est chiffonnée et elle pressent que, celle-là non plus, elle ne pourra plus jamais la porter. Elle n’ose pas se répéter que ça ne peut vraiment pas continuer comme ça.
*-*-*
Le garde le guide dans les couloirs, en direction du bloc A, la main sur son coude. Il sent encore le souffle de Sara contre sa joue, et son poids contre lui, et son odeur sur lui. Il a du mal à supporter que le type le touche maintenant, mais ce n’est pas comme s’il pouvait y faire quelque chose.
Trois fois il était seul avec elle. Il se dit que, vraiment, il ne devrait pas rester seul avec elle.
FIN
17 septembre 2006